foit habile pour en venir à bout : pour cet effet, il
pafle dans le trou qui traverfe le toupin une cheville
qui entre un peu dans le cordage pendant qu’il fe
commet, & autour de laquelle les quatre torons fe
roulent'.
Les au (fieres à cinq & à fix torons ne peuvent pas
àbfolument être fabriquées fans meche : mais quelle
doit être la groffeur des meches dans les aujjîeres à
quatre, cinq & fix torons ? Vyyt%_ Meche.
M. Duhamel prétend qu’il eft avantageux de multiplier
les torons des aujjîeres : i°. parce qu’il faut
moins de force élaftique pour commettre de petits
torons, que pour en commettre de gros : 20. plus les
torons font menus, moins il y a de différence entre
la tenfion des fils qui fe trouvent au milieu, & celle
des fils qui fe trouvent à la circonférence; d’oii il con-
clud que de deux aujjîeres de même groffeur, mais
d’un nobre inégal de torons, celle-là eft la plus forte,
qui eft faite de plus de torons.
AUSSI ERES en queue de rat, terme de Corderie ; c’eft
une aujjîere dont un des bouts eft une fois plus gros
que l’autre.
Maniéré <£ourdir les aujjîeres en queue de rat. Comme
ces cordages font une fois plus gros par un bout
que par l’autre, on commence par étendre ce qu’il
faut de fils pour faire la groffeur du petit bout, ou la
moitié de la groffeur du gros bout ; on divife cette
quantité de fils en trois parties, fi l’on veut faire une
queue de rat à trois torons ; & en quatre, fi l’on veut
en avoir une à quatre : donnons-en un exemple.
Si l’on fe propofe de faire une queue de rat à trois
torons de 9 pouces de groffeur au gros bout, fachant
qu’il faut 3 84 fils pour une aujjîere de cette groffeur f
je divife en deux cette quantité de fils pour avoir la
groffeur de la queue de rat au petit bout , & j’étends
192fils delà longueur de la piece, mettant en outre
ce qu’il faut pour le raccourciffement des fils.
On apperçoit que chaque piece de cordage doit
faire fa manoeuvre, c’eft-à-dire, que chaque piece
ne doit pas avoir plus de longueur que la manoeuvre
qu’elle doit faire ; car s’il falloit couper un cordage
en queue de rat, on l’affoibliroit beaucoup en la coupant
par le gros bout, & elle deviendroit trop groffe
li l’on retranchoit du petit bout.
Si donc on veut une aujjîere en queue de rat de 3 2
bralfesde longueur , j’étends mes 192 fils à 48 braf-
fes, fi je me propofe de la commettre au tiers, & à
43 braffes, fi je veux la commettre au quart; enfui-
te je divife les 192 fils en trois pour faire une aujjîere
à trois torons, ou en quatre pour en faire une à quatre
torons ; jufque-là on fuit la même réglé que pour
faire une aujjîere à l’ordinaire : mais pour ourdir les
192 fils reftans, il faut allonger feulement quatre fils
affez pour qu’ils foient à un pié de diftançe du quar-
ré ; & au moyen d’une gance, on en attache un à
thacun des torons : voilà déjà Y aujjîere diminuée de
quatre fils. On étend de même quatre autres fils qu’on
attache encore avec des gances à un pié de ceux dont
nous venons de parler, & la corde fe trouve diminuée
de huit fils : en répétant 48 fois cette opération
, chaque toron fe trouve groffi de 48 fils ; & ces
192 fils étant joints aux 192 qu’on avoit étendus en
premier lieu, la corde fe trouve être formée au gros
bout de 384 fils, que nous avons fuppofés qu’il falloit
pour faire une aujjîere de neuf pouces de groffeur
à ce-bout. Suivant cette pratique Y aujjîere én question
conferveroit neuf pouces de groffeur jufqu’aux
quatre cinquièmes de fa longueur, & ne diminueroit
que dans la longueur d’un cinquième. Si un maître
d’équipage vouloit que la diminution s’étendît aux
deux cinquièmes, le Cordier n’auroit qu’à raccourcir
chaque fil de deux piés au lieu d’un, &c. car il eft
évident que la queue de rat s’étendra d’autant plus
ayant dans la piece, qu’on mettra plus de diftançe
d’une gance à une autre : fi on jugeoit plus à propos
que la diminution de groffeur de la queue de rat ne
fut pas uniforme, on le pourroit faire en augmentant
la diftançe d’une gance à une autre mefure qu’on
approche du quarré. Voilà tout ce qu’on peut dire
fur la maniéré d’ourdir ces fortes de cordages : il faut
parler maintenant de la façon de les commettre.
Maniéré de commettre les aujjîeres en queue de rat.
Quand les fils font bien ourdis, quand les fils qui font
arrêtés par des gances font auffi tendus que les autres,
on démare le quarré : mais comme les torons
font plus gros du côté du chantier, que du coté du
quarré , ils doivent fe tordre plus difficilement au
bout oh ils font plus gros ; c’eft pour cette raifon &
afin que le tortillement fe repartiffe plus uniformément
, qu’en tordant les torons, on ne fait virer que
les manivelles du chantier, fans donner aucun tortillement
du côté du quarré.
Quand les torons font fuffifamment tortillés, quand
ils font raccourcis d’une quantité convenable, on les
réunit tous à l’ordinaire à une feule manivelle qui eft
au milieu de la traverfe du quarré, on place le toupin
, dont les rainures doivent être affez ouvertes
pour recevoir les gros bouts des torons, & on achevé
de commettre la piece à l’ordinaire, ayant grande
attention que le toupin courre bien ; car comme
l’augmentation de groffeur du cordage fait obftacle
à fa marche, & comme la groffeur du cordage du
côté du quarré eft beaucoup moindre qu’à l’autre
bout, il arrive fouvent, fur-tout quand on commet
ces cordages au tiers, qu’ils rompent auprès du quarré.
M. Duhamel, Traité de la Corderie.
* AUSTERE ffévere , rude ( Grammaire.) L'aufiérité
eft dans les moeurs ; la févérité dans les principes ; &
la rudejfe dans la conduite. La vie des anciens anachorètes
étoit aujîere; la morale des apôtres étoit
fèvere, mais leur abord n’a voit rien de rude. La mol-
lejfe eft oppofée à Yaufiérité ; le relâchement à la févé-
rite ; & Y affabilité à la rudejfe.
A u s t e r e , fe dit encore d’un Peintre chez qui l’attention
de ne fe permettre aucune licence dégénéré
-en vice. Ses tableaux font froids & arides. (A)
AUSTRAL, aufiralis, méridional, adj. m. ce mot
v ient d'aufier, v en t du midi. Voyeç V e n t , Mid i ,
M é r id io n a l .
Les lignes aujtraux font les fix derniers du zodiaque
; on les nomme ainfi , parce qu’ils font au midi
de la ligne équinojftiale. Voye{ Sig n e .
On dit de même pôle aujlral, hémifphere aujlral,
pour pôle méridional, hémij'phere méridional, &c. (O)
* AUSTRASIE, f. f. ( Hifioire & Géographie. ) U
eft difficile de fixer les limites de l’ancien royaume
à?Aujlrajie. Il comprenoit, à ce qu’on dit, l’efpace
de terré contenu entre le Rhin, l ’Efcaut, la Meufe,
& les monts de Vofge. On y ajoute la province que
nous appelions aujourd’hui Lorraine, & que les Latins
nomment quelquefois Aujlrajîe, l’ancienne France
& les contrées conquifes au-delà du Rhin. Thier-
ri I. fut le premier roi d’Aujlrajîe. Clotaire, dit le
vieux, la reunit à la couronne ; elle en fut féparée
après fa m ort, & Sigebert fon fils la pofféda. Elle
fut réunie à la couronne pour la fécondé fois, fous
Clotaire II. qui l’en fépara lui-même en faveur d’un
de fes fils naturels appellé Sigebert fécond. On croit
que D agobert, fils de Sigebert, lui fuecéda en A u f
trafic, & qu’après Dagobert YAufiraJie fut réunie à
la couronne pour la troifieme fois : ce qu’il y a de
fur, c’eft qu’elle n’eut plus de roi. Le royaume d'Auf-
trajîe s’appelloit auffile royaume de Met?, & fes villes
principales étoient Blamont, Amance, Bar-le-Due,
Dieuze, Efpinal, Pont-à-Mouffon, Charmes, Metz,
Mirecourt, Nanci, T o u l, Verdun, Neuf-Château ,
Raon, Remiremont, Vaudemont.
AUSTREGUES, f, m. pl. (Hifi. mod.') nom qu’on
dottrte en Allemagne à des juges ou arbitres devant
lefquels les éleâeurs, princes, comtes , prélatsÆt la
nobleffe immédiate , ont droit de porter certaines
raufest
Ce nom vient de l’Allemand, aufiragen, qui veut
dire accorder , parce que la fon&ion de ces juges eft
de pacifier les différends ; ce font proprement des arbitres
, à cela près que les arbitres font autorifés par
.le droit naturel, au lieu que la jurifdiôion des auf-
■ tregues eft fondée fur des conftitutions de l’Empire,
-quoique dans le fond leurs fentences ne foient qu’arbitrales.
Lorfqu’un élefteur ou prince a différend avec un
autre, foit prince, foit ele&eur, & qu’il lui a fait lignifier
fa demande, le défendeur lui dénomme dans le
mois quatre électeurs ou princes, moitié eccléfiafti-
ques & moitié féculiers, & le fomme d’en agréer un
pour juge , ce que le demandeur eft obligé de faire
.dans le mois fuivant. Ce juge, qu’on nomme aufire-
gue, inftruit le procès, le décide ; & la partie qui ne
.veut pas s’en tenir à foii jugement, en appelle directement
à la chambre impériale.
Ceux qui veulent terminer leurs différends par la
Voie des aufiregues , ont deux moyens pour y parvenir
: l’un, en faifant nommer d’autorité par l’empereu
r, à la requifition du demandeur, un commif-
faire impérial, qui doit toujours être un prince de
l ’Empire, que le défendeur ne peut récufer ; l’autre,
en faifant propofer par le demandeur trois éleÔeurs
dont le défendeur eft obligé d’en choifir un dans un
certain tems pour être leur juge ; & ce juge ou com-
miffaire imperial inftruit le procès & le décide avec
les officiers & jurifconfultes de fa propre juftice.
Dans cette jurifdiûion d'auflregues , les parties ne
plaident que par production, & il ne leur eft permis
d’écrire que trois fois , & défendu de multiplier les
pièces, quand même elles en appelleroient à la cham-
bre impériale.
Tous les membres de l’Empire n’ont pas indiffé- i
remment le droit d'aufiregues , ou de nommer des ar- j
bitres autorifés par l’Empire ; c ’eft à-peu-près la mê‘
me chofe que ce que nous appelions en France droit
de cotftmittimus, dont il n’y a que certaines perfon-
nes qui foient gratifiées. Voye^CoMMiTTlMus.
Il faut encore remarquer que les aufiregues ne prennent
point connoiffance des grandes affaires , telles
que les procès où il s’agit des grands fiefs de l’Empire
, de l’immédiateté des états, de la liberté des villes
impériales & autres caufes qui vont directement
à l’empereur, au même à la diete de l’Empire. Heifi
Hiß. de TÊmp. tôm. I I I . (Cr)
AUSWISTERN en Allemand , mine dépériffante
en François, weed en Anglois , font termes ufités
chez ces nations parmi ceux qui travaillent aux mines
des métaux, pour dire une veine de mine de métal
fin qui dégénéré en une mauvaife marcaffite ;
çe qui eu conforme au feritiment de ceux qui croyent
que les minéraux croiffent & périffent comme font
les végétaux & les animaux. Voye{ Min e , V e iné
d p Min e , M é t a l , Ma r c a s s it e , M in é r a l *
m . ,
* AOTAN - KELURAN, ( Giog.) ville du Tur-
queftan. Long. //od. & lat. 4C. 45. félon Üluhbeg ;
bc long. 11 S. & lat. 45. félon Naffiredden.
AU TEL, f. m. ( Hiß. anc. mod. & Théol. ) efipece
de table de b o is , de pierre ou de m é ta l, éle ve e de
quelques piés au-deffus de te r r e , fur laquelle on fa-
crifie à quelque divinité. Voye{ Sa c r i f i c e .
Les Juifs a voient un autel d’airain pour les holo-
tauftes, & un d’or fur lequel ils brfiloient l’encens.
Voye^ T a b e r n a c l e , &c.
Chez les Romains Y autel étoit une efpece de pié-
deftal qu arré , ro n d , ou triangulaire, orné de fculp-
tu r e , de bas-reliefs & d’infçriptions, fur lequel ils
brûloient des viâimes qu’ils facrifioient aux idolesi
Voye[ Victime.
Servius nous apprend que les autels des dieux céA
leftes & fupérieurs étoient exhauffés & conftruits fur
quelqu’édifice relevé ; & que ce fut pour cela qu’on
les appella altaria, compolé de alta & ara, qui lignifient
autel élevé. Ceux qu’on deftinoit aux dieux ter-
reftres étoient pofés à rafe terre, & on les appel*
loit ara; & pour les dieux infernaux, on fouilloit la
terre, & on y faifoit des fofles qu’on appelloit Sôd-pct
xdx.y.01, fcrobiculi.
Mais cette diftinâion ne paroît pas fuivie. Les
meilleurs auteurs fe fervent fréquemment (Tara, comme
d’un terme générique fous lequel ils comprennent
également les aiitels des dieux céleftes, terref*
tres& infernaux : témoin Virgile, Eclog. V.
En quatuor aras ,
oh aflurément altaria eft bien compris dans ara ; car
il eft queftion entr’autres de Phoebus , qui étoit un
dieu célefte. D e même C icéron, pro Quint* Aras de-
lubràque Hecates in Graciâ vidimus.
Les Grecs diftinguoient auffi deüx fortes ^auleïs ;
l’un fur lequel ils iacrifioient aux dieux, qu’ils appelaient
(ia/Aoç, ôc qui étoit un véritable autel : l’autre
, fur lequel ils Iacrifioient aux héros, qui étoit
plus petit, & qu’ils appélloient Polluxfait
cette diftinélion des deux fortes d'autels ufités chez
les G recs, dans fon Onomajlicon l il ajouté cepen*
dant que quelquefois les poètes employoient le mot
ta-%apet, pour exprimer Y autel fur lequel on facrifioit
aux dieux. Les Septante employent auffi le mot e^ct-
ptt, pour un autel b as, qu’on pourroit exprimer en
! latin par craticula, attendu que c’étoit plutôt une efpece
d’âtre ou foyer qu’un autel.
Varron dit qu’au commencement les autels étoient
portatifs, & confiftoient- en un trépié fur lequel ôn
mettoit dit feu pour btCi 1er la vi&ime. Les autels
étoient communément dans les temples ; cependant
il y en avoit de placés en plein air , foit devant la
porte des temples, foit dans le périftyle des palais
des princes. Dans les grands temples de l’ancienne
Rome il y avoit ordinairement trois autels : le premier
étoit dans le fanétuaire, & au pié de la ftatue du
dieu ; on brûloit l’encens , les parfums , & l’on y
faifoit les libations : le fécond étoit devant la porte
du temple, & on y offroit les facrifices : le troifieme
étoit un autel portatif, nommé anclabris, fur lequel
on pofoit les offrandes Sc les vafes facrés* On juroit
par les autels & fur les autels ; & ils feryoient d’afyle
aux malheureux. Lorfque la foudre tomboit en quel-»
que lieu, on y élevoitun autel en l’honneur du dieu qui
l’avoit lancée : Deo fulguratori aram & locum hune re-
ligiofum ex arufpicumfententiâ , Quint. Pub. Front. p0-
fu i t , dit une ancienne infeription. On en élevoit auffi
pour conferver la mémoire dés grands évenemens,
comme il paroît par divers endroits de l’Ecriture.
Les Juifs donnoient auffi le nom dû autels à des el*
peces de tables qu’ils dreffoient au milieu de la cam*
pagne, pour facrifier à Dieu. C ’eft de ces autels qu’il
faut entendre plufieurs paffages oh on lit : En cet endroit
i l édifia un autel au Seigneur.
Il faut pourtant obferver que ces autels ainfi drefi-
fés en plaines campagne pour facrifier, n’ont été permis
que dans la loi de nature ; cardans celle de Moy*
fe il ne deVoit y avoir pour tout le peuple d’Ifraël
qu’un autel pour offrir des viâimes ; & c’étoit celui
des holocauftes qui étoit d’abord dans le taberna*
c le , auffi bien que Y autel des parfums : car on lit au
chap. xx ij. du livre de Jofué, que les tribus de Ruben,
de Gad , & la demi-tribu de Manaffé qui en drefle-
rent d’autres, furent obligées de fe difculper, en remontrant
qu’elles ne les avoient pas érigés pour fa-
crificr, mais feulement pour feryir de monument. Il