du plan de M. l’Abbé Bignon, ils n’avoîerit pas tftojns
do zèle pour l’avancement des Lettres. Le Roi accorda
la demande de Y Academie , 6c peu de jours après
elle reçut un Réglement nouveau daté du 16 Juillet
1701.
En vertu de ce premier Réglement l’Académie reçoit
des ordre du Roi par un des. Secrétaires d’Etat,
le même qui les donne à l’Académie des Sciences.
\YAcadémie eft compofée de dix Honoraires , dix
Penfionnaires , dix Affociés., ayant tous voix délibérative
, & outre cela de dut E leves, attachés chacun
à des Académiciens penfionnaires. Elle s’af-
femble le Mardi 6c le Vendredi de chaque femaine
dans une des fales du Louvre, & tient par an deux
affemblées publiques, l’une après la S. Martin, l’autre
après la quinzaine de Pâques. Ses vacances font
les mêmes .que celles de l’Académie des Sciences.
Voyt^ Académie des Sciences. Elle a quelques
Affociés correfpondans , foit regnicoles, foit étrangers.
Elle a aufii , comme l'Académie des Sciences,
lin Préfident, un vice-Préfident, pris parmi les Honoraires.,
un Directeur-& un fous-Diredeur pris parmi
les Penfionnaires.
La claffe des Eleves a été fupprimée depuis 6c réunie
à celle des Affociés. Le Secrétaire 6c le Thréfo-
rier font perpétuels, & Y Académie depuis fon renouvellement
en 1701 a donné au public plufieurs volumes
qui font le fruit de fes travaux. Ces volumes
contiennent, outre les Mémoires qu’on a jugé à propos
d’imprimer en entier, plufieurs autres dont l’extrait
efr donné par le Secrétaire, 6c les éloges des
Académiciens morts. M. le PréfidentDureydeNoin-
ville a fondé depuis environ 15 ans un prix littéraire
que Y Académiediftribue chaque année. C’eft une médaille
d’or de la valeur de 400 livres.
La devife de cette Académie eft v&tat mori. Tout cet
art. eji dréde L'HiJi. de V Acad, des Belles-Lettres , T. I.
Académie Royale des. Sciences. Cette Aca±
'démie fiit établie en 1666 par les foins de M. Colbert
: Louis XIV. après la paix des Pyrénées délirant
faire fleurir les Sciences, les Lettres & les Arts
dans le Royaume, chargea M. Colbert de former
une Société d’hommes cnoifis 6c favans en différens
genres de littérature & de fcience, qui s’affemblant
fous la protefrion du R oi, fe communiquaffent réciproquement
leurs lumières 6c leurs progrès. M. Colbert
après avoir conféré à ce fujet avec les Savans
les plus illuftres 6c les plus éclairés, réfolut de former
une fociété de perionnes verfées dans laPhyfi-
que 6c dans les Mathématiques, auxquels feroient
jointes d’autres perfonnes favantes dans l’Hïftoire 6c
dans les matières d’érudition, 6c d’autres enfin uniquement
occupées de ce qu5onappelle plus particulièrement
Belles-Lettres, e’eft-à-dire, de la Grammaire $
de l’Eloquence , 6c de là Poëfie. Il fut réglé que les
Géomètres 6c les Phyficiens de cette Société s’af-
fembleroient'féparéme'nt le Mercredi, & tous ené
femble le Samedi, dans une fallé de la Bibliothèque
du R o i, où étoient les livres de Phyfique 6c de Mathématique
: que les Savans dans l’Hiftoire s’ affem-
bleroient le Lundi 6c le Jeudi dans la falle des livres
d’Hiftoire : qu’enfîn la claffe des Belles - Lettres s’af-
fembleroit les Mardi 6c Vendredi, 6c que le premier
Jeudi de chaque mois toutes ces différentes
claiTes fe réuniraient enfemble , 6c fe feraient mutuellement
par leurs Secrétaires un rapport de tout
c e qu’elles auraient fait durant le mois précédent.
Cette Académie ne put pas fubfifter'long-tems
fur ce pié : i° . les matières d’Hiftoire profane étant
liées fouvent à celles d’Hiftoire eccléfiaftique , &
par- là à la Théologie 6c à-la difcipline de l’Eglife ,
on craignit que les Académiciens ne fe hafardaffent
à entamer des queftions délicates , 6c dont la déci-
fron auroit pu produire du trouble ; a°. ceux qui
formoient- la claffe des Belles-Lettres étant pref»
que tous de Y Académie Françoife, dont l’ohjet étoit lê
meme que celui de cette claffe, 6c confervant beau?
coup d’attachement pour leur ancienne Académie ;
prièrent M.^ Colbert de vouloir bien répandre fur
cette Académie les mêmes bienfaits qu’il paroiffoit
vouloir répandre fur la nouvelle, & lui firent, fen-
tir l’inutilité de deux Académies différentes appliquées
au même objet, & compofées prèfque des me*
mes perfonnes. M. Colbert goûta leurs raifons , 6c
peu de tems après le Chancelier Seguier étant mort,
le Roi prit fous la protection Y Académie Françoife»
à laquelle la claffe des Belles-Lettres dont nous venons
de parler fut cenfée réunie, ainfi que la petite-
Académie d’Hiftoire : de forte qu’il ne refta plus
que la feule claffe des. Phyficiens 6c des Mathématiciens.
Celle des Mathématiciens étoit compofée de
Meflîeurs. Ca rcavy, Huyghens, de Roberval, Freni-
c le , Auzout, Picard 6c Buot. Les Phyficiens étoient
Meflîeurs de la Chambre, Médecin ordinaire du Roi;
Perrault, très-favant dans la Phyfique & dans l ’Hif-
toire naturelle ; Duclos 6c Bourdelin , Chimiftes ;
Pequet 6c Gayen, Anatomiftes ; Marchand, Botaniste
, & Duhamel, Secrétaire.
Ces Savans ; 6c ceux qui après leur mort les remplacèrent
, publièrent plufieurs excellens ouvrages
pour l’avancement des Scierices ; & en 1692.& 1695*
Y Académie publia, mois par mois , les pièces, fugitives
qui avoient été lues dans les affemblées. de. ç.es années,
6c qui étant trop courtes pour être publiées à
pa rt, étoient indépendantes des ouvrages auxquels
chacun des membres travailloit. Plufieurs de ces premiers
Académiciens recevoient du R oi des perdions
confidérables, 6c l’égalité étoit parfaite entr’eux comme
dans Y Académie Françoife.
En 169.9 M* l’Abbé Bignon qui avoit long-tems
prefide à Y Académie des Sciences, s’imagina la rendre
plùs utile en lui donnant une forme nouvelle, fl
en parla à M. le Chancelier de Pontchartrain , fon
oncle, & au commencement de cette année Y Académie
reçut un nouveau réglement qui en changea
totalement la forme. Voici.les articles principaux
de ce réglement.
i° . Académie des Sciences demeure immédiate*
ment fous la protection du R o i, & reçoit fes ordres
par celui des Secrétaires d’Etat à qui il plaît à Sa Ma?
jefté de les donner.
2°. \JAcadémie eft compofée de dix Honoraires,
l’un defquels fora Préfident, de vingt Penfionnaires ,
trois Géomètres, trois Àftronomes, trois Méchani-
ciens, trois Anatomiftes, trois Botaniftes:, trois Chimiftes
, un Tréforiër 6c un Secrétaire, l’un 6c l’autre
perpétuels ; vingt Affociés, favoir, douze regnico-
les., dont deux Géomètres, deux Àftronomes, &c.
6c huit étrangers, 6c vingt E leves, dont chacun eft
attaché à un des Académiciens.penfionnaires.
3°. Les fouis Académiciens, honoraires 6c penfion?
naires doi vent avoir voix délibérative quand il s’agira
d’éle&ions ou d’affaires concernant Y Académie ;
quand il s’agira de Sciences , les Affociés y feront
joints ;, mais les Eleves ne parleront que lorfque le
Préfident les y invitera.
40. Les Honoraires doivent être regnicoles & recommandables
par leur intelligence dans: les Mathématiques
& dans la Phyfique ; & les Réguliers ou Religieux
peuvent être admis dans cette foule claffe.
50. Nul ne peut être Penfionnaire, s’il n’eft connu
par quelqu’ouvrage confidérable, ou quelque décou?
verte importante, ou quelque cours éclatant.
6°. Chaque Académicien penfionnaire eft obligé de
déclarer au commencement de l’année l’ouvrage au--
quel il compte travailler. Indépendamment de ce tra?
vail, les Académiciens penfionnaires 6c affociés font
obligés d’apporter à tour de rôle quelques obfervaa
rions ou mémoires. Les affemblées fe tiennent le
Mercredi &: le Samedi de chaque femame, & en cas
de fête, l’affemblée fe tient le jour precedent.
70. Il y a deux de ces affemblees qui font publiques
par an ; favoir, la première après la S. Martm,
6c la fécondé , après la quinzaine de Pâques. _ a
8°. VAcadémie vaque pendant la quinzaine de ra ques
, la femaine de la Pentecôte , 6c depuis Noël
jufqu’aux R o is , 6c outre cela depuis la Nativité jul-
qu’à la S. Martin.
En 1716, M. le Duc d’Orléans, Regent du Royaume,
jugea à propos de faire quelques changements
à ce réglement, fous l’autorité du Roi. La claffe
des Eleves frit fupprimée. Elle parut avoir des in-
convéniens, en ce qu’elle mettoit entre les Académiciens
trop d’inégalité , & qu’elle pouvoit par-là
occafionner entr’eux , comme l’experience 1 avoit
prouvé, quelques termes d’aigreur ou de mépris. Ce
nom feul rebutoit les perfonnes d’un certam m ente,
& leur fermoit l’entrée de Y Académie. « Cependant
» le nom A’Eleve, dit M. de Fontenelle , Eloge de M.
» Amontons, n’emporte parmi nous aucune différence
» de mérite ; il lignifie feulement moins d ancienneté
» &une efpece de furvivance». D ’ailleurs quelques
Académiciens étoient morts à fqixante & dix ans
avec le titre éYEleves, ce qui paroiffoit mal fonnant.
On fupprima donc la claffe des Eleves, à la place de
laquelle on créa douze Adjoints, 6c on leur accorda
ainfi qu’aux Affociés, voix délibérative en matière
de Science. On fixa à douze le nombre des Honoraires.
On créa aulîi une claffe d’Âffocies libres, au
nombre de fix. C es Affociés ne font attachés à aucun
genre de fcience , ni obliges à aucun travail^; 6c il
frit décidé que les Réguliers ne pourraient à l’avenir
entrer que dans cette claffe»
L’Académie a chaque année un Préfident & un
Vice-Préfident, un Directeur 6c un Sous-Direâ:eur
nommés par le Roi. Les. .deux premiers font toujours
pris parmi les Honoraires, 6c les deux autres
parmi les Penfionnaires. Les fouis Penfionnaires ont
des jettons pour leur droit de prefence aux affemblées.
Aucun Académicien ne peut prendre ce titre
au frontifpice d’un liv re ,. fi l’Ouyrage qu’il publie
n’eft approuvé par Y Académie. _
Depuis ce renouvellement en 169^ , Y Academie
a été fort exa&e à publier chaque année un volume
contenant les travaux de fes membres ou les mémoires
qu’ils ont compofés 6c lus à Y Académie^durant
cette année. A la tête de ce volume eft l’Hiftoi-
re de Y Académie, ou l’extrait des Mémoires, 6c en
général de tout ce qui a été lu 6c dit dans Y Académie;
& à la fin de l’Hiftoire font les éloges des Académiciens
morts durant l ’annee,.,..
La place de Secrétaire a été remplie par M. de Fon-
tenellè depuis 1699 jufqu’en 1740. M. de Mairan lui
afüecédé pendant les années 1741,1742, 1743 ; 6c
elle eft à préfont occupée par M. de Fouchy.
Feu M. Rouillé de Meilay, Confeiller au Parlement
de Paris , a fondé deux prix , l’un de 2500 livres
-, l’autre de 2000 livres., que l’Académie diftribue
alternativement tousles ans. Les fujets du premier
prix doivent regarder l’Aftronomie phyfique.
Les fujets du fécond prix doivent regarder la N avigation
6c le Commerce.
L’Académie a pour devife , Invenit & perfide
Les affemblées qui fe tenoient autrefois dans la
Bibliothèque du R o i, fe tiennent depuis 1699 ^ans
une très^belle Salle du vieux Louvre.
En 1713 le Roi confirma1 par des Lettres Patentes
l’établiffement de deux Académies des Sciences & des
Belles-Lettres.
Outre: ces Académies de la Capitale, il ÿ en a dans
les Pravinces une grande quantité d’autfes ; à Tou-
loufe j Y Académie des Jeux Floraux, compofée de
quarante perfonnes, la plus ancienne du Royaume ,
6c outre cela une Academie des Sciences & des Belles
- Lettres ; à Montpellier, la Société Royale des
Sciences, qui depuis 1706 ne fait qu’un même corps
avec Y Académie des Sciences de Paris ; à Bordeaux ,
àSoiffons, àMarfoille, à L y on , à Pau , à Montau-
ban, à Angers, à Amiens, à Villefranche, &c. Le nom-*
bre de c.çs Académies augmente de jour en jour ; 6c
fans examiner ici s’il eft inutile de multiplier fi fort
de pareils établiffemens, on ne peut au moins difeon-
venir qu’ils ne contribuent en partie à répandre 6c à
çonferver le gqût des Lettres 6c de l’Etude. Dans les
villes mêmes où il n’y a point à’Académies, il fe
forme des Sociétés littéraires qui ont à peu près
les mêmes exercices.
Paffons maintenant aux principales Académies
étranger es.
Outre la Société Royale de Londres dont nous
avons déjà dit que nous parlerions ailleurs ,.une des
Académies les plus célébrés aujourd’hui eft celle de
Berlin appellée Y Académie Royale des Sciences & des
Belles- Lettres de PruJJe. Frédéric I. Roi de Pruffe l’établit
en 1700, & en fît M. Leibnitz Préfident. Les
plus grands noms illuftrerent fa lifte dès le commencement.
Elle donna en 1710 un premier volume fous
le titre de Mifcellanea Berolinenjia ; 6c quoique le fric-
ceffeur de Frédéric I. protégeât peu les Lettres, elle
ne laiffa pas de publier de nouveaux volumes en
1 7 2 3 ,1 7 2 7 , 1734, 1737 ? & 1740. Enfin Frédéric
II. aujourd’hui Roi de Pruffe, monta fur le Thrône.
Ce Prince , l’admiration de toute l’Europe par fes
qualités guerrières 6c pacifiques , par fon goût pour
les Sciences, par fon efprit 6c par fes talens, jugea à
propos de redonner à cette Académie une nouvelle
vigueur. Il y appella des Etrangers très-diftingués ,
encouragea les meilleurs Sujets par des récompenfes,
6c en 174 3 parut un nouveau volume des Mifcellanea.
Berolinenjia, où l’on s’apperçoit bien des nouvelles
forces que Y Académie avoit déjà prifes. Ce Prince
ne jugea pas à propos de- s’en tenir là. Il crut que
Y Académie Royale des Sciences de Pruffe qui avoir
été jufqu’alors prefque toujours préfidée par un M i-
niftre ou Grand Seigneur, le ferait encore mieux pajr
un homme de Lettres ; il fit à Y Académie des Scien*
ces de Paris l’honneur de choifir parmi fes Membres
le Préfident qu’il vouloit donner à la fienne. Ce fut
M. de Maupertuis' fi avantageufement connu dans
toute l’Europe , que les grâces du Roi de Pruffe engagèrent
à aller s’établir à Berlin. Le Roi donna en
même tems un nouveau Reglement à Y Académie j
6c voulut bien prendre le titre de Protecteur. Cette
Académie a publié depuis 1743 trois volumes fran-
çois dans le même goût à peu près que l’Hiftoire de
Y Académie des Sciences de Paris ; avec cette différence
, que dans le fécond de ces volumes, les extraits
des Mémoires font Supprimés, 6c le feront apparemment
dans tous ceux quifuivront. Ces volumes
feront fuivis chaque année d’un autre. Elle a deux
affemblées publiques ; l’une en Janvier le jour de là
naiffance du Roi aujourd’hui régnant ; l’autre à la fin
de Mai, le jour de l’avenement du Roi au Thrône.
Dans cette derniere affeniblée on diftribue, un prix
confiftant en une médaille d’or de la valeur de 50
ducats, c’eft-à-dire , un peu plus de 500 livres. Le
fujet de ce prix eft fuccefïivement de Phyfique , de
Mathématique , de Métaphyfique , 6c d’Erudition.
.Car cette Académie a cela de particulier, qu’elle
embraffe jufqu’à la Métaphyfique , la Logigue 6ç la
Morale, qui ne font l’objet d’aucune autre Académie.
Elle a une claffe particulière occupée de ces matières
, 6c qu’on appelle la claffe de Philofophie fpé-
culatiye. Académie Impériale de Petersbourg. Le Czar
J Pierre I. dit le Grand, par qui la Ruflie a enfin fecoiié