I6& A G A
les unes que les autres , mais l’épaifleur de chacune
en particulier eft prefqu’égale dans toute fon étendue
; ces couches ou plutôt ces cercles ont quelquefois
une tache à leur centre commun, alors la pierre
reflemble en quelque façon à un oeil ; c’eft pourquoi
on lès a nommées agates aillées. Il y a fouvent
plufieurs de cesyeux fur une meme pierre ; c’eft un
aflemblage de .plufieurs caillous qui fe font formés
les uns contre les autres, & confondus enfemble en
grofHfiant. Voye^_ C a i l l o u . On monte en bagues
les agates oeillées , & le plus fouvent on les travaille
pour les rendre plus reflemblantes à des yeux.
Pour cela on diminue l’épaifléur de la pierre dans
certains endroits, & on met deflbus une feuille couleur
d’or ; alors les endroits les plus minces paroif-
fent enflammés , tandis que la feuille né fait aucun
effet fiu- les endroits de la pierre qui font les plus
épais. On ne manque pas auffi de faire une tache noire
au centre de la pierre en-deffous, pour repréfen-
ter la prunelle de l’oe i l , fi la nature n’a pas fait cette
tache.
On donne à Pagate le nom A’herborifée ou de den-
dnte ( Vpyei D e n d r it e ) , lorfqu’on y voit des ramifications
qui représentent des plantes tellesque des
moufles, & même des buiffons & des arbres. Les
traits font fi délicats , le deffein eft quelquefois fi
bien conduit, qu’un peintre pourroit à peine copier
une belle agate herborifée : mais elles ne font pas
toutes aulfi parfaites les unes que les autres. On en
voit qui n’ont que quelques taches informes ; d’autres
font parfemées de traits qui femblenl imiter les
premières produ&ions de la végétation, mais qui
n’ont aucun rapport les uns aux autres. Ces traits
quoique liés enfemble, ne forment que des rameaux '
imparfaits & mal deffmés. Enfin , les belles agates
herborifées préfentent dés images qui imitent ^parfaitement
les herbes & les arbres ; le deffein de ces
efpeces de peintures eft fi régulier, que l’on peut y
diftinguer parfaitement les troncs, les branches, les
rameaux, &c même les feuilles : on eft allé plus loin,
on a crû y voir des fleurs. En effet, il y a des dens
i t é s dans lefquelles les extrémités des ramifications
font d’une belle couleur jaune , ou d’un rou-
ge vif. Voyei CORNALINE herborifée , SARDOINE
herborifée.
Les ramifications des agates herborifées font d’une
couleur brune ou noire, fur un fond dont la couleur
dépend de la qualité de la pierre ; il eft net &
tranfparent, fi Vagate eft orientale ; fi au contraire
elle eft occidentale , ce fond eft fujet à toutes les
imperfections de cette forte de pierre. Foyer Caillou.
(/ )
* Les agates & les jafpes fe peuvent facilement
teindre : mais celles de ces pierres qui font unies naturellement
, font par cette même raifon, compo-
fées de tant de parties hétérogènes, que la couleur
ne fauroit y prendre uniformément : ainfi, on n’y
peut faire que des taches, pour perfectionner la régularité
de celles qui s’y rencontrent ; mais non
pas les faire changer entièrement de couleur, comme
on fait à l’agate blanchâtre nommée chalcedoine.
Si l’on ii)et, fur un morceau agate chalcedoine
4 e la diffolution d’argent dans de l’efprit de nitre ’
&c tju on 1 expofe au ioleil, on la trou vera teinte au
bout de quelques heures , d’une couleur brune tirant
fur le rouge. Si l’on y met de nouvelle diffolution
on l’auraplus foncée, & la teinture la pénétrera plus’
avan t, & même entièrement ; fi l’agate n’a qu’une
ou deux lignes d’épaiffeur, & qu'on mette de la diffolution
des deux côtés , cette teinture n’agit pas
uniformément. Il y a dans cette forte d’agate , &
dans la plupart des autres pierres dures , des veines
prefqu’imperceptibles, qui en font plus facilement
A G A pénétrées que le refte ; enforte qu’elles deviennent
plus foncées, & forment de très-agréables variétés
qu’on ne voyoit point auparavant.
Si l’on joint à la dilTolution d’argent le quart de
fon poids , ou environ , de fuie & de tartre rouge
meles enfemble, la couleur fera brune tirant fur le
gris.
Au lieu de fuie & de tartre, fi on met la même
quantité d alun de plume, la couleur fera d’un violet
foncé tirant fur le noir.
La dilTolution d’or ne donne à l’agate qu’une le-
gere couleur brune qui pénétré très-peu ; celle du
bifmuth la teint, d’une couleur qui paroît blanchâtre
& opaque, lorfque la lumière frappe deffus, &c
brune quand on la regarde à-travers le jour. Les autres
diffohitions de métaux 6c de minéraux , employées
de la même maniéré, n’ont donné aucune
forte de teinture.
t P°ur reuflîr à cette opération, il eft néceffaire
d’expofer l’agate au foleil : M. Dufay en mis fous
une moufle ; mais elles n’ont pris que très-peu de
couleur, & elle ne pénétroit pas fi avant. Il a même
remarque plufieurs fois que celles qu’il a voit
expofees au foleil ont pris moins de couleur dans
tout le cours de la première journée, qu’en une demi
heure du fécond jou r , même fans y remettre de
nouvelle dilTolution. Cela lui a fait foupçonner ,
que peut-être l’humidité de l’air étoit très-propre à
faire pénétrer les parties métalliques. En effet, il a
fait colorer des agates très-promptement, en les portant
dans un lieu humide aufli-tot que le foleil avoit
fait fécher la dilTolution, 6c les expofant de rechef
au foleil.
Pour tracer fur la chalcedoine des figures qui ayent
quelque forte de régularité, la maniéré qui réuflït
le mieux eft de prendre la dilTolution d’argent avec
une plume, ou un petit bâton fendu, 6c de fuivr»
les contours avec une epingle : fi l’agate eft dépolie ,
le trait n’eft jamais bien fin, parce que la dilTolution
s’étend en très-peu de tems : mais fi elle eft bien
chargée d’argent, & qu’elle fe puiffe cryftallifer
promptement au foleil, elle ne court plus rifque de
s’épancher, & les traits en feront affez délicats. Ils
n approcheront cependant jamais du trait de la plu-
me, 6c par confequent de ces petits arbres qu’on voit
fi délicatement formés par les dendrites
Suppofé pourtant qu’on parvînt à les imiter, voici
deux moyens de diftinguer celles qui font naturelles
d’avec les faCtices. i° . En chauffant l’agate co-
loree artificiellement , elle perd une grande partie
de fa couleur, & on ne peut la lui faire reprendre
qu’on remettant deffus de nouvelle diffolution d’argent.
La fécondé maniéré, qui eft plus facile & plus
fimple, eft de mettre fur l’agate colorée un peu d*eau
forte ou d’efprit de nitre , fans l’expofer au foleil;
il ne faut qu’une nuit pour la déteindre entièrement.
Lorfque l’epreuve fera faite , on lui reftituera fi
l’on veut, toute fa couleur, en l’expofant au foleil
plufieurs jours de fuite : mais il ne faut pas trop
compter fur ce moyen , comme on verra par ce qui
On fait que par le moyen du feu , on peut changer
la couleur de la plupart des pierres fines \ c’eft
ainfi qu’on fait les faphirs blancs , les amethiftes
blanches. On met ces pierres dans un creufet, 6c
on les entoure de fable ou de limaille de fer ; elles
perdent leur couleur à mefure qu’elles s’échauffent;
on les retire quelquefois fort blanches. Si l’on chaufr
fe de même la chalcedoine ordinaire, elle devient
d’un blanc opaque ; 6c fi l’on fait des taches avec
de la diffolution d’argent, ces taches feront d’un
jaune citron, auquel l’eau-forte n’apporte plus
aucun changement, La diffolution d’argent oeife fur
A G E
là ehajèedôirfè ainfi blanchie & expôfée âiifoïéil plù-
fieurs jours.de fuite, y fait dés taches brunes.......
La diffolution d’argent donne à Y-agate orientale
une couleur plus noire qu’à la chalcedoine commune.
Sur une agate parfemée de taches jaunes, elle a donné
une couleur de pourpre. Voyv.[ Mém. de l'Acad.
■ ann. i j z S , par M. Dufay. Nous avons dit dans l’endroit
où l’on propofe le moyen'de reconnoître Y agate
teinte d’avec Yagate naturelle > qu’il ne falloit pas
trop compter fur l’eau-forte. En effet, M. de la Con-
damine ayant mis deux dendrites naturelles dans de
l’eau-forte pendant trois ou quatre jours , il n’y eut
point de changement. Les dendrites mifes en expérience.,
ayant été oubliées fur une fenêtre pendant
quinze jours d’un tems humide 6c pluvieux, il fe mêla
un peu d’eau de pluie dans l’eau-forte ; 6c Y agate
où les arbriffeaux étoient très-fins, f<^ déteignit entièrement
: le même fort arriva à l’autre, du moins
pour la partie qui trempoit dans l’eau-forte ; il fallut
pour cette expérience de l’oubli, au lieu de foin 6c
d’attention.
Agate , ( Mat. med. ) on attribue de grandes vertus
à Y agate, de même qu’à d’autres pierres précieu-
fes : mais elles font toutes imaginaires Geoffroy.
L'ÀGATE , en Architecture, fert à l’embelliflèment
fies tabernacles , des cabinets de .pièces de -rapport,
de marqueterie, &c. ( P )
* Agate, (Sainte.') Géog. petite ville d’Italie au
royaume de Naples , dans la province ultérieure.
Long. 32.-8. iat. 40-55.
A GATE, Gat TE, JATTE, (Mariné. ) Voyï^ Gat-
h-E. ( Z )
* AGATHYRSES, f. m. pi. ( Hiff anc. ) peuples
de là Sarmatie d’Europe, dont Hérodote, S. Jérôme,
6c V irgile, ont fait mention. Virgile a dit qu’ils
• fie peignoient; S. Jerôme , qu’ils étoient riches fans
être avares ; 6c Hérodote, qu’ils étoient efféminés.
* A G A T Y , (LLift. nat. bot. ) arbre du Malabare
qui a quatre à cinq fois là'hauteur de l’homme,&
dont le trône a environ fix piés de circonférence.
Ses branches partent de fon milieu 6c de fon fom-
met, & s’étendent beaucoup plus en hauteur ou verticalement
, qu’horifontalement; Il croît dans les
lieux fablonneux. Sa racine eft noire , aftringente
au goût , 6c pouffe des fibres à une grande distance.
Le bois d’agaty eft tendre , & d’autant plus
tendre , qu’on le prend plus voifin du coeur. Si l’on
fait une mcifion à l’écorGe , il en fort une liqueur
claire 8c aqueufe, qui s’épaiffit, 6c devient gom-
meufe peu après fa fortie. Ses feuilles font ailées ;
elles ont un empan & demi de long ; elles font
formées de deux lobes principaux , unis à une maî-
treffe côte , & oppofées directement. Leur pédicule
eft fort court, & courbé en-devant. Leurs petits
lobes font oblongs & arrondis par les bords. Ils
Ont environ un pouce 6c demi de longueur, 6c un
travers de doigt de largeur. Cette largeur eft la
même à leur fommet qu’à leur bafe. Leur tiffu eft
extrêmement compaCt 6c uni:, d’un verd éclatant
en-deffus, pâle en-deffous, & d’une odeur qu’ont
les fèves quand on les broyé. De la groffe côte
partent des ramifications déliées, qui tapiffent toute
la furface des feuilles. Ces.feuiÛes fe ferment pendant
la nuit, c’eft-à-dire , que leurs lobes s’appro*
thent. d
Les fleurs font papilionacées, fans odeur * naif-
fent quatre à quatre ou cinq à cinq, ou même en
plus grand nombre -, fur une petite tige qui fort
•d’entre les ailes des feuilles. Elles font cômpofées
de quatre pétales , dont un s?éleve au - deffus des
autres. Les latéraux forment un angle, font épais,
Lianes, & ftriés par des veines, blanches d’abord,
Tome I. ’
À G Ë
plus jaunes & enTuite rouges. Lès étamines des fleurs
forment un angle, & fe diftribuent à leur extrémité
en deux filamens qui portent deux fommets jaunes
& oblongs. Le calice qui environne la bafe des pétales
eft profond , compofé de quatre portions ou
feuilles courtes, arrondies, & d’un verd pâle.
Lorfque les fleurs font tombées -, il leur fuccedé
des coffes longues de quatre palmes, & larges d’un
travers de doigt, droites , un peu arrondies, vertes
6c epaiffes. Ces coffes contiennent des fèves oblon-
gués ^ arrondies, placées chacune dans une loge >
lèparee d’une autre loge par une cloifon charnue quï
régné tout le long de la coffe ; les fèves ont le goût
des nôtres, & leur reffemblent , excepté qu’elles
font beaucoup plus petites. Elles blanchiffent à me-
fure qu’elles mûriffent. On peut en manger. Si les
tems font pluvieux, cet arbre portera des fruits trois
ou quatre fois l’année.
• Sa racine broyée dans de l’urine de vache, dif-
fipe les tumeurs. Le fue tiré de l’écoree , mêlé avec
le miel & pris en gargarifme , eft bon dans l’efqui-
nancie, ôc les aphthes de la bouche. Je pourrois en*
core rapporter d’autres propriétés des différentes
parties de cet arbre : mais elles n’en feroient pas
plus réelles, & mon témoignage n’ajoûteroit rien
à celui de R a y , d’où la defeription précédente eft:
tiréei
* A G D E , (Géog.) ville de France en Languedoc
, au territoire d’Agadez, differ. de long, à l’Ob-
fervatoire de Paris, 1“ 7 ' 37" à l’orient. Lat. 43-18•.
■ 54. Mém. de l'Acad. 1724 , p. 8§. Hijl
* AG E , (Myth.) Les poètes ont euftribué le tems
qui fuivit la formation de l’homme en quatre âges,
fd âge d or, fous le régné de Saturne au ciel., & fous
celui de l’innocence & de la juftice enterre. La terre
produifoit alors fans culture, & des fleuves de miel
& de lait couloient de toutes parts. L’âge d'argent >
fous lequel ces hommes commencèrent à être moins
juftes oc^ moins heureux. L ’âge d'airain, où le bonheur
des hommes diminua encore avec leur vertu ;
& Y âge de fer 9 foiis lequel, plus méchans que fous
l’âge d'airain, ils furent plus malheureux. On trouvera
tout ce fyftème expofé plus au long dans l’ouvrage
d’Héfiode, intitulé Opéra & dits ; ce poète fait
à fon frere l’hiftoire des fieeles écoulés, & lui montre
le malheur cônftamment attaché à l’injuftice, afin
de le détourner d’être méchant. Cette allégorie des
âges eft très-philofophique & très - inftru&ive ; elle
étoit très-propre à apprendre aux peuples à eftimer.
la vertu ce qu’elle vaut.
Les hiftoriens, ou plûtôt lès chronoîogiftes, ont
divifé l’âge du monde en fix époques principales ,
entré lefquelles ils laiffent plus ou moins d’intervalles
, félon qu’ils font le monde plus ou moins vieux.'
Ceux qui placent la création fix mille ans a.vant Je-
fus-Ghrift, comptent pour l ’âge d’Adam jufqu’au déluge,
2262 ans ; depuis le déluge jufqu’au partage
des nations, 738 ; depuis le partage des nations juf-
qu’à Abraham, 460 ; depuis Abraham jufqù’à la pâ-
que des Ifraëlites, 645 ; depuis la pâque des Ifraëlites
jufqu’à Saiil, 774 ; depuis Saiil jufqu’à Cyrus, 583 ;
& depuis Cyrus jufqu’à Jefüs-Chrift, 538.
Ceux qui ne font le monde âgé que de quatre mille
ans, comptent de la création au déluge 1656 ; du
déluge à la vocation d’Abraham, 426; depuis Abraham
jufqu’à la fortie d’Egypte 430 ; depuis la fortie
d’Egypte jufqu’à la fondation du temple, 480 ; depuis
la fondation du temple jufqu’à Cyrus, 476 ; de-,
puis Cyrus jufqu’à Jefus-Chrift, 53 2.
D’autres comptent de la création à la prife de
Troie, 2830 ans ; & à la fondation de Rome, 32505
de Carthage vaincue par Scipion à Jefus-Chrift, 200 ;
.de Jefus-Chrift à Conftantin, 312j & au rétabliffe-*
ment de l’empire d’Occident,