phetes nous font voir les rois de T y r , de Babylone,
& d’Egypte, qui y font couchés 6c enfevehs, mais
toutefois vivant 6c expiant leur orgueil 6c leur cruau- té Pfal. XXXUI.2 .X X X V. G.Proverb. X I. 18.IX.
,8. XXI. 16'. P f LXXXV1I . 2.LXX. 2 0 . I f X1V.C).
E{eck. X X V I I I . 10. X X X I . 18. X X X I I . 19.
Ces abyfmes font la demeure des démons & des
impies. Je vis, dit S. Jean dans l’Apocalypfe, une
étoile qui tomba du ciel, 6c à qui l’on donna la cie
du puits de Yabyfmt : elle ouvrit le puits de Yabyfme,
& il en fortit une fumée comme d’une grande four-
naife, qui obfcurcit le foleil & l’air, & de cette fumée
fortirent des fauterelles, qui fe répandirent fur
toute la terre : elles avoient pour roi à leur tete 1 ange
de Yabyfmt, qui eft nommé Exterminateur,, Et ailleurs
, on nous repréfente la bête qui fort de 1 abyfme,
& qui fait la guerre aux deux témoins de la Divinité.
Enfin l’Ange du Seigneur defeend du ciel, ayant en
fa main la clé de Yabyfme, 6c tenant une grande chaîne.
Il faifit le dragon, l’ancien ferpent, qui eft le diable
6c fatan, le lie, le jette dans Yabyfme pour y demeurer
pendant mille ans, ferme fur lui le puits de
Yabyfme 6c le fcelle, afin qu’il n’enpuiffe fortir de
mille ans, &c. Apoc. IX. 1 .2 . X I . y. XX. 1. 3 . ^
Les fontaines 6c les rivières, au fentiment des Hébreux
, ont toutes leur fource dans Yabyfme ou dans
la mer : elles en fortent par des canaux invifibles, &
s’y rendent par les lits qu’elles fe font formés fur la
terre. Au tems du déluge, les abyfmes d’embas, ou
les eaux de la mer rompirent leur digue, les fontaines
forcèrent leurs fources, 6c fe répandirent fur
la terre dans le même tems que les cataraftes du ciel
s’ouvrirent, & inondèrent tout le monde. Eccl. 1. y.
Genef. VIII. verf. 2.
Vabyfme qui couvroit la terre au commencement
du monde, 6c qui étoit agité par l’efprit de D ieu, ou
par un vent impétueux ; cet abyfme eft ainfi nomme
par anticipation, parce qu’il compofa dans la fuite la
mer, & que les eaux de 1 abyfme en fortirent & fe formèrent
de fon écoulement : ou fi l’on veut, la terre
fortit du milieu de cet abyfme, comme une lie qui
fort du milieu de la mer, & qui paroît tout d’un coup
à nos y e u x , après avoir été long-tems cachée fous
les eaux. Genef. 1 . 2. Diclionn. de la Bibl. de Calmet >
tom. I . lettre A. au met Abyfme, pag. iS.
M. Voodvard nous a donné des conjeûures fur la
forme du grand abyfme dans fon Hiftoire naturelle de
la terre : ilfoûtient qu’il y a un grand amas d’eaux
renfermées dans les entrailles de la terre, qui forment
un vafte globe dans fes parties intérieures ou
centrales, & que la furface de cette eau eft couverte
de couches terreftres: c’eft, félon lui, ce que M oyfe
appelle le grand gouffre, 6c ce que la plûpartdes auteurs
entendent par le grand abyfme.
L’exiftence de cet amas d’eaux dans l’intérieur de
la terre, eft confirmée, félon lui, par un grand nombre
d’obfervations. T err e, D éluge.
Le même auteur prétend que l’eau de ce vafte abyfme
communique avec celle de l’Océan, par le moyen
de quelques ouvertures qui font au fond del’Ocean:
il dit que cet abyfme 6c l’Océan ont un centre commun
, autour duquel les eaux des deuxréfervoirs font
placées ; de maniéré cependant que la furface de Yabyfme
n’eft point de niveau avec celle de l’Océan, ni
à une aufli grande diftance du centre, étant en partie
refferrée & comprimée par les couches folides de la
terre qui font defftis. Mais par tout oîi ces couches
font crevaffées, ou li poreufes que l’eau peut les pénétrer,
l’eau de Yabyfme y monte, elle remplit toutes
les fentes 6c les crevaffes où elle peut s’introduire, &
elle imbibe tous les interftices & tous les pores de la
terre, des pierres, 6c des autres matières qui font autour
du globe, jufqu’à ce que cette eau foit montée
au niveau de l’Océan, Sur quoi tout cela eft-il fondé ?
Si ce qu’on rapporte dans les Mémoires de T Acadie
mie de 174/, de la fontaine fans fond de Sablé en
Anjou, eft entièrement v ra i, on peut mettre cette
fontaine au rang des abyfmes ; parce qu’en effet ceux
qui l’ont fondée n’y ont point trouvé aefond; &que
félon la tradition du p a ys , plufieurs beftiaux qui y
font tombés, n’ont jamais été retrouvés. C ’eft une
efpece de gouffre de 20 à 25 piés.d’ouverture, fitue
au milieu 6 c dans la partie la plus baffe d’une lande
de 8 à 9 lieues de circuit, dont les bords élevés en
.entonnoir, defeendent par une pente infenfible jufqu’à
ce gouffre, qui en eft comme la citerne. La terre
tremble ordinairement tout-autour, fous les piés des
hommes 6 c des animaux qui marchent dans ce baflin.
Il y a de tems en tems des débordemens, qui n’arrivent
pas toujours après les grandes pluies, & ,pendant
lelquels il fort de la fontaine une quantité pro-
digieufe de poiffon, 6 c furtout beaucoup de brochets
truités, d’une efpece fort finguliere, 6 c qu’on ne con-
noît point dans le refte du pays. Il n’eft pas facile cependant
d’y pêcher, parce que cette terre tremblante
6 c qui s’affaiffe au bord du gouffre, 6c quelquefois
affez loin aux environs, en rend l’approche fort dan-,
gereufe ; il faut attendre pour cela des années feches,
6 c où les pluies n’ayent pas ramolli d’avance le ter-
rein inondé. En général, il y a lieu de croire que tout
ce terrein eft comme la voûte d’un lac, qui eft au-
deffous. L ’Académie qui porte par préférence fon
attention fur les curiofxtés naturelles du royaume ,
mais qui veut en même tems que ce foient de vraies
curiolités, a jugé que celle-ci méritoit une plus ample
inftruttion. Elle avoit chargé M. de Bremond de
s’informer plus particulièrement de certains faits, 6 c
de quelques circonftances qui pouvoient plus finement
faire juger de la fingularité de cette fontaine ;
mais une longue maladie, 6 c la mort de M. de Bremond
arrivée dans l’intervalle de cette recherche ,
ayant arrêté les vaftes 6 c utiles projets de cet Académicien
, l’Académie n’a pas voulu priver le public
de ce qu’elle favoit déjà fur la fontaine de Sablé*
V o y e { G o u f f r e . ( O 6 c G )
A b is m e , f. m. terme de Blafon, c’eft le centre ou
le milieu de l’écu, enforte que la piece qu’on y met
ne touche & ne charge aucune autre piece. Ainfioi»
dit d’un petit écu qui eft mis au milieu d’un grand ,
qu’il eft en abyfme ; 6c tout autant de fois qu’on commence
par toute autre figure que par celle du milieu,
on dit que celle qui eft au milieu eft en abyfme,
comme fi on vouloit dire que les autres grandes pièces
étant élevées en relief, celle-là paroît petite, 6c
comme cachée & abyfmée. Il porte trois.befans d’ot
avec une fleur de lis en abyfme : ainfi ce terme ne lignifie
pas Amplement le milieu de l’écu , car il eft
relatif, 6c fuppofe d’autres pièces, au milieu desquelles
une plus petite eft abyfmée.
* Abisme. C ’eft une efpece du cuvier ou vaiffeau
de bois à l’ufage des Chandeliers, dont l’ouverture
abcd eft parafiélogrammatique; les ais quarrés ob-
longs qui forment les grands côtés de ce cuvier font
inclinés l’un vers l’autre, font im angle aigu, 6c s’af-
femblent par cet angle dans deux patensfur une banquette
à quatre piés ghi e , autour de laquelle il y a
un rebord pour recevoir le fuifqui coule de la chandelle
quand elle fort de ce vaiffeau. On voit par ce
qui vient d’être dit, que les deux petits côtés de ce
cuvier a b f ,d c e , font néceffairement taillés en triangle.
C ’eft dans ce vaiffeau rempli de fuif en fufion,
que l’on plonge à différentes reprifes les meches qui
occupent le centre de la chandelle. Ces meches font
enfilées fur des baguettes. Voye1 la maniéré de faire
la chandelle à la broche ou baguette , à l’article
C h a n d e l l e , 6c la figure de Yabyfme, Plane, du
Chandelier, figure y.
* A3INGDON, ou ABINGTON, ou ABINDON,
ville d’Angleterre, en Barkshire, 6c fur la Tamife.
Long. iC. 20. lat. S i. 40.
AB-INTESTAT, voye^ I n t e s t a t . (H)
* ABISCAS, f. m. peuple de l’Amérique méridionale,
à l’Eft du Pérou, . t
* ABISSIN1E , f. f. grand pays 6c royaume d’Afrique.
Long. 48. 6 S. lat. 6. 20.
ABIT, f. m. Quelques - tins fe fervent de ce mot
pour exprimer la cérufe. Voye1 A b o it , C e r u s e ,
Bl a n c d e P l o m b . (M ) ' v • !
ABJURATION, f. f. en général, afre par lequel
on dénie ou l’on renonce une chofe d’une maniéré
folennelle, 6c mêmeâvec ferment. V. Se r m e n t .
C e mot vient du Latin abjuratio, compofé de ab,
de ou contre, 6c de fur are, jurer.
Chez les Romains le mot#abjuration fîgnifioit dénégation
avec faux ferment, d’une dette, d’un gage,
d’un dépôt, ou autre chofe femblable , auparavant
‘ confiée. En ce fens Y abjuration eft la même chofe que
le parjure ; elle différé à& Yéjiiration qui fuppofe le
ferment jufte. Voye^ Pa r j u r e ,& c. •
Uabjuration fe prend plus particulierëmerit pour
la folennelle renonciation ou retrafration d’une doctrine
ou d’une opinion regardée comme fauffe 6c
■ pernicieufe.
Dans les lois d’Angleterre, abjurer une perfonne,
c’eft renoncer à l’autorité ou au domaine d’une telle
perfonne. Par le ferment d’abjuration, on s’oblige de
ne reconnoître aucune autorité royale dans la perfonne
appellée le prétendant, 6c de ne lui rendre jamais
l’obéiffance que doit rendre un fuj et à fon prince.
Voyei Se r m e n t , Fid é l it é , &c.
Le mot d’abjuration eft aulfi ufité dans les anciennes
coutumes d’Angleterre, pour le ferment fait par
une perfonne coupablè de félonie , qui fe retirant
dans un lieu d’a fy le, s’obligeoit par ferment d’abandonner
le royaume pour toujours ; ce qui le mettoit
à l’abri de tout autre châtiment. Nous trouvons aulfi
des exemples à?abjuration pour un tems , pour trois
ans, pour un an 6c un jou r, 6c femblables.
Les criminels étoient reçus à faire cette abjuration
en certains c a s , au lieu d’être condamnés à mort.
Depuis le tems d’Edoiiard le confeffeur , jufqu’à la
réformation, les Anglois avoient tant de dévotion
pour les églifes , que fi un homme coupable de félonie
fe réfugioit dans une églife ou dans un cimetière
, c’étoit un afyle dont il ne pouvoit être tiré pour
lui faire fon procès ; mais en confeffant fon crime à
la juftice ou au coroner, 6c en abjurant le royaume,
il étoit mis en liberté. Voye^. A s y l e & C o r o n e r .
Après Y abjuration on lui donnoit une croix, qu’il
devoit porter à la main le long des grands chemins,
jufqu’à ce qu’il fut hors des domaines du roi : on l’ap-
pelloit la bannière de Mere- Eglife. Mais Y abjuration
déchut beaucoup dans la fuite, 6c fe réduifit à retenir
toujours le prifonnier dans le fanftuaire , où il
lui étoit permis de finir le refte de fes jours , après
avoir abjuré fa liberté 6c fa libre habitation. Par le
ftatut 21 de Jacques Ier, tout ufage d’afyle , 6c con-
féquemment d’abjuration, fut aboli. Voye{ S a n c t
u a i r e . (G )
* ABLAB, f. arbriffeau de la hauteur d’un fep de
vigne. On dit qu’il croît en Egypte, qu’il garde fa
verdure hyver 6c été , qu’il dure un fiecle, que fes
feuilles & fes fleurs reffemblent à celles de la feve de
Turquie, que fes fèves fervent d’aliment en Egypte,
& de remede contre la toux 6c la rétêntion d’urine ,
&c. Mais il faut attendre , pour ajouter foi à cette
plante 6c à fes propriétés, que les Naturaliftes en
ayent parlé clairement.
* ABLAI, f. contrée de la grande Tartarie. Long.
'£) i-ro 1. lat. S1-S4.
ABLAIS, f. m. terme de coutumes ; il fe dit des blés
fciés encore giflants fur le champ. ( i f )
Tome I.
* ABLAQUE, f. nom que les François ont donné
à la foie de perle, ou ardafline. Cette foie vient par
la voie de Smyrne ; elle eft fort belle : mais comme
elle ne fouffre pas l’eau chaude, il y a peu d’ouvrages
dans lefquels elle puiffe entrer.
ABLATIF ,f. m. terme de Grammaire ; c’eft le fixie-
me cas des noms Latins. Ce cas eft ainfi appellé du
Latin ablatus, ôté, parce qu’on donne la terminai-
fon de ce cas aux noms Latins qui font le complément
des prépofitions à , abfque, de, ex, fine, qui marquent
extraction ou tranfport d’une chofe à une autre
: ablatus à me , ôté de moi ; ce qui ne veut pas dire
qu’on ne doive mettre un nom à Y ablatifque lorfqu’il
y a extraclionow tranfport; car on met aufli à Y ablatif
un nom qui détermine d’autres prépofitions , comme
clam ,pro, pree , 6cc. mais il faut obferver que
ces fortes de dénominations fe tirent de l’ufage le plus
fréquent, ou même de quelqu’un des ufages. C ’eft:
ainfi que Prifcien, frappé deBundesufages de ce cas,
l’appelle cas comparatif ; parce qu’ en effet on met à
Y ablatif Y un des corrélatifs de la comparaifon : Pau-
lus ejl doctior Petro ", Paul eft plus favant que Pierre.
Varron Bappelle cas latin, parce qu’il eft propre à la
langue Latine. Les Grecs n’ont point de terminaifon
particulière pour marquer Y ablatif : .c’eft: le génitif
qui en fait la fonfrion ; 6c c’eft pour cela que l’on
trouve fouvent en Latin le génitif à la maniéré des
Grecs, au lieu de Y ablatif Latin.
Il n’y a point d’ablatif en François, ni dans les autres
langues vulgaires , parce que dans ces langues
les noms n’ont point de cas. Les rapports ou vûes de
l’efprit que les Latins marquoient par les différentes
inflexions ou terminaifons d’un même mot, nous les
marquons, ou par la place du mot, ou par le fecours
des prépofitions. Ainfi, quand nos Grammairiens di-
fent qu’un nom eft à Y ablatif, ils ne le difent que par
analogie à la langue Latine ; je veux dire, par l’habitude
qu’ils ont prife dans leur jeuneffe à mettre du
François en Latin ,6 c à chercher en quel cas Latin ils
mettront un tel mot François : par exemple , li l’on
vouloit rendre Latin ces deux phrafes, la grandeur de
Paris , 6c je viens de Paris ; de Paris feroit exprimé par
le génitif dans la première phrafe, au lieu qu’ il feroit
mis à Y ablatif dans la fécondé. Mais comme en François
l’effet que les terminaifons Latines produifent
dans l’efprit y eft excité d’une autre maniéré que par
les terminaifons, il ne faut pas donner à la maniéré
Françoifeles noms de la maniéré Latine. Je dirai donc
qu’en Latin amplitudo, ou vafi.itas Lutetia, eft au génit
i f ; Lutetia , Lutetia, c ’eft le même mot avec une in-
, flexion différente : Lutetia eft dans un cas oblique
qu’on appelle génitif, .dont l’ufage eft de déterminer le
nom auquel il fe rapporte, d’en reftraindre l’exten-
fion, d’en faire une application particulière. Lumen
folis, le génitiffolis détermine lumen. Je ne parle, ni
de la lumière en général, ni de la lumière de la lune,
ni de celle des étoiles, &c. je parle de la lumière
du foleil. Dans la phrafe Françoife la grandeur de
Paris, Paris ne change point de terminaifon ; mais
Paris eft lié à grandeur par la prépofition de, 6c ces
deux mots enfemble déterminent grandeur ; c’eft-à-
dire, qu’ils font connoître de quelle grandeur particulière
on veut parler : c’eft de la grandeur de Paris.
Dans la fécondé phrafe , je viens de Paris , de lie
Paris à je viens, 6c fert à défigner le lieu d’où je
viens.
L’ablatif a été introduit après le datif pour plus
grande netteté.
San&ius, Voflius, la méthode de Port-Royal, &
les Grammairiens les plus habiles , foûtiennent que
Y ablatif eft le cas de quelqu’une des prépofitions qui
fe conftruifent avec Y ablatif ; en forte qu’u n’y a ja*
mais d’ablatif qui ne fuppofe quelqu’une de ces pre-
pofitions exprimée ou foufentendue.