tornie; il eut l’honneur de faire pafler cet art d’Italie
en Efpagne ; honneur ftérile, car il n’y fruêrifia pas.
Réal Colomb, de Crémone , en 15 59 ; en 16 61 ,
Ambroife Paré, qu’i n’eût pas été fi grand chirurgien
s’il n’eut été grand anatomifte; &c Gabriel Fallope ,
qui a donné fon nom à une des dépendances de la
matrice, qu’on prétend avoir été connue d’Herophi-
le & de Rufus d’Ephefe.
En 1 563, Barthelemi Euftachi, dont les planches
anatomiques font fi célébrés, qui décrivit le premier
avec exaéfttude le canal torachique , apperçut la
valvule placée à l’orifice de la veine coronaire dans
le coeur, & découvrit le troifieme os de l’oreille interne
, & les glandes appellées renes fuccincluriati ,
reins fucceinturiaux.
En 1565, Botal, dont le paflage du fang dans le
foetus de Foreillette droite dans l’ofeillette gauche,
porte le nom : en 1573, Jules Jaffolin, auteur d’une
excellente oftéologie, extrêmement rare. Dans la
même année, Conftanfius V arole, de Bologne, qui
fit la découverte de la valvule du colon, divifa le
cerveau en trois parties, apperçut des glandes dans
le plexus choroïde, & appella de fon nom le -plexus
trarifverfal du cerveau le pont de Varole : en 1574,
Jean-Baptifle Carcanus, Milanois, qui donna le nom
de trou oval au paflage que Botal avoit découvert :
en 1578, Jean Banifter : Félix Platerus, de Bâle, en
1583. Dans la même année, Salomon Albert j qui
difputa à Varole la découverte du colon : en 1586,
Archange Piccolhommini, Ferrarois, qui divila la
fubftance du cerveau en médullaire & en cendrée,
& fit d’autres découvertes : en 15 88, Gafpar Bauhin,
de la même v ille , qui ne fut pas moins grand anatomifte
qu’habile bofanifte : en 1593, André du Laurent,
& André Cæfalpin qui preflëntit la circulation
du fang, mais d’une maniéré fi obfcure qu’on ne fon-
gea à lui faire honneur de cette découverte que quand
on en connut toute la certitude & toute l’importanc
e , & qu’il ne fut plus queftion que de l’ôter à celui
qui l’àvoit faite : en 1597, Jean Poftius, né à Ger-
mesheim : en 1600,Fabricius ab Aquapendente, ainfi
appellé d’une petite ville du Milanez où il naquit ; il
fut dilciple de Fallope, à qui il fuccéda en 156 5 dans
une chaire d'Anatomie : il remarqua les valvules des
veines, parla le premier de l’enveloppe charnue de
la veflie , & tenta de réduire en fyftème les phénomènes
de la génération.
En 1603 » Philippe Ingraffias, Sicilien, qui décrivit
exaétement l’os ethmoïdej& découvrit l’étrier de
l’oreille; en 1604, Horftius & Cabrole ; en 1605,
Grafeccius; en i6o7,Riolan, l’habile & jaloux Rio-
lan , qui contefta plus de découvertes encore qu’il
n’en fit : il remarqua les appendices graiffeufes du
colon, nomma les canaux hépatiques & cyftiques
du foie, & s’apperçut du pli du canal cholidoque.
Parurent en 16 1 1 , Vidus Vidius, & Gafpard Bar-
tholin, qui s’arrogea la découverte des vaifleaux
lymphatiques ; en 1615, Gafpard Hoffman & Paaw ;
en 1617, Grégoire Horftius ; Fabricius Bartholet, en
1619 ; dans la même année, Pierre Lauremberg ,
Glandorp , grand chirurgien, Jean Remmelin , &
Hoffman, qui a travaillé jufqu’en 1667; en 1622,
Afellius de Crémone, qui découvrit les veines lactées
; Richard Banifter, dans la même année; en
1623, Æmilius Parifanus , qui a fait le fécond’ des
expériences fur l’incubation des oeufs ; en 1624
M elchior Sebizius ; Adrien Spigelius, en 16 26 ; Louis
Septale, en 1628; dans la même année, Alexander
Maflarias, qui a travaillé jufqu’en 1634 ; & l’immortel
H arvey, qui fit la découverte de la circulation
du fang : découverte qui bannit de la Phyfiologie la
chaleur innée , Yefprit vital, Y humide radical, &c.
En 1640, Befleï, qui a écrit fur les parties de la
génération de la femme ; en 1641, Thomas Bar tholin,
"Wefling ; & "Wirfung, qui nous a appris que le pancréas
avoit un conduit ; en 1642, Jean Bont ; Shenei-
der, qui a traité de la fabrique du nez, de la membrane
pituitaire, &c. en 1643 : Rubbek, en 1650, qui
partage avec Bartholin l’honneur de la découverte
des vaifleaux lymphatiques : en 16 51, Highmore &
Antoine Deufing ; en 1652, Molinettus ; Dominique
de Marehettis ; 'Warthon, qui découvrit les glandes
falivaires inférieures ; & Pecquet, qui découvrit le
canal torachique , & annonça le réfervoir qui porte
fon nom : réfervoir beaucoup plus remarquable dans
l£s animaux que dans l’homme , où il n’a pas une
forme & une .capacité bien décidées.
En 1653 , Lyfer, qui a éclairci la méthode de dif-
féquer; en 1654, Jéari-Chriftophë Volckhammer,
Griffon & Hemfterhuïs ;'Rolfenck, en 1656 ; Henri
Sigifmond Schilling, en 1658 ; en 1659, Vigier &:
Gharlèton; Van-Horne, en 1660 ; en. 1661, Stenon,
qui découvrit les conduits falivaires füpérieurs ; en
1664, Willis qui perfectionna Y anatomie des nerfs &
celle du cerveau ; en 1665 > Jean Théophile Bonnet,
qui récueillit ce que la plupart des anatomiftes avoient
compofé, & rendit un fervice aux Artiftes, en mettant
à leur portée des traités qui étoiént devenus fort
rares ; en 1666, Meibom ; Needham, qui a écrit fur
la formation du foetus, en 1667; en i668,Graaf, qui
inventa la feringue à injeCter, & qui, fut l’auteur du
fyftème des oeufs dans les femelles vivipares, fyftème
engendré par l’analogie, & violemment attaqué
par l’expérience^
En ï 669, Jean Mayow, Hoboken, qui a bien écrit
des enveloppes du foetiis ; & Lover, dont on a un excellent
traité fur le coeur; Kerckringius, en 1670; en
1672, Drelincourt, Diemerbroeck, & Swammer-
dam, qui s’eft attaché aux parties de la génération ;
en 1674, Gérard Blafius, qu’on peut confulter fur
Y Anatomie comparée ; en 1675, qui décrivit
l’oeil & apprit à le diflequer ; en 1680, Borelli, qui
tenta d’affujettir en calcul les- mouvemens des animaux
; effort qui, s’il n’a pas été fort utile au progrès
de la Medecine & de Y Anatomie, a du moins fait
beaucoup d’honneur à fon auteur, & en général à
l’efprit humain. Dans la même année, Verle, & Ri-
vin qui a dès prétentions fur la découverte de quelques
conduits falivaires.
En i6 8 i,G r ew & Dupré; Stockammer,en 1682;
en 1683, Bellini, & Duverney qui expôfa la ftruâu-
re de l’oreille dans un traité dont on fait encore aujourd’hui
très-grand cas ; Brown, & Shelhammer qui
a étudié l’oreille, en 1684; en 1685, Brunner, qui
a examiné les glandes ; Bidloo & Wieuffens , qui a
travaillé utilement fur les nerfs ; en 1686, Leal Lea-
lis Jean Bohn , Ent, & Malpighi, non moins grand
phyficien qu’habile anatomifte, obfervateur en tout
genre, & le premier prefque qui eût affez bien vû ,
pour compter fur fes oblèrvations ; Muralto , en
1688 ; Haverds ; dont on a un ouvrage fur la moelle
des o s , en 1691 ; en 1792, N uck, qui ayant obfervé
avec plus d’attention que fes prédéceffeurs, la ftruc-
ture & la deftination des vaifleaux lymphatiques, les
compara à des fyphons, qui pompent d’un coté le
fluide, & le dépofent de l’autre dans la maffe du fang;
en 1693, V erheyen, qui fit dans fa jeuneffe tantd’ob-
fervations fur la femence.
En 1694, Gibbon & Cowper, qui découvrit les
glandes de l’urethre, qui portent fon nom ; Dionis
& Ridley, qui a bien connu le cerveau, en 1695 ;
en 1696, Leuwenhoeck dont on a une infinité d’ob-
fervations microfcopiques ; Pofthius, en 1697; en
170 1 , Pafchioni, Berger & Fantonus ; Valfalva, en
1704; Francus de Franckenau, en 1705 ; en 1706 ,
Morgagni, dont on a des chofes nouvelles fur la langue
, le pharynx, l’épiglotte, les glandes febacées ,
l’utérus-, le vagin, les mammelles, &c, en 1707.,
Drake, K eîl & Douglas, qui a fait voir que quoique
le conduit de la glande parotide fut coupé, on pou-
v o it, quand l’extrémité coupée étoit encore affez
proche, la ramener dans la bouche & guérir la plaie.
En 1709,-Lifter, Hovius, qui a écrit fur les -humeurs
des y eux, en 1710; Goeliche , en 1713 ; Lan-
cifi, qui s?eft particulièrement illuftré par la publication
des tables d’Eufta'chi, en 1714 ; en 17 19 ,
Heifter, chirurgien & médecin fi célébré; en 172 1 ,
Ruifch, qui pouffa l’art des injeèrions fi loin, art dont
la perfection a confirmé tant de découvertes anciennes
, & occafionné celle de tant de vérités inconnues ;
en 1724, Santorini; en 172.6, Bernard Siegfried Al-
binus, qui a une connoiffance fi étendue de tout le
corps anatomique, & qui s’eft fait une fi grande réputation
par fes tables & par l’édition qu’il a donnée
de celles d’Euftachi ; en 1727, Haller, favant en
Anatomie-& en Phyfiologie; le célébré Monro, en
1730; Nichols, en ï7'33 ; Caffebohm, qui a bien
connu l ’oreille , en 1734» enfin Boerhaave, l’Efcu-
lapede notre fiecle, celui de tous les Médecins, qui
a le mieux appliqué Y Anatomie & la Phyfiologie à
la théorie & à la pratique ; & tant d’autres parmi
les anciens & les modernes , tels que Cafferius,
Bourdon, Palfin, -Lieutaud , Cant, &c. à qui leurs
ouvrages feront plus d’honneur que mes éloges, &
qui par cette raifon ne devroient point être offenfés
dë mon oubli.
Mais je fer ois impardonnable, & l’on -pourroït
m’accufer de manquer à ce que je dois à nos Académies,
fi je ne faifois mention de notre Winflow,
qui vit encore , & dont le traité paffe pour le meilleur
qu’on ait fur lès parties frilides ; notre Morand,
fi connu par fes-lumières & fes opérations-; notre
Bertin, qui a fi bien expliqué les reins ; notre Senac,
à qui le traitéfur le coeur,qu’il nousa donnérécem-
ment, affûrera dans les fiecles à venir la réputation
de grand Phyficien & de grand Anatomifte ; notre
Ferrein, un des hommes qui entend le m ieuxl’oeco-
nomie animale, & dont les découvertes fur la-formation
de la voix & des fons n’en font devenues
que plus certaines pour avoir été conteftées ; & les
auteurs - de l’Hiftoire naturelle, dont le fécond volume
eft plein de vûes & de découvertes fur Y Anatomie
& la Phyfiologie.
V o ilà les hommes u tiles auxquels nous fommes redevables
des progrès étonnans de Y Anatomie. Si nous
■ n ’ignorons plus quelles font-les v o ie s étroites qu’ont
à fuiv re les liqueurs quife-féparent de nos alimens ; fi
nous fommes enétat d’ét-ablir des réglés fur la diete;
fi nous pouvons rendre raifon du retour difficile de la
lymphe ; fi nous favons comment par des obftruClions
caufées dans les v aifle au x qui les portent, ces v a if-
feaux-font diftendus ou relâchés, & comment il s’enfuit
une hydropifie plus ou moins confidérâble, fui-
’vant que ces vaifleaux font plus ou moins «gros ; fi
nous nous fommes aflïirés des propriétés de l ’humeur
pancréatique, & fi nous a vons v û difparoître le triumv
ira t & toutes les vifions de Vanhélmont ,d e Sy lvius
de le Boë fur- la fermentation néceflàire à la digeftion ;
fi nous avôns v û ceffer les fuites fâcheufes desbleflu-
ïe s du conduit de la parotide ; fi nos humeurs font dé-
barraffées de ces millions-d’animalcules dont elles
fourmilloient ; fi le réfervoir d elà femence de la femme
nous eft enfin connu; fi l’homogénéité de cette
•femence, de celle de l’homme , d’une infinité d’e x traits
de fübftances animales & végétales, éft confta-
t é e ; :fi tant d’imaginations:bifarres fur la génération
^viennent enfin de difparoître, &c. c’eft aux décou-
■ vertes des1 Anatomiftes dont nous-venons de p a r le r ,
que nous en avons l’obligatioUi
C e s découyertes font donc de laderniere impor-
‘tan ce.'La moindre en »apparence: peut avo ir des fuites
furprenantes, C-’Cft-ce preffentiment q u io c c a -
fionna fans doute entre les Anatomiftes des contefta-
tions fi vives fur la ramification d’une veine ou d’une
artere, fur l’origine ou l’infertion d’un mufcle, & fur
d’autres objets dont la recherche ne paroît pas fort
effentielle au premier coup d’oeil.
Une conféquence de ce qui précédé, c’eft qu’il n’y
a rien à négliger en Anatomie, & que plus l’art des
différions s’eft perfectionné, plus l’art de guérir eft
devenu lumineux. Par quel penchant au paradoxe
femble-t-on cependant mettre en queftion fi les con-
noiffances d?Anatomie fubtile & recherchée ne font
pas fuperflues ? eft-ce fincerement qu’on ferme les
yeux lut les avantages de la connoiffance de la distribution
des plus petits canaux des arteres & des
veines, & d e la communication de ces vaifleaux les
uns avec les autres ? n’eft-ce pas l’injeftion qu’on y
fait qui a complété ladémonftration delà circulation
du fang ? Un homme fans étendue d’efprit & fans vûes
lit un recueil d’obfervations microfcopiques ; & du
haut de fon tribunal, il traite l’auteur d’homme inutile,
& l’ouvrage de bagatelle. Mais que dira ce juge
de nos produirions, quand il verra ces obfervations
qu’il a tant méprifées, devenir le fondement d’un
édifice immenfe ? Il changera de ton ; il fera l’éloge
du fécond ouvrage, & il ne s’appercevra feulement
pas qu’il eft en contradiction, & qu’il éleve aujourd’hui
ce qu’il déprimoit hier.
Les palettes & la fpirale font les parties les plus
déliées d’une montre, mais n’en font pas les moins
importantes. Affûrons-nous des découvertes : mais
gardons-nous de rien prononcer fur leurs fuites, fi
nous ne voulons pas nous expofer à faire un mauvais
rôle. Sans la connoiffance de Y Anatomie déliée, combien
de cures qu’on n’eut ofé tenter ! Valfalva raconte
qu’une dame fe luxa une des cornes del’oshyoide,
& que la fuite de cet accident fut de l’empêcher d’avaler.
Le grand Anatomifte foupçonna.toutd’un coup
cette luxation & la réduifit. Il y a donc des occafions
où la connoiffance des parties les plus petites devient
néceffaire. Mais de quelle importance ne feroitûl
pas de découvrir, fi l’air porté dans le potimon fuit
cette voie pour fe mêler au fang ; fi la fubftance corticale
du cerveau n’eft que la continuation des vaif-
feaux qui fe diftribuent à ce vifcere ; fi ces vaifleaux
portent immédiatement le fuc nerveux dans les fibres
médullaires; quelle eft la ftruêhxre & l’ufage de la.
rate ; celle des reins fucceinturiaux ; celle du thymus
? &c.
Conteftera-t-on à Boerhaave que fi nous étions
mieux inftruits fur les parties folides, & fi la nature
des humeurs nous étoit bien développée, les Tois
des Méchaniques nous démontreroient queces effets
inconnus de l’économie animale qui attirent toute
notre admiration , peuvent fe déduire des principes
les plus fimples ? Quoi donc, n’eft-il pas confiant
que dans la nature où D ieu ne fait rien en vain, la
moindre configuration a fa raifon; que tout .tient
par des dépendances réciproques, & que nous n’avons
rien de mieux à faire que de pouffer aufli loin
que nous le pourrons l’étude de la chaîne imperceptible
qui unit les parties de la machine animale, &
qui en fait un tout ; en un mot, que plus.nous aurons
d’obfervations, plus nous ferons voifins du but que
l’Anatomie, la Phyfiologie, la Medecine & la Chirurgie
doivent fe propoler conjointement.
Mais puifque l’étude de Y Anatomie , même la plus
déliée, a desufages fi étendus ; puifqu’elleoffre un fi
grand nombre de découvertes importantes à tenter.,
comment fe fait-il qu’elle foit négligée, & qu’elle lan-
guiffe, pour ainfi dire ? Je le demande aux .maîtres
dans l’art-de guérir, & je ferais bien fatisfait d’entendre
lârdeflits leurs réponfes.
Nous avons défini Y A n a tom ie ;nous en avons démontré
l’utilité dans toutes les conditions ; nous