craindre qu’on ne lui rompe les vertebres en le fur-
chargeant.
D ’autres tâchent de le réduire à Y amble à la main,
avant de le monter, en lui oppofant une muraille ou
. une barrière, & lui tenant la bride ferrée, & le frappant
avec une verge, lorfqu’il bronche, fur les jambes
de derrière & fous le ventre ; mais par-là on peut
mettre un cheval en fureur, fans lui faire entendre
ce que l’on veut de lu i , ou le faire cabrer, ou lui
faire écarter les jambes , ou lui faire prendre quel-
qu’autre mauvais tic dont on aura de la peine à le
deshabituer.
D ’autres, pour le même effet, lui mettent aux
deux piés de derrière des fers plats & longs qui débordent
le fabot en-devant, autant qu’il faut pour
que le cheval, s’il prend le trot, fe heurte le derrie're
des jambes de devant avec le bout des fers ; mais il
y a à craindre qu’il ne fe bleffe les nerfs, & n’en devienne
eftiropié pour toûjourS.
Quelques-uns, pour réduire un cheval à Y amble,
.lui mettent des lifieres autour des jambes en forme
de jarretière, & l’envoyent au verd en cet état pendant
deux ou trois femaines, au bout defquelles on
les lui ôte. C ’eft ainfi que les Efpagnols s’y prennent
: mais on n’approuve pas cette méthode ; car
quoiqu’à la vérité il ne puiffe pas en cet état troter
fans douleur, fes membres n’en fouffriront pas moins;
& fi l’on parvient à le mettre à Y amble, fon allure
fera lente & aura mauvaife grâce, parce qu’il aura
le train de derrière trop rampant. La maniéré de mettre
un cheval à Y amble par le moyen du tramail, pa-
roît la plus naturelle & la plus fûre.
Mais beaucoup de ceux qui s’en tiennent à cette
méthode, tombent encore dans différentes fautes :
quelquefois ils font le tramail trop long, & alors il
ne fert qu’à faire heurter les piés du cheval confu-
fément les uns contre les autres ; ou ils le font trop
court, & alors il ne fert qu’à lui faire tournoyer &
lever les piés de derrière fi fubitement, qu’il s’en
fait une habitude dont on ne vient guere à bout de
le défaire par la fuite. Quelquefois auffi le tramail
efi mal placé, & eft mis, de crainte qu’il ne tombe,
au-deffus du genou & du fabot : en ce cas l’animal
ne peut pas pouffer contre, & la jambe de devant
ne peut pas forcer celle de derrière à fuivre : ou fi,
pour éviter cet inconvénient, on fait le tramail court
& droit, il comprimera le gros nerf de la jambe de
derrière, & la partie charnue descuiffes de devant ;
enforte que le cheval ne pourra plus aller qu’il ne
bronche pardeyant, & ne fléchiffe du train de derrière.
Quant à la forme du tramail, quelques-uns le font
de cuir ; à quoi il y a cet inconvénient, qu’il s’allongera
ou rompra : ce qui pourra empêcher le fuccès
de l’opération. Pour un bon tramail il faut que les
çôtés foient fi fermes, qu’ils ne puiffent pas prêter de
l’épaiffeur d’un cheveu :1a houffe mollette, & fi bien
arrêtée, qu’elle ne puifle pas fe déranger ; la bande
de derrière plate , & defeendant affez bas.
. En le dreffant à la main, on lui mettra feulement
çn commençant un demi-tramail pour le dreffer d’a-
bord d’un coté ; enfuite on en fera autant à l’autre
côté ; & lorfqu’il ira Y amble à la main avec facilité
& avec aifance, fans trébucher ni broncher, ce qui
fe fait d’ordinaire en deux ou trois heures, on lui
mettra le tramail entier. Foye[ T ram a il.
AMBLER, {Mané) c’eft aller l'amble. F, Amble.
ÎI y a certains chevaux bien forts, qui amblent lorf-
qu on les preffe au manège ; mais c*eft le plus fou-
yent par foibleflè naturelle ou par laflitude. ( F )
* AMBLETEUSE, ville maritime de France dans
îa Picardie. Long. ig . 2.0. lat. 5 o. 6 q.
. AMBLEUR, f. m. {Man.') officier de la grande
petite écurie du roi. Foye^ Amble. (F )
Ambleur ; c’ eft ainfi qu’on nomfne, en Fènerit,
un cerf dont la trace du pié de derrière furpaffe la
trace du pié de devant.
AMBLYOPIE, f. f. eft une offufeation ou un obfcur-
cijfement de la vue , qui empêche de diftinguer clairement
l’objet, à quelque diftance qu’il foit placé.Cette
incommodité vient d’une obftruâion imparfaite des
nerfs optiques, d’une fuffufion legere, du défaut ou
de l’épaiffeur des efprits, &c. Quelques-uns comptent
quatre efpeces d'amblyopies; favoir la myopie ,
la presbytie, la nyclalopie, ÔC Yamaurofis. Voyez chacun
à Jim article. Blanchard. (V )
| AMBLYGONE, adj. m. terme de Géométrie, qui fe
dit d’un triangle dont un des angles eft obtus, ou a
plus de 90 degrés. Foye^ Angle & Triangle.
Ce mot eft compofé de l’adje&if grec obtus
, & de ymict, angle. (E)
* AMBOHISTMENES, peuples d’Afrique qui habitent
les montagnes de la partie orientale de ffle de
Madagafcar.
AMBOINE, île d’Afie, l’une des Moluques, aux
Indes Orientales, avec ville de même nom. Long.
14$. lat, mérid. 4,
* AMBOISE, ville de France dans la Touraine,
au confluent de la Loire & de la Maffe. Long. t8A,
3 9 '. 7U- lat- 47d- 0.4'. 66".
AMBON , àp€m, nom que l ’on donne au bord
cartilagineux qui environne les cavités des os qui en
reçoivent d’autres : tels font ceux de la cavité gle-
noïde de l’omoplate, de la cavité cotyloïde des os des
hanches. Foye1 Omoplate & Hanche, & c. (N )
Amb on , eft auffi la même chofe que jubé. F.Jv b é.
AMBOUCHOIRS, f. m. pi. en terme de Bottier; ce
font les moules fur lefquels on fait la tige d’une botte.
Ils font compofés de deux morceaux de bois qui réunis
enfemble, ont à-peu-près la figure de la jambe,
& qu’on fait entrer l’un après l’autre dans le corps
de la botte. On écarte les morceaux de bois à diferé-
tion par le moyen d’un coin de bois appelle clé, que
l ’on chaffe à coups de marteau entre les deux pièces
qui compofent \a mbouchoir. Voyez la fig. 29. PI. du
Bottier.
* AMBOULÉ, (vallée d’) contrée de Pîle de
Madagafcar au midi, vers la côte orientale, au nord
du Carcanoffi.
* AMBOURNAI ou AMBRONAI, ville de France
dans le Bugey, à trois lieues de Bourg en BrefTe.
AMBOUTIR , v. a£L en terme de Ckauderonnier;
c’eft donner de la profondeur & de la capacité à une
piece qui étoit plate, en la frappant en-dedans avec
un marteau à tranche ou à panne ronde. Foye^ la •
fig\ 6. PI. I. du Chauderonnier, qui repréfente un ouvrier
qui amboutit une piece fur un tas avec un marteau.
Ce terme convient dans le même fens à l’Or-
févre, au Serrurier, au Ferblantier, & à la plûpart des
autres ouvriers qui employent les métaux, ou des
matières flexibles.
Amboutir , en terme <PEperonnier. Foye^Estamper.
AMBOUTISSOIR ou EMBOUTISSOIR, f. m.'
outil d.'Eperonnier; eft une plaque de fer dans laquelle
eft une cavité fphérique ou paraboloïde, félon que
l’on veut que les fonceaux que l’on emboutit deflus
foient plus arrondis ou plus aigus. Le fond de cette
cavité eft percé d’un trou rond d’environ fept à huit
lignes de diamètre. C’eft fur cet outil, pofé à cet
effet fur une enclume, que l’on fait prendre la forme
convexe-concave aux pièces de fer qui doivent former
les fonceaux, en frappant defjfus la tête d’une
bouterolle qui appuie la piece rougie au feu, qui doit
former le foneç^u. Foye[ Estamper & Fonceau,
& la fig. 1, PI, df l'Eperonnier, qui repréfejnte Yam-
bputijjoir.
Amb ç y t 1 ss o 1 r , oyùl de Clçuùtr, eft un pçiiii
çbn d’acier trempé , dont l ’extrémité inférieure eft
concave, & d e la forme qué l’on veut donner aux
têtes des clous que l’on fabrique avec cet outil,
comme les clous à tête de champignon, les broquet-
tes à tête embouties, & autres fortes. Foye^lafig. /.
PI. du Gloutier.
. * AMBRACAN, f. m. poiffon de mer qu’on appelle
encore ambera, dont Marmol a fait mention,
mais qui n’eft connu, je crois, d’aucun Naturalifte.
Marmol dit qu’il eft d’une grandeur énorme ; qu’on
ne le voit que quand il eft mort ; qu’alors la mer le
jette fur le rivage ; qu’il a la tête dure comme un
caillou ; plus de douze aunes de longueur ; & que
c ’eft ce poiffon, & non la baleine, qui jette l’ambre.
Foye[ à l'article A mbre ce qu’il faut penfer de cette
derniere partie de la defeription ; quant aux autres,
elles ne peuvent être appuyées ni combattues d’aucune
autorité.
* AM BRA.CIE, ancienne, ville d’Epire, dont le
golfe eft célébré p3r la viétoire d’Augufte fur Antoine.
-
* AMBRÂSI, riviere d’Afrique, au royaume de ,
Congo ; elle à fa fource dans des montagnes voifines j
deTinda, & fe jette dans la mer.d’Ethiopie, entré
les rivières de Lelunda & de Cofe. • •
AMBRE-GRIS, {Hijl. nat.) ambarum cineraceum
feu grifeum, ambra grijea; parfum.qui vient de la mer,
& qui fe trouve fur les côtes en morceaux de confifi 1
tance folide ; cette matière eft de couleur cendrée &
parfemée de petites taches blanches ; elle eft legere
& graffe; elle a une odeur forte & pénétrante qui la
fait recohnoître aifément ; mais qui n’eft cependant
pas auffi ââ ivè & auffi agréable dans Y ambré brut
qu’elle le devient après qu’il a été préparé, & fur-
tout après qu’il a été mêlé avec une petite quantité
de mufe & de civette. C ’eft par ces moyens qu’on
nous développe fon odeur dans les eaux de fenteur
& dans les autres chofes, oit ôn fait entrer çe parfum.
Il s’enflamme & il brille; en le mettant dans un
-vaiffeau fur le feu,- on le fait fondre & on le réduit
en une refine liquide de couleur jaune, ou même dorée.
Il fe diffouten partie dans l’efprit-de-vin., & il
en refte une partie fous la forme d’une matière noire
yifqueufe. .
Les Natiiraüftes nîont jamais été d’accord fur l’origine
& fur la nature de Y ambre-gris. Les uns ont
cru que c’étoit l’excrément de certains oifeaux qui
vivoient d’herbes aromatiques aux îles Maldives ou
à Madagafcar ; que ces excrémens étoient altérés ,
affinés , & changés en ambre fur; les rochers, oit ils
reftoient expofés à toutes les viciffitudes de l’air.
D ’autres o.nt; prétendu que ces mêmes excrémens
étoient fondus par -la chaleur du foleil fur les bords
de la mer, & entraînés par les flots; que les baleines
les avaloieilt & les rendoient enfuite convertis
fin. Qtnbrè-gris; qytétoit d’autant plus noir qu’il avoit
• demeuré plus--, long-tems dans le corps de ces j animaux.'
On a auffi foûtenu que> Yambre-gris étoit l’éx-r
-crément du éroeodile, du veau marin, & principar
•lement des baleines, fur-tout des.plus groffes & des
:plus vieilles, On en a trouvé quelquefois dans leurs
inteftins ; cependant de cent que l’on ouvrira, on ne
-iera pas.affiuré. d’en, trouver dans' ftne feule. On a
.«rême vouiu-èxpliquer là formation de Yambre:gris
;dàns le eorps de la baleine, en.difant que c’eft Une
- véritable.concréfjon animale y qui fe forme en boule
edans le corpsrde-la' baleine mâle , & qui eft ienfer-
mée dans un^grande.poche ovale au-deffus des tefti:
-eules?à la raeinO'du'pénis, ffanf. Philof. n°. 38S ,&
•3^7<-Onoa dit.^ue Yambre-grisjjbQit -une forte jdç
-gomme qui dsftilJeides arbres , & qui tombe dans, la
tïner oii elfe fe;change en ambre..D’autres ont ayancé
^que c’étoitjun'cfianipignQn.marin arraché du fond de
-tâ mer p,a? k y.iqien.ee .des. tempêtes ; d’autres, l’qnt
Tome ƒ,
ent'une prôduftion végétale, qui naît dès racines
d’un arbre qui s’étend dans la mer : on a dit qu’il
venoit de l’écume de la mer; d’autres enfin ont affû-
re que Y ambre-gris n’étoit autre chofe que des rayons
de cire & de miel que les abeilles faifoient dans des
fentes de grands rochers qui font au bord de la mer
des Indes. Cette opinion a paru la meilleure à M. For-
mey, fecrétaire de l’académie royale des Sciences &
Belles-Lettres de Pruffe. Voici comment il s’en explique
dans fon manuferit : « Je ne trouve point de
» fentiment plus raifonnable que celui qui affûre que
» Yambre-gris n’eft autre chofe qu’un compofé de ci-
» re & de miel, que les mouches font fur les arbres,
» dont les côtes de Mofcovie font remplies, ou dans
» les creux des rochers qui font au bord de la mer
» des Indes ; que cette matière fe cuit & s’ébauche
» au foleil, & que fe détachant enfuite ou par l’ef-
» fort des vents, ou par l’élévation des eaux, ou par
» fon propre poids, elle tombe dans la mer & ache-
» ve de s’y perfeftionner , tant par l’agitation des
» flots, que par l’efprit falin qu’elle y rencontre ; car
» on voit par expérience qu’en prenant de la cire &
» du miel, & les mettant en digeftiou pendant.quel-
» que tems, on en tire un élixir & une effence qui
» eft non-feulement d’une odeur très-agréable, mais
» qui a auffi des qualités fort approchantes de l’^OT-
» bre-gris ; & je ne doute point qu’on ne fît un élixir
» encore plus excellent ,.fi on fe fervoit du miel des
» Indes ou de Mofcovie, parce que les mouches qui
» le font y trouvent des fleurs plus aromatiques 8c
» plus odoriférantes, &c. »
M. Geoffroy dit expreffément dans le premier volume
de fon traité de la Matière médicale , qu’il n’y a
pas lieu de douter que Y ambre-gris ne foit une efpece
de bitume qui fort de la terre fous, les eaux de la mer :
il eft d’abord liquide, enfuite il s’épaiffit, enfin il fe
durcit ; alors les flots l’entraînent & le jettent fur le
rivage : en effet c’eft.fur les rivages de la mer, &
fur-tout après les tempêtes, que l’on trouve Y ambre-
gris. Ce qui prouve qu’il eft liquide quand il.fort de
la terre, c’eft que Y ambre-gris folide, tel que nous
l’avons, contient des corps étrangers qui n’auroient
pas pu entrer dans fa fubftance fi elle avoit toujours
été feche & folide ; par exemple, on y trouve de
petites pierres, des coquilles, des o s, des becs d’oi-
feaux, des ongles, des rayons de cire encore pleins
de mièl , &c. On a vu des morceaux d'ambre-gris ,
dont la ;moitie étoit de cire pure. Il y a eu encore
d’autres Chimiftes qui ont nié que cette matière fût
une fubftance animale, parce qu’elle ne leur avoit
donné dans l’analyfe aucun principe animal. On a
cru dans tous les tems que Y ambre-gris étoit une matière
bitumineufe. Les Orientaux penfoient qu’il for->
toit du fond de la mer comme le naphthe diftille de
quelques.rochers ; Sc ils foûtenoient qu’il n’y en avoit
des fourc.es que dans le golfe d’Ormus, entre la mer
d’Arabie & le golfe de Perfe. Plufieurs auteurs.fe font
réunis à croire que Yambre-gris étoit une forte de poix
de matière, vifqueufe, un bitume qui fort du fond de
la mer, ou qui coule fur fes côtes en forme liquide,
comme lé naphthe ou le pétrole fort de la terre & diftille
des rochers ; qu’il s’épaiffit peu-à-peu & fe durcit
dans là mer. TranJPhilof. n. 433. 434.436. Nous
voyons jtous ces différons états du bitume dans le pif-
falphafte. & dans l’afphalte. Foyei Naphthe , Pis-
SASPHALTE , ASPH ALTE.
L'ambre-gtis eft en morceaux plus, ou moins gros
& ordinairement arrondis ; ils prennent cette formé
en roulant dans la mer ou fur le rivage. On en apporta
en Hollande , fur la fin du fiecle dernier , un
morceau qui pefoit 182 livres ; il étoit prefque rond,
& il avoit plus de deux piés de diamètre. On dit que
Ce morceau étoit naturellement de cette groffeur , 6c
qu’il n’y ayoit pas la moindre , apparence qu’on efo