IÔ4: A F F le;trSnfporterd’un lieu à un autre; on attache un
avant-train à la partie de ces flafques où eft l’entre-*
toife de lunette, comme on le v o it, PL. V I. Art mil.
fig. 5 . La figure z . delà Planche VII. fait voir le plan
de l’avant-train, & de Vaffût qui y eft joint ou attaché.
Outre Yaffût qu’on vient de faire connoître, qui
eft le plus ordinaire, & qui fe nomme affût à rouage,
il y a des affûts de place, des marins, &c des bâtards,
lefquels, au lieu des rçmes ordinaires, n’ont que des
roulettes pleines qui fuffifent pour faire mouvoir le
canon fur un rempart ou fur de petits efpaces.
Le mortier a aufli un affût pour la facilité du fer-
vice , & pour le faire tenir plus folidementdans telle
fituation qu’on veut,
. U affût du mortier n’a point de roues, attendu qu’on
ne tranfporte point le mortier fur fon affût, comme
on y tranfporte le canon. On a imaginé différentes
fortes à?affûts de mortiers ; il y en a de fer, il y en a
eu de fonte : mais nous ne parlerons ici que du plus
ordinaire. Il eft compofé de deux pièces de bois plus
ou moins fortes & longues, fuivant la groffeur du
mortier : on les appelle flafques, comme dans le canon;
ellesfont jointes par des entretoifesfortépaiffes.
Sur la. partie fupérieure du milieu des flafques, il y a
une entaille pour recevoir les tourillons du mortier ;
par-deffus chaque entaille , fe pofe une forte bande
de ferappellée fus-ban de, dont le milieu eft courbé
en demi-cercle pour encaftrer les tourillons, & les
tenir fortement joints ou attachés aux flafques de Y affût.
Dans l’interieur de chaque entaille eft une pareille
bande de fer appellée, à caufe de fa pofition,
fous-bande. Ces bandes font attachées aux flafques
par de longues & fortes chevilles de fer ; quelquefois
la fus-bande eft attachée aux flafques par une autre
bande de fer, qui couvre chacune de fes extrémités.
Il y a fur le devant & fur le derrière des flafques, des
efpeces.de barres.de fer arrondies qui les traverfent.
de part & d’autre, & qui ferventà les ferrer exactement
avec les entretoifes : c’eft ce qu’on appelle des
boulons. Sur le, devant des flafques ou de l’affût, il y
a. quatre chevilles de. fer élevées perpendiculairement
, entre lesquelles eft un morceau de bois fur lequel
s’appuie le ventre du mortier, ou fa partie qui
contient la chambre. Ce morceau de bois fert à foû-
ten.ir le mortier lorfqu’on veut le faire tirer; il eft
a.ppellé coüfjinet. Ail lieu de chevilles pour le tenir,
il eft quelquefois encaftré dans une entaille que l’on
fait exprès vers l’extrémité des flafques. Lorfqu’on
yeut relever le mortier, Sc diminuer, fon inclinaifon
fur le coufîinet., on introduit entre le mortier & le
couflinet un coin de. mire, à-peu-près comme celui
qui fert à pointer le canon. On v o it , PI. VII. de Fortifie,
fig. 8. un mortier A monté fur fon affût X . Traité
d'Artillerie par M. le Blond. ( Q )
A f f û t , terme de Chaffe ; c’eft un lieu caché où l’on
fe met avec un fufil prêt à tirer, & où on attend le
foir \e gibier à la fortie d’un bois. On d it, il fait bon
aller ce foir kV affût ; on va le matin à la rentrée.
AFFUTER, y . a(k. parmi les Graveurs, les Sculpteurs
, & autres ouvriers, eft fynonyme à aiguifer. On
dit, affûter les outils, pour aiguifer les outils. Voyez
A ig u is e r . x
Les Peintres & les Deffinateurs difent affûter Us
crayons,, pour dire aiguifer les crayons.
,. Pour affûter comme il faut les burins, il fuffit feulement
de les aiguifer fur trois faces ab, ac &
fUrie bifeau a b c d {fig. iy, Pl. II. de Gravure. ).
On aiguife les faces a b ,a c , en les appliquant fur la
pierre , & appuyant avec le doigt indice fur la face
oppofée., comme on le voit dans la figure 6. & pouf
faut vivement le- burin de b en a , & de c en d &
le ramenant de même. Après que les deux faces font
aiguiiées, on aiguife le bileau a b c*/,.en l’appliquant
A F R fur la pierre à l’huile, & le pouffant & ramenant plu;
fleurs fois de e en f & de ƒ en e , ainfi qu’on peut le
voir dans la figure 8. Il y a cette différence entre ai-
guijtr & affûter, qu'affûter fe dit plus ordinairement
du bois & des crayons que des métaux, & qu’on aiguife
un infiniment neuf & un inftrument qui a déjà
fervi; au lieu qu’on xYaffûte guere que l’inftrument
qui a fervi. Aiguifer défigne indiftmftement l’aétion
de donner la forme convenable à l’extrémité d’un
inftrument qui doit être aigu ; au lieu qu'affûter dé-
figne la réparation de la même forme altérée par
l’ufage.
AFILIATION. Voyei Affiliation.
AFLEURER, v . aft. terme £ Architecture, c’eft réduire
deux corps faillans l’un fur l’autre à une même
furface : defafleurer, c’eft le contraire. On dit : cette
porte, cette croifée defafleure le nud du mur, lorfque
l’une des deux fait reffaut de quelques lignes , &
qu’alors il faut ; approfondir leurs reliures ou ôter
de leurs épaifleurs pour détruire ce defaûeurement.
a n ■
AFRAÏSCHER, v . n. ( Marine. ) Le Vent afraîche.
Les matelots fe fervent de ce mot pour dire que le
vent devient plus fort qu’il n’étoit. Voye^ Frais-
chir, Frais. Ils marquent aufli par la même ex-
preflîon le defir qu’ils ont qu’il s’élève un vent frais ;
afraîche , difent-ils. ( Z )
* AFRICAINE. Voye^ (Eillet-d’ÜNde.
* AFRIQUE , ( Géog. ) l’une des quatre parties
principales de la terre. Elle a depuis Tanger jufqu’à
Suez environ 8oo lieues ; depuis le Cap-verd juf-
qu’au cap Güadafui 1420; & du cap de Bonne-Ef*
, pérance jufqu’à Bone 1450. Long. i-yt. lat. mérid.
1-3fi. & lat. fept. 1-3y. 3 0.
On ne commerce guere que fur les côtes de l’Afrique;
le dedans de cette partie du monde n’eft pas
encore allez connu, & les Européens n’ont guer®
! commencé ce commerce que vers le milieu du xjv.
fiecle. Il y en a peu depuis les royaumes de Maroc
& de Fés jufqu’aux environs du Cap-verd. Les éta-
bliffemens font vers ce cap & entre la riviere de Sénégal
& de Serrelionne. La côte de Serrelionne eft
abordée par les quatre nations : mais il n’y a que les
Anglois & les Portugais qui y foient établis. Les Anglais
feuls réfident près du cap de Miférado. Nous
faifons quelque commerce fur les cotes; de Mala-
guette ou de Grève : nous en faifons davantage au
petit Dieppe & au grand Seftre. La côte d’ivoire ou
des Dents eft fréquentée par tous les Européens ; ils
ont prefque tous aufli des habitations & des forts à
la côte d’Or. Le cap de Corfe eft le principal établif-
fement des Anglois' : on trafique peu à Afdres. On
tire de Bénin & d’AngoIe beaucoup de Negres. On
ne fait rien dans la Cafrerie. Les Portugais font établis
à Sofala, à Mozambique, à Madagafcar. Ils font
aufli tout le commerce de Melinde. Nous fuivrons
les branches de ces commerces fous les différens articles
Cap-verd , Sénégal, &c.
* Afrique , ( Géog. ) port & ville de Barbarie au
royaume de Tunis en Afrique.
* Afrique, Ç Géog. mod. ) petite v ille de France
en Gafcogne, généralité de Montauban.
AFSLAGERS, f. m. ( Commerce. ) On nomme ainfi
,à Amfterdam les perfonnes établies par lesbourgue-
maîtres pour préfider aux ventes publiques qui fe font
dans la ville, y recevoir les enchères, & faire l’adjudication
des caveliiis ou partie de marchandifes au
plus offrant & dernier enchériffeur. Uafsla^er doit
toujours être accompagné d’un clerc de la fecrétai-
rerie pour tenir une note de la vente.
Les commiffaires fe nomment aufli vendu meefler
ou maîtres de la vente ; & c’eft ainfi qu’on les aj>-
pelle le plus ordinairement. Vye^ Vendu meester,
A G A
A G
AG A , f. m. ( Hifl. mod. ) dans le langage du Mo»
gol, eft un grand feigneur ou un commandant.
Les Turcs fe fervent de ce mot dans ce dernief
fens; ainfi chez eux Yaga des Janiffaires eft le colonel
de cette troupe. Le capi - aga, eft le capitaine
de la porte du ferrail. Voye^ Janissaire , Capi-
Aga.
Ils donnent aufli quelquefois lé titfe d*aga par pôa
liteffe à des perfonnes de diftin&ion, fans qu’elles
ayent de charge ni de commandement. Mais aux per-
lonnes revêtues du titre d’aga, par honneur & par
refpeél pour leur dignité, on employé le mot d’aga*
rat, terme pluriel, au lieu de celui d'aga qui eft fin-
gulier. Ainfi parmi nous, au lieu de vous, nous difons
à certaines perfonnes votre grandeur ; & au lieu de je ,
un miniftre ou officier général écrit nous , 8cc.
En quelques occafions, au lieu d'aga, ils difent
âgafi ou agaßi : ainfi ils appellent Yaga ou commandant
général de la cavalerie ffpahilar agajfl. Voyez
Page , Oda , Spahi, & c.
A g a des Janiffaires, voye^ Ja n ÏSSÀÎRE-Ag A.
A g a des Spahis , voyeç SPAHILAR-Ag a . ( G)
AG A CE, f. f. ( Hifl. nat. ) oifeau plus connu fous
le nom de pie. Voye% Pie. ( I )
* AG AD ES, ( Géog. ) royaume & ville de même
nom, dans la Nigritie en Afrique. Long. z o . 15 . lat.
1 9 . 10.
* AG AN1PPIDES, ( Myth. ) les Mufes furent ainfi
furnommées de la fontaine Aganippe qui leur étoit
confacrée.
AG ANTE, ( Marine. ) terme qui n’eft employé
que par quelques matelots pour prends. ( Z )
AGAPES, f. fr termes de l'Hift. eccléfiafl. Ce mot
eft tire du Grec «Va«®», amour, & on l’employoit
pour fignifier ces repas de charité>que faifoient en»
tr’eux les premiers Chrétiens dans les églifes, pour
cimenter déplus en plus la concorde & l’union mutuelle
des membres du même corps.
Dans les commeneemens ces agapes fe pàffoient
fans defordre & fans feandale, au moins les en ban-
niffoit-on féverement, comme il paroît par ce que
S. Paul en écrivit aux Corinthiens, Epit. I . ch. x j.
Les Payens qui n’en connoiffoient ni la police ni la
fin, en prirent oceafion de faire aux premiers fide-
lés les reproches les plus odieux. Quelque peu fondés
qu’ils fuffent, les pafteurs, pour en bannir toute
ombre de licence, défendirent que le baifer de paix
par où finiffoit cette affemblée fe donnât entre les
perfonnes de fexe différent, ni qu’on drefsât des lits
dans les églifes pour y manger plus commodément :
mais divers autres abus engagèrent infenfiblement
à fupprimer les agapes. S. Ambroife & S. Auguftin
y travaillèrent fi efficacement, que dans l’églife de
Milan l’ufage èn ceffa entièrement, & que dans
celle d’Afrique, il ne fubfifta plus qu’en,faveur des
clercs, & pour exercer l’hofpitalité envers les étrangers
, comme il paroît par le troifieme concile de
Carthage. Thomaff. Difcipi. de l'Eglife, part. I I I .
ch. xlvij. n°. i t
I Quelques critiques penfent, & avec taifon, que
c eft de ces agapes que parle S. Paul dans l’endroit
que nous ayons déjà cité. Ce qu’ils ajoutent n’eft pas
moins vrai ; favoir, que la perception de l’Eucha-
riftie^ ne fe faifoit pas dans les agapes mêmes, mais
immédiatement après, & qu’on les faifoit en mémoire
de la derniere cene que Jefus-Chrift célébra
avec fes Apôtres, & dans laquelle il inftitua l’Eu-
chanftie : mais depuis qu’on eut réglé qu’on rece-
vroit ce Sacrement à jeun, les agapes précédèrent la
Communion. .
D autres écrivains prétendent que ces agapes n’é-
A G A ifij
thiént point une commémoration delàderniete cene
de Jefus-Chrift mais une coutume que les nouveaux
Chrétiens avoient empruntée dû paganifme. Mos
vero ille, ut referunt, dit Sédulius fur le chap. xj. de
la première Epit. aux Corinth. de gentili adhucfuper-
flitione yehiebat. Et S. Auguftin rapporté que Faufte
le Manichéen reprochoit aux fideles qu’ils avoient
converti les facrifices-des payens en agapes : Chrijlia*
nos facrificia paganorum convertiffe in agapets.
Mais outre que le témoignage de Faufte, ërinémï
des ^Catholiques, n’eft pas d’un grand poids, fon ôb-
jedion & celle de Sédulius ne lont d’aucune force ,
dès qu’on fait attention que les Juifs étoient dans Pu-*
fage de manger des vidimes qu’ils immoloient au
vrai D ieu , & qu’en ces occafions ils raflèmbloient
leurs parens & leurs amis. Le Chriftianifme qui avoit
pris naiffance parmi eux, en prit cette coûtume, indifférente
en elle-même, mais bonne & louable par
le motifqui la dirigeoit. Les premiers fideles, d’abord
en petit nombre, fe confidéroient comme une fa**
mille de freres, vivoient ën commun : l’efiprit de
charité inftitua c es repas, Oùrégnoit la tëmperance t
multipliéspar là fuite, ils voulurent conter ver cet
ufage des premiers tems ; les abus s’y glifferent, &c
l’Eglife fut obligée de les interdire»
On trouve dans les Èpitres de S. Grégoire le Grand*’
que cë pape permit aux Anglois nouvellement con-*
. vertis de faire dés feftins fous des tentes ou des feuil-»
lages, au jour dê la dédicace de leurs églifes ou des
fêtes des Martyrs, auprès des églifes, mais non pas
dans leur enceinte. On rencontre aufli quelques tra»
ces des agapes dans l’ufage où font plufieurs églifes
cathédralës & collégiales, de faire le Jeudi-faint*
après le lavement des piés & celui des autels , une
collation dans le chapitre, le veftiaire, & même
dans l’églife. Tertull. orig. Clem. Alex. Minut. Félix*
S. Aug. S. Chryfoft. S. Gïég. Ep. y t. L. IX . Baro-
nius, ad ann. 6y. 3y y . 384. Fleury, HiJL eccléfiafl*
tome I. page 9 4 . Liv.
AGAPETES, f. f. terme de l'Pîifloire eccléflaflique •
c’étoient dans la primitive Eglife des vierges qui v ivoient
en communauté, & qui fervoient les ê.cclé-
fiaftiques par pur m otif de pieté &• de charité.
Ce mot -fignifie bien aimées, & comme le précé-’
dent il eft dérivé du Grec dyairiu.
Dans la première ferveur <ie l’Églite iiaiffante ;
ces pieufes fociétés, loin d’avoir rien de criminel*
étoient néceffaires à bien des égards. Car le. petit
nombre de vierges, qui faifoient avec la merô du
Sauveur partie dé l’Eglife , & dont la plupart étoient
parentes de Jefus-Chrift ou de tes Apôtres, ont vé-»
eu en commun avec eux comme avec tous lés au-*
tres^ fideles. Il en fut de même de celles que quelques
Apôtres prirent avec eux en allant prêcher l’Evangile
aux Nations ; outre qu’elles étoient probablement
leurs proches parentes1, & d’ailleurs d’uiv âg<s
& d’une vertu hors de tout foupçôn, ils rie lés rètin-*
rent auprès de leurs perfonnes que pour le feul in*
térêt de l’Evangile, afin de pouvoir par leur moyen,
comme dit faint Clement d’Alexandrie, introduire la
foi dans certaines maifons, dont l’accès n’étoit permis
qu’aux-femmes ; car ori fait que chez les Grecs
fur-tout, le gynecée ou appartériient des femmes étoit
féparé, & qu’ellés avoient rarement commuriicà'tion
avec les hommes du dehors. On peut dire la même
ehofe des vierges dont le pere étoit promu aux Or*
dres facrés, comme des quatre filles de faint Philip*
p e , diacre, & de plufieurs autres : mais hoirs de ces
cas privilégiés & de néeeffité, il ne paroît -pas que-
l’Eglife ait jamais fouffert que des vierges , fous quel-'
que prétexte que ce fïit, vécuffent avec des ecclé»
fiaftiques autres que leurs plus ■ proches parensV Ou
voit par fes plus anciensmonumens qu’elle atoujoura5
interdit çes:fortes de fociétés. Car Tertullien, dan^