La mine de faint Nicolas, banc de Giromagny,
■ donnoit trois métaux, argent, cuivre, & plomb ;
on ceffa en 1738 d’y travailler faute d’argent, pour
payer les ouvriers qui n’y travailloient qu’à fort-fait.
Elle a fon entrée au levant par une galerie de 8 toi-
fes au bout de laquelle eft un puits ; & cette galerie
continue depuis ce puits encore 18 toifes, au bout
defquelle$on trouve un filon de cuivre de l’épaiffeur
de deux pouces fur une toife de longueur ; ce filon
•eft mêlé de veines de mine d’argent, dont le quintal
tient fix lots. Cette mine a.trois puits : le premier de
40 piés'; le.fécond de 60, & le troifieme de 20 piés
de profondeur.
On obfervoit en 1741, qu’il étoit néceffaire d’exploiter
cette mine pour l’utilité de celle de S. Daniel.
La mine de S. Louis fur le banc de Giromagny, a
fon entrée au midi par une galerie de 10 toifes, au
bas de laquelle eft un puits de 12 piés : au bas de ce
puits éft une autre galerie de la longueur de 80 toifes
, qui aboutit fur la galerie du premier puits de la
mine de Phenigtorne. Dans le premier puits, il y en
a un autre de 24 piés de profondeur, oit fe trouve
un filon d’argent, de cuivré & plomb, de 4 pouces
d’épaiffeur fur 4 toifes de longueur.
La mine de Phenigtorne paffe pour la plus confi-
dérable du pays : elle a fon entrée au levant au pié
de la montagne de ce nom, & fon filon eft au midi ;
elle eft mêlée d’argent & cuivre; le quintal produit
2 marcs d’argent & 10 à 12 livres de cuivre : quand
le filon eft mêlé de r o c , elle ne donne qu’un marc
d’argent par quintal, mais toujours la même quantité
de cuivre. La première galerie pour l’entrée de
cette mine eft de 15 toifes jufqu’au premier puits :
il y a 12 chocs ou puits de 100 piés de profondeur.
Les ouvrages qui méritoient d’être travaillés ne com-
niençoient, en 174 1 , qu’au fixieme puits. Dans le
feptieme puits, il y avoit un filon feulement picalfé
de mine d’argent ; rien dans le huitième : dans le
neuvième, aii bout d’une galerie de trente toifes de
long, il y avoit un filon qui pouvoit avoir de la fuite
; au bout de cette galerie il y avoit encore un puits
commencé, oit l’on trouvoit'un pouce de mine qui
promettoit un gros filon : dans le dixième & onzième
peu de chofe : dans le douzième, Vers minuit, il fe
trouvoit un filon de 3 pouces d’épaiffeur fur 4 toifes
de longueur.; & dans le fond de la montagne, où la
machine prenoit fon eau, il y .avoit un filon de trois
pouces,, en tirant du côté du puits, de la longueur
de douze toifes , au bout defquelles fe trouvoit encore
un puits commencé, de la profondeur de 20
piés, & de trois toifes de longueur , dans le fond
duquel eft un filon de fix pouces d’épaiffeur, de mine
d’argent & cuivre, fans roc ; & aux deux côtés
dudit puits, encore le même filon d’une toife de chaque
côté.
Nous ne donnerons point la coupe de toutes ces
mines, une feule fuffifant pour aider l’imagination
à fe faire une image exaéte des autres. La mine de
Phenigtorne étant la plus riche, nous l’avons préférée.
V M in é r a lo g ie , PI. I. A> eft la galerie pour
entrer dans la mine ; B , la galerie du foldant tirant
à S. Louis ; C , galerie dans le troifieme étage ; D ,
galerie fur le fixieme étage; E , galerie dans le fixieme
étage ; F , galerie fur le feptieme étage ; G ,
galerie fur le huitième étage ; H , galerie fur le neuvième
étage ; I , galerie au milieu du neuvième étage
; L L , les ouvrages du côté de minuit; M , le
fond des ouvrages ; N N , les ouvrages du côté de
midi \ p ppt le puits où eft le plus fort de la mine ;
la trace ombrée fort marque la mine ; q, bermond
d’eau porté par le grand tuyau dans le réfervoir R;
T , un grand réfervoir pour foûtenir les eaux de la
Cïachine.
Çette mine de Phenigtorne exploitée dans les regles,
pouvoit, félon l’eftimation de 174 1 , produire
90 quintaux, plutôt plus que moins, par mois.
On voit par ce profil, que les trois mines de S. Daniel,
de S. Louis, & de S.Nicolas, peuvent communiquer
dans la Phenigtorne par des galeries , &
par conféquent abréger beaucoup les travaux & les
dépenfes.
La mine de S. François, fur le banc de Puix, n’é-
toit plus exploitée en 1741 ; elle a fon entrée au leT
vant par une galerie de quinze toifes, àu bout de laquelle
on trouve le premier puits qui eft de 60 piés
de profondeur ; & du premier puits au fécond, la
galerie eft continuée fur la longueur de fept toifes,
où l’on trouve le fécond puits de 90 piés de profondeur.
Cette mine contient du plomb, tenant trois lots
d’argent par quintal, & 40 liv. de plomb pour f . Le
filon commence au premier puits, & va jufqu’au
fond du fécond, gros de tems en tems de 3 pouces,
fur la longueur de 80 piés du côté du midi & minuit :
dans le fond du puits il y a un autre filon de quatre
à cinq pouces, mêlé de roc par moitié ; & en remontant
du côté du midi, il y a encore un filon de trois
à quatre pouces d’épaiffeur, fur trois toifes de longueur
, qui contient plus d’argent que les autres filons
de la mine.
La mine de S. Jacques, fur le banc du Puix, non
exploitée en 174 1 , paffoit alors pour ne pouvoir
l’être fans nuire à la Phenigtorne, qui valoit mieux ;
& cela faute d’une quantité d’eau fuffifante pour les
deux dans les tems de féchereffe.
La mine de S. Michel, banc du Pu ix, non exploitée
en 1741, eft de plomb pur ; elle a fon entrée
entre le midi & le couchant par une galerie de huit
toifes, au bout de laquelle eft un puits de 30 piés:
fon filon eft p etit, & de peu de valeur, mais de bonne
efpérance.
La mine de la Selique, banc du Puix, non exploitée
en 144 1, eft de cuivre pur, n’a qu’une galerie
de 20 toifes au bout de laquelle il y a un puits commencé
, qui n’a pas été continué ; le filon n’en étoit
pas encore en réglé.
La mine de S. Nicolas des bois, banc du Puix, non
exploitée en 1741, eft de cuivre & plomb, à en juger
par les décombres.
Les autres mines du banc du Puix, qui n’ont jamais
été exploitées, du moins de mémoire d’homme,
font la montagne Collin , la montagne Schelogue,
les trois Rois , Saint-Guillaume, la Buzeniere, &
Sainte-Barbe.
La Taichegronde , non exploitée, eft une mine
d’argent qui paroît abondante & riche.
Toutes ces montagnes, tant du banc de Giromagny
que du Puix, font contiguës ; une petite riviere
les fépare : de la première à la derniere il n’y a guere
qu’une lieue de tour.
Il y a au banc d’Etueffont une mine d’argent,
cuivre & plomb, diftante d’une lieue & demie de
celles de Giromagny ; elle n’a point non plus été
exploitée de mémoire d’homme.
Au banc d’Auxelles, la mine de S. Jean eft entier
rement exploitée à la première galerie feulement ;
elle eft de plomb : on y entre par une galerie de
cent toifes pratiquée au pié du Montbomard ; vingt
mineurs y font occupés. Il y a dans cette mine dix
chocs ou puits de différentes profondeurs, depuis 56
jufqu’à J7 piés chacun.
La mine de Saint-Urbain, au même banc, eft exploitée
à fort-fait ; elle eft de plomb : on y entre par
une galerie pratiquée au midi, de cinq à fix toifes:
la decouverte de cette mine eft nouvelle ; elle eft
de 1734 ou 173 5. Son filon, qui parut d’abord à la
fuperficie de la terre, eft maintenant de douze pou-
çes d’épaiffeur en des endroits, & de fix pouces en
d’autres ; & fa longueur de cinq toifes avec efpérance
de continuité.
Au même banc, la mine de S. Martin non exploitée
depuis un an , eft de plomb ; fon expofition eft
au midi : on y entre par une galerie de vingt toifes,
au bout de laquelle eft un choc ou puits de 18 piés
feulement de profondeur. Le filon de cette mine eft
de quatre à cinq pouces d’épaiffeur , & de quatre
toiles de longueur ; c’eft la même qualité de mine
qu’à S. Urbain.
La mine de Sainte-Barbe , non exploitée depuis
deux ans , eft expofée au levant : on y entre par une
galerie de la longueur de douze toiles , au bout de
laquelle eft un feul puits de 90 piés de profondeur :
elle donnoit.argent, cuivre & plomb.
Au même banc , la mine de S. Jacques , non exploitée
depuis deux ans, a fon expofition au midi ;
fans galerie d’abord ; elle n’a qu’un puits de 24 piés
de profondeur, au bout duquel on trouve une galerie
de quatre toifes qui conduit à un autre puits de
60 piés , où font des ouvrages à pouvoir occuper
cinquante mineurs coupant mines.
Au même banc, la mine de l’Homme-fauvage,
non exploitée , a fon expofition au midi par une galerie
de trois toifes feulement , & travaillée à découvert
: fon exploitation a ceffé depuis trois ans.
Cette mine eft de plomb ; fon filon eft de deux pouces
d’épaiffeur.
Au même banc, la mine de la Scherchemite, non
exploitée, a fon expofition au levant ; elle eft de
plomb : fon filon étoit, à ce quedifoient les ouvriers;
d’un demi-pié d’épaiffeur.
Mine de S. George, non exploitée elle eft de
cuivre ; fon puits eft fans galerie, & n’a que 18 piés
de profondeur^
Mines de la Kelchaffe & du Montménard ,non exploitées
: elles font argent, cuivre & plomb; & de
vieux mineurs les difent très-riches.
Les mines d’Auxelle-haut font aufli contiguës les
unes aux autres.
Voilà l’état des principales mines d’Alface en
1741 ; voici maintenant les obfervalions qu’elles oc-
cafionnerent.
. i ° . Qu’il faut continuer un percement commencé
à la mine de S. Nicolas , banc de Giromagny,
jufqu’à la mine dé S. Daniel ; parce qu’alors les eaux
de S. Daniel s’écouleront dans S. Nicolas, & le tranf-
port des décombres fe fera plus facilement par le rechangement
des manoeuvres & l’épargne des machines
coûteufes qu’il faut employer aux eaux de Saint-
Daniel. On conjecture encore que le percement ne
fera pas long, les ouvriers de l’une des mines entendant
les coups de marteau qui fe frappent dans l’autre.
• 20. Que pour relever là mine de Phenigtorne, il
faut rétablir l’ancien canal & les deux roues, à cau-
fe de la grande quantité d’eau que produit la fource
qui eft au fond de la mine.
3°* Q u’d faudrait déplacer les fourneaux, les fonderies
, &c tous les, établiffemens auxquels il faut de
l’eau, dont la Phenigtorne a befoin , & qu’elle ne
pourrait partager avec ces établiffemens fans en
manquer dans les tems de féchereffe.
40. Que la mine de S. François, banc du Puix ,
peut être reprife à peu de frais.
5°. Que celle de S. Jacques, même banc, eft à
abandonner , parce que les machines à eau nui-
roient à la Phenigtorne, & qu’on ne peut y en établir
ni à chevaux ni à bras.
6°. Que l’exploitation des mines d’Auxelle-haut,
en même tems que de celles de Puix & de Giromagny
, feraient fort avantageufes, parce qu’on tirerait
des unes ce qui ferait néceffaire, foit en fondant
foit autrement, pour les autres.
70. Que pour tirer partie de la mine de S, Jean,
au banc d’Etueffont, il faudrait nettoyer trois étangs
qui fervent de réfervoir, afin que dans les tems de
fechereffe on en pût tirer l’eau, & fuppléer ainfi à
la fource qui manque.
8°. Que les ouvriers, quand ils ne travaillent qu’à
fort-fait, ruinent néceffairement les entrepreneurs ,
& empêchent la continuation des ouvrages, les galeries
étant mal entretenues, les décombres mal nettoy
és, & le filon tout-à-fait abandonné, quand il
importerait d’en chercher la fuite.
90. Que les entrepreneurs , par le payement' à
fort-fait, payant aux mineurs un fol fix deniers par livre
de plomb fuivant l’effai, les autres métaux qui
fe trouvent dans la mine de plomb , quoique non
perdus, ne font pas payés.
io°. Que l’effai doit contenir par quintal de mine
4 J livres de plomb , & que quand il produit moins ,
le Directeur ne la recevant pas, le mineur eft obligé
de la nettoyer pour la faire-mOnter au degré.
i i °. Que le Directeur ne la reçoit point à moindre
degré, parce que plus la mine eft nette , plus
elle donne en pareil volume, & moins il faut de
charbon pour la fondre. Il importe donc par cette
raifon que la mine foit mêlée de roc lé' moins qu’il
eft poffible : mais en voici d’autres qui ne font pas
moins importantes ; c’eft que ce roc eft une matière
chargée d’arfenic, d’antimoine ; & autres poifons qui
détruifent le plomb & l’argent, l’emportant en fumée.
12°. Qu’il fe trouve dans le pays toutes chofes
néceffaires , tant en bois qu’en eau , machines ,
fondeurs, mineurs , &c. pour l’exploitation des mines
; & qu’il eft inutile de recourir à des étrangers,
furtout pour les fontes ; l’expérience ayant démontré
que celles des fondeurs du pays réufliffent mieux
que celles des étrangers.
13®. Que fans nier qüe les Allemands ne foient
de très-bons ouvriers, il ne faut cependant pas imputer
à leur habileté ', mais à la force de leurs gages ,
ce qu’ils font de plus, que les nôtres, dont la rente
eft moindre.
14°. Que quant aux bois néceffaires pour les mines
de Puix & d e Giromagny, tous les bois de montagnes
étoient jadis affe&és à leur ufage ; qu’il ferait
à fouhaiter que ce privilège leur fût continué1, &
que les forges de Belfort & les quatorze communautés
du val de Rozemont les pourvuffent ailleurs.
15°. Que les autres bois des montagnes voîfines
qui ne font pas dégradés, s’ils font bien entretenus,
fuffiront à l’exploitation.
16°. Que le fort-fait empêche les ouvrages ingrats
de s’exécuter, quelque profit qu’il puiffe en revenir
pour la fuite ; & par conféquent que cette convention
du Directeur au mineur ne devrait jamais avoir
lieu.
17°. Que les mines étant prefque toûjours engagées
dans lés rocs, leur exploitation confomme beaucoup
de poudre à canon, & qu’il faudroit l’accorder
aux entrepreneurs au prix que le Roi la paye.
i8°. Qu’il faut établir le plus qu’on pourra de
boccards pour piler les pierres de rebut, tant les anciennes
que les nouvelles, parce que l’ufage des boccards
eft de petite dépenfe, & l’avantage confidé-
rable. Voici la preuve de leur avantage ; celle de
leur peu de dépenfe n’eft pas néceffaire.
Après l’abandon des mines d’Alface, les fermiers
des domaines de M. le Duc de Mazarin, n’ignorant
pas ce qu’ils pourraient retirer des pierres de rebut
provenues de l’ancienne exploitation , traitèrent
pour avoir la permiflion de cette recherche , avec
M. le D uc de Mazarin. Le Seigneur Duc ne manqua
pas d’être léfé dans ce premier traité ; il le fit donc
réfilier ; & il s’obligea par un autre à fournir les
bois & les charbons, les fourneaux & les boccards,