
M. Picard & plufieurs autres Agronomes après lui,
a voient obier ve dans l’étoile polaire un mouvement
apparent d’environ 40" par an, qu’il paroiffoit impof-
fible d’expliquer par la parallaxe de l’orbe annuel ;
parce que ce mouvement etoitdansun fens contraire
a celui fuivant lequel il auroit du etre, s il etoit v enu
du feul mouvement dé la terre dans fon orbite.
V o y t { Pa r a l l a x e d u g r a n d O r b e .
Ce mouvement n’ayant pû être expliqué pendant
toans , M. Bradley découvrit enfin en 1727 qu’il
étoit caufé pa rle mouvement fucceffifde la lumière
Combiné avec le mouvement de la terre. Si laFrance
a produit dans le dernier fiecle les deux plus grandes
découvertes de l’Aftronomie phylique, lavoir, l’ac-
Courciffement du pendule fous l’équateur, dont Ri-
cher s’apperçut en 16 7 1 , & la propagation ou le
mouvement fuccelîif de la lumière démontré dans
l’Académie des Sciences par M. Roëmer , l’Angleterre
peut bien fe flatter aujourd’hui d’avoir annoncé
la plus grande découverte du dix-huitieme fiecle.^
Voici de quelle manière M. Bradley a expliqué la
théorie de Y aberration, après avoir obfervé pendant
deux années confécutives que 1 étoile y de la teté du
dragon, qui pafloit à fon zénith, & qui eft fort près
du pôle de l’écliptique , étoit plus méridionale de
3 9" au mois de Mars qu’au mois de Septembre.
Si l’on fuppofe ( Planche AJlron.fig.3 i .n .3 J) que
l’oeil foit emporté uniformément liiivant la ligne
droite A B , qu’on peut bien regarder ici comme une
très-petite partie de l’orbite que la terre décrit durant
quelques minutes, & que l’oeil parcourre l’intervalle
compris depuis A jufqu’à B précisément dans le tems
que la lumière fe meut depuis C jufqu’en B , je dis
cu ’au lieu d’appercevoir l’etoile dans line direâion
parallèle à. B C , l’oeil appereèvrâ, dans le cas pré-
fent, l’étoile félon une direction parallèle à la ligne
A C. Car fuppofons que l’oeil étant entraîné depuis
A jufqu’en B , regarde continuellement au-travers
de l’axe d’un tube très-délié, & qui feroit toujours
parallèle à lui-même fuivant les directions A C , a c ,
&c. il ëll évident quef i la vitejfe de la lumière aun rapport
ajfe^fenfiblè à la vitejfe de la terre , & que ce rapport
foit celui à c B C k A B , alors la- particule de
lumière qui s’étoit d’abord trouvée à l’extrémité C
du tube coulera uniformément & fans trouver d’ob-
flaclele long de l’ax e, à mefurequeletube viendra à
s’avancer, puifque félon la fuppofition on a toujours
A B k B C comme a B k B c , & A a à Ce comme A B
à B C; c’eft-à-dire, que l’oeil ayant parcouru l’intervalle
A a , la particule de lumière a du defeendre uniformément
jufqu’en c, & par conféquent fe trouvera
dans le tuvau qui eft alors dans la fituation a c. D ’ailleurs
il eft aife de voir que fi on donnoit au tube
toute autre inclinaifon, la particule de lumière ne
poiirroit plus couler le long de l’a x e , mais trouveroit
dès fon entrée un obftade à fon paffagé, parce que
le point c oh la particule de lumière arriveroit, ne fe
trouveroit pas alors dans le tuyau, qui ne feroit plus
parallèle k AC. Or , parmi cette multitude innombrable
de rayons que lance l’étoile & qui viennent
tous parallèlement à B C ', il s’en trouve allez de quoi
fournir continuellement de nouvelles particules qui
fefuccédant les unes aux autres à l’extrémité du tube,
coulent le long de l’ax e, & forment par conféquent
lin rayon fuivant la diréftion^ C. Il eft donc évident
que ce même rayon A C fera l’unique qui viendra
'frapper l’oe il, qui par conféquent ne fauroit apper-
cevoir l’étoile autrement que fous cette même direction.
Maintenant fl au lieu de ce tube on imagine
autant de lignes droites ou de petits tubes extrêmement
fins & déliés, que la -prunelle de l’oeil peut admettre
de rayons à la fois , le même raifonnement
aura lieu pour chacun de ces tubes , que pour celui
• jlont nous venons de parler. Donc l’oeil ne fauroit
recevoir aucun des rayons de l’étoile que ceux qur
paroîtront .venir fuivant des directions parallèles à
A C, Sc par conféquent l’étoile paroîtra en effet dans
un lieu où elle n’eft pas véritablement ; c’eft-à-dire ,
dans un lieu différent de celui oh on l’auroit apper-
çue , fi l’oeil étoit refté fixe au point A.
Ce qui confirme parfaitement cette théorie fi ingé-
nieufe, & qui en porte la certitude jufqu’à la démonf-
tratiûn, c’eft que la viteffe que doit avoir la lumière
pour que l’angle d3aberration B C A foit tel que les
obfervations le donnent, s’accorde parfaitement avec
la viteffe de la lumière déterminée par M. Roëmer
d’après les obfervations des fatellites de Jupiter. En
effet, imaginons ( Fig. 3 1. n°. 2 .) que bc foit égal
au rayon de l’orbe annuel, l’angle b c a eft donné par
l’obfervation de la plus grande aberration poflible des
étoiles, fa voir , de zo". On fera donc , comme le
rayon eft à la tangente de 20", ainfi c b eft à un quatrième
terme, qui fera la valeur de la petite portion
a b de l’orbe terreftre , laquelle fe trouve excéder
un peu la dix-millieme partie de la moyenne diftan-
ce A B ou A b de la terre au foleil, puifqu’elle en eft
la partie. C’eft pourquoi la terre parcourant
360 degrés en 363 jours & à proportion un arc
de 57 degrés égal au rayon de l’orbite, en 58 jours
ou 83709, il s’enfuit que la 10313 partie de ce
dernier nombre , c’eft-à-dire , 8’ , 011 8’ y" A y
fera le tems que la terre met à parcourir le petit ef-
pace ab, & le tems que la lumière met à parcourir;
l’efpace b c égal au rayon de l’orbe annuel. Or M.
Roëmer a trouvé par les obfervations des fatellites
de Jupiter, que la lumière doit mettre en effet environ
8' y" à venir du foleil jufqu’à nous. Voye^ Lum
iè r e . C ’eft pourquoi chacune des deux théories
de M. Roëmer & de M. Bradley s’accordent à donner
la même quantité pour la viteffe avec laquelle
la lumière fe meut.
Au refte comme les dire&ions que l’on regarde
comme parallèles , b c , B C , ou bien a c A C ne le
font pas en effet, mais concourent au même point du.
ciel, favoir à l’étoile E , il s’enfuit qu’à mefure que
la terre avancera fur la circonférence de fon orbite §
Parc ou la petite tangente ab qu’elle décrit chaque
jour venant à changer de direttion, il en fera de même
à l’égard de la ligne A C qui dans le cours d’une
année entière aura un mouvement conique autour de
B C ou de A E , enforteque prolongée dans le ciel,
fon extrémité doit décrire un petit cercle autour du
vrai lieu qu’occupe l’étoile; & comme l ’angle A C R
ou l’angle alterne C A E qui lui eft égal eft de 20"
il fera vrai de dire que l’étoile ne fauroit jamais êtr&
apperçue dans fon vrai lieu , mais qu’à chaque année
elle doit recommencer à parcourir la circonférence
d’un cercle autour de fon véritable lieu : enforteque
fi elle eft au zénith , par exemple, elle pourra être
vue à fon paffage au méridien alternativement 20,#
plus au nord ou plus au midi à chaque intervalle
d’environ fix mois. M. de Maupertuis dans fon excellent
ouvrage intitulé Elémensde Géographie, explique
Y aberration par une comparaifon ingénieufe. Il en eft
ainfi, dit-il, de la direftion qu’il faut donner au fufil
pour que le plomb frappe l’oifeau qui vole : au lieu
d’ajufter direftement à l’oifeau , le chaffeur tire un
peu au-devant, & tire d’autant plus, au - devant,
que le vol de l’oifeau eft plus rapide par rapport
à la viteffe du plomb. Il eft évident que dans cette
comparaifonl’oifeaurepréfente la terre, & le plomb
repréfente la lumière de l’étoile qui la vient frapper.
Cette comparaifon peut fervir à faire entendre
le principe de l’aberration à ceux de nos lefteurs
qui n’ont aucune teinture de Géométrie. L’explication
que nous venons de donner de ce même principe
d’après M. Bradley , peut être auffi à l’ufage
de ceux qui n’en ont qu’une teinture légère ; car on
doit fentir que fi un tuyau eft mû avec uné dire&ibil
donnée qui ne foit pas fuivant la longueur du tuyau,
Un corpufcule ou globule qui doit traverfer ou enfiler
ce tuyau en ligne droite durant fon mouvement fans
choquer les parois du tuyau, doit avoir pour cela une
direftion différente de celle du tuyau, & qui ne loit
pas parallèle non plus à la longuèur du tuyau.
Mais voici une démonftration qui pourra etre ta-*
cilement entendue par tous ceux qui font un peu au
fait des principes de méchanique, & qui ne fupjjoie
ni tuyau, ni rien d’étranger. Je ne feche pas qu.elle,
ait encore été donnée, quoiqu’elle foit fimple. Auili
ne prétens-je pas m’en faire un mérite. C B , (fig. 3 '.
n \ i . ) étant ( kyp. ) la viteffe abfelue de l’etoile, on
peiit regarder CB comme la diagonale d’un parallélogramme
dont les côtés léroient C A de A B ; ainfi
ôn peut fiippofer que le globule de lumière, au.lieu
du mouvement fuivant C B , ait à la fois deux mou-
vemens , l’un fliiyant C A , l’autre fuivant A B. Or
le mouvement fuivant A B eft commun à c e globule
& à l’oeil du fpe&ateur. Donc ce globule ne frappe
réellement l’oeil du fpeSateur queluivant C A ; donc
A C eftla direûion dans laquelle le fpeaateur doit
voir l’étoile : caria ligne dans laquelle nous voyons
un objet n’eft autre chofe que la ligne fuivant laquelle
les rayons entrent dans nos yeux. C eft pour cette
raifonque dans les miroirs plans, par exemple, nous
voyons l’objet au-dedans du miroir, &c. Voye{ Miroir.
Voye[ auffi APPARENT.
M. Bradley a joint à fa théorie des formules pour
calculer Y aberration des fixes en déclinaifon & en afi
cenfion droite : ces formules ont été démontrées en
deux différentes maniérés, & réduites à un ufage fort
fimple par M. Clairautdans les Mémoires de l'Académie
de ty3 y. Elles ont aufli été démontrées par M.
Simpfon, de la Société royale de Londres, dans un
Recueil de différens opufcules Mathématiques, imprimé
en Anglois à Londres iy^S. Enfin M. Fontaine des
Crûtes a publié un traité fur le même fujet. Cet ouvrage
a été imprimé à Paris en 1744* E)es Aftrono-
mes habiles nous ont paru en faire cas ; tant parce
qu’il explique fort clairement la théorie & les calculs
de Y aberration, que parce qu’il contient une hiftoiré
affez curieufe de l’origine & du progrès de l’Aftronomie
, dreffée fur des Mémoires de M. le Monmer.
Nous avons tiré des Injlitutions AJlronomiques de ce
dernier une grande partie de cet article. ( O )
A B E R -Y SW IT H , ville d’Angleterre, dans le
Cafdiganshire, province de la principauté de Galles,
proche de l’embouchure de l’Yfwith. Long. i3 , zo i
iat. S l . 3 o. _ . .
ABESKOUN, île d’Afie, dans la mer Cafpienne.
A BEX, contrée maritime d’Afrique, entre le pas
de Suaquem, & le détroit de Babel-Mandel.
* ABGARES. Les Abgares d’Edeffe, enMéfopo-
tamie, étoient de petits rois qu’on vôit fouvent fur
des médailles avec des thiares d’une forme affez fem-
blable à certaines des rois Parthes. Voye{ les Antiquités
du Pere Montfaucon, tome III.part. I. page 80.
* ABHAL ; c’eft, à ce qu’on lit dans James, uii
fruit de couleur rouffe, très-connu dans l’Orient, de
la groffeur à-peu-près de celui du cyprès, & qu.on
recueille fur un arbre de la même elpece. On le regarde
comme un puiffant emménagogue.
ABIAD , ville d’Afrique, fur là côte d’Abex.
* ABIANNEUR. Voye^ A b ie n h e u r .
ABIB , f. m. nom que les Hébreux donnoient au
premier mois de leur année fainte. Dans la fuite il fut
àppellé Nifan. FoyeçNiSAN. Il répond à notre mois
de Mars. Abib, en Hébreu, fignifie des épis verds.
S. Jerome le traduit par des fruits nouveaux , menfe
yiovarumfrugum. Exod. X I I I . verf. 4. Voye^ fous le
mot Nifan, les principales fêtes & ceremonies que
les Juifs pratiquoient ou pratiquent encore pendant
Tome I,
ce môis. Diïïionn. de la Bible, tome I.page 14 f G')
* ABIENHEUR , fubft. m. terme de la Coutume de
Bretagne ; c’eft le fequeftre ou le oommiffaire d’un
fonds faifi;
* ABIENS. C’étoient entre les Scythes, d’autres
difent entre les Thraces, des peuples qui faifoient
profeflion d’un genre de vie auftere, dont Tertullien
fait mention, lib. deproefcrip. cap.xlij. que Strabon
loue d’une pureté de moeurs extraordinaire, & qu’A-
lexandre ab Alexandro & Scaliger ont jugé à propos
d’appeller du nom de philofophes, enviant, pour ainfi
dire j aux Scythes une diftinftion qui leur fait plus
d’honneur qu’à la Philofophie, d’être les feuls peuples
de la terre qui n’ayent prefque eu ni poëtes, ni
philofophes, ni orateurs, & qui n’en ayent été ni
moins honorés, ni moins courageux, ni moins fages;
Les Grecs avoient une haute eftimepour les Abiens,
& ils la méritoient bien par je ne fais quelle élévation
de caraftere & je ne fais quel degre de juftice &
d’équité dont ils fe piquoient, fingulierement entre
leurs compatriotes, pour qui leur perfonne étoit fa-
crée. Que ne dévoient point être auxyeux des autres
hommes ceux pour qui les fages & braves Scythes
avoient tant de vénération l Ce font ces Abiens , je
crois, qui fe conferverent libres fous Cyrus & qui fe
foûmirent à Alexandre. C’eft un grand honneur pour
Alexandre, ou peut-être un reproche à leur faire.
ABIGEAT, lubft. m. terme de Droit civil, étoit le
crime d’un homme qui détournoit des beftiaux pour
les voler.
* ABIMALIG, fubft. m. langue des Africains Bé-
riberes, ou naturels du pays.
ABISME ou ABYSME, f. m. pris généralement ;
fignifie quelque chofe de très-profond, & qui, pour
ainfi dire, n’a point de fond.
Ce mot eft grec originairement$a£v<woV ; il eft corn-
pofé de la particule privative à, & Cimlc, fond ; c’eft-
à-dire fans fond. Suidas &: d’autres lui donnent différentes
origines : ils difent qu’il vient de d èc de Cvo,
couvrir, cacher, ou de à & de J'ùu : mais les plus judicieux
critiques rejettent cette étymologie comme ne
valant guere mieux que celle d!un vieux gloffateur,
qui fait -venir abyfjus de ad ipfus, à caufe que l’eau
vient s’y rendre en abondance.
Abyfme, pris dans un fens plus particulier, fignifie
un amas d’eau fort profond. Voye{ Eau .
Les Septante fe fervent particulièrement de ce
mot en ce fens, pour défigner l’eau que Dieu créa
au commencement avec la terre ; c’eft dans ce fens
que l’Ecriture dit que les ténèbres étoient fur la furface
de 1'abyfme.
Onfe fert auffi du mot abyfme, pour marquer le.
réfervoir immenfe creufé dans la terre, oh Dieu ra-.
maffa toutes les eaux le troifieme jour: réfervoir que
l’on défigne dans notre langue par le mot mer, &c
quelquefois dans les Livres faints par le grand abyfmei
A b is m e , fe dit, dans l’Ecriture, de l’enfer & des
lieux les plus profonds de la mer, & du cahos qui
étoit couvert defténèbres au commencement du monde,
& fur lequel l’efprit de Dieu étoit porté. G en. /.
.2. Les anciens Hébreux, de même que laplûpart des
Orientaux, encore à préfent, croyent que Y abyfme,
la m er, les cieux, environnoient toute la terre ; que
la terre étoit comme plongée &flotante fur Yabyfme^
à-peu-près, difent-ils, comme un melon d’eau nage
fur l’eau & dans l’eau, qui le couvre dans toute fa
moitié. Ils croyent de plus, que la terre étoit fondée
fur les eaux, ou du moins qu’elle avoit fon fondement
dans Y abyfme. C ’eft fous ces eaux & au fond de cet
abyfme, que l’Ecriture nous repréfente les Géans qui
gémiffent & qui fouffrent la peine de leurs crimes :
c’eft-là oh font relégués les Rephaïms, ces anciens
Géans, qui de leur vivant faifoient trembler les peuples;
enfin c’eft dans cesfombres cachots mie lesPro^