3°6 A L V dilatent quelquefois fi for t, que les dents ne font plus
affermies dans ces cavités, 6c qu’elles difparoiffent
dans les jeunes comme dans les vieux fujets.
Les alvéoles font tapiffées d’une membrane très-
fenfible qui paroît être nerveufe, & qui enveloppe
les racines de chaque dent : c’eft de cette membrane
& du nerf de la dent que vient la douleur appellée
odontalgie, ou mal de dent. Voye^ ODONTALGIE 6*
Mal de dent. (L )
Alvéole , f. m. alveolus. On a donné ce nom aux
petites cellules dont fônt compolés les gâteaux de cire
dans les ruches des abeilles, y. Abeille. Elles conf-
truifent ces alvéoles avec la cire qu’elles ont avalee.
O n a vû au mot Abeille , que les ouvrières, après
avoir avalé la cire brute, la changeoient dans leur
eftomac en vraie cire. Voyeç Cire. L’abeille rend
par la bouche la cire dont elle forme l’alvéole : cette
cire n’eft alors qu’une liqueur mouffeufe, & quelquefois
une efpece de bouillie qu’elle pofe avec fa langue
, & qu’elle façonne avec fes deux dents ; on voit
la langue agir continuellement 6c changer de figure
dans les différentes pofitions oîi elle fe trouve ; la
pâte de cire fe feche bientôt & devient de la vraie
cire parfaitement blanche, car tous les alvéoles nouvellement
faits font blancs ; s’ils jauniffent, même
s’ils deviennent bruns & noirs, c’eft parce qu’ils font
cxpofés à des vapeurs qui changent leur couleur naturelle.
On ne peut pas douter que la cire ne forte
de la bouche de l’abeille ; car on la voit allonger un
alvéole fans prendre de la cire nulle part, 6c l'ans en
avoir aucune pelote à fes jambes ; elle n’employepas
d’autre matière que celle qui fort de fa bouche ; il
faut même qu’elle foit liquide pour être façonnée,
ou au moins elle ne doit pas être abfolument feche.
On croit que les raclures d’un alvéole nouvellement
fait, c ’eft-à-dire, les petites parties que les ouvrières
enlèvent en le réparant , peuvent fervir à en conf-
truire d’autres : mais il eft certain qu’elles n’em-
ploy ent jamais de la cire feche ; on leur en a préfenté
fans qu’elles en ayent pris la moindre particule ; elles
fe contentent de la hacher pour en tirer tout le miel
qui peut y être mêlé. Les alvéoles font des tuyaux à
fix pans, pofés fur une bafe pyramidale. Le fond de
ces tuyaux eft un angle folide, formé par la réunion
de trois lames de cire de figure quadrilatérale ; chacune
de ces lames a la figure d’un rhombe, dont les
deux grands angles ont chacun. à-peu-près, i io degrés,
& dont les deux petits angles ont par confé-
quent chacun environ 70 degrés. Cette figure n’eft
pas exactement la même dans tous les alvéoles ; il
y en a oit les lames du fond paroiffent quarrées : on
trouve même des cellules dont le fond eft compofé
de quatre pièces, quelquefois il n’y a que deux de
ces pièces qui foient de figure quadrilatérale, les
autres ont plus ou moins de côtés. Enfin ceS pièces
varient de .figure 6c de grandeur : mais pour î’ordi-
Jiaire ce font des lofanges ou des rhombes plus ou
moins allongés , & il n’y en a que trois ; elles font
réunies par un de leurs angles obtus, & fe touchent
par les côtés qui forment cet angle. Voilà une cavité
pyramidale dont le fommet eft au centre ; la circonférence
a trois angles faillans ou pleins, 6c trois angles
rentrans ou vuides. Chaque angle faillant eft
l’angle obtus d’un lofange dont l’angle oppofé eft au
fommet de la pyramide ; chaque angle rentrant eft
formé par les côtés des lofanges qui ne fe touchent
pas, & qui font par conféquent au nombre de fix
dans la circonférence du fond de l'alvéole. Ce fond
eft adapté à l’extrémité d’un tuyau exagone dont les
pans font égaux. Cette extrémité eft terminée, comme
les bords du fond, par trois angles faillans ou
pleins, & par trois angles rentrans ou vuides placés
alternativement. Les arrêtes qui font formées par la
réunion des pans du tuyau exagone, aboutiffent aux
A L V fommets des angles qui font à fon extrémité, alternativement
à un angle faillant 6c à un angle rentrant.
L’extrémité du tuyau étant ainfi terminée, le couvercle
le ferme exactement ; fes angles faillans font
reçus dans les angles rentrans de l’extrémité du
tuyau dont il reçoit les angles faillans dans fes angles
rentrans. Il y a toujours quelqu’irrégularité dans
la figure des alvéoles. Les arrêtes du tuyau exagone ,
qui devroient aboutir aux fommets des angles rentrans
du fond, fe trouvent un peu à côté. Ce défaut,
fi c’en eft un, fe trouve au moins dans deux angles,'
6c fouvent dans tous les trois ; foit parce que les lofanges
du fond ne font pas réguliers, foit parce que
les pans de l’exagone ne font pas égaux ; il y en a au
moins deux qui ont plus de largeur que les quatre autres
, & qui îbnt oppofés l’un à l’autre ; quelquefois
on en trouve trois plus larges que les trois autres.
Cette irrégularité eu moins fenlible à l’entrée de Y alvéole
, que près du fond. Les tuyaux des alvéoles font
pofés les uns fur les autres, & pour ainfi dire, empilés
, de façon que leurs ouvertures fe trouvent du
même côté, & fans qu’aucun déborde de la furface
du gâteau de cire qu’elles compofent. Voy. G ateau
de cir e . L’autre face du gâteau eft compofée d’une
pile de tuyaux difpofés comme ceux de la première
face ; de forte que les alvéoles de l’une des faces du
gâteau & ceux de l’autre face fe touchent par leur
extrémité fermée. Tous les alvéoles d’un gâteau
étant ainfi rangés, fe touchent exactement fans laif-
fer aucun vuide entre eux. On conçoit aifément
qu’un tuyau exagone, tel qu’eft Un alvéole pofé au
milieu de fix autres' tuyaux exagones, touche par
chacune de fes faces à une face de chacune des autres
alvéoles y de forte que chaque pan pourroit être commun
à deux alvéoles : ce qui eft bien éloigné de laif-
fer du vuide entr’eux. Suppofons que les deux piles
de tuyau qui compofent le gâteau, & qui fe touchent
par leurs extrémités fermées, c’eft-à-dire par
leur fond, foient féparées l’une de l’autre, on verra
à découvert la face de chaque pile fur laquelle paroi-
tront les parois extérieurs des fonds des alvéoles. Ce
fond qui eft concave en-dedans , comme nous l’avons
déjà d it, eft convexe en-dehors, & forme une
pyramide qui fe trouve creufe lorfqu’on regarde
dans l’intérieur de Y alvéole, 6c faillante à l’extérieur.
Si on fe rappelle la figure des parois intérieures du
fond qui eft compofé de trois lofanges, &c. on aura
la figure, des parois extérieures ; ce font les mêmes
lofanges réunis par un de leurs angles obtus. Ils fe
touchent par les côtés qui forment cet angle. La
circonférence eft compofée de trois angles faillans
6c de trois angles rentrans, 6c par conféquent de
fix côtés. Toute la différence qui fe trouve à l’extérieur
, c’eft que le centre eft faillant. Les tuyaux
exagones des alvéoles étant difpofés comme nous
avons dit, confidérons un alvéole, 6c les fix autres
alvéoles , dont il eft environné. Les fonds pyramidaux
de ces fix alvéoles , forment, en fe joignant
avec le fond de Y alvéole qui eft au centre, trois
pyramides creufes & renverfées, femblables à celles
qui font formées par les parois intérieures des
fonds ; aufli ces pyramides renverfées fervent-elles
de fond aux alvéoles qui rempliflent l’autre face du
gâteau que nous avons fuppofé être partagé en deux
parties.
M. Koenig a démontré que la capacité d’une cellule
à fix pans & à fond pyramidal quelconque fait de
trois rhombes femblables & égaux, étoit toujours
égale à la capacité d’une cellule à fond plat dont les
pans reCtangles ont la même longueur que les pans
en trapefe de la cellule pyramidale, & cela quels
que foient les angles des rhombes. Il a aufli démontré
qu’entre les cellules à fond pyramidal, celle dans
laquelle il entroit le moins de matierç a voit fon
A L V fond compofé de trois rhombes dont chaque grand
angle étoit de 109 degrés 2 6 minutes, & chaque petit
angle de 70 degrés 34 minutes. Cette folutioneft
bien d’accord avec les mefures précifes de M. Ma-
raldi, qui font de 109 degrés 28 minutes pour les
grands angles, 6c de 70 degrés 32 minutes pour les
petits. Il eft donc prouvé, autant qu’il peut l’être,
que les abeilles conftruifent leurs alvéoles de la façon
la plus avantageufe pour épargner la cire : cette
forte de conftruCtion eft aufli la plus folide ; chaque
fond d’alvéole eft retenu par les pans des alvéolcsqai
fe trouvent derrière : cet appui paroît néceffaire,
car les fonds & les pans de Y alvéole font plus minces
que le papier le plus fin. Le bord de Y alvéole eft trois
ou quatre fois plus épais que le relie ; c’eft une efpece
de bourlet qui le rend allez fort pour réfifter
aux mouvemens des abeilles qui entrent dans Y alvéole
& qui en fortent. Ce bord eft plus épais dans
les angles de l’exagone, que fur les pans ; il eft pour
ainfi dire prefqu’impoflible de voir dans les ruches,
6c même dans les ruches vitrées qui font faites exprès
pour l ’obfervation, quelles font les parties de Y alvéole
que les abeilles forment les premières. II y a un
moyen plus fimple ; il faut prendre des gâteaux, fur-
tout ceux qui font nouvellement faits, 6c examiner
les cellules qui fe trouvent fur leurs bords, elles ne
font que commencées : il y en a dont la conftruCtion
eft plus ou moins avancée ; on a' reconnu que les
abeilles commençoient Y alvéole par le fond, qu’elles
formoient d’abord un des rhombes ; elles éle-
vent fur les deux côtés de ce rhombe, qui doivent
fe trouver à la circonférence du fond, la nailfance
de deux pans de l ’exagone ; enfuite elles font un fécond
rhombe du fond avec les commencemens de
deux autres pans de l’exagone, 6c enfin le troifieme
rhombe complété le fond, 6c deux pans qu’elles ajoû-
tent ferment l’exagone. Le fond étant fait,& le tuyau
exagone commencé, elles l’allongent & le finilfent
en appliquant le bourlet fur les bords de l’ouverture.
Elles conftruifent en même tems plufieurs fonds les
uns à côté des autres ; & pendant que les unes font
des cellules fur l’un des côtés de ces fonds, les autres
en conftruifent de l’autre : de forte qu’elles font
les deux faces d’un gâteau en même tems. Il leur en
faut beaucoup pour dreffer les parois des cellules,
pour les amincir, pour les polir : chaque cellule ne
peut contenir qu’une ouvrière ; on la voit y entrer la
tête la première ; elle ratifie les parois avec fes dents;
elle fait une petite pelote groffe comme la tête d’une
•épingle avec les particules de cire qu’elle a détachées,
& à l’inftant elle emporte la pelote : une autre fait
la même manoeuvre , 6c ainfi de fuite jufqu’à ce que
Y alvéole foit fini.
Les alvéoles fervent de dépôt pour conferverle
miel, les.oeufs, & les vers des abeilles : comme ces
oeufs & ces vers font de différente groffeur ( Voye^
Abeille), les abeilles font des alvéoles de différente
grandeur pour les loger. Les plus petits font pour les
vers qui doivent fe changer en abeilles ouvrières ;
le diamètre de ces cellules eft d’environ deux lignes
j , & la profondeur eft de cinq lignes f , & le gâteau
compofé de deux rangs de ces cellules a environ
dix lignes d’épaiffeur; les cellules où doivent naître
les faux bourdons font profondes de huit lignes, fou-
vent plus, & quelquefois moins ; elles ont trois lignes
, ou à-peu-près trois lignes & un tiers de
ligne de diamètre pris dans un fens : mais le diamètre
qu’on prend en fens contraire eft plus petit d’une
neuvième partie ; cette différence vient de ce que
l’exagone de ces alvéoles a deux faces oppofées plus
petites que les quatre autres ; il y a aufli quelque différence
, mais bien moins fenfible entre les diamètres
des petites cellules. Les deux fortes <Y alvéoles dont on
vient de donner les dimenfions, ne fervent pasfeule- Tome /.
A L U 3 0 7
ment à loger les oeufs & enfuite les vers ; fouvent les
abeilles les rempliflent de miel lorfqu’elles les trouvent
vuides. Il y a aufli des cellules dans lefquelles
elles ne mettent jamais que du miel, celles - ci font
plus profondes que les autres : on en a vû qui n’a-
voient pas plus ae diamètre que les plus petites , 6c
dont la profondeur étoit au moins de 10 lignes. Lorfque
la récolte du miel eft abondante, elles allongent
d’anciens alvéoles pour le renfermer, ou elles en font
de nouveaux qui font plus profonds que les autres.
Lorfque les parois de la ruche ou quelque autre cir-
conftance gênent les abeilles dans la conftruCtion de
leurs alvéoles, elles les inclinent, elles les courbent,
6c les difpofent d’une maniéré irrégulière.
Les alvéoles deftinés à fervir de logement aux vers
qui doivent fe métamorphofer en abeilles meres,font
abfolument différens des autres alvéoles : on n’y voit
aucune apparence de la figure exagone ; ils font arrondis
& oblongs ; l’un des bouts eft plus gros que
l’autre ; leur furface extérieure eft parfemée de petites
cavités. Ces cellules paroiffent être grofliere-
ment conftruites, leurs parois font fort épaiffes ; une
feule de ces cellules peut pefer autant que 150 cellules
ordinaires : le lieu qu’elles occupent femble
être pris au hafard ; les unes font pofées au milieu
d’un gâteau fur plufieurs cellules exagones ; d’autres
font fufpendues aux bords des gâteaux. Le gros bout
eft toujours en haut ; ce bout, par lequel les ouvrières
commencent la conftruCtion de Y alvéole, eft quelquefois
fufpendu par un pédicule : mais à mefure
que Y alvéole s’allonge, il s’étrécit ; enfin il eft terminé
par le petit bout qui refte ouvert. La cellule entière
a quinze ou feize lignes de profondeur ; lorfque ces
alvéoles ne font qu’à demi faits, leur furface eft liffe ;
dans la fuite les ouvrières y appliquent de petits cordons
de cire qui y forment des cavités. On croit que
ces cavités font les premiers veftiges des cellules ordinaires
qui feront conftruites dans la fuite fur ces
grands alvéoles. Lorfque les abeilles femelles font for-
ties de ceux qui pondent aux bords des gâteaux, les
ouvrières raccourciffent ces alvéoles, 6c les enveloppent
en allongeant les gâteaux ; ils font alors recouverts
par des cellules ordinaires qui font" plus élevées
dans cet endroit du gâteau, où il eft plus épais
qu’ailleurs. Il y a des ruches où il ne fe trouve que
deux ou trois grands alvéoles ; on en a vu jufqu’à
quarante dans d’autres : c’eft au printems qu’il faut
chercher ces alvéoles ; car dans une autre làifon ils
pourroient tous être recouverts par d’autres cellules,'
Mém. de l’acad. royale des Sciences , iv iz , & Mém.
pour fervir à l'hifloire des infectes , par M. de Reaumur« HA
LUINE ou ALUYNE, (Botan.) nom que l’on a
donné à l’abfynthe. Voye[ Absynthe.
* ALVINIERES, f. f. carpieres, forcieres ; ce font
de petits étangs où l’on tient le poiffon, mais principalement
les carpes mâles 6c femelles deftinées à
peuplen
ALVIN, f. m. on appelle alvin, tout le menu poiffon
qui fert à peupler les étangs & autres pièces d’eau :
ainfi alviner un étang , c’eft l’empoiffonner en y jet—
tant de Y alvin ; & Y alvinage eft le poiffon que les marchands
rebutent, & que les pêcheurs rejettent dans
l’eau. En plufieurs endroits on appelle alvin, du nor-
rain ; en d’autres on dit du fretin, du menu fretin, de
la menuifaille, 6c généralement du peuple. On fe fert
encore du mot de feuille, quoiqu’à parler jufte, il y
ait de la différence entre la feuille 6c Yalvin. ÿoyeç
Feuille.
* ALUN, f. m. alumen, fel foflile & minéral d’un
goût acide, qui laiffe dans la bouche une faveur douce
, accompagnée d’une aftriCtion confidérable. Ce
mot vient du grec aXç , fe l, ou peut-être du latin lumen:
parce qu’il donne de l’éclat aux couleurs. Qq
Q q i j