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-produifent les tumeurs du fac lacrymal, ou l’obftruc-
tion du canal nafal. ■ La chaffie retenue dans les canaux excréteurs,
forme de petites tumeurs qui furviennent aux paupières
, & qu’on appelle orgelets. L’humeur febacée retenue dans fes petits canaux
excréteurs, forme les tanes ou taches de rouffeur.
L’urine retenue dans les reins, dans, lés ureteres,
dans la veille ou dans l’urethre, produit des tumeurs
urinaires. Voye^ R é t e n t io n d ’u r in e . j L’humeur des proliâtes caufe la rétention d’urine,
lorfqu’elle s’arrête dans ces glandes, & qu’elle les
gonfle au point d’oblitérer le canal de 1 urethre.
Le lait peut obllruer les glandes des mammelles,
ou rentrer dans la maffe du fang, le dépofer enfuite
fur quelque partie, & former ce qu’on appelle communément
lait répandu. v
Le fang menftruel retenu dans le vagin des filles
imperforées, caufe un apoftéme. Vrye^ Im p e r f o r a -
t io n .
Les tumeurs formées par l’air contenu dans nos
humeurs, peuvent être regardées tèmes. Voye comme des apof- ç Em p h y s è m e & T y m p a n i t e . Quelques
uns regardent les tumeurs venteufes, fur-tout
lorfque cet air vient du dehors, comme-formées par
un corps.étranger. Voye^T u m e u r .
Les différences accidentelles des apojlèmes fe tirent
de leur volume, des accidens qui les accompagnent,
des parties qu’ils attaquent, de la maniéré dont ils fe
forment, & des caufes qui les produifent.
Par rapport aux parties où les apojlèmes fe rencontrent
, ils reçoivent différens noms : a la conjon&ive,
ql’uininflaanmcime ;ation s’appelle ophthalmie ; à la gorge , ,ef- aux aines, bubons ; à l’extremite des doigts,
panaris. Les apojlèmes fe forment par fluxions, c’eft-à-dire
promptement; les autres par congeftion, c’efl-à-dire
lentement : ceux qui font formés par fluxion , font
ordinairement des apojlèmes chauds, comme 1 erefi-
pele & le phlegmon: on appelle apoflème froids,ceux
qui fe forment par congeftion ; par exemple, l’oede-
me & le skirrhe.
- Quant à leurs caufes, les uns font bénins, les autres
malins ; les uns critiques, les autres fymptoma-
tiques : les uns viennent des caufes externes, comme
coups, fortes ligatures, contact, piquûre d’infectes
, morfure d’animaux venimeux, & mauvais ufa-
ge des fix chofes non-naturelles ; lefquelles font l’air ,
les alimens, le travail, les veilles & les pallions, le
fommeil & le repos, les humeurs retenues ou évacuées
; toutes ces caufes produifent embarras, engorgement
& obflru£tion, & conféquemment des apoflcmes ou tumeurs humorales.
Les caufes internes viennent du vice des folides,
& de celui des fluides. Le vice des folides confifle
dans leur trop grande tenfion, ou dans leur contraction
, dans la perte ou dans l’afFoibliffement de leur
reffort, & dans leur divifion.
Le vuide des fluides confifle dans l’excès ou dans
le défaut de leur quantité, & dans leur mauvaife
dqeusa hliutém. eVurosy,e d{a lne sM leé pmroeimreie dre v oMlu.m Qeu deef cneauyx fduer V laec avdicée
mie royale de Chirurgie. Les fignes des apojlèmes font particuliers à chaque
efpece; on peut les voir à l’article de chaque tumeur.
- On remarque aux apojlèmes, comme à toutes les
maladies, quatre,tems; le commencement, le progrès,
l’état, & la fin.
Le commencement efl le premier point de l’obf-
truâion qui arrive à une partie ; on le reconnoît à
une tumeur contre nature,& à quelques légers fymp-
tomes.
, Le progrès efl l’augmentation de cette même obf-
A P O fru ôion ; on le reconnoît aux progrès des fympto^
mes.
L’état efl celui où l’obflru£lion efl à fon plus
haut point ; on le reconnoît à la violence des fymp-
tomes.
La fin des apoflèmes fe nomme leur terminaifon.
La terminaifon des apojlèmes fe fait par réfolution,
par fuppuration, par délitefcence, par induration,
& par pourriture pu mortification. Toutes ces ter-
minaifons peuvent être avantageufes ou defavan-
tageufes, relativement à la nature & aux circonf-
tances de la maladie. Voyei les mots qui expriment
les cinq îerminaifons des apojlèmes chacun à fon article.
Quelques auteurs prennent le mot apoflème, comme
lignifiant la même chofe c^l abcès. Vyyeç A b c è s .
( r )
APOSTILLE,f. f. {Droit, Camm. L/Wr.)annotation
ou renvoi qu’on fait à la marge d’un écrit pour y
ajôûter quelque chofe qui manque dans le texte, ou
pour l’éclaircir & l’interpréter.
A p o s t i l l e , e/ï matière d?arbitrage, lignifie un écrit
fuccinél que des arbitres mettent à la marge d un memoire
ou d’un compte, à côté des articles qui font en
difpute. Les apoßilles doivent être écrites de la main
des arbitres, & on doit les regarder comme autant
de fentences arbitrales, puifqu’elles jugent les con-
teflations qui font entre les parties. ; . # ,
Celles qui font faites en marge d’un a£le paffé par-,,
devant notaires , doivent être paraphées par le notaire
& par les parties. • ^
APOSTILLÉ : quand on dit qu’un mémoire, qu’un
compte e fl apojlillépar des arbitres, c’eft-à-dire qu’ il
a été réglé & jugé par eux. Voye{ A p o s t i l l e .
APOSTILLER, mettre des apoflilles en marge
d’un mémoire, d’un atte, d’un compte, d’un contrat. Fcyei APOSTILLE. (<r)
APOSTIS, f. m. {Marine.') on appelle ainfi deux
longues pièces de bois de huit pouces en quarré, &
tant foit peu abaiffées, dont l ’u ne.efl le long de la
bande droite d’une galere , & l’autre le long de la
bande gauche , depuis l’épaule jufqu’à la c o n ille , &
qui portent chacune toutes les rames de la chiourme
par le moyen d’une groffe corde. Voyê^ G a l e r e ,
E p a u l e , C o n i l l e , C h io u r m e . {Z) APOSTOLICITÉ, f. f. fe peut prendre en diffé-
rens fens ; ou pour la conformité de la doftrine avec
celle de l’églife apoflolique ; ou pour celle des moeurs
avec celles des apôtres ; ou pour l’autorité d’un catroalcitcèirtée
accordé par le faint fiége. Ainfi on dit Vapof- d’un fentiment, de la vie, d’une million.
* APOSTOLINS, f. m. pl. {Hiß. eccléf.) religieux
dont l’ordre commença au quatorzième fiecle à Milan
en Italie. Ils prirent ce nom parce qu’ils faifoient
profefîion d’imiter la vie des apôtres, ou celle des
premiers fideles.
APOSTOLIQUE, adj. fignifie en général ce qui
vient des apôtres , ou qui peut convenir à un apôtre.
Mais ce terme fe dit plus particulièrement de ce qui
appartient au faint fiége, ou qui en émane. C’efl en
ce fens qu’on dit, un nonce apoßolique, un bref apof-
tolique. Apoßolique, (Chambre) efl un tribunal où l’on dif-
cute les affaires qui regardent le tréfor ou le domaine
du faint fiége & du pape. Notaire apoßolique ,voye[N o t a ir e . {H )
A p o s t o l iq u e , ( Théol.) Le titre d-apoßolique efl
un des cara&eres diftinCtifs de la véritable Eglife. Ce
titre qu’on donne aujourd’hui par excellence à l’E-
glife Romaine, ne lui a pas toujours été uniquement
affeâé. Dans les premiers fiecles du Chriftianifme il
étoit commun à toutes les égfifes qui avoient été fondées
par les apôtres, & particulièrement aux fiéges
de Rome, de Jérufalem, d’Antioche, & d’Alexandrie
:
A P O xîrie : comme il paroît par divers écrits'des Peres Si autres monumens de l’Hifloire eccléfiaftique. Les
qégulèisfes même qui ne pouvoiént pas fe direapofloà- , eu égard à leur fondation faite par d’autres
que par des apôtres, ne laiffoient pas de prendre ce
nom, foit à caufe de la conformité de leur do&rine
avec celle des églifes apojloliques par leur fondation ;
foit encore parce que tous les évêques fe regardoient
comme fucceffeurs des apôtres , où qu’ils agiffoient
dans leurs diocefes avec l’autorité des apôtres. Vtyei
E v ê q u e .
11 paroît encore par les formules de Màrculphe,
dreffées vers l’an (56o, qu’on donnoit aux eveques
le nom d'apoftolïques. La première trace qu’on trouve
de cet ufage , efl une lettre de Clovis aux prélats
affemblés en concile à Orléans ; elle commence par
ces mots : Le roi Clovis aux SS. évêques & très-digrtes
du fiége apoflolique. Le roi Contran nomme les évê\
qaupeosjl oalifqfeumesb,laéps oaftuo lckoi pnocniltief icdees .Mâcon, des pontifes
Dans les fiecles fuivans, le.s trois patriarchats d’orient
étant tombés entre les mains des Sarrafins, le
titre d’apoflolique fut réfervé au feul fiége de Rome,
comme celui du pape au fou verain pontife qui en efl
évêque. Voye{P a p e . S. Grégoire le grand qui vivoit
dans le vj. fiecle dit, /<v. V. èpit.^y. que quoiqu’il y
ait eu plufieurs apôtres, néanmoins le fiége du prince
des apôtres a feul la fuprème autorité, & par confé-
quent le nom 8 apoflolique , par un titre particulier.
L’abbé Rupert remarque , lib. I. de Divin, oflic. cap.
xxvij. que les fucceffeurs des autres apôtres ont été
appelles patriarches ; mais que le fucceffeur de faint
Pierre a été nommé par excellence apoflolique, à
caufe de là dignité du prince des apôtres. Enfin le
concile de Rheims tenu en 1049, déclara que le fou-
verain pontife de Rome étoit le feul primat apoftoli-
■ que de l’Eglife univerfeUe. De-là ces exprefîions auqjouuerd’hui
fi ufitées, fiége apoflolique, nonce apoftoli- , notaire apoflolique , bref apoflolique , chambré
1apoflolique , vicaire apoflolique, &c. V?ye^ N o n c e ,
B r e f , & c . { G )
APOSTOLIQUES , f. m. plur. (Théologie.) nom
qu’Hofpinien , & Bâle ou Balcé, évêque d’Offerie,
donnent à d’anciens moines autrefois répandus dans
les îles Britanniques.
Ces deux auteurs prétendent que Pélage fi fameux
par fon héréfie, & qui étoit Anglois de naiffance,
ayant été témoin dans fes voyages en Orient de la
vie monaflique, l’introduifit dans fa patrie, & qu?il
fut abbé du monaflere de Bangor, ayant fous fa conduite
jufqu’à deux mille moines. Mais M. Cave dans
fon hiftoire Littéraire , tom. I.pag. 29f. quoiqu’il
avoue que Pélage ait été moine , traite tout le refie
de rêveries & de fables avancées fur l’autorité de
quelques modernes, tels que J ean de Tinmouth, Nicolas
Chanteloup, &c. écrivains fort peu refpeftables.
Bede dans fon hiftoire d’Angleterre , liv. II. ç. ij. fait mention de ce monaflere de Bancor ou de Bangor
, dans lequel 011 comptoit plus de 2000 moines :
mais il ne dit rien du nom a apoflolique, qui paroît être
entièrement de l’invention de Bâle & d’Hofpinien.
Bingham, de qui nous empruntons cet article,remarque
qu’il y avoit en Irlande un monaflere de Ben-
chor, fondé vers l’an 520 par Congell, dont faint
Gai & faint Colomban furent difciples. Mais ou lui
ou fon traduâeur fe font trompés, en prétendant que
S. Colomban avoit fondé le monaflere de Lizieux en
Normandie : In Normania Lexovienfe monaflerium. Il
falloit dire : Luxovienfemonaflerium, le monaflere de
Luxeu ou de Luxeuil ; & tout le monde fait que cette
■ eacbçbleafylaef le. flilb f.i tVuéIIe. e cn. iFjr.anche-Comté. Bingham, orig. §. /J.
A p o s t o l i q u e s , (Théologie.) nom que deux
feâes différentes on pris, fous prétexte qu’elles imi- Tome /,
A P O 537 tôient lés îftoeurs & la pratique des apôtres.
Les premiers apojloliques, autrement nommés apo*
taclites & apotacliques 3 s’élevèrent d’entre les Encra-
tites & les Cathares dans le troifieme fiecle ; ils pro-
feffoien.t l’abftinence du mariage, du v in , de la chair;
&C. Voyei A p o t a c t i t e s , En c r a t it e s ,, &c.
L ’autre branche des apofloliques fut du xij.‘ fiecle ;
ils condamnoient aufîi le mariage ; mais ils permet-
toient le concubinage ; ne vouloient point admettre
l’ufage du baptême, & imitoient en plufieurs chofes
les Manichéens. Saint Bernard é crivit contre lafe éle
d es apofloliques, & parle contre eux au fermon 66.-
fur les cantiques. Il paroît par Sanderus & Baronius
qu’ils nioient lé purgatoire, l’invocation des Saints,
la priere pour lés mo rts, & fe difoient être le feul &
le v ra i corps de l’Eglife ; erreurs qui ont beaucoup de
rapport à celles des Alb igeois qui parurent v ers le
même tems. Voye^ A l b ig e o i s . ( G ,)
APO STR O PH E , f. f. {Bell. Lett.) figure de Rhétorique
dans laquelle l’orateur interrompt le difeours
qu’il tenoit à l’audito ire , pour s’adreffer directement
&c nommément à quelque perfonne, foit aux d ie u x ,.
fo it aux hommes, aux v ivans ou aux m o r ts , o u à
quelqu’ê t r e , même au x chofes. inanimées , ou à des
êtres métaphyfiques, & qu’on e fl en ufage de per-
fonnifier.
D e ce dernier genre e fl c e trait de M. Boffuet-
dans fon oraifon funebre de la ducheffe d’Orléans :
« H é la s , nous ne pouvons arrêter un moment les
» y e u x fur la gloire de la Princefle, fans que la mort
» s’y mêle aufli-tôt pour tout offufquer de, fon om-
» bre ! O m o r t , éloigne - to i de notre penfée , &
» laiffe -nou s tromper pour un moment la violence
» de notre douleur par le fouvenir de notre joie ».
C ic é ro n dans l’oraifon pour Milon, s’adreffe aux
citoyens illuftres qui avo ien t répandu leur fang pour
la p a tr ie , & les intéreffe à la défenfe d’un homme
qui en avo it tué l ’ennemi dans la perfonne de Cio-*
dius. Dans lamême pieee i l apoftrophe les tombeaux,
lbeasn ai ututemlsu l,i laetsq ubeo lius cfiacrés du mont Albain. Vos Al* , &c.
Enée dans un récit remarque, que f i on à v ô it été
a ttentif à un certain é vénement, T ro ie n’auroit pas
été prife :
Trojaquè hünc Jlares, Priamique arx altd maheres.
Æneid. II.
L ^apoftrophe fait feiitir toute la tendreffe d’un bon
cito yen pour fà patrié.
C e lle que Démofthene adreffe aux Grecs tués à
la bataille de Marathon, e fl célébré ; le cardinal du
Perron a dit qu’elle fit autant d’honneùr à cet orateur
, que s’il eût reffufeité ces guerriers. On regarde
aufîi comme un des plus beaux endroits de C ic é ro n ,
celle qu’il adreffe à Tubéron dans l’oraifon pour Li-
gPahraiurfsa l:i cQâ jgdlda deinuism a, gTeubbaetrïo , tuus ille diftrictus in.acie & c . C ette apoftrophe efl
remarquable, & par la v iv a c ité du difeou rs , & par
l’émotion qu’elle produit dans l’ame de C éfar.
Au refte il en eft de l'apoftrophe comme des autres
figures. Pour plaire elle doit n’ être pas prodiguée à
tout propos. L ’ auditeur fouffriroit impatiemment
qu’on le perdît inceffamment de v u e , pour ne s’adreffer
qu’à des êtres qu’il fuppofe toujours moins
intéreffés que lui au difeours de l’orateur.
Le mot apoftfophe eft g r e c , aVoç-poç», averflo, forme
d’<*Vo, a b,8c de ç-pé<pa, vertô,je tourne ; quia orator
ab auditore convertit Jermonem ad aliamperfonam..{G)
A p o s t r o ph e , f. m. eft aufïi un terme de Gram~
maire, & v ient d’awoVpo?®?, fubftantif mafeulin ; d ou
les Latins ont fait apoflrophus pour le memé ufage,
R . aVoç-pêÇw , averto, je détourne, j o te L iifage de
l’apoftrophe en g r e c , en latin & en frahçôis , eft de
marquer le retranchement d’une v o y e lle à la fin d’un