femblable à l’argent, ce qui a préfenté aux Alchimif-
tes une image de la tranlmutation.
Becker dit que pour changer le cuivre en argent,
il faut diffoudre de l’aTgent dans l’e a u - fo r te , en
faire la précipitation par le moyen du fel commun,
ou avec de l’efprit de fel, 8c édulcorer le précipité.
L’argent dans cet état eft fufible, volatil 8c très-pénétrant.
On le mêle avec poids égal ou plus, de cendre
d’étain ou de limaille de fer. On met le mélange
dans une boîte de cuivre façonnée comme une
boîte à favonnette, de forte que l’hémifphere d’en
bas foit rempli du mélange.
On lutte bien les jointures , & on met la boite
au feu pour l’y faire rougir 8c enfuite blanchir, fans
fondre.
Alors on laide éteindre le feu ; la boîte refroidie
& ouverte, on prend ce qui eft dedans qu’on rétablit
en métal, en le faifant fondre avec du flux noir.
Par ce moyen on a l’argent cju’on avoit employé ,
& de plus la boîte de cuivre eft prefque toute convertie
en bon argent. Ce que Becker attribue à la
force pénétrante de l’argent chargé de l’acide du fel.
Voyc{ Lune cornée. (M )
ALLIEMENT, f. m. c’eft le nom que les Charpentiers
, Maflons, Architectes, en un mot tous les
ouvriers qui ont à fe fervir de la grue ou d’une autre
machine à élever de grands fardeaux, donnent au
noeud qu’ils font à la corde qui doit enlever la piece.
Voye^fig. a (T. 72®. 16\ le noeud d'allument,
ALLIER, v . a. (Chimie.') c’eft mêler différens métaux
en les faifant fondre enfemble, comme lorfqu’on
fond enfemble du cuivre, de l’étain, & quelquefois
de l’argent, pour faire des cloches, des ftatues, &c.
V. Métal ou Airain de Corinthe, Alliage.
En alliant l’or & l’argent enfemble, il faut beaucoup
d’or pour jaunir l’argent, 8c il faut peu d’argent
pour blanchir l’or.
Les Indiens allientXor avec l’émeri d’Efpagne pour
en augmenter la quantité, comme les Européens allient
le cuivre avec la pierre calaminaire.
Pour déterminer de degré de l’alliage ou de la pureté
de l ’argent, on le fuppofe divifé en douze deniers
; 8c lorfqu’il eft allie avec un douzième de cuivre
, c’eft un argent à onze deniers ; lorfqu’il contient
un fixieme $ alliage ou deux douzièmes, l’argent eft à
dix deniers.
Il y a environ deux gros de cuivre pour l ’alliage
fur chaque marc d’argent. L’argent de monnoie qft
allié avec une plus grande quantité de cuivre que
ne l’eft l’argent de vainelle ; au lieu que l’or de monnoie
a moins d’alliage que l’or de vaiffelle.
On fe fert du terme <£amalgamer, lorfqu’on allie le
mercure avec les métaux. Le mercure amollit les autres
métaux lorfqu’on les mêle enfemble fans les faire
fondre, & qu’on y met une grande quantité de mercure
, 8t ce mélange retient toujours' le nom üamalgame
: mais lorfqu’on employé une moindre quantité
de mercure, 8c qu’on le fond avec les métaux, on fe
fert du terme d'alliage.
J’ai cherché (Hijl. de VAcad. Royale des Sciences,
1740.) à perfeâionner l’étain en le rendant plus
blanc, plus dur, plus fonore , 8c en lui faifant perdre
le cri qu’il a ordinairement lorfqu’on le fait plier.
J’ai allié le mercure avec l’étain fondu, ce qui fe
fait fort aifément, pourvu qu’on ait l’attention de ne
laiffer l’étain au feu que le tems qu’il faut pour le
mettre dans une fonte parfaite. Si on l’y laifloit
plus long-tems, ou qu’on donnât un feu trop fo r t ,
l’étain fe calcineroit, 8c étant trop chaud il rejailli-
roit de la matière en pétillant lorfqu’on y verferoit
Je mercure. *
J’ai effayé différentes proportions du mercure 8c
de l’étain : j’ai trouvé que celle qui convient le mieux
eft de mettre une partie de mercure fur huit parties
d’étain ; fuivant cette proportion, l’étain devient
plus blanc 8c plus dur.
Lorfque j’ai mis moins de mercure, il ne perfec-
tionnoit pas aflez l’étain ; lorfque j’en ai mis plus, il
le rendoit trop caftant; 8c même lorfque j’en ai mis
beaucoup, il l’a rendu friable.
Le mercure a aufli la propriété de faire perdre par
l’alliage le cri de l’étain, 8c je crois que ce cri n’eft
pas effentiel à l’étain.
Cet alliage réfifte au feu auquel réfifte l’étain ordinaire
: j’ai chauffé l’étain allié avec du mercure, fuivant
la proportion que j’ai indiquée : je l’ai fondu 8c
refondu, mais j’ai trouvé que cela ne lui faifoit point
perdre de fon poids, 8c qu’il en devenoit plus beau ;
ce qui vient de ce que tant qu’on n’employe qu’un feu
fufKfant pour faire fondre l’étain, ce feu n’eft pas
aflez fort pour vaincre l’adhérence qui eft entre les
globules de mercure 8c les parties de l’étain : au
contraire il mêle plus également 8c plus intimement
le mercure avec l’étain.
Pour perfectionner le plomb en le rendant plus
propre aux ouvrages pour lefquels il feroit utile
qu’il fût plus dur, je l’ai allié avec du mercure, 8c j ’ai
trouvé que le mercure ôte au plomb fa couleur livide
, qu’il le rend plus blanc 8c plus dur, 8c que dans
cet état il reflemble à de l’étain ordinaire.
J’ai trouvé que la proportion du plomb 8c du
mercure, qui réuflit le mieux pour cela, eft celle d’une
partie de mercure fur quatre parties de plomb.
J’ai refondu le plomb que j’avois ainfi allié avec
du mercure ; je l’ai pefé après l’avoir laiffé refroidir,
& j’ai trouvé qu’il n’avoit rien perdu du mercure
que j’y avois mêlé.
Pour allier le mercure au plomb , il faut faire
chauffer le mercure dans une cuillère de fer pendant
que le plomb eft au feu à fondre.
On verfe le mercure dans le plomb dès qu’il eft
fondu, 8c on retire aufli-tôt le tout du feu.
Lorfque l’alliage eft refroidi, on le remet au feu
pour le fondre de nouveau, 8c on le retire du feu
dès qu’il eft fondu.
C ’eft ce tems de la fécondé fufion qu’il faut prendre
pour verfer dans des moules, le plomb ainfi allié,
fi on veut lui donner une forme particulière. (M )
Allier, f. m. arbre foreftier qui fe rapporte au
genre de l’alifier. Voye^ Alisier. ( I )
Allier , (Chaffe.) eft un engin ou filet fait à mailles
claires de fil verd ou blanc, qui fert à prendre les
cailles, les faifans, les perdrix, les raies, &c. L’allier
pour les uns ne différé du même inftrument pour
les autres que par la hauteur ou la longueur. Ce filet
eft traverfé de piquets qu’on fiche en terre. Ces piquets
tiennent Rallier tendu , -8c fervent à le diriger
comme on v eu t, droit ou en ziz - zag. On le
conduit ordinairement en zig - zag, parce qu’il eft
plus captieux, quoiqu’il occupe alors moins d’efpa-
ce. L'allier eft proprement à trois feuilles : la première
eft un filet de mailles fort larges, qui permettent
une entrée facile à l’oifeau ; la fécondé eft à mailles
plus étroites, afin que l’oifeau étant entré dans Xallier
8c trouvant de la réfiftance de la part de la fécondé
feuille, fafle effort 8c s’embarraffe dans les mailles ;
la troifieme feuille eft à mailles larges comme la première
, parce que l’oifeau pouvant fe préfenter à
Xallier ou de l’un ou de l’autre côté , il faut qu’il
trouve de l’un 8c de l’autre côté le même piège.
* Allier , riviere de France qui a fa fource dans
le G evaudan, pafle entre le Bourbonnois & le Ni-
vernois, 8c fe jette dans la Loire à une lieue ou environ
au-deffus de Nevers.
* A L L IG A TO R , f. m. efpece de crocodile des
Indes occidentales ; il a jufqu’à dix-huit piés de long,
8c fa grofleur eft proportionnée à fa longueur. Il eft
amphibie. On dit qu’il ne ceffe de croître jufqu’à ce
qu’il meure. Il répand une forte odeur de mufc, dont
l’air 8c l’eau s’emprégnent au loin.
ALLINGUES, f. f. terme de Riviere, forte de pieux
que l’on enfonce dans une riviere flotable au-deflus
de l’arrêt, à environ une toife 8c demie de la berge,
pour faire entrer le bois qui vient à flot, afin de le
tirer plus commodément, 8c l’empiler fur la berge
que l’on fouhaite.
ALLIOTH, terme d'Aflronomie, étoile qui fe remarque
à la queue de la grande ourfe. Voyeç Etoile
& Grande Ourse. (O)
ALLITERATION, f. f. figure de Rhétorique ; c’eft
une répétition 8c un jeu fur la même lettre. (G)
* ALLOBROGES, f. m. On entendoit autrefois
par Allobroges, un peuple ancien de la Gaule Nar-
bonnoife ; 8c l’on entend par ce mot aujourd’hui les
Savoyards.
ALLOCATION, (Commerce & reddition de compte.)
fe dit quand on a approuvé, alloué ou admis un article
de l’une des trois parties d’un compte, recette,
dépenfe ou reprife, pour le paffer en compte à l’état
final. Voye{ Allouer. (G)
Al,LO ca t io n , en terme de Pratique , a aufli le meme
fens. L’approbation ou l’arrêté du compte, ou en
particulier des articles d’icelui , doit fe faire par la
partie intéreflee à qui le compte eft fourni. (H)
ALLOCUTION, f. f. (Hjfi. anc.) nom donné par
les Romains aux harangues faites aux foldats par les
généraux ou les empereurs. Plufieurs médailles de
Caligula, de Néron, de Galba 8c des autres empereurs
romains, repnéfentent ces princes en habit de
guerre, haranguant des foldats, avec ces légendes :
Adloc. coh. Adlocutio cohortium. Adlocutio cok. prcetor
Adlocutio Aug. Augufii adlocutio militum. Ce qui prouv
e que les harangues militaires des anciens ne font
pas fi fufpe&es que les ont voulu rendre quelques
critiques, puifque les empereurs ont confacré par
des monumens publics celles qu’ils faifoient à leurs
armées., (G)
ALLODIAL, adj. ( Jurifp.) épithete d’un héritage
qui eft tenu en franc-alleu. Voye[ Alleu.
Une terre allodiale eft une terre dont quelqu’un a
la propriété abfolue, 8c pour raifon de laquelle le
propriétaire n’a aucun feigneur à reconnoître, ni redevance
à payer. Foye[ Propriété.
En ce fens allodial eft oppofé à feudal ou féodal,
ou bénéficiaire. FoyeçFiEF, BENEFICE, Alleu, &c.
Les héritages allodiaux ne font pas exempts de la
dixme. (H )
ALLOGNE, f. m. eft dans FArtillerie un cordage
qui s’employe dans la conftruôion des ponts. (Q )
ALLONGE, f. m. (Marine.) c’eft une piece de
-bois ou un membre de vaiffeau dont on fe fert pour
en allonger un autre. On éleve Xallonge fur les varangues
, fur les genoux & fur les porques, pour former
la hauteur 8c la rondeur du vaiffeau. Les plus
proches du plat-bord , qui terminent la hauteur du
vaiffeau , s’appellent allonges de revers. Voyei VARANGUES,
Genoux, Porques.
Allonge première, ou demi-grenier; c’eft celle qu’on
empatte avec la varangue 8c le genou de fond. A llonge
fécondé, ou fécondé allonge ; c’eft celle qui eft
placée au-deffus de la première, 8c qui s’empatte
avec le bout du haut du genou de fond.
Allonge de revers , ou troifieme allonge ; c’ eft celle
qui achevé la hauteur du vaiffeau par fès côtés. Lorfqu’il
n’y a que deux allonges, la fécondé s’appelle de
revers.
Les allonges de revers different des premières, en
ce qu’elles préfentent leur concavité au lieu de leur
convexité. Voyt{ la PlancheIV. fig. /. n°. ig . 20.
& x i. oh l’on voit la forme des allonges, 8c la maniéré
dont elles font placées. Foye{ aufii Planche V.
fis- 3 - 4« & à.
Gabarit de trois allonges, ce font les trois allonges
l’une fur l’autre, qui forment les côtés du vaiffeau.
Lorfque les allonges font bien empattées fur les
genoux, le vaiffeau en eft plus fort & mieux lié ; l’é-
paiffeur des allonges eft ordinairement de deux cinquièmes
parties de l’étrave, à la hauteur des gouttières
du premier pont.
Leur retréciffement qui donne la façon au v a iffeau
, eft du tiers de la hauteur du pontal, c’eft-à-
dire du creux. Foye^ Pontal ou Creux.
On met deux allonges aux deux côtés de l’étrave,
8c deux aux deux côtés de l’étambor, pour affermir
davantage ces pièces principales.
Le ferre-gouttiere vient répondre entre les fécondés
allonges 8c les allonges de revers. (Z )
* Allonge > (Comm.) morceaux que ceux qui
veulent frauder les droits de marque dans le commerce
des dentelles de Flandre, font rentrer fur de
nouvelles pièces. L’arrêt du 24 Juin 1684, portant
que ces marchandifes feront marquées aux allonges
& à l'un des bouts, a obvié à cette contravention.
Auparavant on faifoit paffer fucceflivement les allonges
d’une piece à une autre.
ALLONGE, terme commun à la Menuiferie, Charpenterie,
à la Taillanderie, Serrurerie, 8cc. 8c à un grand
nombre d’autres arts, tant en bois qu’en métaux, 8cc.
Il fe dit de toute piece rapportée à une autre de quelque
maniéré que ce puiffe être, pour lui donner l’étendue
en longueur qu’exige l’ufage auquel on defti-
ne la piece avec fon allonge.
* A l l o n g e , c’eft dans les Boucheries un petit
crochet qui fert à fufpendrè les animaux tués , ou
entiers ou par morceaux. L’allonge eft recourbée en
fens contraire par fes deux bouts ; l’un de ces bouts
eft moufle, 8t l’autre eft très - aigu, 8c ils femblent
former avec le corps du crochet une s , dont le bec
fupérieur fert à embraffer la tringle du dedans de
l’étale, 8c l ’inférieur à entrer dans la viande 8c à la
fufpendre. Lorfqu’un animal eft tué 8c dépouillé de
fa peau, ou même avant, on lui paffe à chaque patte
de derrière une allonge, & on le fufpend tout ouvert
, en attendant qu’il achevé de fe vuider de fang.
ALLONGE DE Poupe, (Marine.) cormieres, cornières,
allonges de trepot. Ce font les dernieres pièces
de bois qui font pofées à l’arriere du vaiffeau fur la
liffe de hourdi 8c fur les eftains , 8c qui forment le
haut de la poupe. Quelques-uns les diftinguent, appelant
les deux allonges des deux bouts, cornières,
ou allonges de trepot ; 8c celle qui eft au milieu , 8c
qui a fous elle l’étambot, ils l ’appellent allonge de
poupe. On donne ordinairement aux allonges de poupe
autant de long ou de hauteur au-deffus de la liffe
de hourdi, qu’en a l’étambot. Les allonges des deux
bouts font pofées droites fur les eftains, 8c entretenues
avec eux par des chevilles de fer 8c de bois.
On leur donne le plus fouvent les deux tiers de
l’épaiffeur de l’étrave, 8c on les fait rentrer ou tomber
en-dedans, autant qu’il faut pour achever la
courbe que les eftains ont commencé à former, 8c
par ce moyen il ne doit y avoir d’efpace par le haut
entr’elles que les trois cinquièmes parties de la lon-
: gueur de la liffe de hourdi, ou deux piés plus que la
moitié de cette longueur. Vjye^ la figure de cette piece,
PI. FI. fig. y. & fa pofition PI. I II. fig. 1. RR. On
dit pofer les allonges.
Allonges d'étrave, ce font deux pièces de bois
qu’on met fouvent aux deux côtés de l’étrave pour
la fortifier. Voye^ Etrave.
Allonges de porque, ce font des allonges qui viennent
joindre les porques, 8c qui font dans les côtés
des plus grands vaiffeaux par-deffus le ferrage. Les
allonges de porque d’un vaiffeau de 134 P^es ^on§
de l’étrave à l’étambot, doivent avoir dix pouces
d’épaiffeur, 8c de la largeur à proportion > leur bout