dent dans des planches percées qu’ils traverfent, &
fervent à tenir les mailles de corps qui leur font attachées
; c’eft par le moyen de l'arcade que le delTein
eft répété dans l’étoffe ; elle fe paffe de deux façons,
à pointe & à aile ou à chemin. L’arcade fe paffe à pointe
pour les deffeins à fymmétrie & à deux parties également
femblables, placées l’une à droite & l’autre
à gauche ; elle eft à aile ou à chemin, lorfque le def-
fein ne peut fe partager en deux parties égales & fym-
métriques fur fa longueur. Il faut obfervér que dans
les deffeins qui demandent des arcades à pointe, l’extrémité
d’une fleur fe pouvant trouver compofée
d’une feule corde qui tireroit les deux mailles'jointes
enfemble , elle formeroit un quarré ou une découpure
trop large , proportionnellement aux autres
mailles qui font féparées, & qui contiennent neuf à
dix fils chacune. Pour éviter ce petit inconvénient,
on a la précaution de ne mettre dans, chacune des
deux mailles qui fe joignent à la pointe, que la moitié
des fils dont les autres font compofées, afin que le
volume des deux ne faffe que celui d’une ; ce qui s’appelle
en terme de l’art, corrompre le courfe. Voy. V el
o u r s CISELÉ.
A r c a d e , en Paffementerie, eft un morceau de fer
p la t, haut de trois à quatre lignes, allant en augmentant
depuis les extrémités jufqu’au centre, où il
a à-peu-près le tiers de largeur de plus, & où il eft
percé de trois trous ronds qui donnent paffage aux
guipures qui fervent à la livrée du roi & autres qui
portent comme celle-ci de pareilles guipures ; les
deux extrémités font terminées en rond pour fervir
à l’ufage que l’on expliquera en fon lieu ; ce morceau
de fer eft encore arrondi en demi-cercle fur le
dedans, & au centre de cet arrondiffement eft attachée
une autre petite piece de fer d’égale hauteur
que le centré : cette piece eft percée en fon milieu
d’un feul trou dont on dira l’ulage; les extrémités
terminées en rond portent elles-mêmes deux petites
éminences de fer rivées fur leurs faces ; ces éminences
rondes fervent à entrer dans les deux trous du
c^non à grands bords, & en élargiffant un peu ladite
arcade, qui obéit affez pour cet effet. Ce canon eft
percé dans toute fa longueur d’un trou rond, tant
pour être propre à être mis dans la broche du roiiet,
que pour être chargé des trois brins de guipure dont
on le remplit ; ce trou fert encore à recevoir dans fes
deux extrémités les petites éminences dont on a auffi
parlé. Ces trois brins paffent tous d’abord dans le
feul trou de la petite piece, enfuite chacun d’eux
paffe dans chacun des trois trous du devant. Voici à
préfent la maniéré de charger le canon appellé à
grands bords : ce canon étant à la broche du roiiet à
faire de la trame, il faut tenir les trois brins de guipure
les uns à côté des autres entre le pouce & le
doigt index de la main gauche, pendant que la droite
fait tourner le roiiet ; on conduit ainfi également
cette guipure le long de ce canon le plus uniment
qu’il eft poifible pour éviter les lâches qui nuiroient
à l’emploi : voici à préfent fon ufage ; cette arcade
fert comme la navette à introduire ce qu’elle contient
à - travers la levée de la chaîne, & y arrêter
par ce moyen les guipures qui forment différens en-
trelacemens, qui comme il a été dit en commençant,
ornent la livrée du roi & autres : il faut toûjours
deux arcades dont l’une fait la répétition de l’autre ,
mais chacune de fon côté.
A r c a d e ,en Paffementerie, eft encore une efpece
d’anneau de gros fil d’archal, qu’on a attaché au milieu
& fur l’épaiffeur du retour, en faifant entrer fes
deux bouts dans le bâton du retour. Foye^ Re t o u r .
A r c a d e , en Serrurerie, eft dans les balcons ou
rampes d’efcalier, la partie qui forme un fer à cheval
, & qui fait donner à ces rampes & balcons le
nom de rampes en arcade ou balcons en areade.
ARCADES (Académies des') f. m. V. Arcadiens.
* ARCADIA ( l’) ou ARCADIE, {Géog.) ville
de la Morée proche le golfe de même nom, dans la
province de Belvedere. Long. 3$. 30. lat. 37 . ^y,
* ARCADIE, (Géog. anc. & mod.) province du
Péloponefe qui avoit l’Argolide ou pays d’Argos au
levant, l’Elide au couchant, l’Achaïe propre au fep-
tentrion, & la Meflinie au midi. Elle étoit divifee
en haute & baffe Arcadie. Tout ce pays eft connu aujourd’hui
fous le nom de Tçaconie.
* A r c a d ie ou A r c h a d ie , ville autrefois affez
renommée dans l’île de Crete ou de Candie. Le golfe
d’Arcadie eft le CyparijfusJînus des anciens.
* ARCADIENS, f. m. plur. (Hift. littér.) nom
d’une fociété de favans qui s’eft formée à Rome en
1690, & dont le but eft la confervation des Lettres
& ia perfeftion de la Poéfie italienne. Le nom dé Arcadiens
leur vient de la forme de leur gouvernement,
& de ce qu’en entrant dans cette Académie, chacun
prend le nom d’un berger de l’ancienne Arcadie. Ils
s’élifent tous les quatre ans un préfident, qu’ils appellent
\e gardien, & ils lui donnent tous les ans douze
nouveaux affeffeurs : c’eft ce tribunal qui décide
de toutes les affaires de la fociété. Elle eut pour fondateurs
quatorze favans, que la conformité de fen-
timens, de goût & d’étude raffembloit chez la reine
Chriftine de Suede, qu’ils fe nommèrent pour protectrice.
Après fa mort, leurs lois au nombre de d ix,
furent rédigées en 1696, dans la langue & le ftyle
des douze tables, par M. Gravina ; on les voit ex-
pofées fur deux beaux morceaux de marbre dans le
Serbatojo, falle qui fert d’archives à l’Académie;'
elles font accompagnées des portraits des Académiciens
les plus célébrés, à la tête defquels on a mis le
pape Clément XI. avec fon nom paftoral, Alnano
Melleo. La fociété a pour armes une flûte couronnée
de pin & de laurier ; elle eft confacrée à Jefus-Chrift
naiffant ; & fes branches fe font répandues fous différens
noms dans les principales villes d’Italie : celles
d’Aretio & de Macerata s’appellent la Formata;
celles de Bologne, de Venife & de Ferrare, Y Animo-
fa ; celle de Sienne, la Phyjîca-critica ; celle de Pife,
l’AIphaja; celle de Ravenne, dont tous les membres
font eccléiiaftiques, la Camaldultnjis , &c. Elles ont
chacune leur vice-gardien ; elles s’affemblent fept fois
par an, ou dans un bois, ou dans un jardin, ou dans
une prairie, comme il convient ; les premières féan-
ces fe tinrent fur le mont Palatin ; elles fe tiennent
aujourd’hui dans le jardin du prince Salviati. Dans
les fix premières on fait la leClure des Arcadiens de
Rome. Les Arcadiennes de cette ville font lire leurs
ouvrages par des Arcadiens. La feptieme eft accordée
à la lefture des Arcadiens affociés étrangers.Tout
poftulant doit être connu par fes talens, & avoir,
comme difent les Arcadiens, la nobleffe de mérite ou
celle d’extraélion, & vingt-quatre ans accomplis. Le
talent de la Poéfie eft le feul qui puiffe ouvrir la porte
de l’Académie à une dame. On eft reçû, ou par
Y acclamation , ou par Y enrôlement, ou par la repréfen-
tation, ou par la furrogation, ou par la dejlination :
l’acclamation eft la réunion des fuffrages fans aucune
délibération ; elle eft refervée aux Cardinaux , aux
Princes, & aux Ambaffadeurs ; l’enrôlement eft des
dames & des étrangers : la repréfentation, des élevés
de ces collèges oii l’on inftruit la nobleffe : la fur-
rogation , de tout homme de Lettres qui remplace un
Académicien après fa mort : la destination, de quiconque
a mérité d’obtenir un nom arcadien^vec l’engagement
folemnel de l’Académie, de fuccéder à la
première place vacante. Les Arcadiens comptent par
olympiades ; ils les célèbrent tous les quatre ans par
des jeux d’efprit. On écrit la vie des Arcadiens. Notre
des Yvetaux auroit bien été digne de cette fociété
; il faifoit paisiblement des vers ; il s’étoit réduit
dans les dernieres années de fa vie à la côndition de
Berger, & il mourut au fon de la mufette de fa bergère.
L’Académie auroit de la peine à citer quelque
exemple d’une vie plus arcadienne & d’une nn plus
paftorale. Foye^ A c a d é m ie .
A R C A LU , ( P r in c ip a u t é d ’ ) petit état'des
Tartares Monguls, fur la riviere d’Hoamko, où
commence la grande muraille de la Chine, fous le
122e degré de longitude & le 42e de latitude fep-
tentrionale.
A R C A N E , f. m. {Chimie.) On fe fert ordinairement
de ce mot pour défigner un remede fecret,
un remede dont la compofition n’cft pas connue ;
ce qui rend ce remede myfterieux & plus eftimable
pour le vulgaire, ou pour ceux qui pechent par l’éducation
ou par l’efprit. On diroit que ces perfonnes
yeulent être trompées , & fe plaifent à être les dupes
de ces fanfarons en Medecine , qu’on nomme
charlatans.
Les hommes agités par leurs pallions, détruifent la
fanté dont ils joüiffent ; & aveuglés par de dangereux
préjugés, ils s’en impofent encore fur les moyens de
recouvrer cette fanté précieufe, lorfqu’ils l’ont perdue.
Ils blâment injustement la Medecine, comme
une fcience extraordinairement obfcyre ; cependant
en ont-ils befoin, ils n’ont,pas recours à ceux qui par
leur étude & le u r application continuelle pourroient
en avoir dilïipé les prétendues ténèbres ; & dans leurs
maladies ils s’en rapportent à des ignorans.
Tout le monde eft médecin , c’eft-à-dire tous les
hommes jugent fur la Medecine décifivement, comme
s’ils étoient certains de ce qu’ils difent; & en même
teins ils prétendent que les Médecins ne peuvent
qu’y conjecturer.
On ne doit avancer que la Medecine eft conjecturale
, que parce qu’on peut dire que toutes les con-
noiffances humaines le font ; mais, fi on veut examiner
fincerement la chofe, & juger fans préjugé, on
trouvera la Medecine plus certaine que la plupart des
autres fciences.
En effet, fi.une fcience doit paffer pour certaine
lorfqu’on en voit les réglés plus conftamment fui-
vies , les Médecins font plus en droit de réclamer ce
témoignage en leur faveur, que les autres Sa vans.
Quel contrâfte de maximes dans l’Éloquence, la Politique
& la Philofophie ! Socrate a, fait oublier Py-
thagore ; la doCtrine de Socrate a de même été changée
par Platon fon éleve ; Ariftote formé dans l’école
de Platon, femble n’avoir écrit que pour le contre-
•dire.
Et pour fe rapprocher de nos jours, nos peres ont
-vû Defcartes fonder fon empire furies ruines de l’ancienne
Philofophie : les fuccès ont été fi éçlatans,
qu’il fembloit avoir fait difparoître devant lui tous
les Philofophes ; & cependant moins d’un fiecle a fuffi
pour changer prefque toute fa doctrine : celle de New-
ton y a fuccé.dé , & plufieurs philofophes cenfurent
aujourd’hui celle-ci.
Au milieu des ruines des écoles de Pythagore, de
Soçrate, ,de Platon, d’Ariftote, de Defcartes & de
Newton, Hippocrate qui vivpit avant Platon, fe foû-
jtient, jo.iiit à-pr éfe n t de lamême eftimeque fes.con-
■ temporàins lui ont accordée ; fa do&rine fubfifte, au
iieù quê,£§ll.es dçs autres favans fes contemporains
font oubliées ou décriées.
Cependant Hippocrate n’étpit pas un plus, grand
homme que Socrate ou que Platon. Si la doûrine de
c e medeçïn aété^pius.durable quecelle de ces favans,
c’eft quela Medecine dont Hippocrate a traité, a quelque
chofe de pjus-confiant que n’ont les fciences què
ces igrauds'plylçfqphes cultiyoient. ;
■ . C,ette fpulp d’opinions littéraires ou philofophi-
ques qui tour-à-îQur opt amyfç le monde, eft enfe.vé;
die depuis long-tems ; & l’art qui a pour objet là fante
Tome I,
des hommes, eft encore aujourd’hui à-peu-près le
même qu’il étoit du tems d’Hippocrate, malgré l’im-
menfe intervalle des tems , malgré les changemens
néceffaires qu’ont introduits en Medecine la variété
des climats, la différence des moeurs, les maladies
inoiiies aux fiecles paffés.Toutes les découvertes faites
par Galien, par Avicenne, par Rafis, par Fernel
Ôc par Boerhaave, n’ont fervi qu’à confirmer les anciennes.
Pour juger la Philofophie, on ouvre les oilvrages
des premiers philofophes. S’agit-il de la Medecine,
on laiffe là Hippocrate & Boerhaave, & l’on va
chercher des armes contr’elle dans les livres & la
conduite des gens qui n’ont que le nom de médecin ;
on lui objefte toutes les rêveries des Alchimiftes ,
entre lefquelles les arcanes ne font pas oubliés.
Il eft du devoir d’un citoyen de faire tous fes efforts
pour arracher les hommes à une prévention qui
expofe fouvent leur vie, tant en les écartant des vrais
fecours que la fcience & le travail pourroient leur
donner, qu’en les jettant entre les mains des prétendus
poffeffeurs de fecrets, qui achèvent de leur ôter
ce qui leur refte de fanté. Combien d’hommes ont
été dans tous les tems & font encore tous les jours
les viéiimes de cette conduite ! C’eft pourquoi les
magiftrats attentifs à la confervation de la vie des citoyens
, fe font toûjours fait le plus effentiel devoir
de leurs charges de protéger la Medecine, & ont donné
une attention particulière à cette partie du gouvernement
, fur-tout en réprimant l’impudence de ces
impofteurs , qui pour tenter & exciter la confiance
du peuple qu’ils trompent, ont des fecrets pour tout,
& promettent toûjours de guérir.
A r c a n e - c o r a l l in , ( Chim. med.) c’eft le précipité
rouge adouci par l’efprit-de-vin. Arcane veut
dire fecret ; & corallin veut dire ic i, de couleur de corail.
En difant arcane-corallin, on dit une compofitioil
ou un remede fecret qui eft rouge comme du corail.
Paracelfe a quelquefois nomme l’arcane - corallin ,
diacelta tejlon.
Pour faire Y arcane-corallin, il faut commencer par
faire le précipité rouge ; & pour faire le précipité
rouge, on met dans un matras ou dans une phiole de
verre, parties égales de mercure 8c d’efprit-de-nitre.
Lorfque la diffolution eft faite, on la met dans une
petite cornue que l’on place dans du fable fur le feu ;
on ajoûte un récipient à cette cornue, & on en lute
les jointures.
Enfuite on diftille jufqu’à fe c , & on reverfe dans
la cornue ce qui a diftille dans le récipient. On fait
rediftiller, & on remet dans la cornue ce qui eft paffé
dans le récipient. On réitéré ainfi cette opération
jufqu’à cinq fois ; on a par ce moyen un beau précipite
rouge qui eft en feuillets, comme du talc. Il faut
à la derniere diftillation augmenter le feu jufqu’à
faire rougir la cornue.
II y en a qui au lieu de faire le précipité rouge par
la diftillation, comme on vient de le dire, lè font par
l’évaporation : ils mettent dans une phiole ou dans
un matras à cou court, parties égales de mercure &C
d’efprit-de-nitre ; enfuite ils mettent le vaiffeait fur
le fable à une chaleur douce. Lorfque la diffolution
du mercure eft achevée, ils augmentent doucement
lç feu, pour difliper ce qui refte d’efprit-de-nitre &
to.ufe l’humidité,; ce qui donne un précipité blanc,
qui devient jaune en augmentant le feu deffous. En-
fuite on met ce précipité dans un creufet qu’on place
au milieu des charbons ardens : le précipité devient
rouge par la force du feu, cependant il n’eft jamais
âuflf rouge que celui dont on a donné auparavant la
préparation ; & lorfque pour tâcher de lé rendre aufli
rçuge on employé plus de feu, il devient moins fort,
parce que le feu dillipe de l’acide ; & même on rétablit
par-là en mercure coulant, une partie du préci-
G g g g ij 1