le joug de la barbarie* qui y regnoït depuis tant de
fiecleS, ayant fait un voyage en France en 17 17 , 8c
ayant reconnu par lui-même l’utilité des Académies ,
te (b lut d’en établir1 une dans fa Capitale* Il avoit
déjà pris toutes les mefures néceffaires pour cela,
lorfque la mort l’enleva au commencement de 1715.
La Czarine Catherine qui lui fuccéda, pleinement
inftruite de fes vue s, travailla fur le même plan , 8c
forma en peu de tems une des plus célébrés Académies
de l’Europe, compofée de tout ce qu’il y avoit alors
de plus illuftre parmi les étrangers, dont quelques-
uns même vinrent s’établir à Petersbourg. Cette Académie
qui embraffe les Sciences & les Belles-Lettres,
a publié déjà dix volumes de Mémoires depuis 1716*
Ces Mémoires font écrits en latin, 8c font furtout
très-recommandables par la partie Mathématique qui
contient un grand nombre a’excelléntes pièces. La
plupart des Etrangers qui compôfoient cette Académie
étant morts ou s’étant retires, elle fe trouvoit ail
commencement duregne de la Czarine Elifabeth dans
une efpece de langueur, lorfque M. le Comte Rafo-
mowsici en fut nommé Préndent, heureufement pour
elle. Il lui a fait donner un nouveau reglement, 8c
paroît n’avOir rien négligé pour la rétablir dans fon
ancienne fiplendeur. L’Académie de Petersbourg â
cette devife modefte, Paulatim.
Il y a à Bologne une Académie qu’on appelle Ylnf-
ittut. Voye^ Institut.
L’A c a d ém ie Royale d'Efpagne eft établie à
Madrid pour cultiver la langue Caftillane : elle eft
formée fur le modèle dé l’Académie Françoife. Le
plan en fut donné par le Duc d’Efcalone , 8c approuvé
en 1714 par le Roi , qui s’en déclara le
prote&eur. Elle confifte en 24 Académiciens, y
compris un Direfteur & un Secrétaire.
Elle a pour devife un creufet fur le feu , 8c le mot
de la devife, eft : Limpia, fija, y da efplendor.
L’Académie des Curieux de la Nature, en Allemagne,
avoit été fondée d’abord en i6<j2 par M. Baufch,
Médecin ; 8c l’Empereur Léopold la prit fous fa protection
en 1670, je ne fais s’il ht autre chofe pour elle.
L ’Italie feule a plus d'Académies que tout le refte
'du monde enfemble. Il n’y a pas une ville confidéra-
ble où il n’y ait allez de Savans pour former une
Académie, & qui n’en forment une en effet. Jarc-
kius nous en a donné une Hiftoire abrégée, imprimée
à Leipfic en 172*.
Jarckius rt’a écrit l’Hiftoire que des Académies du
Piémont, de Ferfare, & de Milan ; il en compte
vingt-cinq dans cette derniere ville toute feule : il
nous a feulement donné la lifte des autres, qui montent
à cinq cents cinquante. La plupart ont des noms
tout-à-fait linguliers 8c bifarres.
Les Académiciens de Bologne, par exemple , fe
nomment Abbandonati , AnjloJi , Ocioji , Arcadi,
Confuji, Difettuoji , Dubbioji, Impatienti , Inabili,
Indiffierenti , Indomiti, Inquieti, Injlabili , Délia notte
piacere, Sienti, Sonnolenti, Torbidi , Vfpertini : ceux
de Genes , Accordati, Sopiti, Refuegliati : ceux de
Gubio , Addormentati : ceux de Venife , Acuti, Al-
lettati, Difcordanti , Disjiundi , Dijingannati , Do-
donei , Filadelfici , Incrufcabili , Inflaucabili : ceux de
Rimini, Adagiati, Eutrapeli : ceux de P avie, Affi-
dati, Délia chiavc : ceux de Fermo , Raffirontati :
deux de Molife, Agitati : ceux de Florence, Alte-
rati, Humidi, Furfurati, Délia Crufca, DeLCimento,
Infocati : ceux de Cremone, Animoji : ceux de Naples
, Arditi , Inférnati, Intronati, Lunatici , Secreti ,
Sir eues, Sicuri, Volanti : ceux d’Ancône, Argonauti,
Caliginoji : ceux d’Urbin, Afforditi : ceux de Perou-
f e , Atomi , Eccentrici , Infenfati, Injipidi, Unifoni :
ceux de Tarente , Audaci : ceux de Marcerata, Cate-
nati, Inperfetti ; d’autres Chimcerici : ceux de Sienne,
Çorteji, Gioviali, Trapaffati ; ceux de Rome , Del-
Jici , Ftumor,ijh , Liticei , Fantaflici, Illuminatl, I'rici-
iati , Indifpojîti , InfeCondi, Melancholici , Negletti ,
Notti Vaticane , Notturni , Ombroji, Pellegrini , Steri-
l i , Virgilanti : ceux de Padoue, Delà, Immature, Or-
diti : ceux de Drepano, Difficile : ceux de Breffe ,
Difperji-, Erranti : ceux de Modene , Dijfo nanti t
ceux de Reccanati, Difuguali : ceux de Syraeufe ,
Ebrii : ceux de Milan, Eliconie, Faticoji, Fenici, In-
certi, Nafcofii : ceux de Candie, Extravagante : ceux
de Pezzaro , Eterocliti : ceux de CamacchiO , Flut--
tieanti : ceux d’Arezzo, Fàr^dti : ceux de Turin, Fulminait
s t ceux de Reggio, Fumoji, Mute : ceux de
Cortone, Humoroji : ceux de Bari, Incogniti : ceux
de Roffano, Incurioji : ceux de Brada, Innominati,
Pigr'e : ceux d’Acis , Intricati : ceux de Mantoue ,
Invaghiti : ceux d’Agrigente , Mutabili, Offufcati :
de Verone, Olympici, Unanii:de Viterbe, Ojlinati .*
d’autres, Vagabondé.
On appelle auffi quelquefois Académie, éil Angleterre,
des efpeces d’Ecoles ou de Collèges où la jeu-4
neffe eft formée aux Sciences & aux Arts libéraux
par des Maîtres particuliers. La plupart des Minif-
tres non-conformiftes ont été élevés dans ces fortes
d’Académies privées, ne s’accommodant pas de l’é-
dücation qu’on donne aux jeunes gens dans les Uni-
verfités. (O)
Academie de ChiruiUîiè. Voyé^ ChiUurgie.
Académie de Peinture , eft une Ecole publique
où les Peintres vont defliner ou peindre, & les
Sculpteurs modeler d’après un homme nud , qu’on
appelle modèle.
L’Académie Royale de Peinture & de Sdülpture
de Paris doit fa naiffance aux démêlés qui furvinrent
entre les Maîtres Peintres & Sculpteurs dé Paris, 8c
les Peintres privilégiés du R o i, .que la Communauté
des Peintres voulut inquiéter. Le Brun, Sarazin,
Corneille, & les autres Peintres du R oi, formèrent
le projet d’une Académie particulière; & ayant pré-
fenté à ce fujet une requête au Confeil, ils obtinrent
un Arrêt tel qu’ils le dentandoient, daté du zo Janvier
1648. Ilss’affemblerent d’abord chez Charmois',
Secrétaire du Maréchal Schomberg , qui dreffa les
premiers ftatuts de VAcadémie.
L’Académie tint enfuite fes Conférences dans la
maifon d’un des amis de Charmois , fituée proche
S. Euftache. De-là ellepaffa dans l’Hôtel de Cliffon ,
rue des Deux-boules, où elle continua fes exercices
jufqu’en 1653 , que les Académiciens fe tranfporte-
rent dans la rue des Déchargeurs. En 1654 8c au
Commencement dé 16 $ 5, elle obtint du Cardinal Ma-
zarin un Brevet SC des Lettres-Patentes , qui furent
enregiftrées au Parlement, 8c en reconnoiffance elle
choiut ce Cardinal pour fon protetteur, 8c le Chancelier
pour Vice-prote&eur.
Il eft à remarquer que le Chancelier, dès la première
inftitution de Y Académie, en avoit été nom*
mé proteéleur : mais pour faire fa cour au Cardinal
Mazarin, il fe démit de cette dignité, & fe contenta
'de celle de Vice-prote&eur.
En 1656, Sarazin céda à Y Académie un logement
qu’il avoit dans les Galeries du Louvre : mais en
1661 elle fut obligée d’en fortir; 8c M. de Ratabon,
Surintendant des Bâtimens , la transféra au Palais
R o y a l, où elle demeura trente 8c un ans. Enfin le
Roi lui donna un logement au vieux Louvre.
Enfin, en 1663 elle obtint, par le crédit de M.
Colbert, 4000 livres de penfion.
Cette Académie eft compofée d’un Proteéleur,
d’un Vice-proteéleur, d’un Directeur , d’un Chancelier
, de quatre Reéleurs , d’Adjoints aux Recteurs
, d’un Thréforier, 8c de quatorze Profeffeurs,
dont un pour l’Anatomie, 8c un autre pour hi Géométrie
; de plufieurs Adjoints 8c Conseillers , d ’un
Secrétaire 8c Hiftoriographe, 8c de deux Huiffier-s.
l.es premiers- membres de cette Académie furênt lè
Brun, Errard, Bourdon, la Hire , Sarrazin, Corneille
, Beaubrun, le Sueur, d’Egmont, Vanobftat,
Guillin, &c\ < .
L’Académie de Paris tient tous les jours apres midi
pendant deux heures école publique, Où les Peintres
vont defiîner ou peindre, 8t les Sculpteurs modeler,
d’après un homme nud ; il y a douze Profeffeurs
qui tiennent l’école chaeunpendant un mois, 8c douze
Adjoints pour les fuppleer en cas de befoin ; le
Profelfeur en exercice met l’homme nud, qu’on nomme
modèle, dans la pofition qu’il juge convenable, 8c
le pofe en deux attitudes différentes par chaque fe-
maine, e’eft ce qu’on appelle pofer le modèle ; dans
Fune des femaines il pôle deux modèles enfemble ,
c’eft ce qu’on appelle pofer le groupe : les deffeins,
peintures 8c modèles faits d’après cet homme, s appellent
Académies, ainli que les copies faites d après
ces Académies. On ne fe fert point dans les Ecoles publiques
de femme pour modèle, comme plufieurs le
croyent. On diftribue tous les trois mois aux eleves
trois prix de Deffein, 8c tous les ans deux prix de
Peinture 8c deux de Sculpture .; ceux qui gagnent les
prix de Peinture 8c de Sculpture font envoyés à Rome
aux dépens duRoi pour y etudier 8c s’y perteftionner.
■ Outre Y Académie royale, il y a encore à Paris
deux autres écoles ou Académies de Peinture; dont
une à la manufacture royale dès Gobelins.
Cette école eft dirigée par les Artiftes à qui lè Roi
donne un logement dans l’hôtel royal des Gobelins,
8c qui font pour l’ordinaire membres de Y Académie
royale-.
L’autfe eft Y Académie de S. Lite, entretenue paf la
communauté des maîtres Peintres 8c Sculpteurs ; elle
fut établie par le prévôt de Paris, le 12 Août 13 91.
Charles VIL lui accorda en 1430 plufieurs privilèges
qui furent confirmés en 1584 par Henri 1IL En
j 6 i 3 la communauté des Sculpteurs fut unie à celle
des Peintres. Cette communauté occupe, proche
S. Denys. de la Chartre , une maifon, où elfe tient
fort bureau, 8c une Académie publique adminiftrée
ainfi que Y Académie royale, 8c où l’on diftribue tous
les ans trois prix de Deffein aux éleves. (R )
A c a d é m ie d’A r c h it e c t u r e ; c’eft une compagnie
de faVans Architeftes , .établie à Paris par M,
Colbert, miniftre d’état, en 1671., fous la direétion
dufurintendantdèsbâtimens> . . .
* Paracelfe difôit qu’il n’avoit étudié ni à Paris ,
ni à Rome, ni à Toüloufe, ni dans aucune Académie >
qu’il n’avoit d’autre Univerfité que la nature, dans
laquelle Dieu fait éclater fafageffe, fa puiffance, 8c
fa gloire, d’une manière fenfible pour ceux qui l’étudient.
C’eft à la nature, ajoûtoit-il, que je dois ce
que je fa i, 8c ce qù’il y R de vrài dans mes écrits. ^ Académie, le dit aüfli des écoles 8c feminaifes
’dés Juifs ; où leurs rabins 8c doéteurs inftruifent la
jeuneffé dé leur nation dans la langue Hébraïque, lui
expliquant le thalmud 8c les fecrets dé la cabale. Les
Juifs ont toujours eu de ces Académies depuis leur retour
de Babylôhè.Gelle dé cette derniere ville,8c celle
de Tibériade entré autres, ont été fort célébrés. (G) Académie Royale ôe Musique. V. Opéra.
Académie, fe dit encore dans un fens particuliér
des lieux où la jeunefle apprend à ihonter à cheval,
8c quelquefois à faire des armes ; à danfer, à voltiger
, &c. Voyei Exercice-.
C’eft ce que V'itruve appelle Èphebéüm ; quelques
autres auteurs anciens Gymnafium, 8c les modernes
Académie à monter à cheval , ou Académie militaire.
Voyei Gymnase & Gymnastique^v-Cÿifÿ
Le duc de Newcaftle, feigneur Anglôis »rapporte
que l’Art de monter à cheVal a paffe d’Italie en Angleterre
; que la première Académie de cette efpece
fut établie à Naples par Frédéric Grifon, lequel,
Tome I k
àjouté-t-il, à écrit le premier fur ce fujét en vrai
cavalier 8c en grand maître. Henri VIII. continue
le même auteur, fit venir en Angleterre deux Italiens,
difciples de ce Grifon -, qui y en formèrent en
peu de tems beaucoup d’autres. Le plus grand maître
, félon lui, que l’Italie ait produit en ce genre, a;
été Pignatellide Naples. La Broue apprit fous lui pendant
cinq ans , Pluvinel neuf, & Saint-Antoine un
plus long tems ; 8c ces trois François rendirent les
écuyers communs en France, où l’on n’en àvOit jai
mais vû que d’Italiens.
L’empfacement dans lequel les jeunes génS rtion-
tent à cheval s’appelle manège. Il y à pour l’ordinaire
un pilier au milieu, autour duquel il s’en trouve plufieurs
autres, rangés deux à deüx fiir les côtés. Voye^ Manège , Pilier , &c. ( V )
Les exercices de Y Académie dont nous parlons, ont
été toujours recommandés pour cortferyer la fànté &
donner de la force. C ’eft dans ce deflein que l’on envoyé
les jeunes gens à Y Académie, ils en deviennent
plus agiles 8c plus forts. Les exercices que l’on fait à
Y Académie font d’un grand fecours dans les maladies
chroniques ; ils font d’une grande utilité à ceux qui
font menacés d’obftru&ions , aux vaporeux , aux
mélancholiques, &c. Voye%_ Exercice. (N )
ACADÉMISTE ,f. m. penfiônnaire ou externe qui
apprend à monter à cheval dans une Académie.
On trouvé dans l’ordonnance de Louis X IV , du
3’Mai 1654, un article relatif aux Académifiés.
« Défendons aux gentilshommes des Académies
» de chaffer ou faire chaffer aVee fufils, arquebufes,
» alliés jfilets,collets, poches,tortnelles, traîneaux,
» ni autres engins de ehaffe, mener; ni faire mener
» chiens courans , lévriers » épagneuls, barbets, 8c
» oifeaux ; enjoignant aux écuyers defdites Acadé-
» mies d’y tènir la main, à peine d’en répondre en
» leur propre 8c privé nom, fur peiné dé 300 livres
>> d’amende, eonfifeation d’armes ; chevaux ; chiens;
» oifeaux, 8c engins à chaffer ». .
* A CAD IE , ou ACCADIE , fi f. pieïqu’ilé dé
l’Amérique fëptentrionale, fituée fur4le$ frontières
orientales du Canada, entre Terre-Neuve & la nouvelle
Angleterre. Long. 3-//—3 # 6 . lat. 43-46'.
Le commerce en eft refté aux Anglois : il eft commode
pour la traite dés pelleteries 8c la pêche des
morues. Les terres y font fertiles en blé, pois, fruits,
légumes. On y trouve de gros 8c dè menus beftiaux.
Quelques endroits dé Y Acadie donnent de très-belles
mâtures. L'île aux loups , ainfi appellée, parce qu’ils
y font communs; donne beaucoup de leurs peaux 8c
de leur huile. Cette huile, quand elle eft fraîche, eft
douce 8c bonne à manger : on la brûle âuffi. Les pelleteries
font le caftor ; la loutre ; le loup-cervier, lé
renafd, l’élan ; le loup marin, 8c autres que fournit
le Canada. Voye^ Canada. Quant à la pêche de la
morue , ellé fe fait dans les rivières 8c les petits golfes.
Le Cap-Breton s’eft formé des débris de la colonie
Françoife qui étoit à Y Acadie.
* AC AJ A , i. arbre de la hauteur dü tilleul, dont
l’écorce eft raboteufe, 8c la couleur cendrée comme
celle du fureâu ; les feuilles font douces au toucher
, oppofées les unes aux autres ; longues de quatre
travers de doigt, large d’un 8c demi ou deux, de
grandeurs inégales, brillantes, 8c traverfées dans
leur longueur d’une greffe côte. Il porte des fleurs
jaunâtres, auxquelles fuccedent des prunes fembla-
bles aux nôtres, tant par la figure que par la grofleur,
jaunes, acides, à noyau ligneux, facile à caffer, &
contenant Une amande d’un blanc jaunâtre. Son bois
eft rouge 8c léger comme le liége^
Sa feuille eft aftringente; on arrofé le rôti avec
leurfuc. On employé fes prunes, qu’on appelle prunes
de monbain, contre la fievre & la dyffenterie, 8c
on en exprime du vin-, On confit fes boutons. Voye^