*798 A T H
ATERMOYEMENT, terme de Perlais, qui figflifi'e
lin contrat entre des créanciers , & un débiteur qui
n fait faillite , ou qui eft dans le cas de ne pouvoir
s’empêcher de la faire, portant termeou délai pour
le payement des fommes qu’il leur doit, & quelquefois
même remife abfalue d’une partie d’icelles.
Le débiteur qui a une fois obtenu un eUermqyement
de Ces créanciers, n’eft plus reçu par la fuite à faire
ceffion. . ,
L'atermoyement peut être volontaire ou force : dans
le premiercas il s’opère par un fimple contrat entre
les créanciers & le débiteur ; dans le fécond, il faut
que le débiteur obtienne en petite chancellerie des
lettres d'atermoyement, & qu’il les faffe enthériner en
juftice , après y avoir appellé tous fes créanciers :
mais il ne peut pas forcer fes créanciers hypothécaires
à accéder à 1’dtermoyement* On a fait d ater—
moyement y atermoyer y atermoyé. (H) f
* ATH y (Géog.) ville des Pays-bas dans le comté
d’Hainaut, iur la Denre. Long. z1 .30 .la t.60.36 .
* ATH ACH , ( Géog. fainte. ) ville de Paleltine
dans la tribu de Juda. Voye1 1. Reg. xxx. 40.
* ATHAMANIE, ( Géog. anc.) pays de l’Epire,
entre l’Acarnanie, l’Etolie, & la Theffalie.
* ATHAMAS, (Géog. anc.') riviere d’Etolie dont
les eaux dit Ovide, allumoient une torche, li on
l ’y trempoit au dernier quartier de la lune. La montagne
d’où cette riviere couloit, avoit le même nom.
. °ATHANATES, adj. pris fub. (Hiß. anc.) nom
d’un corps de foldats chez les anciens Perfes. C e mot
eft originairement grec, & fignifie immortel; il eft
compofé d’a privatif & de &à.va.Toç, mort.
Les athanates compofoient un corps de cavalerie
de dix mille hommes ; & ce corps étoit toujours complet,
parce qu’un foldat qui mourait étoit auffi-tôt
remplacé par un autre : c’étoit pour cette raifon que
les Grecs les appelaient athanates 3 & les Latins immortelles.
,
On conje&ure que ce corps commença par les dix
mille foldats que Cyrus fit venir de Perfe pour fa
garde: ils étoient diftingués de tous les autres par
leur armure fuperbe, 8c plus encore par leur courage.
(G) '. ~
ATHANOR, f. m. terme de Chimie , grand fourneau
immobile fait de terre ou de brique, fur lequel
s’élève une tour dans laquelle on met le charbon ,
qui defeend dans le foyer du fourneau, à mefure qu’il
?en confume , félon que la tour peut contenir plus
ou moins de charbon. Le feu s’y conferve plus ou
moins Iong-tems allumé, fans qu’on foit obligé d’y
mettre de tems en tems du charbon, comme on fait
dans les autres fourneaux. U athanor communique fa
chaleur par des ouvertures qui font aux côtés du foyer
où l’on peut placer plufieurs vaiffeaux, pour faire
plufieurs opérations en même tems. Voye^ Fo u r n
e a u x , C h a l e u r , &c.
Ce mot eft emprunté des Arabes, qui donnent le
nom de tanneron à un four, à 1 imitation des Hébreux
qui rappellent tannour ; d’autres le dérivent
du grec ct&cifcttoc , immortel, par rapport a la longue
durée du feu que l ’on y a mis . - .
La chaleur de Y athanor s’augmente ou fe diminue
à mefure que l’on ouvre ou que l’on ferme le regif-
tre. Foyei R e g is t r r .
L’athanor s’appelle auffipiger Henricus, parce qu’on
s’en fert ordinairement dans les opérations les plus
lentes, 8c qu’étant une fois rempli de charbon, il ne
ceffe de brûler, fans qu’on foit obligé de renouvel-
ler le feu ; c’eft pourquoi les Grecs l’appellent «««-
S c’eft-à-dire qui ne donne aucun foin.
On le nomme auffi le fourneau philofopkique , le
fourneau des arcanes ; utérus chimicus , ou fpagyricus ;
6c furnus turritus y fourneau à tour.
On y oit, Chim, PI, I F .fg . 3 z , un fourneau atha-
A T H
nor y ou de Henri le parejfeux : a y le cendrier; le
foy er; c , c , les ouvertures pour la communication
de la chaleur au bain de fable ou au bain marie ; d ,d 9
vuide de la tour dans lequel on met le charbon ; e , e9
folides, ou murs de la tour ; ƒ , dôme ou couvercle
du fourneau ; g , A, deux trous par où s’échappe la
fumée. Le fourneau athanor eft compofé, comme nous
l’avons dit, d’un bain de fable ; 1 le cendrier ; i le
foyer ; 3 le bain de fable ; 4 un matras dans le fable ;
5 une écuelle qui eft auffi dans le fable ; 6 trou au
regiftre ; 7 l’entrée de la chaleur dans le bain de fable;
8 ,8 , la platine fur laquelle eft le fable. Le fourneau
athanor a encore un bain marie : 1 le cendrier ;
1 le foyer; 3 , 3, le chaudron où l’eau du bain marie
eft contenue; 4 un rond de paille fur lequel la cu-
curbite eft pofée ; 5 la cucùrbite coeffée de fon chapiteau
; 6 , 6 , les regiftres ; 7 efcabelle qui porte le
récipient; 8 le récipient. (M)
* ATHDO RA, (Géog.) ville d’Irlande à neuf milles
de Limmerick, dans la Mommonie.
ATHÉES, f. m. pl. (Métaph.) On appelle athées,
ceux qui nient l’exiftence d’un Dieu auteur du monde.
On peut les divifer en trois claffes : les uns nient
qu’il y ait un Dieu : les autres affe&ent de paffer pour
incrédules ou feeptiques fur cet article : les autres enfin
, peu différens des premiers, nient les principaux
attributs de la nature divine, 8c fuppofent que Dieu
eft un être fans intelligence , qui agit purement par
néceffité ; c’eft-à-dire un être qui, à parler proprement
, n’agit point du tout, mais qui eft toujours
paffif. L’erreur des athées vient néceffairement de
quelqu’une de ces trois fources.
Elle vient i° . de l’ignorance & de la ftupidité. Il y
a plufieurs perfonnes qui n’ont jamais rien examiné,
avec attention y qui n’ont jamais fait un bon ufage de
leurs lumières naturelles, non pas même pour acquérir
la connoiffance des vérités les plus claires &
lés plus faciles à trouver : elles paffent leur vie dans
une oifiveté d’efprit qui les abaiffe & les avilit à la
condition des bêtes .Quelques perfonnes croyent qu’il
y a eu des peuples affez groffiers 8c allez fauvages,
pour n’avoir aucune teinture de religion. Strabon:
rapporte qu’il y avoit des nations en Efpagne 8c en
Afrique qui vivoient fans dieux, 8c chez lefquels
on ne découvroit aucune trace de religion. Si cela
étoit, il en faudroit conclure qu’ils avoient toûjours
été athées ; car il ne paroît nullement poffible qu’un
peuple entier paffe de la religion à l’athéifme. La religion
eft une chofe qui étant une fois établie dans
un pays, y doit durer éternellement : on s’y attache
par des motifs d’intérêt, par l’efpérance d’une félicité
temporelle, ou d’une félicité étérnelle. On attend
des dieux la fertilité de la terre, le bon fuccès
des entreprifes : on craint qu’ils n’envoyent la ftéri—
lité , la pefte, les tempêtes, & plufieurs autres calamités;
& par conféquent on obferve les cultes publics
de religion, tant par crainte que par efpéran-
ce. L’on eft fort foigneux de commencer par cet endroit
là l’éducation des enfans ; on leur recommande
la religion comme une chofe de la derniere importance
, 8c comme la fource du bonheur 8c du malheur
, félon qu’on fera diligent ou négligent à rendre
aux dieux les honneurs qui leur appartiennent :
de tels fentimens qu’on fucce avec le lait, ne s’effacent
point de l’efprit d’une nation ; ils peuvent fe modifier
en plufieurs maniérés ; je veux dire que l’on
peut changer de cérémonies ou de dogmes, foit par
vénération pour un nouveau do&eur , foit par les
menaces d’un conquérant : mais ils ne fauroient
difparoître tout-à-fait ; d’ailleurs les perfonnes qui
veulent contraindre les peuples en matière de religion,
ne le font jamais pour les porter à l’athéifme:
tout fe réduit à fubftituer aux formulaires de culte &
de créance qui leur déplaifent, d’autres formulai«.
A T H
rés. L’obfervation que nous venons défaire a paru
fi vraie à quelques auteurs, qu’ils n’ont pas héfité
de regarder l’idée d’un Dieu comme une idée innée
& naturelle à l’homme : 8c de-là ils Concluent qu’il
n’y a eu jamais aucune nation, quelque féroce 8c
quelque fauvage qu’on la fuppofe, qui n’ait reconnu
un Dieu. Ainli, félon eux, Strabon ne mérite aucune
créance ; & les relations de quelques voyageurs modernes
, qui rapportent qu’il y a dans le nouveau
monde des nations qui n’ont aucune teinture de religion
, doivent être tenues pour fufpeétes, 8c même
pour fauffes. En effet, les voyageurs touchent en
paffant une côte , ils y trouvent des peuples inconnus
: s’ils leur voyent faire quelques cérémonies, ils
leur donnent une interprétation arbitraire ; & fi au
contraire ils ne voyent aucune cérémonie , ils concluent
qu’ils n’ont point de religion. Mais comment
peut-on fa voir les fentimens de gens dont on ne voit
pas la pratique, & dont on n’entend point la langue ?
Si l’on en croit les voyageurs, les peuples de la Floride
ne reconnoiffoient point de D ieu , & vivoient
fans religion ; cependant un auteur anglois qui a v écu
dix ans parmi eu x, affûre qu’il n’y a que la religion
révélée qui ait effacé la beauté de leurs principes
; que les Socrates & les Platons rougiraient de
fe voir furpaffer par des peuples d’aîtleurs fi igno-
rans. Il eft vrai qu’ils n’ont ni idoles, ni temples, ni
aucun culte extérieur ; mais ils font vivement per-
fuadés d’une vie à venir, d’un bonheur futur pour
récompenfer la vertu, & de fouffrances éternelles
pour punir le crime. Que favons-nous , ajoûte-t-il,
fi les Hottentots & tels autres peuples qu’on nous
repréfente comme athées, font tels qu’ils nous paroif-
fent } S’il n’eft pas certain que ces derniers recon-
noiffent un D ieu , du moins e ft-il fûr par leur conduite
qu’ils reconnoiffent une équité , & qu’ils en
font pénétrés. La defeription du cap de Bonne -E fp é -
rance par M. Kolbe , prouve bien que les Hottentots
les plus barbares n’agiffent pas fans raifon, & qu’ils
fa vent le droit des gens & de la nature. Ainfi pour
juger s’il y a eu des nations fauvages, fans aucune
teinture de divinité & de religion, attendons à en
être mieux informés que par les relations de quelques
voyageurs.
La fécondé fource d’athéifme , c’eft la débauche 6c la corruption des moeurs. On trouve des gens qui,
à force de vices 8c de déréglemens, ont prelqu’éteint
leurs lumières naturelles & corrompu leur raifon :
au lieu de s’appliquer à la recherche de la vérité
d’une maniéré impartiale, & de s’informer avec foin
des réglés ou des devoirs que la nature preferit, ils
s’accoûtument à enfanter des objeftions contre la
religion, à leur prêter plus de force qu’elles n’en
on t, & à les foûtenir opiniatrément. Ils ne font pas
perfuadés qu’il n’y a point de D ieu , mais ils vivent
comme s’ils l’étoient, &c tâchent d’effacer de leur
efprit toutes les notions qui tendent à leur prouver
une divinité. L’exiftence d’un Dieu les incommode
dans la joiiiffance de leurs plaifirs criminels ; c’eft
pourquoi ils voudraient croire qu’il n’y a point de
Dieu , & ils s’efforcent d’y parvenir. En effet il peut
arriver quelquefois qu’ils réuffiffent à s’étourdir & à
endormir leur confcience ; mais elle fe réveille de
tems en tems, & ils ne peuvent arracher entièrement
le trait qui les déchire.
Il y a divers degrés d’athéifme pratique , & il
fout être extrêmement circonfpeâ fur ce lùjet. Tout
homme qui commet des crimes contraires à l’idée
d’un D ieu, & qui perfévere même quelque tems, ne
fauroit être déclaré auffi-tôt athée de pratique. David,
par exemple, en joignant le meurtre à l’adulte-
re , fembla oublier Dieu ; mais on ne fauroit pour
cela le ranger au nombre des athées de pratique, ce
caraftere ne convient qu’à ceux qui vivent dans Eha-
A T H 79 9
bitude du crime, & dont toute la conduite ne paroît
tendre qu’à nier l’exiftence de.Dieu.
L’athéifme du coeur a conduit le plus fouvent à
celui de l’efprit. A force de defircr qu’une chofe foit
vraie, on vient enfin à fe perfuader qu’elle eft telle ;
l’efprit devient la dupe du coeur, les vérités les plus
évidentes ont toûjours un côté obfcur & ténébreux
par où l’on peut les attaquer. Il fuffit qu’une vérité
nous incommode & qu’elle contrarie nos paffions ;
l'efprit agiffant alors de concert avec le coeur découvrira
bientôt des endroits foibles auxquels il s’attache
; on s’accoutume infenfiblement à regarder
comme faux ce qui avant la dépravation du coeur
brilloit à l’efprit de la plus vive lumière : il ne faut
pas moins que la violence des paffions pour étouffer
une notion auffi évidente que celle de la divinité. Le
monde, la cour & les armées fourmillent de ces fortes
à!athées. Quand ils auraient ren verfé Dieu de def*
fus fon throne, ils ne fe donneraient pas plus de licence
& de hardieffe. Les uns ne cherchant qu’à fe
diftinguer par les excès de leurs débauches, y mettent
le comble en fe moquant de la religion ; ils veulent
faire parler d’eux, & leur vanité ne feroit pas fa-
tisfaite s’ils ne joiiiffoient hautement & fans bornes
de la réputation d’impies : cette réputation dangereux
fe eft le but de leurs fouhaits, & ils feraient mécon-
tens de leurs expreffions, fi elfes n’étoient extraordinairement
odieufes. Les railleries, les profanations
& les blafphèmes de cette forte d’impies, ne font point
une marque qu’en effet ils croyent qu’il n’y a point
de divinité ; ils ne parlent de la forte que pour faire
dire qu’ils enchériffent fur les débauches ordinaires :
leur athéifme n’eft rien moins que raifonné , il n’eft
pas même la caufe de leurs débauches, il en eft plutôt
le fruit 6c l’effet, & pour ainfi dire le plus haut degré.
Les autres, tels que les grands, qui font le plus
foupçonnésjd’athéifme, trop pareffeux pour décider
en leur efprit que Dieu n’ett pas, fe repofent mollement
dans le fein des délices. « Leur indolence dit
» la Bruyere, v a jufqu’à les rendre froids & indiffé-
» rens fur cet article fi capital, comme fur la nature
» de leur ame & fur les conféquenees d’une vraie re«
n ligion; ils ne nient ces chofes ni ne les accordent 4
» ils n’y penfent point ». Cette efpece d’athéifme eft
la plus commune, & elle eft auffi connue parmi les
Turcs que parmi les Chrétiens. M. Rie au t , Secrétaire
de M. le comte de'NVinchelfey, ambaffadeur d’Angleterre
à Conftantinople, rapporte que les athées ont
formé une feûe nombreufe en Turquie, qui eft com-
pofée pour la plupart de cadis &c de perfonnes favan-
tes dans les livres arabes, & de Chrétiens renégats,
qui pour éviter les remords qu’ils fentent de leur apofi
tafie, s’efforcent de fe perfuader qu’il n’y a rien à
craindre ni à efpérer après la mort. Il ajoûte que cett e
do&rine contagieufe s’eft infinuée jufque dans le fé-
rail, & qu’elle a infeâé l’appartement des femmes 8c
des eunuques ; qu’elle s’eft auffi introduite chez les
bachas ; & qu’après les avoir empoifonnés, elle a répandu
fon venin fur toute la cour ; que le fiiltan Amu-
rat favorifoit fort cette opinion dans fa cour & dans
fon armée.
II y a enfin des athées de fpéculation & de raifonné-
ment, qui fe fondant fur des principesdePhilofophie,
foûtiennent que les argumens contre l’exiftence & les
attributs de Dieu , leur paroiffent plus forts & plus
concluans que ceux qu’on employé pour établir ces
grandes vérités. Ces fortes d'athées s’appellent des
athées théoriques. Parmi les anciens on compte Protagoras
, Démocrite, Diagoras, Théodore, Nicanor,
Hippon, Evhemere, Epicure & fes feôateurs, Lucrèce,
Pline le jeune, &c. & parmi les modernes,
Averroès, Galderinus, Politien, Pomponace, Pierre
Be.mbus, Cardan, Cæfalpin, Taurellus, Crémonin ,
Bérigord, Viviani, Thomas Hobbe, Benoît Spinofa,