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oh l’on en peut difpenfer .Voyelles Nôuv. de la République
des Lettres , tome I II. p. 2J. Mém. de Trév.
1708. p- 33- & .,7 ,7 ’ P- ,4 ,f\. , . . . D
Dans les premiers fiecles de la république Romaine
, toutes les dames dévoient être abft'emes ; 8c pour
s’aflurer fi elles obfervoient cette coûtume, c’étoit
une réglé de politeffe conftamment obfervée, que.
toutes les fois que des parens ou des amis les venoient
.voir, elles les embraflàffent. (G )
ABSTENSION, f. m. terme de Droit civil, eft la
répudiation de l’hérédité par l’héritier, au moyen de
quoi la'fucceflîon fe trouve vacante, 8c le défunt in-
teftat, s’il ne s’eft pourvu d’un fécond héritier par la
voie de la fubftitution. Voye^ Substitution & Intestat.
Vabfienjion différé de la renonciation , en ce que
celle-ci fe fait par l’héritier à qui la nature ou la loi
défèrent l’hérédité, 8c Yabjtenjion par celui à qui elle
eft déférée par la volonté du teftateur. (H )
ABSTERGEANS, adj. remedes de nature favô-
neufe, qui peuvent diffoudre les concrétions réfi-
neufes. Gn a tort de les confondre, comme fait Caf-
telli, avec les abluans : ceux-ci font des fluides qui
ne peuvent fondre 8c emporter que les fels que l’eau
peut diffoudre. (N )
A B S T IN E N C E , f. f. plufieurs croyentque les
premiers hommes avant le déluge s’abftenoient de
vin 8c de viande, parce que l’Ecriture marque ex-,
prefféfnent que Noé après lê déluge commença à
planter la vigne, 8c que Dieu lui permit d’ufer dè
viande , au lieu qu’il n’avoit donné à Adam pour
nourriture que les fruits 8c les herbes de la terre : mais
le fentiment contraire eft foûtenu par quantité d’habiles
interprètes, qui croyent que les hommes d’avant
le deluge ne fe refufoient ni les plaifirs de la
bonne chere, ni ceux du v in ; 8c l’Ecriture en deux
mots bous fait affez connoître à quel excès leur corruption
étoit montée, lorfqu’elle dit que toute chair
avoit corrompu fa voie. Quand Dieu n’auroit pas permis
à Adam ni l’ufage de la chair, ni celui du vin,
fes defeendans impies fe feroient peu mis en peine de
ces défenfes. Gene/I jx . z o .ü j . 17. vj. il. 12.
La loi ordonnoit aux prêtres de s’abftenir de vin
pendant tout le tems qu’ils étoient occupés au fer-
vice du temple. La même défenfe étoit faite aux Nazaréens
pour tout le tems de leur nazaréat. Les Juifs
s’abftiennent de plufieurs fortes d’animaux, dont on
trouve le détail dans le Lé vitique 8c le Deutéronome.
S. Paul dit que les athlètes s’abftiennent de toutes
chofes pour obtenir une couronne corruptible, c’eft-
à-dire, qu’ils s’abftiennent de tout ce qui peut les affaiblir
; 8c en écrivant à Timothée, il blâme certains
hérétiques qui condamnoient le mariage 8c l’ufage
des viandes que Dieu a créées. Entre les premiers
Chrétiens, les uns obfervoient Y abjlinence des
viandes défendues par la lo i, 8c des chairs immolées
aux idoles ; d’autres méprifoient ces observances
comme inutiles, 8c ufoient de la liberté que Jefus-
Chrift a procurée à fes fideles. S. Paul a donné fur
cela des réglés très-fages , qui font rapportées dans
les épîtres aux Corinthiens 8c aux Romains. Lévit. x.
o. Num. vj. 3. /. Cor. jx . x 5 . Tint. I . c.jv. 3. 1. Cor.
viij. 7 . 10. Rom. xjv. 23.
Le concile dè Jérufalem tenu par les apôtres, ordonne
aux fideles convertis du paganifme de s’abftenir
du fang des viandes fuffoquées, de la fornication,
8c de l’idolâtrie. Acl. xv. 20.
S. Paul veut que les fideles s’abftiennent de tout
ce qui a même l’apparence du mal ; ab omni fpecie
mala abjlinete vos ; 8c à plus forte raifon de tout ce
qui eft réellement mauvais, 8c contraire à la religion
8c à la piété. Theffal. v. 2 /. Calmet, Diction, de la
Bible , lett. A . tom. I .p . 32. (G )
Ab stinence , f. f. Orphée après avoir adouci les
iftceurs des hommès, établit une forte de vie qii’oii
nomma depuis Orphique ; 8c une des pratiques de*
hommes qui embraffoient cet é tat, étoit de ne point
manger de la chair des animaux. Il eft plaufible de
dire qu’Orphée ayant rendu fenfibles aux lois de la
fociété les premiers hommes qui étoient antropo*
phages :
Silvejlres-homines facer interprefque deorum ,
Ccedibus & foedo victu deterruit Orpheus. Horat.
il leur avoit impofé la loi de ne plus manger de vian^
de du tou t , 8c cela fans doute pour les eloigner en*
tierement de leur première férocité ; que cette pratique
ayant enfuite été adoptée par des perfonnei
qui vouloient embraffer une vie plus parfaite que les
autres, il y eut parmi les payens une forte de vie qui
s’appella pour lors vie Orphique , o’ptpixôc fiioc, dont
Platon parle dans l’Epinomis , 8c au fixieme livre de
fes lois. Les Phéniciens 8c les Affyriens, voifins de*
Juifs, a voient leurs jeûnes facrés. Les Egyptiens, dit
Hérodote, facrifient une vache à Ifis, après s’y être
préparés par des jeûnes ; 8c ailleurs il attribue la
même coûtume aux femmes de Cyrene. Chez les
Athéniens, les fêtes d’Eleufine 8c des Tefmopho-
rés étoient accompagnées de jeûnes rigoureux , fur-
tout entre les femmes, qui paffoient un jour entier
aflifes à terre dans un équipage lugubre , 8c fan*
prendre aucune nourriture. A Rome il y avoit des
jeûnes réglés en l’honneur de Jupiter ; 8c les hifto*
riens font mention de ceux de Jules Céfar, d’Auguf-
te , de Vefpafien, de Marc A urele, &c. Les athlètes
en particulier en pratiquoient d’étonnans : nous en
parlerons ailleurs. Voye^ Athlete. (G )
* Abstinence des Pythagoriciens. Les Pythagoriciens
ne mangeoient ni chair , ni poiffon , du
moins ceux d’entr’eux qui faifoient profeflion d’une
grande perfeâion 8c qui fe piquoient d’avoir atteint
le dernier degré de la théorie de leur maître»
Cette abjlinence de tout ce qui avoit eu v ie , étoit
une fuite de la métempfycofe : mais d’où venoit à
Pythagore l’averfion qu’il avoit pour un grand nombre
d’autres alimens , pour les feves , pour la mauv
e , pour le v iii, &c. On peut lui paffer Vabjlinence
des oeufs ; il en devoit un jour éclorre des poulets :
où avoit-il imaginé que la mauve étoit une herbe
facrée , folium fanctifjimum ? Ceux à qui l’honneur
de Pythagore eft à coeur, expliquent toutes ces chofes
; ils démontrent que Pythagore avoit grande raifon
de manger des choux, 8c de s’abftenir des fèves.
Mais n’en déplaife à L aerce, à Euftathe, à Ælien ,
à Jamblique, à Athenée , &c. on n’apperçoit dans
toute cette partie de fa philofophie que de la fuperf*
tition ou de l’ignorance : de la iuperftition, s’il pen-
foit que la fève étoit protégée des dieux. ; de l’ignorance
, s’il croyoit que la mauve avoit quelque qualité
contraire a la fanté. Il ne faut pas pour cela en
faire moins de cas de Pythagore : Ion fyftème de la
métempfycofe ne peut être méprifé qu’à tort par
ceux qui n’ont pas affez de philofophie pour connoître
les raifons qui le lui avoient fuggéré, ou qu’à
jufte titre par les Chrétiens, à qui Dieu a révélé l’immortalité
de l’ame 8c notre exiftence future dans une
autre vie.
Abstinence, en Médecine, a un fenstrès-étendu.'
On entend par ce mot la privation des alimens trop
fucculens. On dit communément qu’un malade eu:
réduit à Vabjlinence, quand il ne prend que du bouillon
, de la tifane, 8c des remedes appropriés à fa maladie.
Quoique Y abjlinence ne fuffilè pas pour guérir
les maladies, elle eft d’un grand fecours pour aider
l’attion des remedes. U abjlinence eft un préfer-
vatif contre beaucoup de maladies, 8c furtout contre
celles que produit la gourmandife.
On doit régler la quantité des alimens que l’onr
prend fur la déperdition de fubftançe qu’occafionna
rexercîce que l’on fait, fur le tems où la transpiration
eft plus ou moins abondante, 8c s’abftenir des
alimens que l’on a remarqué contraires à fon tempérament.
On ditauflique les gens foiblesôc délicats doivent
faire abjlinence de l’aèie vénérien.
On apprend par les lois du régime, tant dans l’état
de fonte que dans l’état de maladie, à quelle forte
d’abjlinence on doit s’aftreindre. Foye[ RÉGIME. (Af)
A B S T IN E N S , adjeft. prisfubft. fecte d’hérétiques
qui parurent dans les Gaules 8c en Efpagne fur
la fin dutroifieme fiecle. On croit qu’ils avoient emprunté
une partie de leurs opinions desGnoftiques 8c
des Manichéens, parce qu’ils décrioient le mariage*
condamnoient l’ufage des viandes, 8c mettoient le
S. Efprit au rang des créatures. Baronius femble les
confondre avec les Hiéracites : mais ce qu’il en dit
d’après S. Philaftre, convient mieux aux Encratites,
dont le nom fe rend exaûement par ceux d'Abjlinens OU Continens. Foye{ ENCRATITES & HlÉRACITES.
H ■ H H ABSTRACTION, f. f. ce mot vient du latin abfi-
■ trahere, arracher, tirer d e , détacher.
abjlraction eft une opération de l’efprit, par laquelle
, à l’occafion des impreflions fenfibles des objets
extérieurs, ou à l’oceafion de quelque affe&ion
intérieure, nous nous formons par réflexion un corn
cept fingulier, que nous détachons de tout ce qui
peut nous avoir donné lieu de le former ; nous le regardons
à part comme s’il y avoit quelque objet réel
qui répondît à ce concept indépendamment de notre
maniéré de penfer ; 8c parce que nous ne pouvons
faire connoître aux autres hommes nos penfées au*
trement que par la parole, cette nécelfité 8c P’ufage
où nous fommes de donner des noms aux objets réels,
nous ont portés à en donner aufli aux concepts mé-
taphyfiques dont nous parlons ; 8c ces noms n’ont pas
peu contribué à nous faire diftinguer ces concepts :
par exemple :
Le fentiment uniforme que tous les objets blancs
excitent en nous, nous à fait donner le même nom
qualificatif à chacun de ces objets. Nous difons de
chacun d’eux en particulier qu’il eft blanc ; enfuite
.pour marquer le point félon lequel tous ces objets fe
reffemblent, nous avons inventé le mot blancheur.
Or il y a en effet des objets réels que nous appelions
blancs ; mais il n’y a point hors de nous un être qui
fait la blancheur.
Ainfi blancheur n’eft qu’ün terme abftrait : c’eft le
produit de notre réflexion à l’occafion des uniformités
des impreflions particulières que divers objets
blancs ont faites en nous ; c’eft le point auquel nous
rapportons toutes ces impreflions différentes par leur
caufe particulière, 8c uniformes par leur efpece.
Il y a des objets dont l’afpeû nous affe&e de maniéré
que nous les appelions beaux ; enfuite confidé-
rant à part cette maniéré d’affe&er, féparée de tout
objet, de toute autre maniéré, nous l’appelions la
beauté.
Il y a des corps particuliers ; ils font étendus, ils
font figurés, ils font divifibles, 8c ont encore bien
d’autres propriétés. Il eft arrivé que notre efprit les
a confiderës, tantôt feulement en tant qu’étendus,
tantôt comme figurés, ou bien comme divifibles, ne
s’arrêtant à chaque fois qu’à une feule de ces confi-
dérations ; ce qui eft faire abjlraction de toutes les
autres propriétés. Enfuite nous avons obfervé que
tous les corps conviennent entre-eux en tant qirils
font étendus, ou entant qu’ils font figurés, ou bien
en tant que divifibles. Or pour marquer ces divers
points de convenance ou de réunion, nous nous fommes
formés le concept détendue, ou celui défiguré,
ou celui de divijibilité : mais il n’y a point d’être phy-
fique quifoitTAe/zdke, ou la figure 9 ou la divijibilité.
§c qui ne loit que çela,
Vous pouvez difpofer à votre gré de chaque corps
particulier qui eft en votre puiffance : mais êtes-
vous ainfi le maître de Yétendue, de la figure, ou de
la divijibilité ? Y animal en général eft-il de quelque
pays ,8c peut-il fe tranfporter d’un lieu en un autre }
Chaque abjlraction particuliere exclud la confidé-
ration de toute autre propriété. Si vous confidérez
le corps en tant que figuré, il eft évident que vous ne
le regardez pas comme lumineux, ni comme vivant
vous ne lui ôtez rien : ainfi il feroit ridicule de con-
clurre de votre abjlraction, que ce corps que votre
efprit ne regarde que comme figuré, ne puiffe pas
être en même tems en lui-même étendu, Lumineux-,
vivant, 8cc.
Les concepts abftrait* font donc comme le point
auquel nous rapportons les différentes impreflions
ou réflexions particulières qui font de même efpece,
8c duquel nous écartons tout ce qui n’eft pas cela
préçifement.
Tel eft l’homme : il eft un être vivant, capable
de fentir, de penfer, de juger, de raifonner, de vouloir,
de diftingiier chaque atte fingulier de chacune
de ces facultés, 8c de faire ainfi des abjlractions.
Nous dirons, en parlant de l’Article , que n’y
ayant en ce monde que des êtres réels, il n’a pas été
poflible que chacun de ces êti;es eût un nom propre.
On a donné un nom commun à tous les individus qui
fe reffemblent : ce nom commun eft appellé nom
d'efpecey parce qu’il convient à chaque individu d’une
efpecè. Pierre ejt homme , Paul ejîhomme, Alexandre
& Céfar étoient hommes. En ce fens le nom <Yefpece
n’eft qu’un nom adjeéfif, comme beau, bon, vrai ; 8c
c’eft pour cela qu’il n’a point d’article. Mais fi l’on
regarde Y homme fans en faire aucune application particuliere
, alors Y homme eft pris dans un fens abftrait,
& devient un individu fpécifique ; c ’eft par cette rair
fon qu’il reçoit l’article ; c’eft ainfi qu’oii dit le beau ,
le bon y le vrai.
On ne s’en eft paè tenu à ces noms ûmples abûraits
fpécifiques : d’honime on a fait humanité; de beau ,
beauté : ainfi des autres.
Les Philofophes fcholaftiques qui ont trouvé établis
les uns 8c les autres de ces noms, ont appelle
concrets ceux que nous nommons individus fpécifiques-,
tels que Y homme, le beau , le bon , le vrai. Ce mot concret
vient du latin concretus, 8c fignifie qui croît avec,
compofé, formé de; parce que ces concrets font formés
, difent-ils, de ceux qu’ils nomment abjlraits :
tels font humçmité, beauté, bonté, vérité. Ces Philofo-
phes ont cru que comme la lumière vient du foleil,
que comme l’eau ne devient chaude que par le feu ,
de même l’homme n’étoit tel que par Y humanité^ que
le beau n’étoit beau que par la beauté ; le bon, par la
bonté ; 8c qu’il n’y avoit de vrai que par fa vérité. Ils
ont dit humanité, de-Ià homme ; 8c de même beauté,
enfuite beau. Mais ce n’eft pas ainfi que la nature
nous inftruit ; elle ne nous montre d’abord que le
phyfique. Nous avons commencé par voir des hommes
avant que de comprendre 8c de nous former lé
terme abftrait humanité. Nous avons été touchés du
beau 8c du bon avant que d’entendre 8c de faire les
mots de beauté 8c de bonté ; 8c les hommes ont été pénétrés
de la réalité des chofes, 8c ont fenti une per-
fuafion intérieure avant que d’introduire le mot de
■ vérité. Ils ont compris, ils ont conçu avant que de faire
le mot <Yentendement fAs ont voulu avant que de dire
qu’ils avoient une volonté, Sc ils fe font rejfouventt
avant que de former le mót de mémoire.
On a commencé parfaire des obfervations furl’u-
fage, le fervice, ou l’emploi des mots : enfuite on a
inventé le mot de Grammaire.
Ainfi Grammaire eft comme le centre ou point dè
réunion, auquel on rapporte les différentes obfervations
que l’on a faites lur l’emploi des mots. Mais