milieu, & deux lignes vers les extrémités ; l’épaifleur
doit être d’environ un fixieme de ligne.
On donne ordinairement aux aiguilles aimantées la
figure d’une fléché, ôc on fait enforte que ce foit la
pointe qui fe tourne du côté du nord. Voyez_ PI. de
phyfiqut,fig'47- Mais 1 eft plus avantageux que ces
extrémités fe terminent en une pointe qui ne foit
point trop aiguë, comme on voit dans la fig. 48. &c
il fera facile de défigner par les lettres N 6c S , qu’on
gravera fur ces extrémités, les pointes qui doivent
fe diriger au nord ôc au fud. La chappe C doit être
de laiton, foudée fur le milieu de l’aiguille, ôc creu-
fée d’une forme conique, dont l’axe foit bien perpendiculaire
à l’aiguille, ôc paflë par fon centre^ de gravité.
Le ftyle/’qui doit fervirae pivot, doit être d’acier
bien trempé, exactement droit, délié ôc fixé perpendiculairement
fur la bafe B. Enfin la pointe de ce
ftyle doit être extrêmement polie ôc terminée en
une pointe tin peu moufle.
Comme il eft difficile de bien placer la chappe dans
le centre de gravité, on tâchera de la mettre dans
cette fituation le plus exactement qu’il fera poflible ;
& l’ayant mife enfuite fur fon p ivot, fi on remarque
u’elle ne foit pas en équilibre, on en ôtera un peu
u côté qui paroîtra le plus pefant.
Quoique la plupart des lames d’acier qu’on employé
à cet ufage, ayent naturellement la propriété
de le diriger vers les pôles du monde, & qu’on puifle
aider cette propriété naturelle en les trempant dans
l’eau froide après les avoir fait rougir, ôc les faifant
j e cuire peu-à-peu ; il n’eft cependant pas douteux
qu’on ne doit compter que fur les aiguilles qui auront
été aimantées par un bon aimant.
La meilleure maniéré d’aimanter une aiguille, eft
de la fixer fur une table, & de pofer fur fon milieu
de chaque côté de la chappe, le pôle boréal d’un
bon aimant, ôc le pôle auftral d’un autre, de maniéré
cependant que le polé boréal de l’aimant foit pofé
fur la partie de Y aiguille qui doit fe tourner ait iud,
& le pôle auftral de l’autre aimant fur la partie qui
doit fe tourner vers le nord. Enfuite on coulera chacun
de ces pôles en appuyant fortement du milieu
vers la pointe, & on réitérera cette opération quinze
ou vingt fois, en obfervant d’éloigner un peu les
pierres avant que de les approcher de la chappe ;
alors Y aiguille fera aimantée, ôc la partie qui aura été
touchée par le pôle auftral de la pierre, fe dirigera
conftamment vers le nord , 6c avec vivacité.
' L’excellence de l’aimant avec lequel on touche
l’aiguille 9 ôc la grande vertu magnétique qu’elle reçoit
dans toutes les circonftances que nous venons
de rapporter, font qu’elle obéit plus facilement aux
impreflions magnétiques, ôc que les obftacles du
frotement &delaréfiftance de l’air deviennent comme
nuis : mais elle ne prend pas une meilleure direction
que fi elle eût été moins bien aimantée. En
effet on obferve que la direction des aiguilles qui n’ont
jamais touché à l’aimant, ou qui ont été trempées
après avoir été rougies, celles de toutes les efpeces
aYaiguilles aimantées fur différentes pierres, défigurés
ôc de qualités différentes, ôc dans quelque partie
du monde que ce foit ; on obferve, dis-je, que la direction
de toutes ces aiguilles fe fait uniformément
fuivant -le même méridien magnétique particulier à
chaque lieu. Voye^fig. j 3 . n°. 2.
Il eft arrivé quelquefois que le tonnerre tombé auprès
d’une aiguille aimantée, en a changé la direction
, ÔC même qu’il lui en a donné une directement
contraire : mais ces accidens font affez rares, ôc ne
doivent point être comptés parmi ceux qui agiffent
fur Y aiguille aimantée , ÔC qui en changent conftamment
la direction.
On feroit bien plus porté à croire que les mines
jde fer, dans le voiünage defquelles fe trouveroit une
aiguille aimantée, pourroient altérer fâ Vertu directive
: on s’eft affûré du contraire en mettant une aiguille
très-mobile auprès d’un morceau d’excellente
mine de fer, qui rendoit 23 livres de fer par chaque
quintal ( 110 liv re s ) , fans que Yaiguille en ait été
fenfiblemcnt dérangée. Mais il y a d’autres caufes
inconnues, dépendantes fans doute des météores,
qui dérangent fenfiblement Y aiguille aimantée : par
exemple , à la latitude de 4 id io ' du nord ôc à 28d
o / de longitude du cap Henri en Virginie, le 2 Septembre
1724, Y aiguille aimantée devint d’une agitation
fi grande, qu’il frit impoflible de fe fervir de la
bouffole pour faire la route ; ôc on eut beau mettre
plufieurs aiguilles en différens 'endroits du vaifleau’,
ôc en aimanter quelques-unes de nouveau, la même
agitation continua ôc dura pendant plus d’une heur
e , après quoi ellefe calma, ôc Y aiguille fe dirigea
: comme à l’ordinaire.
Il y a quelque apparence que le grand froid détruit,
.ou du moins fufpend la vertu directive de Yaiguille
aimantée. Le capitaine Ellis rapporte dans fon
voyage à la baie d’Hudfon, qu’un jour que fon vaif-
feau etoit environné de beaucoup de glace, fes aiguilles
aimantées perdirent entièrement leur vertu
directive; que pendant que l’une fuivoit une certaine
direfrion , l’autre en marquoit une toute différente
, ôc que pas une ne relia long-tems dans la même
direfrion ; qu’il tâcha de remédier à ces accidens,
en touchant fes aiguilles à un aimant artificiel : mais
qu’il y perdit fes peines, ôc qu’elles perdoient en un
moment la vertu qu’elles acquéroient par ce moyen ;
& qu’il fut bien convaincu après.plufieurs eflais, que
ce dérangement des aiguilles ne pouvoit être corrigé
par l’attouchement de l’aimant; que le moyen qui
lui réuffit le mieux pour remédier à cet accident, hit
de placer fes aiguilles dans un lieu chaud, où elles reprirent
effectivement leur aCtivité, & pointèrent jufte
comme à l’ordinaire : d’où il conclut que le froid ex-
ceflif caufé par les montagnes de glace dont il étoit
environné, en reflerrant trop les pores des aiguilles,
empêchoit les écoulemens de la matière magnétique
de les traverfer, ôc que la chaleur dilatant ces mêmes
pores, ‘rendoit la liberté au paflage de cette même
matière.
Lorfqu’on place-une aiguille aimantée fur une
bonne méridienne, enforte que fon pivotffoit bien
perpendiculaire ôc dans le plan de cette méridienne,
& qu’on lalaifle enfuite fe diriger d’elle-même fui-
vant fon méridien magnétique, on obferve qu’elle
ne fe dirige pas exactement vers les pôles du monde,
mais qu’elle en duline de quelques degrés, tantôt à
l’eft, tantôt à l’oueft, fuivant les différens lieux, &
en différens tems dans le même lieu.
La découverte de cette déclinaifon de Y aiguille ah?
marnée, a fuivi de peu de tems celle de fa direction.
Il étoit naturel de chercher à approfondir les circonftances
de cette vertu directive ; & en la mettant fi
fouvent fur la ligne méridienne, on fe fera bientôt
apperçû qu’elle déclinoit. Thevenot allure dans fes
voyages avoir vû une lettre de Pierre Adjiger, écrite
en 1269, dans laquelle il eft dit que Y aiguille aiman-
-tée déclinoit de cinq degrés : ôc M. de Lille le Géographe
poffédoit un manufcritd’un pilote de Dieppe
nommé Çrignon, dédié en 1534 à Sebaflieng Chabot,
Vénitien, dans lequel, on fait mention.de la'déclinaifon
de Y aiguille aimantéej cependant on fait honneur
de cette découvérte à Chabot | lui-même, à
.Gonzalesfie_Oviedo , à Robert Norniann , à Dalencé 9
ôc autres..
I l paroît au relie qiie cette découverte étoit très-
connue dans le xvj- fie.de ; car Hartmahn l’a obfer-
,vé,e en Allemagne de io d 1 f en l’année 1.5 36. Dans
le commencement on attribuoit cette déclinaifon dè
Y aiguille à ce qu’elle,ayoit été mal aimantée, .ou à
ce
'ee que la vertu magnétique s’affoiblifloit : mais les
obfërvations réitérées ont mis cette vérité hors de
doute. ( >
• La variation de la déclinaifon, c’eft-à-dire Ce
mouvement continuel dans Y aiguille aimantée, qui
fait que dans une même année, dans le même mois,
ôc même à toutes les heures du jour , elle fe tourne
vers différens points de l’horifon ; cette variation ,
dis-je, paroît avoir été connue de bonne-heure en
France. Les plus anciennes obfërvations font cellés
qui ont été faites en 1550 à Paris; Y aiguille décli-
rioit alors de 8d vers l’eft, en 1580 de 1 1d 30' vers
l’eft , en 1610 de 8d 0' vers l’e ft , jufqu’à ce qu’en
3625 Gellibrand a fait en Angleterre des obferva-
iions très-exaûes fur cette variation.
Nous joignons ici la table des différens degrés de
déclinaifon dé Y aiguille aimantée , faites à Paris, fur-
tout à l’Obfervatoire royal,
Ta b l e des différens Degrés de Déclinaifon de i Aiguille
aimantée, obfervés à Paris.
ÀNNE’ES. DECLINAISON. ANNE’ES. DECLINAISON.
D‘grcs. Minut Degrés Minu
3550 8 ° / 1 1716 12 20
1580 1 r 30 v q £ mm 12 45 1610 8 °( 1718 12 39
3640 3 ° \ s 1719 I 2 30
3664 0 40 « m >; 1720 13 0
1666 0 0 1 1721 *3 0
3670 1 30 ■?. 1722 »3 0
1680 2 40 K 1723 *3 0
1681 2 30 £ 1724 *3 0
3683 3 50 K 1725 !3 M
3684 4 10 i 1726 J3 45 1685 4 10 X 1727 14 0
1686 4 30 X 1728 *4 0
3692 5 5° *729 14 10
1693 6 20 X 1730 »4 2 5
>695 6 48 g I73I H 45 3696 7 8 g I732 1 x5 I698 7 40 <î X r73 3 M 45
*69 9 8 10 3700 8 s 1 *734 M 45 12 *-3 § 273 5 *5 40 4701 8 25 >0 j 1736 M 0
11770023 8 48 s» g J737 H 45 9 6 1738 J5 10 1704 9 20 J739 *5 20
1705 9 35 1 1740 J 5 45 I7OÔ 9 48 ï 74i *5 40 3707 10 10 1742 !5 40
I708 30 M y *743 25 10 1709 IO 15 1744 16 x5 371» 30 5° i !745 16 *5 171 r 30 5° 1746 16 2
1712 II M l 747 16 30
*7 '3 II 12 i 1748 16 *5 1714 I I 30 g *749 16 3°
3715 II . 10 1750 17 15
Pour obferver commodément la déclinaifon de
l 'aiguille aimantée , il faut tracer d’abord une ligne
méridienne bien exaCte fur un plan horifontal, dans
lin endroit qui foit éloigné des murs, ou des autres
endroits où il pourroit y avoir du fer ; enfuite on
placera fur cette ligne la boîte graduée d’une aiguille
bien fufpendue fur fon axe, enforte que le point O
de la graduation foit tourné ôc pofé bien exactement
fur la méridienne du côté du nord. On aura foin que
la boîte foit bien horifontale fur le plan, ôc que rien
n’empêche la liberté des vibrations de Y aiguille; alors
l’extrémité B de Y aiguille marquera fa déclinaifon,
<^iu fera exprimée par l’arc compris depuis O jufqu’à
1 endroit vis-à-vis duquel Y aiguille eft arrêtée. Voyez
fië',3 7 - n°- 2- " ; -, -
Tome ƒ,
Les obfërvations qu’on a faites fur la déclinaifon
de 1! aiguille aimantée, ont mis à portée de découvrir
fon inclinaifon , c’eft-à-dire cette propriété qu’elle â
de s’incliner vers un des pôles du monde plutôt que
vers un autre. En effet fi on conftruit une aiguille qui
foit parfaitement en équilibre fur fon pivot avant que
d’être aimantée , c’eft-à-dire que fon plan foit bieii
parallèle à l’horifon, dès qu’elle aura été aimantée,
elle ceflera d’être en équilibre , s’inclinera dans notre
hémifphere vers le pôle boréal ôc vers le pôle auftral
dans l’hémifphere méridional de notre globe.
Cette inclinaifon eft d’autant plus confidérable ,'
que Y aiguille eft plus proche dés pôles du monde, ÔC
d’autant moindre , qu’elle eft proche de l’équateur ,
enforte que fous la ligne Y aiguille eft parfaitement
horifontale. Cette inclinaifon au relie varie dans tous
les lieux de la terre comme la déclinaifon ; elle varie
aufli dans tous les tems de l’année ôc dans les différentes
heures du jour : ôc il paroît que les variations
de cette inclinaifon font plus confidérables que celles
de la déclinaifon, Ôc pour ainfi dire indépendantes
l’une de l’autre. On peut , voir dans la figure $ 5 i
n°. 3 . de quelle maniéré on difpofe Y aiguille pour
obferver fon inclinaifon. Mais on n’a pas été long-
tems à s’appercevoir qu’une grande partie de cette
variation dependoit du frotement de l’axe fur lequel
Y aiguille devoit tourner pour fe mettre en équilibre ;
car en examinant la quantité des degrés d’inclinai-
fon d’une aiguille mife en mouvement ôc revenue à
fon point de repos, on la troüvoit tout-à*fait variable,
quoique l’expérience fut faite dans les mêmes
circonftances, dans la même heure, ôc avec la même
aiguille : d’ailleurs on a fait differentes aiguilles avec
tout le foin imaginable ; on les a faites de même longueur
ôc épaifleur, du même acier ; on les a frotées
toutes également Ôc de la même maniéré fur un bon
aimant ; ç’a été par hafard quand deux fe font accordées
à donner la même inclinaifon ; ces inégalités
ont été quelquefois à 10 ou 12 degrés : enforte qu’il
a fallu abfolument chercher une méthode de conf*
truire des aiguilles d’inclinaifon exemptes de ces inégalités.
Ce problème a été un de ceux que l’Académie
des Sciences a jugé digne d’être propofé aux plus
habiles Phyficiens de l’Europe ; ôc voici les réglés que
preferit M. Dan. Bernoulli qu’elle a couronné.
i° . On doit faire enforte que l’axe des aiguilles {oit
bien perpendiculaire à leur longueur , ôc qu’il pafle
exactement par leur centre de gravité.
20. Que les tourillons de cet axe foient exaCte-
ment ronds ôc polis, ôc du plus petit diamètre que
le permettra la pefanteur de Y aiguille.
3 °. Que cet axe roule fur deux tablettes qui foient
dans un même plan bién horifontal, très-dur ôc très-
poli. Mais comme l’inflexion de Y aiguille , & la difficulté
de placer cet axe exactement dans le centre de
gravité , peut caufer des erreurs fenfibles dans l’in-
clinaifon de Y aiguille aimantée , voici la conftruCtion
d’une nouvelle aiguille.
On en choifira une d’une bonne longueur, à laquelle
on ajuftera un axe perpendiculaire , 6c dans
le centre de gravité le mieux qu’il fera poflible ; on
aura un petit poids mobile , comme de 10 grains,
pour unè aiguille qui en pefe 6000, ôc on approchera
ce petit poids auprès des tourillons jufqü’à environ
la 20e partie de la longueur d’une des moitiés ; en-
fuite on mettra Y aiguille en équilibre horifontale-
ment avec toute l’attention poflible ; ôc lorfqu’elle
fera en cette fituation , on marquera le lieu du petit
poids : alors on l’éloignera des tourillons vers l’extrémité
de Yaiguille jufqu’à ce qu’elle ait pris un©
inclinaifon de 5 degrés. On marquera encore fur Y aiguille
le lieu au petit poids, 6c on le reculera jufi
qu’à ce que l’inclinaifon foit de 10 degrés , & ainfi
de fuite en marquant le lieu du petit-poids de cinq