1736, à la même heure, on vit à Yffelftein un arc-en-
ciel lunaire fort grand, fort éclatant ; mais cet arc-en-
ciel n’étoit par-tout que de couleur jaune.
Arc-tn+citl-marin. L’arc-en-ciel-marin eft un phénomène
qui paroît quelquefois lorfque la mer eft extrêmement
tourmentée, & que le vent agitant la fuper-
ficie des vagues , fait que les rayons du foleii qui
tombent deffus, s’y rompent, & y peignent les mêmes
couleurs que dans les gouttes de pluie ordinaires.
M. Bowrzes obferve dans les Tranfactions philofophi-
ques, que les couleurs de ¥ arc-en-ciel-marin font moins
vives , moins diftinftes, & de moindre durée que
celles de l1'arc-en-ciel ordinaire, & qu’on y diftingue
à peine plus de deux couleurs ; favoir du jaune du
côté du foleii, & un verd pâle du côté oppofé.
Mais ces arcs font plus nombreux, car on en voit
fou vent z o ou 30 à-la-fois ; ils paroiffent à midi, &
dans une pofition contraire à celle de Y arc-en-ciel,
c’eft-à-dire renverfés ; ce qui eft une fuite néceffaire
de ce que nous avons dit en expliquant les phénomènes
de Y arc-en-ciel folaire.
On peut encore rapporter à cette claffe une efpece
d'arc-tn-ciel blanc que Mentzelius & d’autres difent
avoir obfervé à l’heure de midi. M. Mariotte, dans
fon ejfai de Phyjique, dit que ces arcs-en-ciel fans cou-;
leur fe forment dans les brouillards, comme les autres
fe font dans la pluie ; & il affûre en avoir vu à
trois diverfes fois, tant le matin après le lever du
foleii, que la nuit à la clarté de la lune.
Le jour qu’il vit le premier, il avoit fait un grand
brouillard au lever du foleii ; une heure après le
brouillard fefépara par intervalle. Un vent qui ve-
noit du levant ayant pouffé un de ces brouillards fé-
parés à deux ou trois cents pas de l’obfervateur, &
le foleii dardant fes rayons deffus, il parut un arc-
en-ciel l'emblable pour la figure, la grandeur & la fi-
tuation, à Y arc-en-ciel ordinaire. Il étoit tout b lanc,
hors un peu d’obfcurité qui le terminoit à.l’extérieur;
la blancheur du milieu étoit très-éclatante, & furpaf-
foit de beaucoup celle qui paroiffoit fur le refte du
brouillard : Y arc n’avoit qu’environ un degré & demi
de largeur. Un-autre brouillard ayant été pouffé de
même , l’obfervateur vit un autre arc-en-ciel fembla-
ble au premier. Ces brouillards étoient fi épais, qu’il
ne voyoit rien au-delà.
Il attribue ce défaut de couleurs à la petiteffe des
vapeurs imperceptibles qui compofent les brouillards
: d’autres croyent plûtôt qu’il vient de la ténuité
exceflive des petites véficules de la vapeur, qui n’étant
en effet que de petites pellicules aqueufes remplies
d’air, ne rompent point affez les rayons de lumière
, outre qu’elles font trop petites pour féparer
les différons rayons colorés. De-là vient qu’elles ré-
fléchiffent les rayons aufli compofés qu’elles les ont
reçus, c’eft-à-dire blancs.
Rohault parle d’un arc-en-ciel qui fe forme dans les
prairies par la réfraétion des rayons du foleii dans les
gouttes de rofée. Traité de Phyjique.
Nous ne nous arrêterons pas ici à rapporter les
fentimens ridicules des anciens philofophes fur Y arc-
en-ciel. Pline & Plutarque rapportent que les prêtres
dans leurs offrandes fe fervoient par préférence du
bois fur lequel Y arc-en-ciel avoit repofé, & qui en
avoit été mouillé, parce qu’ils s’imaginoient, on ne
fait pourquoi, que ce bois rendoit une odeur bien
plus agréable que les autres. Voye^ Vejfai de Phyf. de
Muffch. d’où no,us avons tiré une partie de cet article.
Voyeç aujji le traité des Météores de Defcartes,
Voptique de Newton, les lectiones opticce de Barrow,
& le quatrième volume des oeuvres de M. Bernoulli,
imprimées à G eneve, 1743. On trouve dans ces dif-
férens ouvrages, & dans plufieurs autres, la théorie
de Y arc-en-ciel.
Finiffons çet article par une réflexion philofophique.
On ne fait pas pourquoi une pierre tombe, èc
on fait la caufe des couleurs de Y arc-en-ciel, quoique
ce dernier phénomène foit beaucoup plus furprènant
que le premier pour la multitude. Il femble que l’étude
de la nature foit propre à nous enorgueillir d’une
p art, & à nous humilier de l’autre. (O)
Arc DE C lo îtr e , (Architeci. & Coupe des pierres.}
On appelle ainfi une voûte compofée de deux, trois,
quatre, ou plufieurs portions de berceaux qui fe rencontrent
en angle rentrant dans leur concavité, comme
les portions ABC,fig. 3. Coupe des pierres, enforte
que leurs côtés forment le contour de la voûte en
-polygone. Si les berceaux cylindriques fe rencon-
troient au contraire en angle taillant fur la concavité
, la voûte changeroit de nom , elle s’appelleroit
voûte d'arête. Voye^ ArÊTE. (D )
A r c -d o u b l a u , c’eft une arcade en faillie fur la
douille d’une voûte.
A r c -d r o i t , {Coupe des pierres.') c’eft la fe&ion
d’une voûte cylindrique perpendiculairement à fon
axe.
A r c -r a m p a n t , ( Coupe des pierres.) c’eft celui
dont les importes ne font pas de niveau. Voyeç la fig.
2. Coupe des pierres.
* A r c s d e t r i o m p h e , ([Hifl. anc. & mod.)
grands portiques ou édifices élevés à l ’entrée des villes
ou fur des paffages publics , en l’honneur d’un
vainqueur à qui l’on avoit accordé le triomphe, ou
en mémoire de quelqu’évenement important. On
élevoit aufli des arcs de triomphe aux dieux. Une inf-
cription confervée dans les regiftres de l’hôtel-de-
ville de Langres, montre que dans ces monumens on
affocioit même quelquefois les hommes aux dieux.
Voici cette infcription : *
Q . Sed u l iu s f i l . * * filins. ~
Se d u l i m a jo r
D is m a r is à c
A ü G . * ARCÛM * A u g u jlo i
St a t u a s id em
M. * d . D. * munus o u municeps
dedicavit. - ■
Quintus Sedulius fils aîné d'un autre Sedulius, a dédié
aux dieux de la mer & à Augujle l'arc de triomphe & les
Jiatues.
Ces édifices étoient ordinairement décorés de fta-
tues & de bas-reliefs, relatifs à la gloire des dieux
& des héros , & à la nature de l’évenement qui en
avoit occafionné la conftru&ion. Plufieurs arcs de
triomphe des anciens font encore fur pié : celui d’O-
range , qui fait une des portes de cette v ille , fut
érigé, à çe qu’on croit, à l’occafion de la victoire de
Caius Marius & de Catulus fur les Teutons, les Cim-
bres & les Ambrons. On en peut voir dans les antiquités
du favant pere Montfaucon, un deffein fort
exaâ. Cet arc a environ onze toifes de long fur dix
toiles en fa plus grande hauteur. Il eft compofé de
trois arcades embellies en-dedans de compartimens ,
.de feuillages, de fleurons & de fruits, & filetées avec
foin. Sur l’arcade du milieu eft une longue table d ’attente
, & la repréfentation d’une bataille de gens de
pié & de cheval, les uns armés & couverts, les autres
nuds. Sur les petites portes des côtés des quatre avenues
font des amas de boucliers, de dagues, coutelas
, pieux, thrombes, heaumes & habits, avec quelques
lignes militaires relevés en boffe. On y voit aufli
d’autres tables d’attente, avec des trophées d’aâions
navales, des roftes, des acroftydes, des ancres, des
proues, des apluftes, des rames & des tridens. Sur
les trophées du côté du levant eft un foleii rayonnant
dans un petit arc femé d’étoiles ; au haut de Y arc, fur
la petite porte gauche du feptentrion ,, font des inf-
trumens de facrifiçes ;. à la même hauteur , du côté
du midi, eft une demi-figure de vieille femme , entourée
tourée d’un gland voile comme l’étërnité. Les frifes
principales font,. parfemées'de foldats. combattans à
pié. Il réfùlte de cette defcription, que cet arc triotn-
p h a l a été conftruit à l’occàfion de deux victoires ,
l’une fur mer & l’autre fur terre, & qu’il y a tout lieu
de douter que ce foit celui de Caïus Marius & de Catulus.
; ' • ' L
Il y a à Çavaillon les ruines d’iin <?rc de triomphe; .
à Carpentras les veftiges d’un autre ; à Rome celui
de Tite eft le plus ancien & le moins-grand de ceux
qui fubfift'ent:dans cette ville. Celui qu’on appelloit
de Portugal , arcp/di P o r to g a llo , a excité de grandes
conteftatipns. entre les antiquaires ; les uns prétendant
que c’étoit Y arc de Domitièn, d’autres celui de
Marc-Aurele :.mais Alexandre V IL fe proposant
d’embellir la rué qu’on appelle i l c o x f o fit examiner
cet arc qui la coupoit en deux. On reconnut que la-
ftruCtureen étoitirrégulieredans toutes fes parties;
que les .ornemens n’en avoient entr’eux aucun rapport
, & que le plan & le;terrein:fur lequel il étoit
conftruit ne s’accordoient point avec les anciens ;
d’-oii l’on conclut que cet édifice, étoit moderne,
qu’on l’avoit formé de bas-reliefs, dé marbres anti- .
ques, & d’autres morceaux ràffemblés au hafard ; & |
il. fut détruit.
Il y a deux arcs de Seyete, le grand & le petit : j
le grand eft au-bas du capitale. Le.Serlio a prétendu
que c’étoit aufli un amas de ruines différentes rapportées
; mais la conje&ure.de cet archite&e eft ha-
lardée. Voye^cet arc & f e s ruines fig. 3 . & 4. PI. III.
de nos A n tiq u it. il eft à trois- arcades. Dans les bas-
reliefs qui font au-deffus des petites;arcades de- cô té,
on voit Rome aflife, tenant en fa main un globe, &
relevant un Parthe fuppliant. .Viennent des loldats, >
dont les uns mènent un captif & les autres une cap- •
tive ., les mains'liées. Sur le milieu eft une femme’,
aflife, qu’on prendroit aifément pour une province.
Suivent des chariots chargés de dépouilles ,.les uns •
tirés, par des,chevaux, les autres par des boeufs. Ce
bas-relief fert, pour ainfi dire, de bafe àunautre^oii
l’on voit Septime Sèvere triomphant & accueilli du
peuple, avec les acclamations & les cérémonies ordinaires,;.
Le petit are de'Severe qui eft auprès de S. George
invelabro, à Rome, a quelques,morceaux d’architecture
remarquables. On voit fur un-des petits côtés
Severe qui làcrifie en verfant fa patere fur le foyer
d?un-trépié : ce prince eft voilé. On croit que la fem-.
me voilée qui eft à fes côtés, eft ou fa femme Julia,
ou la paix avec fon caducée. Il y ayoit derrière une.
troifieme figure qui a été enlevée au cifeau :• c’étoit
Geta, fpettateur du façrifice. Après que Caracalla
fon frere l’eut tué, il fit ôter fa figure & fon nom des
monumens publics. Au-deffouS;de ce facrifiee font •
des inftrumenSifacrés, comme le bâton augurai, l e .
préféricule, î’albogalerus, & c . Plus bas encore eft
l’immolation du taureau; deux yiûimaires, le tiennent
, un autre le frappe. Le tibicen joue des deux flûtes.
Camille tient un petit coffre. Vient enfuite le far
crificat.eur voilé avec .une patere ;,çe facrificateur
fans barbe pqurroit bien être Caracalla. Le grand
morceau qui fuit eft entre deux pilaftres d’ordre,-com-
pofite. Sur, la corniche entre les chapiteaux.il y a
deux .hommes-, dont l’un verfe de fon vafe dans le
vafe de l’autre.Deux autres plus près des chapiteaux?
tiennent, l’un un préféricule, & l’autre un acerre. Plus
bas font deux çàptifs. les mains liées derrière; le dos,.
ôc conduits par deux foldats. Au deflous font des trophées
d’armes ; & plus bas un homme qui chaffe des
boeufs. Ç ’eft tout ce qu’on apperçoit dans la planche
du P. de Montfaucon.
- l la r c de Galien fe reffent un peu des malheurs du
tems de cet empereur. L’empire étoit en combuftion. ;
Les fi nances étoient épuifées.Les particuliers avoient;
Tome I.
entèrré leurs richeffes. Marc-Aurele Viélor fit élever
ce monument en l’Konneur de Galien & de Sàlonine
fa femme. L’infcription eft, eu ju s invicla virtus J o la ■
pietate faperata eft; ce qui ne convient guere à Ga*
lien, qui-vit avec joie Valerien fon pere tomber entre
les mains des Parthes. Les chapiteaux font d’ordre
corinthien d’un goût fort médiocre. On s’apper-
j çoitrlà que les arts tomboiént, & fuivoient le fort de
: l’empire.
L'arc de Conftantin eft un des plus confidérables ;
. on y voit les batailles de -Conftantin, & il eft orné
de monumens tranfportés du forum Trajani ; c’eft ce^
; lui de notre Pi.. I I I . d'Antiq.fig. ,1. & 2. Les têtes &
îles mains qui manquent aux ftatues pofées furie haut
1 de l’^rc;, ont été enlevées.furtivement.
L ’arc de Saint-Remi en Provence n’ a qu’une porte
large, au-deffus de laquelle & fur chaque côté, on
! a placé une viûoire. Il y a à côté de la porte, entre
: deux colonnes cannelées , deux figures d’hommes
maltraitées par le tems.
Outre ces arcs de triomphe anciens, les médaillons
en offrent un grand nombre d’autrés. Ceux qui feront
curieux d’en favoir davantage, n’auront qu’à parcourir^
le.quatrieme Volume d’ylntiq. expliquée.
Mais les modernes ont aufli leurs arcs de triomphe{
car on me peut donner un autre nom à la porte de
Peyro à Montpellier, aux portes de faint D enys, de
faint Martin , &.de faint Antoine à Paris; Outre les
arcs de. triomphe en pierre, il y a des arcs de triomphe
d’eau ; .tel eft celui de Verfailles, du deffein de M. le
Nautre. Ce morceau d’architeflure eft un portique de ’
fer ou de bronze à jour, où les nuds des pUaftres, des
faces & des autres parties renfermées entre des orne-
; mens, font garnis par des nappes d’eau.
* ARCAHON (golfe d') ou i ’ARCASSON, petit
: golfe de la-mer de Gafcogne, entre l’embouchure de
la Garonne & celle de l’Ado lire. II y a dans le voi-
finage un;cap de même. nom.
- ARCADE, f. f. en Architecture, fe dit de toute ou- •
• verture dans un mur. formée par le haut en plein-cin-î -
tre ou demi -.cercle parfait. Voyt{ Ar c & V oûte , ■
en latin fo.rnix.
A r c a d e fante, eft une fauffe porte ou fenêtre
cintrée , pratiquée dans un mur d’une certaine pro-
. fondeur, pour répondre à une arcade p e rcée , qui lui
eft oppofee ou pa ra llè le , ou feulement pour la d é- -
coration d’un mur. ( P )
A r c a d e , en Jardinage, fe dit d’iine paliffade formant
uneigrahdeiouverture cintrée par le haut, qui
peut être percée jufqu’en bas, ou être arrêtée fur une
banquette de charmille.
. Les arcades fe plantent de charmilles, d’ifs , d’or-
milles., de tilleuls, & même de grands arbres rapprochés..
Le terrein frais & marécageux leur eft abfolu-
ment néceffaire, ou du moins une terre extrêmement
forte:.--
On donne à ces arcades pour jufte proportion de
leur hauteur, deux fois ou deux fois & demie, leur
largeur. Les tremeaux auront trois ou quatre piés de.
large ; au-deffus on éleve une corniche ou bande pla-
tede deux ou trois piés de haut, taillée en chanfrain,
& échappée de la même charmille , avec des boules:
ou aigrettes fendues en forme de vafes fur chaque tre-,
meau»; s’il y a quelque corps faillant, tel qu’un focle,.
un claveau, ce ne doit être au plus que de deux ou.
trois ponces. • •• ! •- ru'Mijùà-f c-s.
Il eft néceffaire de tondre quatre fois l’annee ces
fortes de paliffades, pour leur conferver plus exactement
la forme contrainte où on les tient. (A)
ARCADE, c’e f t , dans les Manufactures de Soierie „
une ficelle de la longueur de cinq pies pliée en deux ,
, boüçlée par le haut, ou du moins arretee par un
noeud en boucle.; c’eft dans cette boucle qu’on,paffe
la corde de rame : quant .aux deux;bouts » ils le rea-
C g g g