4o8 A N A d’une artere avec une artere, d’une veine avec une
veine, ou d’une veine avec une artere. Voye^ Artere
& Veine. . .. .
La circulation du fang dans le foetus fe tait par le
moyen des anaftomofes ou des jon&ions de la veine
cave avec la veine pulmonaire , & de l’artere pulmonaire
avec l’aorte. Voyt^ Foetus.
La même circulation dans les adultes fe fait par
les anaftomofes, ou les jonctions continuées des artères
capillaires avec les veines. F . Circulation.
Après que Harvey eut démontre la circulation du
fang dans le coeur, le poumon, &c les grands vail-
feaux fanguins, on n’eut encore que des conjectures
au fujet de la maniéré dont les extrémités de ces
vaiffeaux tranfmettoient le fang aux veines ; juf-
qu’à ce que Leuwenhoek eut découvert avec fes
microfcopes la continuation des extrémités de ces
vaiffeaux dans les poiffons, les grenouilles, &c.
Malgré cette découverte, on n’ofoit aflïïrer que ces
liaifons des extrémités des arteres & des veines euf-
fent lieu dans le corps humain & dans les quadrupèdes
, car les animaux fur qui l’on a jufqu’à préfent
fait cette expérience avec fuccès, font, difoit-on,
une êfpece de posions ou d’amphibies, dont le coeur
n’a qu’un ventricule : outre que le fang en eft froid,
il n’a point en ces animaux une circulation aufli rapide
que le fang de ceux en qui le coeur a deux ventricules.
Cette différence dans les principaux organes de
la circulation, détermina Cowper à faire des expériences
plus approfondies fur des animaux dont les
organes font pareils aux nôtres, par la ftru&ure &
la conformation intrinfeqiie , & n’en different que
par le volume : il en réfulta une démonftration complété
de Yanaflomofe, ou de la jonûion des arteres
& des veines dans l’épiploon.
En 1705, Frédéric Frantzus de Frankenau, médecin
à Copenhague, publia un ouvrage étendu &
favant, intitulé Anaflomofis retecla. (L )
ANASTROPHE, f. f. (Gramm.^dvciç-po<p», de dm,
qui répond à per, in , inter des Latins, & du verbe
ç-ptçu, verto. Quintilien, au chap. v. du I. liv. de fes
Jnji. or. dit que Yanaftrophe eft un vice de conftruc-
tion dans lequel on tombe par des inverfions contre
l’ufage, vitium inverjionis. On en donne pour exemple
ces endroits de Virgile, Saxa per &fcopulos.
III. Géor. v . 176. & encore
. . . . . Furie immiffis Vulcanus habenis, •
Tranftraper & remos. Æn. V. v. 662. & au I. L.,
V. 12. Italiam contra. On voit par ces exemples que
Vanaftrophe n’eft pas toujours un vice, & qu’elle peut
aufli paffer pour une figure par laquelle un mot qui
régulièrement eft mis devant un autre, per faxa, per
tranflra , contra Italiam, verfus Italiam > &C. eft mis
après. Saxaperf & c . (F’ )
* ANATE ou A T TO L E , f. f. (Hifh nat.') forte de
teinture qui fe prépare aux Indes orientales, à peu
près comme l’indigo. On la tire d’une fleur rouge qui
croît fur des arbriffeaux de fept à huit piés de haut :
on cueille cette fleur quand elle eft dans fa force ; on
la jette dans des cuves ou des citernes ; on l’y laiffe
pourrir : quand elle eft pourrie, on l’agite, ou à bras,
ou avec une machine telle que celle qu’on employé
dans les indigoteries f voyeç Indigo) ; on la réduit
en une fubftance épaiffe ; on la laifle un peu fécher
au foleil ; on en forme enfuite des gâteaux ou des
rouleaux. Les Teinturiers préfèrent Yanate à l’indigo.
On la tire de la baie d’Honduras.
ANATHÈME, f. m. ( Théolog.) du grec àvdQnjjut,
chofe mife à part, jeparèe , dévouée. Ce nom eft équi-
.voque, & a été pris dans un fens odieux & dans un
,fens. favorable. Dans le premier de ces deux fens,
anathème fe prend principalement pour le retranchement
& la perte entière d’un homme féparé de la
A N A communion des Fideles, ou du nombre des vivans,
ou des privilèges de la fociété ; ou le dévoûment d’un
homme, d’un animal, d’une v ille, ou d’autre chofe ,
à être exterminé, détruit, livré aux flammes, & en
quelque forte anéanti.
Le mot hébreu Eznn, cherem, qui tépond au grec
àvaùitpa. , fignifie proprement perdre, détruire 3 exterminer
3 dévouer, anathématifer. Moyfe veut qu’on dévoue
à Yanathème les villes des Chananéens qui ne fe rendront
pas aux Ifraëlites , & ceux qui adoreront les
faux dieux. Deut. V II. 2. 2 6. Ex . X X I I . 1 g . Quelquefois
on dévoüoit à Y anathème ceux qui n’avoient
pas exécuté les ordres du prince ou de la république :
ainfi le peuple Hébreu affemblé à Mafpha dévoua à
Y anathème quiconque ne marcheroit pas contre ceux
de Benjamin, pour venger l’outrage fait à la femme.
du jeune Lévite. Judic. x jx . 6* xx j. Saiil dévoua à
Y anathème quiconque mangeroit quelque chofe avant
îe coucher du foleil dans la pourfuite des Philiftins.
I . Reg. xjv. 24. Il paroît par l’exécution de tous ceS
dévoûmens, pù!i| s’agiffoit de faire mourir tous ceux
qui s’y trouvoient enveloppés. Quelquefois des per-
fonnes fe dévoiioient elles-mêmes, fi elles n’exécu-
toient quelque chofe.
D e - là l’Eglife chrétienne, dans fes décifions , a
prononcé anathème, c’eft-à-dire qu’elle a dévoué au
malheur éternel ceux qui fe révoltent contr’elle, où
qui combattent fa foi. Dans plufieurs conciles, tant
généraux que particuliers, on a dit anathème aux
hérétiques qui altéroient la pureté de la foi ; & plu*
fleurs autres ont conçu leurs décifions en cette forme
: fi quelqu’un dit ou foûtient telle ou telle erreur ;
fi quelqu’un nie tel ou tel dogme catholique, qu’il
foit anathème : f i quis dixerit, &CC. anathemafit; f i quis
ne gave rit, &C. anathema fit. .
II y a deux efpeces à.'anathèmes; les uns font judiciaires,
& les autres abjuratoires.
Les judiciaires ne péuvent être prononcés que paf
un concile , un pape, un évêque, ou quelqu’âutrè
perfonne ayaut jurifdiâion à cet égard : ils different
de la fimple excommunication, en ce qu’elle
n’interdit aux Fideles que l’entrée de l’églife ou la
communion des Fideles, & que Yanathème les retranche
du corps des Fideles, même de leur com- >
merce, & les livre à Satan. Foye^ Ex c o m m u n ic
a t io n .
Uanathème abjuratoire fait pour l ’ordinaire partie
de l’abjuration d’un hérétique con verti, parce qu’i l
eft obligé d’anathématifer l ’erreur à laquelle i l renonce.
Foye^ A b j u r a t io n .
Les critiques & les commentateurs font partagée
fur la maniéré d’entendre ce que dit S. Paul, qu’il
defiroit être anathème pour fes fferes. Rom. jx .
Les uns expliquent ce mot par celui de maudit; les
autres par celui de féparé.
Cependant comme le mot anathème, àvdBt/xa, fignifie
en général confacré, dévoué, on le trouve pris
en bonne part dans les anciens auteurs eccléfiafti-
ques ; c’e ft-à -d ire , pour toutes les chofes que la
piété des Fideles offroit dans les temples, & confa-
croit d’une maniéré particulière, foit à leur décoration
, foit au fervice de Dieu. Quelques grammairiens
diftin^uent fcrupuleufement entre ces deux
mots grecs avâônpara. , & dvàBi/Mna, dont le premier,
difent-ils, fignifie les chofes dévouées à périr, en
ligne de malédi&ion & d’exécration ; & le fécond
s’applique aux chofes retirées’de l’ufage profane,
pour être fpécialement confacrés à Dieu : mais ils
ne donnent aucune raifon folide de cette diftin&ion.
D ’ailleurs, les peres grecs employent indifféremment
ces deux termes dans le double fens dont il s’agit
ic i, fans y mettre là diftin&ion qu’ont imaginée
les Grammairiens. Pour nous, nous nous contenterons
de remarquer que les ancien* donnoient le nom
$ anathème
A N A ÿamiKtm.ï. toutes les offrandes ; mais principale-:
ment à celles qu’on fufpendoit aux piliers ou colom-
nes & aux voûtes des églifes, comme des monumens
de quelque grâce ou faveur fignalée qu’on avoit reçue
du ciel. Bingham, orïg. tc&fmfii- u m f l l l . U».
VIH. ckap.v'üj. §. i- (<r) .. • . '
ANATOCISME, f. m. (Comm, J contrat muraire
oii l’on. Itipule un intérêt de l’intérêt meme uni au
principal. - ,
Ce mot eft originairement grec. CicerOn 1 a employé
en latin, & il a paffé dans le plupart des autres
langiies : il vient de la prépofition SjB, qui dans
les mots compofés fignifie répétition ou duplication ,
& de tokoç , ufure. .
Vanatocifme eft ce que nous appelions vulgairement
Vintérêt de l'intérêt ou l'intérêt compofé. Voye[
I n t é r ê t . . , I „ . H
C’eft la plus criminelle efpece d ufure ; elle eft le-
Verement condamnée par les lois romaines, & .p ar
le droit commun de la plupart des nations ; elle eft
contraire au d ro it naturel & d iv in ; nulle autorité
n’en peut accorder n i la difpenfe n i 1 ablolution, meme
£ l ’article de la mort, fans la reftitution , ou du
moins la promeffe de re f t itu e r, fi on le pe u t, tout le
bien acquis par ce crime, également oppolé à la juf-
tice & à la charité. F oye{ U s u r e . ( H )
* ANATOLIE. Voye{ N a t o l ie .
* ANATOMIE, f. f. (Ordre encycl. Entend. Raifon,
Philofophie ou Science, Science de la nat. Phyfiq. générale
, particul. Zoologie Anatomie fimple & comparée.)
C ’eft l’art de difiequer ou de féparer adroitement
les parties folidés des animaux, pour en connoître la
fituation, la figure, les connexions, &c. Le terme
anatomie vient de àvtvnpxu», j t coupe, je diffeque. Il a
différentes acceptions'. S’il fe prend, comme on vient
de le dire , pour l’art de difiequer, il fe prend aufli
pour le fujet qu’on diffeque ou qu’on a diflequé ; &
quelquefois meme pour la repréfentation en plâtre,
en c ire, ou de quelqu’autre maniéré, foit de la ftruc-
ture entière, foit de quelqu’une des parties d’un animal
diflequé. Exemple : I l y a au cabinet du Roi de
belles anatomies en cire.
But de l'Ahatomie. Le but immédiat de Y Anatomie
prife dans le premier fens, ou confidérée comme
l’art de difféquer , c’eft la connoiffance des parties
folides qui entrent dans la compofition des corps des
animaux. Le but éloigné, c’eftl’avantage de pouvoir, •
à l’aide de cette connoiflànce, fe conduire sûrement
dans le traitement des maladies, qui l'ont l’objet de
la Médecine & .de la Chirurgie. Ce feroit fans doute
une contemplaû°n très-belle par elle même, & une
recherche bien digne d’occuper feule un phil'ofophe,
que celle de la figure, de, la fituation, des connexions
des o s , des cartilages, des membranes , des
nerfs, des ligamens, des tendons, des vaiffeaux artériels,
veineux, lymphatiques, &c. Mais fi on ne
.paffoit de l’examen ftérile des parties folides du corps
à leur aftion fur les parties fluides, fur le chyle , fur
le fang, le lait, la lymphe, la graiffe, &c. &c de - là
à la confervation & au rétabliflement de la machine
entière ; ce travail retomberoit dans le cas de beau:
coup d’autres travaux, qui font un honneur infini à
la pénétration de l’efpfit humain, & qui feront des
monumens éternels de fa patience, quoiqu’on n’en
ait retiré aucunq utilité réelle.
Avantages de VAnatomie. Lorfqu’on examine combien
il eft néceffaire de connoître parfaitement le mé-
chanifme de l’ouvrage le plus fimple, quand on eft
prépôfé par é tat, foit à l’entretien, foit au rétabliflement
de cet ouvrage, s’il vient à fe déranger ; on n’imagine
guere qu’il y ait eu & qu’il y ait encore deux
fentimens différens fur l’importance de Y Anatomie
pour l’exercice de la Medecine. Lorfquon s’eft dit
foi-même, que tout étant égal d’ailleurs, celui qui
,5t'orne I,'
A N A 4°P connaîtra le mieux une horloge fera l’ouvrier le plus
capable de la raccommoder, il f emble qu’on foit force
de conclure,que tout étant égal d’ailleurs, celui qui
entendra le mieux le corps humain -, fera le plus en
état d’en écarter les maladies, & que le meilleur ana-
tomifte fera certainement le meilleur médecin.
C ’étoit auffi l’avis de ceux d’entre les médecins
qu’on appelloit dogmatiques. I l faut, diloient-ils, ou*
vrir des cadavres, parcourir les vifeeres, -fouiller dana les
entrailles, étudier l'animaljufque dansfes parties les plus
infenfibles; 6c l’on ne peut trop louer le courage d'Hé-
rophile & d’Erafiftrate , qui recevoient les malfaiteurs
& qui les difl'equoient tout vifs ; & la fageffe des
princes qui les leur abandonnoient, & qui facrifioient
un petit nombre de méchans à la confervation d’une
multitude d’innocens de tout état, de tout âge, ôc
dans tous les fiecles à venir.
Que répondoient à cela les empiriques ? Que les
chofes ne font point dans un cadavre, ni même dans
un.homme vivant qu’on vient d’ouvrir,.ce qu’elles
font dans le corps fain & entier ; qu’il n’eft guere pof-
fible de confondre ces deux états fans s’expoler à des
fuites fâcheufes; que fi les demi-notions (ont toujours
nuifibles, c’eft fur-tout dans le cas prefent ; que
la'recherche anatomique, quelque exafte & parfaite
qu’on la fuppofe, ne pouvant jamais rien procurer
d’évident fur le tiffu des folides, fur la nature des fluides
, fur le jeu de la machine entière, cette recherche
ne manquera pas de devenir le fondement d’une multitude
de fyftèmes, d’autant plus dangereux , qu ils
auront tous quelque ombre de vraiffemblance; qu il
eft ridicule de fe livrer à une occupation delagreable
& pénible, qui ne conduit qu’à des tenebres, & de
chercher par la diffeftion des corps des lumières qu -
on n’en tirera jamais ; que c’eft tomber dans une
lourde faute que de comparer la machine animale à
une autre machine; que, quelque compofe que loit
un ouvrage forti de la main de 1 homme ,_on peut s en
promettre avec du tems & de la peine une "entière
& parfaite connoiffance ; mais qu’il n’en eft pas ainfi
des ouvrages de la nature, & à plus forte raifon du
chef-d’oeuvre de la D ivinité, & qu’il faut, pour développer
la formation d’un cheveu, plus de lagaci-
té qu’il n’y en a dans toutes les tetes des hommes
enfemble. Celui, difent-ils, qui fur le battement du
coeur & la pulfation des arteres, crut qu’il n’y avoit
qu’à porter le lcalpel fur un de fes femblables, & pénétrer
d’un oeil curieux dans 1 intérieur de la machine
pour en découvrir les refforts, forma de toutes les
conjectures la plus naturelle en même tems & la plus
trompeule : l’homme vu au-dedans lui devint plus
incompréhenfibleque quand il n’en connoifloit que la
fuperficie ; & fes imitateurs dans les fiecles à venir ,
mieux inftruits fur la configuration, la fituation, &
la multitude des parties, n’en ont été par cette raifon
que plus incertains fur l’économie générale du
Dut. - ; . , '■ y.'-
Celfe fentit la force des raifonnemens qu on tailoit
e part & d’autre, & prit un parti moyen : il permit
l’anatomifte d’ouvrir des cadavres, mais non d’é-
orger des hommes : il voulut qu’on attendît du tems
tde la pratique les connoiffances anatomiques que
infpe&ion du cadavre ne pourroit donner ; metho-
e lente, mais plus humaine, dit-on, que celle d’Hé-
ophile & d’Erafiftrate.
Me feroit-il permis d’expofer ce que je penfe fur
emploi qu’on fait ici du terme humanité? Qu’eft ce
ue l’humanité ? finon une difpofition habituelle de
oeur à employer nos facultés à l’avantage du genre
umain. Cela fuppofé, qu’a d’inhumain la diflechaîi
’un méchant? Puifque vous donnez le nom d tnhu-
tain au méchant qu’on diffeque, parce qu il a tour-
lé contre fes femblables des facultés qu il devoit em