veineroient comme des marbres. Le baflin de cette
fontaine a douze pies de diamètre d’un fens fur quinze
de l’autre ; c’eft une efpece de puifard qui eft revêtu
entièrement de bois de charpente ; il a quarante
cinq piés de profondeur : la tradition du pays dit
qu’il a été creufé dans i’efpérance d’y trouver une
mine de cuivre & d’argent ; on en trouve effectivement
des indices par les marcaffites qui font au fond
de cette fontaine: M. de la Sablonniere l’a fait vui-
der ; l’ouvrage en bois étoit li ancien & fi pourri,
qu’une partie a croulé avant que la fontaine ait été
remplie de nouveau ; elle coule cependant à l’ordinaire,
& jette fon bitume comme auparavant.
A cent foixante toifes de cette fontaine, au nord,
M. de la Sablonniere a fait creufer un puifart de quarante
cinq piés de profondeur, qu’il a fait revêtir en
bois de cnêne ; il s’y eft rencontré plufieurs veines
d'afphalte ou bitume, mais peu riches ; celle qui s’eft
trouvée à quarante-cinq piés eft fort graffe ; elle eft
en plature, mais cependant ondée dans fa partie fu-
périeure, c’eft-à-dire qu’elle a quelquefois fix piés
d’épaiffeur , & quelquefois elle fe réduit à moins
d’un pié, puis elle augmente de nouveau ; fa bafe eft
toujours fur une ligne droite horifontale de l’eft à
l ’oueft, & qui plonge du midi au nord ; à fa partie
fupérieure eft une efpece de roc plat d’un pié d’épaiffeur
, qui eft par feuilles comme l’ardoife ; il tient
par-deffus à une terre glaife qui reffemble affez à la
lerpentine.
A fa partie inférieure fe trouve un fable rougeâtre
qui ne contient qu’une huile moins noire que celle de
la mine, plus pure & plus fluide, qui a cependant
toutes les mêmes qualités ; ce fable rouge fert à faire
l’huile de Pétrole, de même que le rocher qui fe
trouve hors de terre, & qui a la même couleur.
Pour donner une idée de cette m ine, il eft nécef-
faire de dire qu’elle eft d’une étendue immenfe, puif-
qu’elle. fe découvre à près de fix lieues à la ronde :
depuis l’année 1740, que M. de la Sablonniere y fait
travailler, on n’en a pas vuidé la huitième partie
d’un arpent à un feul lit , qui eft attuellement foixante
piés environ plus bas que la fuperficie de la terre,
& l’on n’a pas touché aux trois lits ou bancs qui font
fupérieurs à celui où l’on travaille a&uellement ; ce
lit eft de plus de foixante piés plus élevé que celui que
l’on a découvert au fond de la fontaine dite backel-
broun, & il s’en trouve deux lits entre l’un & l’autre :
mais il y a grande apparence qu’à plus de cent piés
au-deffous de ce dernier l i t , il y a encore plufieurs
bancs infiniment plus riches & plus gras ; on en juge
par ce qu’on a découvert avec la fonde, & par l’huile
que cette fontaine charrie au fond de fa fource ;
les marcaflitesy fontjes mêmes ; elles font chargées
de foufre, de bitume, & de petites paillettes de cuivre.
On y trouve aufli quelques morceaux de charbon
de terre, qui font foupçonner qu’on en découvrira
de grandes veines à mefure que l’on s’enfoncera.
Si on continue ce travail, comme on le projette,
& qu’on parvienne au rocher qui eft beaucoup plus
bas, on efpere d’y trouver une mine de cuivre &
argent fort riche ; car les marcaffites font les mêmes
que celles de Sainte-Marie-aux-Mines.
On obferve dans ces mines, que le bitume fe renouvelle
& continue de couler dans les anciennes
galeries que l’on a vuidées de mine & remplies de fable
& autres décombres ; ce bitume pouffe en montant
& non en defcendant, ce qui fait juger que c’eft
une vapeur de foufre que la chaleur centrale pouffe
en en-haut ; il pénétré plus facilement dans le fable
que dans la glaife, & coule avec l’eau par-tout où
elle peut paffer, ce qui fait que plus la mine eft riche,
& plus on eft incommodé par les fources. Pour remédier
à cet inconvénient, qui eft coûteux, M. de
la Sablonniere vient de prendre le parti de fuivre
une route oppofée dans fon travail ; fes galeries
ont été condiutès jufqu’à préfent du midi au nord,
il fait faire des paralleles du nord au midi ; il aura
par ce moyen beaucoup moins de frais ; fa mine
plongeant au nord, en fuivant la ligne méridionale,
les eaux couleront naturellement dans les puifards.
Toutes les galeries que l’on a faites jufqu’à préfent
, ont quatre piés de large, fix piés d’élévation,
& un canal fous les piés d’environ trois piés de profondeur
pour l’écoulement des eaux. Ces galeries
font toutes revêtues de jeune bois de chêne de huit à
dix pouces de diamètre, & plancheyées fur le canal
pour que les ouvriers y conduifent facilement les
brouettes. On y travaille jour & nuit. Le baromètre
y eft par-tout au même degré que dans les caves de
l’Obfervatoire. L’air y a manqué quelquefois ; on y
a fuppléé par le moyen d’un grand foufllet & d’un
tuyau de fer blanc de deux cents piés , avec lequel
on conduifoitde l’air extérieur jufqu’au fond des galeries.
Depuis trois mois on achevé un puifard au
nord, qui fait circuler l’air dans toutes les galeries.
Pour tirer de cette mine une forte d’oing noir dont
on fe fert pour graiffer tous les rouages, il n’y a d’autre
manoeuvre que de faire bouillir le fable de la mine
pendant une heure dans l’eau; cette graiffe monte,
& le fable refte blanc au fond de la chaudière. On
met cette graiffe fans eau dans une grande chaudière
de cuivre, pour s’y affiner & évaporer l’eau qui peut
y être reftée dans la première opération.
On tire du rocher & de fa terre rouge une huile
noire, liquide, & coulante, qui eft de l’huile de pétrole
: cette opération fe fait par le moyen d’un feu
de dix à douze heures. La mine ou le rocher fe mettent
dans un grand fourneau de fer bien luté, & coule
par defcenfum ; on peut faire de ces huiles en grande
quantité. C ’eft cette huile préparée que M. de la Sablonniere
prétend employer pour les conferves des
vaiffeaux.
L’huile rouge & l’huile blanche font tirées per aß
cenfum, & font très-utiles en Medecine, & fur-tout
en Chirurgie,pour guérir les ulcérés & toutes les maladies
de la peau. Voye^ Bit u m e & Pis s a s ph a l t e .
* ASPHALTIDE, lac de Judée, ainfi nommé du
bitume qui en fortoit à gros bouillons. Les villes de
Sodome, de Gomorre, Adama, Seboim & Segor,
étoient fituées dans ces environs. Le lac Afphaltide
porte auffi le nom de Mer-Motte , tant à caufe de l’immobilité
de fes eaux, que parce que les poiffons n’y
peuvent v iv re , & qu’on n’apperçoit fur fes bords aucun
oifeau aquatique. Les habitans du pays l’appellent
Sorbanet ; d’autres le nomment la mer de Lot y &
croyent que c’eft le lieu où ce patriarche fut délivré
des flammes de Sodome. On dit que rien ne tomboit
au fond de fes eaux. Cette propriété paffe pour fabu-
leufe, quoiqu’elle foit aflurée par le témoignage de
plufieurs voyageurs, par celui de Jofeph, & dit-on,
par l’expérience de Vefpafien qui y fit jetter des hommes
qui ne fa voient point nager, qui avoientles mains
liées, & qui furent toujours repouffés à la furface. Il
reçoit les torrens d’Arnon, de Debbon & de Zored,
& les eaux du Jourdain. Il eft long de cent mille pas,
& large de vingt ou vingt-cinq mille. Voye^ Mer-
M o r t e , A s p h a l t e .
ASPHODELE, afphodelus, (Hiß. nat. bot.') genre
de plante à fleur en lis, compofee d’une feule piece,
découpée en fix parties. Il fort du milieu de la fleur
un piftil, qui devient dans la fuite un fruit prefque
rond, charnu & triangulaire. Ce fruit s’ouvre par la
pointe ; il eft divifé intérieurement en trois loges remplies
de femences triangulaires. Tournefort, Infi. rei
herb. Voye{ PLAN T E . (/ )
Afphodelus majorflore albo ramofus, J. B. Sa racine
eft nourriffante ; on en fait du pain dans les tems de
famine: elle eft déterfive, incifiye, apéritive, diurétique,
rétiqitè, emménagogue : elle réfifte aux Venins, dé-
terge les vieux ulcérés, & réfout les tumeurs* (A^)
* ASPHUXIE, f. f. ( Med. ) diminution du pouls,;
telle que les forces paroiffent réfolues, la chaleur naturelle
prefqu’éteinte, Je coeur fi peu mû qu’un homme
eft comme mort. La mort ne différé de Yafphuxie
quant aux fvmptomes, que parla durée* L ’idée d’une
chofe horrible, la grofleffe, les paffions violentes,
le fpafme, une évacuation forte, l’avortement & au*-
très caufes femblables, peuvent produire Yafphuxie.
.ASPIC, f. m. afpis, \Hifl. nat. Zoolog.j ferpent
très-connu des anciens, & dont ils ont beaucoup
parlé : mais'il eft difficile à préfent de reconnoître
l’efpece de ferpent à laquelle ils donnoient ce nom.
On prétend qu’il appartenoit à plufieurs efpeces, &
que les Egyptiens endiftinguoient jufqu’à feize : auffi
dit-on que les afpics étoient fort communs furies bords
du Nil. On rapporte qu’il y en avoit auffi beaucoup
en Afrique. On a crû qu’il y avoit des afpics de terre
& des afpics d'eau. On a dit que ces ferpens étoient
de plufieurs couleurs ; les uns noirs, les antres cendrés
, jaunâtres, verdâtres, &c. Ceux qui n’ont reconnu
qu’une efpece à'afpic, ont réuni totites ces
couleurs fur le même individu. Les afpics étoient plus
ou moins grands ; les uns n’avoient.qu’un pié, d’autres
avoient une braffe ; & fi on en croit plufieurs auteurs
, il s’en trouvoit qui avoient jufqu’à cinq coudées.
Les deferiptions de cet animal qui font dans les
âneiens ifuteurs , different beaucoup les unes des autres.
Selon ces deferiptions, Yafpic eft un petit ferpent
plus allongé que la vipere ; fes dents font longues
& l'ortent de fa bouche comme les dents d’un
fanglier. Pline dit qu’il a des dents creufes qui diftil—
lent du venin comme la queue d’un feorpion. Agri-
cola rapporte que Yafpic a une odeur très-mauvaife,
& qu’il a la même longueur & la même groffeur qu’une
anguille médiocre. Elien prétend que ce ferpent
marche lentement; que fes.écail!eS font rouges ; qu’il
à fur le front deux caroncules qui reffemblent à deux
callofités ; que fon cou eft gonflé, & qu’il répand fon.
venin par la bbuche. D’autres aflurent que les écailles
font fort brillantes, fur-tout lorfqu’il eft expofé au
foleii ; que fes yeux étincellent comme du feu ; qu’il'
a quatre dents revêtues demembranes qui renferment
du venin; que les dents percent ces membranes lorsque
l’animal mord, & qu’alors le venin en découle ,'
&c. Si ce fait eft v rai, c’eft une conformation de Yafpic
qui lui eft commune avec la vipere & d’autres fer-'
pens venimeux. Voye^ V ip e r e .
On a indiqué plufieurs étymologies du mot afp te.’
Nous les rapporterons ic i, parce qu’elles font fondées
fur des faits qui ont rapport à l’hiltoire de ces ferpens .
Les uns difent qu’ils ont été ainfi appéllés parce qu’ils
répandent du venin en mordant, afpis ab afpergendô.
D ’autres prétendent que c’eft parce que leur peau eft
rude, afpis ab afperitate cutis ; ou parce que la grande
lumière les fait mourir, afpis ab afpicijtndo; ou parce
que dès que Yafpic entend du bruit il fe contourne &
forme plufieurs fpirales, du milieu defquelies il éleve
fa tête, & que dans cette fitiiation il reffemble à un
bouclier, afpis ab afpide clypeo ; enfin parce que le fif-
flement de ce ferpent eft fort aigu, ou parce qu’il
ne fiffle jamais. On a trouvé le moyen de dériver le;
mot Grec aV-wîçde l’un & Pautre de ces faits, quoique'
Contraires. Il nous feroit intéreffant de favoir lequel
eft le v rai, plutôt pour l’hiftoire de ce ferpent que
pour l’étymologie de fon nom : mais ce que l’on fait'
de ce reptile paroît fort incertain, & en partie fabuleux.
Aldrovande, Serpentum hifl. lib. I. Ray, de Serpente
anim. quad. fynop.
On a donné le nom à'afpic à un ferpent de ce pays- •
Ci, affez commun aux environs de Paris. Il paroît plus
effilé & un peu plus court que la vipere. Il a la tête:
moins applatie ; il n’s point de dents mobiles comme
Tome /.
la Vipère. ŸoyefV ipérè. Sort cou eft affez mirtee. Ce
ferpent eft marqué de taches noirâtres fur un fonds de
couleur rouffâtre, & dans certain rems les taches
difparoiffent. Notre afpic mord &c déchire la peau par
fa morfure : mais on a éprouvé qu’elle n’eft point ve-
nimeufe, au moins on n’a reflenti aucun fymptome
de venin après s’être fait mordre par un de ces ferpens,
au point de rendre du fang par la plaie. Cette expérience
a été faite & répétée plufieurs fois fur d’autres
ferpens de ce pays ; tels que la couleuvre ordinaire
, la couleuvre à collier, & l’orvet, qui n’ont
donné aucune marque de venin. Il feroit à louhaiter
que ces expériences fuffent bien connues de tout le
monde ; on ne craindroit plus ces ferpens, & leur
morfure ne donneroit pas plus d’inquiétude qu’elle
ne caufe de mal. foye^ S e r p e n t . ( / )
Cependant, félon plufieurs auteurs , le meilleur
remede contre cette piquûre eft l’amputation de la
partie affeélée ; finon on fearifie les chairs qui font
aux environs de la piquûre jufqu’à l’o s , afin que le
venin ne fe communique point aux parties voifines,
& l’on doit appliquer des cautères furies autres;
car le venin de l’afpic, difent-ils, auffi-bien que le
fang du taureau , fige les humeurs dans les arreres*
P. Æginette , liv. V. ch. xviij. On peut, félon d’autres
, guérir la piquûre de Y'afpic, auffi-bien que celle
de-la vipere, en oignant la partie affeélée avec de
l ’huile d’olive chaude : mais le meilleur remede eft
de n’avoir point de peur. ( Af)
Aspic , ( An milit.) On a donné autrefois ce nom
à une piece de canon de douze livres de balle, qui
pefoit 4150livres. (Q )
ASPIRANT, adj. m. en Hydraulique : on appelle un
tuyau afpirant, celui dont on fe fert dafts une pompe
pour élever l’eau à une certaine hauteur. Il doit être
d’un plomb moulé bien épais & reforgé, de crainte
des fouffîures qui empêcheroient l’eau de monter. (AC)
• As p ir an t , adj. prisfubft. eft celui qui afpire à
quelque chofe, qui veut y parvenir : il fe dit particulièrement
des apprentis qui veulent devenir maîtres,
foit dans les fix corps des Marchands de Paris, foit
dans les communautés des Arts & Métiers*
- Afpirant à la maîtrife dans les fix corps des Marchands
de Paris, eft celui qui ayant l’âge requis, fait
fon tems d’apprentiffage, & fervi chez les maîtres ,
afpire à fe faire recevoir maître lui-même.
Perfonne ne peut afpirer à être reçû Marchand,
qu’il n’ait vingt ans accomplis, & ne rapporte le
brevet & les certificats de fon apprenîiffage , & du
fervice qu’il a fait depuis chez les maîtres, Si le contenu
aux certificats ne fe trouvoit pas véritable, Yafl
phant feroit déchû de la maîtrife ; le maître d’appren*
tiflage qui auroit donné fort certificat, condamné en
500 livres d’amende, & les autres certificateurs chacun
en 300 livres.
L'afpirant à la maîtrife doit être interrogé fil r les livres
& regiftres à parties doubles & à parties fimples ;
fur les lettres & billets de change ; fur les réglés de
l^rithmétique ; fur les parties de l’aune, fur la livre
& poids de marc; fur les mefurès'& les poids, & fur
les qualités des marchandifes autant qu’il doit convenir
pour le commerce dont il entend fe mêler. •
- Il eft défendu aux particuliers & aux communautés
de prendre nirecevoir des afpirans aucuns préfens
pour leur réception, ni autres droits que ceux qui
font portés par les ftatuts, fous quelque prétexte que
ce puiffe être, à peine d’amende, qui ne peut être
moindre de 100 livres. Il eft auffidéfendu à Y afpirant
de faire aucun feftin,à peine de nullité de fa réception.
Outre ctes règlement généraux, portés par les articles
3 , 4 & 5 du tit. I. de l’ord. de 1673, chacun des
fix corps dè fylàrchands en a de particuliers, foit pour
le tems d’apprentiffage,foit pour celui du fervice chez
les maîtres , foit pour le chef-d’oeuvre : les voici.
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