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des clercs, dé célébrer là meffe en l’abfence de l’évêque
, d’avoir foin des veuves, des orphelins & des
pauvres paffans, aulîi-bien que l’archidiacre. La dignité
d’arckiprêtre encore à-préfent, eft la première
après celle de l’évêque , dans quelques églifes cathédrales
, comme à Verone, à Peroufe, &c. Depuis
on a donné le titre tfarchiprêtre au premier curé d’un
diocèfe, ou au doyen des curés. On les diftingué en
archiprêtres de la ville ÔC en archiprêtres de la campagne,
ou doyens ruraux. Il en eft parlé dans le deuxieme
concile de Tours en 567, & dans les capitulaires
de Charles-le-Chauve, qui mourut l’an 877.
Il y a encore à-préfent deux archiprêtres dans la ville
de Paris, qui font les curés de la Magdeleine 8c de
S. Severin. M. Simon remarque que comme les curés
étoient autrefois tirés du clergé de l’évêque, 8c
qu’il y avoit entr’eux de la fubordination, celui qui
etoit le premier fe nommoit archiprêtre, ÔC avoit en
effet une prééminence au-deffus des autres prêtres
ou curés. Il ajoûte que Yarchiprêtre fe nomme protopapas
chez les Grecs, c’eft-à-dire premier papas ou
prêtre ; fit que dans le catalogue des officiers de l’é-
glife de Conftantinople, il eft remarqué qu’il donne
la communion ait patriarche, & que le.patriarche la
lui donne ; & qu’il tient le premier rang dans l’égli-
fe , rempliffant la place du patriarche en fon abfen-
ce. Le P. Goar, dans fes remarques fur ce catalogue
, dit que Y archiprêtre chez les Grecs a fuccédé
en quelque maniéré aux anciens chorévêques ; 8c
que dans les îles qui font de la dépendance des Vénitiens
, il ordonne les leâeurs 8c juge des caufes ec-
défiaftiques. Il y a des euchologes où l’on trouve la
forme de conférer la dignité d’archiprêtre, & le P.
Goar l’a rapportée d’un euchologe manuferit qui ap-
partenoit à Allatius. L’évêque lui impofe les mains,
comme on fait dans les ordinations , & ce font les
prêtres qui le préfentent à l’évêque. Du Cange,
'Gloff. latinit. n
ARCHIPRIEUR , f. m. {Hiß. eccléf.) On donnoit
quelquefois ce nom au maître de l’ordre des Templiers.
Voye{ T em p l ie r s & M a ît r e . (G )
ARCHISTRATEGUS, voye1 GÉNÉRALISSIME.
ARCHIS YNA GO GUS, f. m. {Hiß. anc.y chef
de la fynagogue ; c’étoit un titre d’office chez les
Juifs. Ordinairement il y avoir plufieurs notables qui
préfidoient aux fynagogues 8c aux affemblées qui s’y
terioient. Leur nombre n’étoit pas fixé ni égal dans
toutes les villes, cela dépendoit de la grandeur des
lieux, & du plus ou du moins grand nombre de gens
qui venoient aux fynagogues. Il y avoit telle fynagogue
où foixante - dix anciens préfidoient ; d’autres
en avoient dix, d’autres neuf, d’autres feulement
quatre ou cinq, ou même un feuli chef ou archifyna-
gogus. On leur donne quelquefois le nom d’ange de
. La fynagogue ou de prince de la fynagogue. Les Juifs
leur donnent auffi le nom de chachamim ou fage. Ils
préfidoient aux affemblées de religion , invitoient à
parler ceux qui s’en trouvoient capables, jugeoient
des affaires pécuniaires, des larcins 8c autres chofes
de cette nature. Ils avoient droit de faire foiietter
ceux qui étoient convaincus de quelques contraventions
à la loi. Ils pouvoient auffi excommunier 8c
chaffer de la fynagogue ceux qui avoient mérité cette
peine. V jye^Bafnage, hifl. des Juifs, liv. V il . c. vij.
& Vitringua, de Jynagog. {G)
A R C H I T E C T E , fubft.mafe. des mots grecs
a?X* > & de Têy.Tuv, principal ouvrier. On entend par
ce nom un homme dont la capacité, l’expérience
& la probité méritent la confiance des perfoijnes qui
font bâtir. De tous les tems les architectes ont été
utiles à la fociété, quand ils ont fû réunir ces différentes
qualités. Les Grecs 8c les Romains ont montré
dans plus d’une occafion le cas qu’ils ont fait
des architectes, par les éloges qu’ils nous ont laiffés
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dé la plupart des leurs. Mais fans remonter fi haut la
proteâion que Louis XIV. a accordée à ceux de fon
tems, nous fait affez connoître qu’un bon architecte
n’eft point un homme ordinaire, puifque fans compter
les connoiffances générales qu’il eft obligé d’acquérir,
telles que les Belles-Lettres, l’Hiftoire, &c.
il doit faire fon capital du Deffein, comme l’ame de
toutes fes productions ; des Mathématiques, comme
le feul moyen de régler l’efprit, 8c de conduire la
main dans fes différentes opérations ; de la Coupe des
pierres , comme la bafe de toute la main - d’oeuvre
d’un bâtiment ; de la Perfpeâive , pour acquérir les
connoiffances des différens points d’Optique, 8c les
plus-valeurs qu’il eft obligé de donner aux hauteurs
de la décoration, qui ne peuvent être apperçûes d’en-
bas. Il doit joindre à ces talens les difpofitions naturelles
, l’intelligénce, le goût, le feu 8c l’invention ;
parties qui lui font non-feulement néceffaires, mais
qui doivent accompagner toutes fes étudeSi C ’eft
fans contredit par le fecours de ces connoiffances di-
verfes que des Broffes, le Mercier, Dorbets, Perrault,
& fur-tout les Manfards, ont mis le fceau de l’immortalité
fur leurs ouvrages , dans la conftruâion des
bâtimens des Invalides, duVal-de-gracè, du château
de Verfailles, de ceux de Clagny, de Maifons, des
quatre-Nations, du Luxembourg, du périftyle du
Louvre, &c. monumens éternels de la magnificence
du monarque qui les a fait ériger, & du fa voir de ces
grands architectes. C ’eft auffi par ces talens réunis que
nous voyons encore de nos jours MM. Boffrand,
Cartault, 8c plufieurs autres qui font au nombre des
hommes illuftres de notre fiecle, fe diftinguer avec
éclat dans leur profeffion, & avoir place dans l’académie
royale d’Architeâure, qui a été fondée par
Louis XIV. en 16 7 1 , & eft compofée de vingt-fix
architectes, entre lefquels je nommerai M. Gabriel,
premier architecte du R o i, 8c MM. de C ô te , d’Ifle ,
î’Affurence, Bilaudel, controlleurs des bâtimens du
Roi, &c. qui ont pour chef 8c direâeur général
M. le Normant de Tournehem, fur - intendant dès
bâtimens.
Indépendamment des architectes de l’académie,
dont plufieurs fe font diftingués dans la conftruâion,
diftribution 8c décoration de leurs édifices, Paris en
poffede encore quelques-uns d’un mérite diftingué ,
à la tête defquels on peut mettre MM. Franque & le
Carpentier, dont la capacité 8c la probité véritablement
reconnues, leur ont attiré l ’eftime&la confiance
des perfonnes du premier ordre. On verra quelques
unes de leurs produâions dans cet Ouvrage. Je
les ai engagés de trouver bon qu’elles y paruffent;
j’ai compté par-là rendre un véritable fervice au public.
Ces morceaux d’architeâure feront de différens
genres, 8c d’autant plus eftimables qu’ils font éloignés
du déréglement dont la plûpart des architectes
ufent aujourd’hui .en France dans leurs bâtimens.
J’oferois prelqu’avancer que plufieurs de ces derniers
n’ont à’architecte que le nom, & joignent à une füffi-
fance mefurée à leur ignorance, une mauvaife foi 8c
une arrogance infupportable.
Peut-être trouvera - t-on ma fincérité hafardée ;
mais comme j’écris ici plus en qualité de citoyen
qu’en qualité d’artifte, je me fuis cru permife la liberté
d’en ufer ainfi, tant par l’amour que je porte
au progrès des beaux arts , que dans l’intention de
ramener la plûpart de ceux qui font leur capital de
l’architeâure, des vices trop marqués de la jaloufiè,
de la cabale, 8c des mauvais procédés dont plufieurs
d’entr’eux font profeffion ouvertement, fans refpeâ
pour le prince, l’état 8c la patrie.
L’on trouvera auffi plufieurs deffeins de ma com-
pofition dans le nombre des Planches qui feront
partie de celles d’architeâure, dans lefquelles j’ai tâché
de donner une idée de la façon dont je penfe fur
la fimpli-
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la fimplicité, la proportion, & l’accord auxquels je
voudrois que l’architeâure fût réduite ; de maniéré
que l’on trouvera dans la diverfité de ces exemples
une variété de préceptes, de formes, 8c de compofi-
tions qui, je crois , fera plâifir aux amateurs. Heureux
fi je puis trouver par - là l’occafion de prouver
âux hommes du métier, qu’il n’eft point de vice plus
honteux que la jaloufiè, ni qui dégrade tant l’humanité:
du moins me faura-t-on quelque g ré, malgré
les bontés dont le public a honoré mes ouvrages juf-
qu’à préfent, de m’être fait honneur de partager le
bien d’être utile au public, avec les deux habiles architectes
que je viens de nommer, qui méritent à toute
forte d’égards l’eftime des citoyens 8c l’attention du
miniflre. ( P )
ARCHITECTONIQUE, adj. {Phyfiq.') eft ce qui
donne à quelque chofe une forme régulière, convenable
à la nature de cette chofe, & a l’objet auquel
elle eft deftinée : ainfi la puiffance plaftique qui, félon
quelques philofophes, change les oeufs des femelles
en créatures vivantes de la même efpece, eft appel-
lee par ces philofophes efprit architectonique. Sur le
fyftème des puiffances 8c natures plaftiques, voyeç
l'article PLASTIQ UE . ( O )
ARCHITECTURE, f. f. eft en générai l’art de
bâtir.
On en! diftingué ordinairement de trois efpeces ;•
favoir, là civile qù’on appelle architecture tout court,
la militaire, & la navale.
L ’ordre encyclopédique de chacune eft différent.
V o y e i 1 'A r b r e qui eft à la fuite du Difcours préliminaire.
On entend par architecture civile, l’art de compo-
fér 8c daconftruire lés bâtimens pour la commodité
& les différens ufages de là v ie , tels que font les édifices
facrés, les palais des rois, & les maifons des
particuliers; auffi-bxen que les ponts, places publiques,
théâtres,arcs de triomphes, &c. On entend
par architecture mlitaire, l’art de fortifier les places,
en les garantiffant par de folides cpnftruâions de j’in-
fulte des ennemis, de l’effort de la bombe, du boulet
, &c. 8c c’eft ce genre de conftruâion qu’on appelle
Fortification. Voye£ l'-article FO R T IF IC A T IO N .
On entend par architecture navale, cèllè qui a pour
objet la conftruâion des vaiffeàux, des galerés , 8c
généralement de tous les bâtimens flottans, aùffi bien
que celle des ports, moles, jettées, corderies, ma-
gafins, &c. érigés fur le rivage de la mer, ou fur fes
bords. Voye^_Üarticle M a r in e .
Pour parler de Y architecture civile qui eft notre objet,
nous dirons en général que fon origine eft auffi
ancienne que le monde; que la néceflité enfeigna
aux premiers hommes à fe bâtir eux-mêmes des huttes,
des tentes, 8c des cabanes ; que par la fuite des
tems fe trouvant contraints de -vendre & d’acheter,
ils fe réunirent enfemble; où vivant fous des lois
communes, ils parvinrent à rendre leurs demeures
plus régulières.
Les anciens auteurs donnent aux Egyptiens l’avantage
d’avoir élevé les premiers des bâtimens
fymmé.triques.8c proportionnés ; cè qui fit, difent ils,
que Salomon eut recours à eux pour bâtir le temple
de Jérufalem, quoique Villapandre nous affûre qu’il
ne fit venir de T y r que les ouvriers en o r , en argent,
8c en cuivre, 8c que ce fut Dieu lui-même qui
infpira à ce roi les préceptes de Y architecture ; ce qui
feroit, félon cet auteur, un trait bien honorable pour
cet art. Mais fans entrer dans cette difeuffion, nous
regardons la Grèce comme le berceau de la bonne
architecture, foit que les réglés des Egyptiens ne fôient
pas parvenues jufqu’à noiis, foit que ce qui nous ref-
te de leurs édifices ne nous montrant qu’une arctii-
teclure folide 8c coloffale (tels que ces rameufes pyramides
qui ont triomphé du tems depuis tant ae
Tome I.
A R C 6 1 7 ,
fieeles) ne nous affeâe pas comme les reftes des monumens
que nqus avpjis de l’ancienne Grèce. Ce qu\
nous porte à croire que npus fommes redevables aux
Grecs, dés proportious de Y architecture , ce font les
trois ordres, dorique, ionique 8c corinthien, que nous
tenons d eux, les Romains ne nous ayant produit que
les deux autres qui en font une imitation àffez‘imparfaite
>a quoique nbus énfaftîons un ufage utile dans
nos bâtimens ; exprimant parfaitement chacun à part
le genre d'architecture riiftique, folide, moyen, délicat
8c compofé, connus foiis le nom de tofean, don-
que> ionique y corinthient 8c comporte , qui enfemble
comprennent ce que Y architecture a de plus exquis ;
puifque nous n’avons pû en France, malgré les oc caftons
célébrés que nous ayons eues dé bâtir depuis un
fiecle', compoler d’ordres qui ayent pû approcher dé
ceux des Grecs 8c des Romains': je dis approcherÿ car
plufieurs habiles hommes l’ont tenté, tels que Bruant,
le Brun, le Clerc, &c. fans être approuves ni imitée
par leurs contemporains ni leurs fucceffeûrs ; ce qui
nous montre affez combien Yarchitecture, ainfi que les
autres arts, ont leurs limites. Mais fans parler ici
des ouvrages des Grecs, qui font trop éloignés de
nous, 8c dont plufieurs auteurs célébrés ont donné
des deferiptions, paflons à un tems moins reculé,
8c difons que Y architecture dans Rome parvint à fon
plus haut degré de perfeâion fousle régné d’Augufte ;
qu’elle commença à être négligée fous celui de Tibère
fonfucceffeur,; que Néron même, qui avoit une
paffion extraordinaire pour les arts, malgré tous les
vices dont il étoit poffédé, ne.fe fervit du goût qu’il
avoit pour Y architecture, que pour étaler, avec plus
de prodigalité fon luxe 8c la vanité, 8c non fatmagni-
ficence. Tràjàri témoigna auffi beaucoup d’afféâion
pour les arts;' & malgré l’affoibliffement/de Y architecture
, ce fuit fous fon régné qu’Àpollodore éleva
cette fameufe colonne qui.porte encore aujourd’hui
dans Rome le nom de cet empereur. Enfuite Alexandre
Severç fbutint encore par fon amour pour les
3rts Y architecture : mais il ne put empêcher qu’elle ne
fût entraînée dans la chute de l’empire d’Occidént,
8c qu’elle ne tombât dans un oubli dont elle ne put fe
relever de plufieurs fieclès, pendant l’efpaqe defquels
les yifigop.detruifirent leypius beaux monqmens de
l’antiquité, & où Yarchuècture.fc trouvairéduite à une
telle barbarie, que ceux qui laprofeffoient négligèrent
entièrement la juftefle dés proportions , la ççn-
venance.8c la correâion du deffein, dans lefquels
confifté tout ie mérite de cet art.
^De cet abus fe forma une nouvelle maniéré de
bâtir que l’on nomma gothique , 8c qui a fufififté jufqu’à
ce que Charlemagne entreprit de rétablir l’ancienne.
Alors;la France s’y appliqua avec quelque
fuccès, encouragée par Hugues Capet, qui avoit
auffi beaucoup de goût rpour cette fcience. Robert
fon fils, qui lui fuccéda, eut les mêmes inclinations
; de forte que par degrés l’architecture, en changeant
de face j .donna dans un excès oppofé en devenant
trop légère ; les arçHiteâes.de ces tems-Ià fai-
fant confifter les beautés de leur architecture dans une
délicateffe 8c une profufion d?ornemens jufqu’alors
inconnus : excès dans lequel ils tombèrent fans doute
par oppofition à la gothique qùbles avoit précédés ,
ou par le goût qu’ils reçurent des Arabes 8c des Mau^
fes, qui apportèrent ce genre en France des pays
méridionaux _; comme les Vandales 8c les Goths
avoient apporté du pays du nord le goût pefant &
gothique.
Ce n’eft guere que dans les deux derniers fiecles
que les architeâes de France & d’Italie s’appliquèrent
à retrouver la première fimpheité, la beauté 8c
la proportion de l’ancienne architecture ; auffi n’eft-
ce que depuis ce tems que nos édifices ont cté exécutes
à l’imitation & fuivant les préceptes de Yarchi
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