xlviij EX P L I C A T ION D U S Y S T EME
précieufes , les Arts du Lapidaire, du Diamantaire,
du Jouaillier, du Graveur en Pierres fines, &c. au travail
& à l’emploi du Fer, les Groffes-Forges, la Serrurerie
, la Taillanderie} 1’-Armurerie , YArqkcbuferie ,
la Coutellerie, & c . au travail & l’emploi du Verre,
la Verrerie , les Glaces, l’Art du Miroitier, du Vitrier,
&c. au travail & à l’emploi des Peaux , les Arts de
Chamoifeur, Tanneur, Peaucier, & c . au travail 8c à
l ’emploi de la Lairte & de la Soie , fon n/vzgt:, fon
moulinage , les Arts de Drapiers Paffementiers, Ga-
lonniers, Boutonniers , Ouvriers en velours, Satins ,
Damas, étoffes brochées , Lufirines, &c. au travail
& à l’emploi de la Terre, la Poterie de terre , la
Fayefice, la Porcelaine, & c . aü travail & à l’emploi
de la Pierre , la partie méchanique de l'Arclùteae,
du Sculpteur, du Stuçcateur , & c . au travail 8c à
Remploi des Bois, la Menuiferie, la Charpenterie , l«tf
Marquetterte, la Tabletterie, &c. & ainfi de toutes les
autres matières, & d e tous les autres Arts, qui font
au nombre de plus de deux cens cinquante. On a
vu dans le Dite durs préliminaire comment nous
nous fommes prôpofé de traiter de chacun.
Voilà tout YHifiorique de la connoiffance humaine
; ce qu’il en faut rapporter à la Mémoire ,8 c e t
qui doit être la matieré première du Philofophe.
R A I S O N , d’où PHILOSOPHI E .
L À P H I L O S O P H I E , ou la portion de la connoiflance humaine qu’il faut rapporté?
à la Raifon , eft très-étendue. Il n’eft prèfqu’aucun objet apperçu pâr les Cens , dont la réflexion
n’ait fait une Science. Mais dans la multitude de ces objets, il y en a quelques-uns qüi
le font remarquer par leur importance, quibus abfcinditur infinitum, & auxquels on peut rapporter
toutes les Sciences. Ces chefs font Dieu , à la connoiflance duquel l’homme s’eft eleve
par la réflexion fur l’Hiftoire Naturelle & fur l’Hiftoire Sacrée : YHomme qui eft fur de fon
exifténee par Confcience ou fens interne ; la Nature dont l’homme a appris l’Hiftoire par l’ü-
fagé des fens extérieurs. Dieu , Y Homme, & la Nature , nous fourniront donc une diftri-
bution générale de la Philofophie ou de la Science ( car ces mots font fynonÿmes ) ; & la Pki-
lofophie ou Science, fêta Science de Dieu , Science de PHomme , & Science de La Nature•
PHILOSOPHIE \ I. S c ie n c e d e D i e u . II. S c i e n c e d e l ’H o m m e . III. S c ie n g e
ou SCIENC E , ƒ d e l a N a t u r e .
Le progrès naturel de l’efprit humain eft de s’élever
des individus aux efpeces, des efpeces aux genres
, des genres prochains aux genres éloignés, 8C
de former à chaque pas une Science ; ou du moins
d’ajoûter une branche nouvelle à quelque Science
déjà formée : ainfi la notion d’une Intelligence in-
creée , infinie , &c. que nous rencontrons dans la
Nature , 8c que I’Hiftoire facrée nous annonce; &
celle d’une Intelligence créée , finie 8c unie à un
corps que nous appercevons dans l’homme, & que
nous fuppofons dans la brute , nous ônt conduits à
la notion d’une Intelligence créée, finie, quirt’auroit
point de corps ; & de - là , à la notion générale de
l ’Efprit. De plus les propriétés générales des Etres,
tant fpirituels que corporels , étant Yexifiencc, la pof-
fibilité, la durée, la fubflance, Y attribut, &c. on a examiné
ces propriétés , & on en a formé YOntologie,
ou Science de F Etre en général. Nous avons donc eu
dans un ordre renverfé, d’abord YOntologie ; enfulte
la Science de VEfprit, ou la Pneumatologie, ou ce qu’on
appelle communément Métaphyfiqüe particulière : 8c
cette Science s’eft diftribuée en Science de Dieu, ou
Théologie naturelle, qu’il a plu à Dieu -de reCtifier &
de fanftifier par la Révélation, d’oii Religion & Théologie
proprement dite ; d’oii par abus, Superfliüon. En
doctrine des Efprits bien & malfaifans , ou des Anges
& des Démons ; d’où Divination, 8c la chimere de la
Magie noire. En Science de l'Ame qu’on a fous-divifée
en Science de l'Ame raifonnable qui conçoit, 8c en
Science de l'Ame fenfitive, qui fe borne aux fenfations.
II. S c ie n c e de l ’H o m m e . La diftribution de la
Science de l’Homme nous eft donnée par celle de
fes facultés. Les facultés principales de l’Homme,
font Y Entendement, 8c la Volonté ; Y Entendement,
qu’il faut diriger à la Vérité ; la Volonté, qu’il faut
plier à la Vertu. L ’un eft le but de la Logique-, l’autre
eft celui de la Morale.
La L o g iq u e peut fe diftribuer en Art de penfer,
en Art de retenirfies penfées•, 8s en Art de les communiquer.
V A ri de penfer a aittant de brariches, qite l’En-»
tendement a d’opérations principales. Mais On dif*
tîngite dans l’Entendement quatre opérations principales
, Y Appréhenfiôh, le Jugement , le Raifonne-
ment, 8c là Méthode. On peut rapporter à YAppréheru
Jion , la Doctrine des Idées ou Perceptions ; au Juge-*
ment, celle d es Propofitions ; au Raifônnement & a Ici
Méthode, celle de Y Induction & de la Démonjirationi.
Mais dans la Démonfiration, ou l’ôn remonte de la
chofe à démontrer aux premiers principes ; ou l’oit
defeend des premiers principes à la chofe à démontrer:
d’où naiflent l ’Anàlyfé 8t la Synthèfe.
VArt de Retenir a deux branches, la Science de là
Mémoire même, & la Science des Supplémens de la Mé-
moire. La Mémoire que nous avons confidérée d’abord
comme urte faculté purement paflïve, 8c que
nous confidérons ici comme une puiffance aCtive que
la raifon peut perfectionner, eft ou Naturelle, ou Artificielle.
La Mémoire naturelle eft une affeCtion des organes
; Y artificielle confifte dans la PrénOtion & dans
Y Emblème ; la Prénotion fans laquelle rien en particulier
n’eft préfent à l’efprit ; Y Emblème par lequel
Y Imagination eft appellée au fecours de la Mémoire.
Les Repréfentations artificielles, font le Supplément
di la Mémoire. VEcriture eft une de ces repréfentations:
mais On fe fert en écrivant, ou des Caractères
couranS , ou de Caractères particuliers. On appelle la
colleftion des premiers , Y Alphabet ; les autres fe
nomment Ckijfres : d’où naiflent les Arts de lire, d’é-
ciire, de déchiffrer, & la Science de YOrtographe.
VArt de Tranfmettre fe diftribue en Science de l'In f
trament du Difcours, 8c en Science des qualités du Dïf-
coürs. La Science de l’Inftrument du Difcours s’ap-
pélle Grammaire. La Science des qualités du Difcours
, Réthorique.
La Grammaire fe diftribue en Science des Signes
de la Prononciation, de la Conjlruction, & de la Syn- ■
taxe. Les Signes font les fons articulés ; la Prononcia
tionovL Profodie , l’Art de les articuler; la Syntaxe,-
l’Art de les appliquer aux différentes vues de l’e f prit
*
DËS CO N NO IS SA NCE S HUMAINES. xljx
prit, 8c la Çonfiruction, la- connoiflance de l ’ordrb
cfu’ils doivent «voir dans le Difcours, fondé -fur l’u-
fa^e & fur la .réflexion; Mais il y a d’autresoSignes
de°la penfée que les fons articulés ?.favoir le; G.efte ,
8c les Caractères* , Les Caractères ;lont, ou idéauxe, .ou
hiéroglyphiques, oU héraldiques.' Idéaux, tels que ceux
des Indiens qui. marquent chacun une idée ,.&.qu’il
fa.üt par conléquènt multiplier autant qu’il y a d’etrès
réels. Hiéroglyphiques , qui font J-écriture,du Monde
dans fon e n f a n c e , - i q u L f o r m e n t c e que
nous appelions 1« Science duBlafom .• h - - -
C ’eft aufli à Y Art de tranfmeitre-, qu’il faut rapporter
la Critique a Pédagogique^ 8c là Philologie-,
La Critique, qui.reftitue dans les Auteurs les endroits
corrompus, donne des éditions , &c. La Pédagogie
que, qui traite du choix des Etudes , ôc de la maniéré
d’enfeigner. La Philologie , qui s’occupe de là connoiffance
de la Littérature univerfelle. i j
.C’eft à Y Art d.'embellir le Difcours., qu’il faut rapporter
la Verfification, ou le Méchanique de laPoêjie.
Nous omettrons là diftribution de la Rhétorique dans
fes différentes parties , parce qu’il n’en découle ni
Science, n i Art ; fi ce n’eft p.eutrêtrè la Pantomime ,
du Gefte ; & du Gefte 8c de la V o ix , la Déclamation. ;
La Mo r a l e , dont nous avons fait la fécondé
partie de la Science de l'Homme, eft ou générale ou par*
ticuliere. Celle-ci fe diftribue en Jurijprudence Naturelle
, (Economique 8c Politique. La JurifprudenceNaturelle
eft la Science des devoirs de l’Homme feul ; l ’CE-
conomique , 1a Science des devoirs de l’Homme en
famille ; la Politique, celle des devoirs de l’Homme
en fociété. Mais là Morale feroit incomplette, fi ces
Traités n’étoient précédés de celui de la réalité du
bien & du mal moral; de la nécejjité de remplir fes de-
yoirs, d’être bon , jujle, vertueux, & c . c’eft l’objet de
la Morale générale.
Si l’on confidere que les fociétés ne font pas moins
obligées-d’être vertueufes que les particuliers, on
verra naître les devoirs des fociétés, qu’on pourroit
appelier Jurifprudence naturelle d’une fociété ; (Economique
d’une fociété ; Commerce intérieur , extérieur, de
terre 8c de mer ; 8c Politique d’une fociété.
I I I . Sc ie n c e d e l a N a t u r e . Nous diftribue-
fons la Science de la Nature en Phyfique & Mathématique.
Nous tenons encore cette diftribution de la
réflexion 8c de notre penchant à généralifer. Nous
avons pris par les fens la connoiffance des Individus
réels : Soleil, Lune , Sirius , 8cc. Aftres, Air ,
Feu , Terre, Eau, & c . Elémens : Pluies,Neiges, Grêles
Tonnerres, & c . Météores ; 8c ainfi du refte de
l’Hiftoire naturelle. Nous avons pris en même tems
la connoiffance des abftraits , couleur, fo n , faveur,
odeur, denfitê, rareté, chaleur , froid , molleffe, dureté ,
fluidité Jolidité , roideur, élafticité , pefanteur, légèreté,
&c. figure , défiance , mouvement, repos, durée , éten-
due , quantité , impénétrabilité.
Nous avons vu par la réflexion que de ces abftraits
, les uns convenoient à tous les individus corporels,
comme étendue, mouvement, impénétrabilité
, &c. Nous en avons fait l’objet de la Phyfique générale
, ou métaphyfiqüe des corps ; & ces mêmes
propriétés confidérées dans chaque individu en particulier
, avec les variétés qui les diftinguent, comme
la dureté, le refjort, la fluidité, 8cc< font l’objet de
Phyfique particulière.
Une autre propriété plus générale des corps, 8c
que fuppofent toutes les autres, fa voir la quantité, a
formé l’objet des Mathématiques. On appelle quantité
ou grandeur tout ce qui peut être augmenté & di-»
rninué.
La quantité, objet des Mathématiques, potivoit être
confidérée, ou feule 8c indépendamment des indivi-
T om e L
dits réels, & des individus abftraits dont ori entenoit
la connoiffance ; ou dans ces individus réels & abftraits
; ou dans leurs effets recherchés d’après des cau-
fes réelles: ou fuppofées ; 8c cette fécondé vue dé la
.réflexion a diftribué les Mathtmatiqmes en Mathématiques
pures , Mathématiques mixtes, Phyfico - mâthé-_
matiques.
La quantité dbflraite, objet des Mathématiques pures
, eft OU nombrable , ou étendue.La quantitédbflraitt
■ nombrable eft devenu'e l’objet de l’Arithmétique; 8c la
■ quantité abflrdite'étendue. , celui de là Géométrie.
VArithmétique fe diftribue en Arithmétique mimétique
ow par Chiffres , 8c en Algèbre ou Arithmétique
univerfelle>par- lettrés-, qui n’eft autre chofe qtle le
calcul, des grandeurs en général, 8c dont les opérations
ne font proprement que des opérations arithmétiques
indiquées d’une maniéré abrégée : car , à
parler exaâemént, il n’y a calcul que de nombres.
L'Algèbre eft. élémentaire ou infinitéfimale , feldn la
nature des quantités auxquelles on- l’appliqué. L’m-
fihitéfimale eft Ou différentielle ou intégrale : différentielle
, quand il s’agit de defcéndre de l’expreflion
d?une quantité finie, ou confidérée comme telle , à
l’expreflion de fon accroiffement, ou de fa diminution
inftantanée ; intégrale, quand il s’agit de remonter
de Cette expreflion à la quantité finie même^
La Géométrie, ou a pour objet primitif les propriétés
du cercle & de la ligne droite, ou embraffe dans
fes fpéculations toutes fortes de courbes : ce qui là
diftribue en élémentaire 8c en tranftendante.
Les Mathématiques mixtes ont autant de divifions oc
de fous-divifions, qu’il y a d’êtres réels dans lefquels
la quantité peut être confidérée. La quantité confidérée
dans les corps en tant que mobiles, ou tendan9
à fe mouvoir, eft l’objet de la Méchanique. La Méchanique
à deux branches, la Statique 8c la Dynamique.
La Statique a pour objet la quantité confidérée
dans les corps en équilibre, 8c teridàns feulement à
fe mouvoir. La Dynamique a pour objet la quantité
confidérée dans les corps actuellement mus. La Statique
8c la Dynamique ont chacune deux parties. La
Statique fe diftribue en Statique proprement dite, qui a
pour objet la quantité confidérée dans les corps foli-î
des en équilibre, 8c tendans feulement à fe mouvoir
; & en Hydroflatique, qui a pour objet la quantité
confidérée dans les corps fluides en équilibre ,8c
tendans feulement à fe mouvoir. La Dynamique fe
diftribue en Dynamique proprement dite , qui a pour
objet la quantité confidérée dans les corps lblides actuellement
mus ; & en Hydrodynamique , qui a pour
objet la quantité confidérée dans les corps fluides
actuellement mus. Mais fi l’on confidere la quantité
dans les taux actuellement mues , YHydrodynamU
que prend alors le nom à!Hydraulique. On pourroit
rapporter la Navigation à l’Hydrodynamique , 8t
la Ballijlique ou le jet des Bombes , à la Méchanique.
La quantité confidérée dans les mdüVeriïeris des
Corps céleftes, donne Y Agronomie géométrique; d’où
la Cofmographie ou Defcription de l'Univers, qui fe
divife en Uranographie ou Defcription du Ciel; en. Hydrographie
ou Defcription des Eaux ; & en Géographie
; d’où encore la Chronologie , 8c la Gnomoniquè
OU l'Art de confiruire des Cadrans *
La quantité confidérée dans la lumière , donne
Y Optique. Et la quantité confidérée dans le mouvez
ment de la lumière, les différentes branches à!Optique.
Lumière mue en ligrlé direCté * Optique propre•»
ment dite; lumière réfléchie dans un feul & même
milieu, Catoptrique ; lumière rompue en paffant d’un
milieu dans un autre , Dioptriquet C’eft à 1 Optique
qu’il faut rapporter la Pcrfpeetiv**