394 A N A
Èt par analogie quelques-uns appellent aufliAna-
camptique , la fcience qui a pour objet les rayons
réfléchis , & qu’on appelle autrement Catoptrique.
Foyt{ Catoptrique - Phonique , Ce mot
eft formé des mots Grecs «W , mpjùm, derechef, 8c
xàju'TSTM , fît cio, jeflechis. (O)
* ANACANDEF, f. m. ( ifÿ .M r .) fe ip èn t extrêmement
petit qui le gliite dans le fondement , ,pinl
caufe de grandes douleurs, & qu’on n’en déloge pas
aifément. Les relations de Pile de Madagascar, qui
font ïes feules qui en faffent mention , en parlent
comme d’un animal dangereux.
* ANACÂNDRIANS, f. m, pl. ( Hiß. moi.) c eft
le nom crae les habitans de l’île de Madagafcar dqnrr .
nent à ceux qui font defcendus d’un Roandnan , ou
prince blanc, qui a dérogé , ou pris une femme qui
n’étoit ni de fon rang » ni de fon étal.
* ANACARDE, f. m. anacardium, {Hiffi. nat.)
c’eft un fruit, ou plûtôt un noyau applati, de la forme
du coeur d’un petit oifeau., noirâtre, brillant,
long ^’environ un pouce, fe terminant par unepoin-,
te mouffe, attaché à un pédicule ride qui occupe
Joute la bafe. 11 renferme fous.une double enveloppe
fort dure & qui eft une efpece d’écorce,, un noyau
blanchâtre, d’un goût deux comme l’amande ou la
châtaigne. Entre la duplicature de cette enveloppe
eft un fuc mielleux, acre & brûlant, p k fé dans
les petits creux d’une certaine fubftance fongueufe
ou diploé. Les anciens Grecs né le qonnoiuqient
pas. I .
Il faut prendre Y anacarde reeent, noir , pelant,
contenant un noyau blanc & beaucoup de liqueur
fluide. Le R. P. George Camelli, de la Compagnie
de Jefus , dans l ’index dis plantes de Vîk de Lmyne
que Jean Ray a fait imprimer.; diftingue, trois elpe-
ces d'anacarde : la première eft la plus petite , ap-
peltée lignei la fécondé ou moyenne , eft Vunacardc
des boutiques ; 5c,la troifieme fe nomme cajou, ,011
acajou. a /.-
Le ligas eft un arbre fauvage de médiocre grandeur
, qui vient fur les montagnes, & dont les jeunes
poufles répandent, quand on les cafte, une liqueur
laiteufe, qui en tombant fur les mains ou fur le vifa-
ge , excite d’abord la demangeaifon , & peu-à-peu
l’enflure* Sa feuille eft longue d’un empan & davantage
; elle eft d’un verd foncé & rude, & a peu de fuc ;
fa fleur eft petite, blanche, découpée en forme d’étoile
, & difpofée en grappe à l’extrémité des tiges.
Son fruit eft de la grofleur de celui de l ’érable, &
d’un rouge fafran ; il a le goût acerbe comme la pomme
fauvage ; à fon fommet eft attaché un noyau noir,
luifant, & plus long que les fruits ; fon amaq.de mâchée
picote & reifere un peu le gofier.
L’anacarde moyen eft un grand arbre, beau & droit,
haut de foixante & dix piés, épais de feize ou environ
, qui aime le bord des fleuves, 8c qui jette au
loin & en tout fens plufieurs branches dë çpuleur
cendrée : fon bois eft blanchâtre , & couvert d’une
écorce cendrée ; fa racine fibreufe, rougeâtre, garnie
d’une écorce rouffe, fans odeur, mucilagineufe, 8c
d’une faveur un peu falée ; fa feuille grande, quelquefois
de trois coudées, longue, ovalaire, attachée aux
rameaux par de petites queues, difpofée à fon extrémité
en forme de rofe, épaifle , nombreufe, rude,
lifte t luifante, verte en-delfus , un peu cendrée en-
«leffous, infipide, & fans odeur : fa fleur petite, ra-
mafféeen grappe, blanchâtre, de bonne odeur, taillée
en étoile , 8c portée fur de longs pédicules violets
qui fortent du tronc. Elle eft compofée d’un calice
verd, pointu, découpé en cinq quartiers, & de
cinq pétales jaunes , ovales , pointus , 8c blanchâtres
par leur bord. Entre ces pétales font placées
autant d’étamines blanchâtres, garnies de fommets
partagés en deux, 8c au milieu un petit ftyle blan-
A N A
châtre; Quand la fleur eft paffée , il lui fucqede .un
fruit allongé, plus petit qu’un oeuf de poule., fans
noyau , bon à manger, rougeâtre d’abord, enfuite
de couleur de pourpre foncé en- dehorsjaunâtre d’abord
en-dedans, 8c bipn-tôt après d’un bleu rougeâtre
, d’une faveur acerbe, portant à fon fommet un
noyau en coe u f, verd dans le commencement, rougeâtre
par la fuite, enfin noirâtre. Cet arbre fe trouve
aux Indes orientales, au Malabar, & dans les îles
Philippines.
Les Indiens en font cuire les tendres fommets pour
les manger : les noyaux ou amandes, font bonnes
aufli ; elles ont le goût des piftaches 8c des châtaignes
; on en ôte l ’écorce en les mettant fous la cendre
chaude. ,
Le même Camelli dit que la vertu cauftique &
dangereufe qu’on attribue au noyau, n’eft que dans
le fuc mielleux qui remplit les petits creux de l’é-
corce. On .vote de ce fuc les condylomes, 8c autres
excroiflances charnues, les écrouelles, les verrues
, 8c les dartres vives qu’on veut déraciner. Ce
fuc mielleux eft utile pour mondifier les ulcérés des
beftiaux ; il confume les dents cariées : on l’employe
avec la chaux vive pour marquer les étoffes de foie :
on fait de l’encre avec les fruits verds p ilés, & mêlés
avec de la leffive 8c du vinaigre.
L’acajou eft un fruit , ou plutôt un noyau qui a la
figure d’un rein, la grofleur d’une châtaigne, l’écorce
grife , brune, épaifle d’une ligne * compofée
comme de deux membranes, & d’une certaine fubftance
qui eft entre les deux, fongueufe , 8c comme,
un diploéS contenant dans fes cellules un fuc mielleux
, rouflatre, ac re, & fi mordiçant, qu’en en
frottant légèrement la peau, on y excite la fenfation
du feu.
Si quelqu’un mord imprudemment cette écorce,
il fouftrira une ardeur vive 8c brûlante à la langue 8c
aux levres. L’amande qui eft deffous a aufli la figure
d’un rein ; fa fubftance eft blanche ; elle a la confif-
tançe 8e le goût de l’amande douce ; elle eft revêtue
d’une petite peau japne qu’il en faut enlever.
L’arbre qui porte ce fruit fe trouve aux îles de
l ’Amérique , au Bréfil & aux Indes ; il s’élève plus
ou moins haut, félon la différence du climat 8c du
terroir. Au Bréfil il égale la hauteur des hêtres ; au
Malabar jSç aux îles , il eft médiocre : le P. Plumier
en donne la defeription fuivante.
L’acajou eft de la hauteur de notre pommier, fort
branchu, fort touffu, 8ç couvert d’une écorce ridée
& cendrée : fa feuille eft arrondie, longue d’environ
cinq pouces , large de trois , attachée à une queue
courte, lifte, ferme comme du parchemin, d’un verd
gai en-deffus St en-deffous ,• avec une côte 8e des nervures
parallèles ; au fommet des rameaux naiffent
plufieurs pédicules chargés de petites fleurs rangées
en parafol, le calice découpé en cinq quartiers droits,
pointus, 8e en forme de lance ; la fleur eft en entonnoir
, compofée de cinq pétales longs, pointus, rougeâtres
, verdâtres, rabattus en-dehors, 8ç plus longs
que le calice : les étamines font au nombre de dix, déliées
, de la longueur des pétales, 8e garnies de petits
fommets ; elles entourent le piftil dont l’embryon
eft arrondi ; le ftyle eft grêle, recourbé, de la longueur
des pétales, 8c le ftigmate qui le termine eft
pointu ; le fruit eft charnu 8c en forme de poire ,
plus gros qu’un oeuf d’oie , ou du moins de cette
grofleur, couvert d’une écorce mince , lifte , lui—
fantë, tantôt pourpre, tantôt jaune, tantôt coloré
de l’un 8c de l’autre ; fa fubftance intérieure eft blanche
, fucçulente, douce, mais un peu acerbe. Ce
fruit tient à un pédicule long d’un peu plus d’un pouce
, 8c porte à fon fommet un noyau : c’eft ce noyau
par lequel nous avons commencé la defeription, 8c
qu’on appelle ici noix, djacajou.
A N A
Le bois d’acajou coupé, 8e même fans l’être, répand
beaucoup de gomme rouflatre, tranfparente,
& folide ; cette gomme imbibée, d’eau fe fond comme
la gomme arabique, 8c tient lieu de la meilleure
glu. On exprime du fruit un fuc, qui fermenté devient
vineux 8e enivre : il exçite les urines ; on en retire
un-efprit ardent fort vif. Plus il eft v ieux, plus il
enivre ; on en fait du vinaigre ; les Indiens preferent
l’amande au fruit. Le fuc mielleux teint le linge' de
couleur de fer ; l’huile peint le linge en noir ; le fuc
eft bon ponr le feu volage , les dartres, la gale, les
vers, é'c. Il enleve les taches de rouffeur , mais il
n’en faut pas ufer dans le tems des réglés; alors il
excite des éréfipeles. Les habitans du Bréfil comp-
toient jadis leur âge avec ces noix ; ils en ferroient
line tous les ans.
* ANACATHARSE, f. f. (Med.) vient de «V**«-
fi a.ifofi.a.1, purger par le haut. Blancard comprend fous
cette dénomination les émétiques, les fternutatoires,
les errhines, les mafticatoires , 8c les mercuriaux ;
cependant il ne fignifie proprement que purgation
par le haut, 8c n’a été appliqué chez les anciens qu’au
foulagement des poûmons par l’expeûoration.
* ANACATHARTIQUES, adj. pl. épithete que
l ’on donne aux médicamens qui aident l’expe&ora-
tion. Voye{ Ex p e c t o r a t io n .
* ANACÉPHALÉOSE, fubft. f. (Belles-Lettres.)
terme de Rhétorique. C ’eft une récapitulation ou répétition
courte 8c fommaire des principaux chefs d’un
difqours.
Ce mot eft formé de la prépofition grecque «V«,
une fécondé fois y 8c *«<?**}}, tête , chef.
Cette récapitulation ne doit point être une répétition
feche de ce qu’on a déjà d it , mais un précis
exaft en termes différens, orné 8e varié de figures,
.dans un ftyle,vif. Elle peut fe faire de différentes
maniérés, foit en rappeliant Amplement les raifons
qu’on a alléguées, foifen les comparant avec celles
de l’adverfaire, dont ce parallèle peut mieux faire
fentir la foibleffe. Elle eft néceffaire, foit pour convaincre
davantage les auditeurs, foit pour réunir
comme dans un point de vûe, tout ce dont on les a
déjà entretenus, foit enfin pour réveiller en eux les
pallions qu’on a tâché d’y exciter. Cicéron excel-
loit particulièrement en ce genre. Voyei Péroraison.
(G )
* ANACHIMOUSSI, f. m. (Géog. mod.) peuple
de l’île Madagafcar, dont il occupe la partie méridionale,
fituee au nord de Manamboule.
* ANACHIS , f. m. (Mythologie.) nom d’un des
quatre dieux familiers que les Egyptiens croyoient
attachés à la garde de chaque perfonne, dès le moment
de fa naiffance. Les trois autres ètoientDymon,
Tychès, 8c Héros : ces quatre dieux fe nommoient
aufli Dynanisy Tyché, Eros, 8c Ananché; la Puiffance,
la Fortune, l’Amour, & la Néceflité.
• S’il eft vrai que les Payens même ayent reconnu
que l’homme abandonné à lui-même n’étoit capable
de rien, 8c qu’il avoit befoin de quelque divinité pour
le conduire, ils auroient pû le confier à de moins extravagantes
que les quatre précédentes. La puiffance
eft fujette à des injuftices, la fortune à des caprices,
l’amour à toutes fortes d’extravagances, 8c la nécef-
fité à des forfaits, fi on la prénd pour le befoin ; & fi
çn la prend pour le dejlin, c’eft pis encore : car fa
préfence rend les fecours des trois autres divinités
fuperflus. Il faut pourtant convenir que ces divinités
repréfentent affez bien notre condition préfente ;
nous paffons notre vie à commander., à obéir ; à délirer
, & à pourfuivre. »
ANACHORETE , f. m. (Hifi. mod.) hermite ou
perfonnage pieux qui vit feul dans quelque defert,
pour y être à l’abri des tentations du monde, & plus
à portée de m é d i t e r , Hermite. Ce mot vient
' Tome I,
A N A '395 du grec a v a ^ o p tu , f e retirer d a n s u n e r é g io n ecartee.
Tels ont été S. Antoine, S. Hilarion, & une infinité
d’autres.. S, Paul l’hermite fut le premier anar-
chorete.
Parmi les Grecs il .y a un grand nombre d j a n a c h o r
è te s , la plupart religieux, qui ne fe fouciant pas de
la vie laborieufe & des fatigues du monaftere, demandent
un petit canton de terre & une cellule où
ils fe retirent & ne fe montrent plus au çonvent qu’aux
grandes folennités. V o y e ^ Moine.
On les appelle aufli quelquefois afeetes 8cfo l ita ir e s .
Voye^ As c é t iq u e , &c. .
Les anachorètes de Sy rie 8c de Paleftine fe retiroient
. dans les endroits les plus inconnus & les moins fréquentés,
habitant dans des grotes, 8c y vivant de
fruits & d’herbes fauvages.
II y a eu aufli des a n a ch o rète s dans l’Occident. Pierre
Damien , qui a été de l’ordre des hermites, en parle
fouvent avec éloge.. Il les repréfente comme ce qu’il
y a de plus parfait parmi les Religieux, & marque
.pour eux beaucoup plus d’eftime & de vénération
que pour les coenobites ou moines qui réfident dans
des monafteres. V o y e { C oenobite.
La plupart de ces a n a ch o rète s ne fe retiroient qu’avec
la permiflîon de leur abbé, 8c c’étoit le couvent
qui leur fourniffoit leurs befoins. Le peuple en con-
fidération de leur piété, leur portoit quelquefois de.s
fommës confidérables d’argent qu’ils gardoient, & à
leur mort ils le laiffoient au monaftere dont ils étoient
coenobites. L’ordre de Saint Benoît a eu beaucoup de
ces a n a ch o rète s ; ce qui étoit conforme aux conftitu-
tions. de cet ordre, qui permettent de quitter la communauté
pour vivre folitaices ou a n a ch o rète s. Les a n a ch
o rète s ne fubfiftent plus aujourd’hui : mais les an-p
ciens ont enrichi leurs monaftères de plufieurs revenus
confidérables , comme l’a remarqué .Pierre
Acofta dans fon hiftoire de l’origine & du progrès
des revenus eccléfiaftiqpes.. (G )
ANACHRONISME, f. m. term e u jî tè e n C h ro n o lo g
i e , erreur dans la fupputation des tems & dans la
date dès évenemens, qu’on place plutôt qu’ils ne
font arrivés. Ce mot eft compofé de la‘prépofition
greque dvd, a u -d e jfu s , en -arriere , & de xpovoç, te m s.
Tel eft celui qu’a commis Virgile en faifant régner
Didon en Afrique du tems.d’Enée; quoique dans la
vérité elle n’y foit venue que 300 ans après la prife
de Troie.
L’erreur oppofée, qui confiftc à dater un événement
d’un tems poftérieur à celui auquel il eft arriv
é , s’appelle p a ra c h ro n ifm e . Mais dans l’ufage ordinaire
on ne fait, guere cette.,diftinftion , 8e on employé
indifféremment à n a c h r o n ifm e pour toute faute
contre la chronologie. (G )
ANACLASTIQUE, f. f. ( O p t i q .) eft la partie de.
l’Optique qui a pour objet les réfraftions. C ’eft la
même chofe que ce qu’on appelle autrement D i o p -
triq u e . Voye%_ DlOPTRlQUE.
Ce mot fe prend aufli adjectivement. P o in t a n a c l a f
.tiq u e , eft le point où un rayon de lumière fe rompt,
c’eft-à-dire le point où il rencontre la furface rompante.
V o y e { Réfr a ct io n . Ce mot eft formé des
mots grecs dvd, r u r s u m , derechef, 8e r.\d f y , f r a n g o ,
je romps.
C o u rb e s a n a c la fliq u e s , eft le. nom que M. de Mai-
ran a donné aux. courbe.s .apparentes , que forme le.
fond d’un vafe plein d’eau pour, un oeil placé dans
l’air ; où le plat-fond d’une chambre , pour un oeil
placé dans un bafîin plein d’eau au milieu dè cette
chambre ; ou la voûte du ciel, vûe par réfrschon à-
travers l’atmofphere. M. de Mairan détermine ces.
courbes d’après un principe d’Optique adopte par
plufieurs auteurs, 8e rejetté par d’autres, mais qu’on,
peut ne prendre dans fon mémoire que pour un principe
purement géométrique auquel cas fes recher-.