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fait moudre. Cette ouverture s’ouvre & fe ferme
avec des pales ou lamoirs.
ABEILLE, f. f. infefte de l’efpece des mouches. Il
y en a de trois fortes : la première & la plus nom-
breufe des trois eft l 'abeille commune : la fécondé
eft moins abondante ; ce font les faux-bourdons 911
mâles : enfin la troifieme eft la plus rare, ce font les
femelles.
Les abeilles femelles que l’on appelle reines ou mires
abeilles, étoient connues des anciens fous le nom
de rois des abeilles, parce qu’autrefois on n’avoit pas
diftingué leur fexe : mais aujourd’hui il n’eft plus
équivoque. On les a vu pondre des oeufs, & on en
trouve aufli en grande quantité dans leur corps. Il
n’y a ordinairement qu’une reine, dans une ruche ;
ainfiil eft très-difficile delà voir : cependant on pour-
roit la reconnoître allez aifément, parce qu’elle eft
plus grande que les autres ; fa tête eft plus allongée,
&c fes ailes font très-courtes par rapport à fon corps ;
elles n’en couvrent guere que la moitié ; au-contraire
celles des autres abeilles couvrent le.corps en entier.
La reine eft plus longue que les mâles : mais
elle n’eft pas aum groffe. On a prétendu autrefois
qu’elle n’avoit point d’aiguillon : cependant Arifto-
te le connoiffoit ; mais il croyoit qu’elle ne s’en fer-
voit jamais. Il eft aujourd’hui tres-certain que les
abeilles femelles ont un aiguillon même plus long que
celui des ouvrières ; cet aiguillon eft recourbé. Il
faut avouer qu’elles s’en fervent fort rarement, ce
n’eft qu’après avoir été irritées pendant long-tems :
mais alors elles piquent avec leur aiguillon, & la pi-
quûre eft accompagnée de venin comme celle des
abeilles communes. Il ne paroîtpas que la mere abeille
ait d’autre emploi dans la ruche que celui de multiplier
l’efpece, ce qu’elle fait par une ponte fort abondante
; car elle produit dix à douze mille oeufs en
fept femaines, 8c communément trente à quarante
mille par an.
On appelle les abeilles mâles faux-bourdons, pour
les diftinguer de certaines mouches que l’on connoît
fous le nom de bourdons. Voyeç Bourdon.
On ne trouve ordinairement des mâles dans les
ruches que depuis le commencement ou le milieu du
mois de Mai jufque vers la fin du mois de Juillet;
leur nombre fe multiplie de jour en jour pendant ce
tems, à la fin duquel ils périffent fubitement de mort
violente, comme on le verra dans la fuite.
Les mâles font moins grands que la reine, & plus
grands que les ouvrières; ils ont la tête plus ronde,
ils ne vivent que de m iel, au lieu que les ouvrières
mangent fouvent de la cire brute. Dès que l’aurore
paroît, celles-ci partent pour aller travailler, les mâles
fortent bien plus tard ; & c’eft feulement pour
voltiger autour de la ruche, fans travailler. Ils rentrent
avant le ferein & la fraîcheur du foir ; ils n’ont
ni aiguillon, ni patelles, ni dents faillantes comme
les ouvrières. Leurs dents font petites, plates & cachées,
leur trompe eft aufli plus courte & plus déliée
: mais leurs yeux font plus grands & beaucoup
plus gros que ceux des ouvrières : ils couvrent tout
le deflits de la partie fupérieure de la tête, au lieu
que les yeux des autres forment Amplement une ef-
pece de bourlet de chaque côté.
On trouve dans certains tems des faux-bourdons
qui ont à leur extrémité poftérieure deux cornes
charnues aufli longues que le tiers ou la moitié de
leur corps : il paroît aufli quelquefois entre ces deux
cornes un corps charnu qui fe recourbe en haut. Si
ces parties ne font pas apparentes au dehors, on peut
les faire fortir en preffant le ventre du faux-bourdon
; fi on l’ouvre, on voit dans des vaiffeaux & dans
desrefervoirs une liqueur laiteufe, quieftvraiffem-
blablement la liqueur féminale. On croit que toutes
ces parties font celles de la génération $ çar on ne les
trouve pas dans les abeilles mer es, ni dans les ou-'
vrieres. L’unique emploi que l’on connoiffe aux mâles,
eft dé féconder la reine ; aufli dès que la ponte eft
finie, les abeilles ouvrières les chaffent & les tuent.
Il y a des abeilles qui n’ont point de fexe. En les
difféquanton n’a jamais trouve dans leurs corps aucune
partie qui eût quelque rapport avec celles qui
cara&érifent les abeilles mâles ou les femelles. On les
appelle mulets ou abeilles communes, parce qu’elles
font en beaucoup plus grand nombre que celles qui
ont un fexe. Il y en a dans une feule ruche jufqu’à
quinze ou feize mille, &c plus; tandis qu’on n’y trouv
e quelquefois que deux où'trois cents mâles, quelquefois
lept ou huit cents, ou mille au plus. '
On défigne aufli les abeilles communes par le nom
d’ouvrières-, parce qu’elles font tout l’ouvrage qui eft
néceflaire pour l’entretien de la ruche, foit la récolte
du miel & de la cire, foit la conftrufrion des alvéoles;
elles foignent les petites abeilles : enfin elles
tiennent la ruche propre, & elles écartent tous les
animaux étrangers qui pourroient être nuifibles. La
tête des abeilles communes eft triangulaire ; la pointe
du triangle eft formée par la rencontre de deux dents
pofées horifontalement l’une à côté de l’autre, longues,
faillantes & mobiles. Ces dents fervent à la
conftrufrion des alvéolés : aufli font-elles plus fortes
dans les abeilles ouvrières que dans les autres. Si
on écarte ces deux dents, on voit qu’elles font comme
des efpeces de cuillieres dont la concavité eft
en-dedans. Les abeilles ont quatre ailes, deux grandes
& deux petites ; en les levant, on trouve de chaque
côté auprès de l’origine de Faîle de deflbus en
tirant vers l’eftomac,une ouverture reffemblante
à une bouche ; c’eft l’ouverture de l’un des poumons
: il y en a une autre fous chacune des premières
jambes, deforte qu’il y a quatre ouvertures fur
le corcelet { V. Corcelet), & douze autres de
part & d’autre fur les fix anneaux qui compofent le
corps : ces ouvertures font nommées Jligmates. Voyez Stigmates.
L’air entre par ces ftigmates, & circule danc fe
corps par le moyen d’un grand nombre de petits canaux
; enfin il en fort par les pores de la peau. Si on
tiraille un peu la tête de Vabeille, on voit qu’elle rie
tient à la poitrine ou corcelet que par un cou très-
court , & îe corcelet ne tient au corps que par un filet
très-mince. Le corç>s eft couvert en entier par fix
grandes pièces écailleufes, qui portent en recouvrement
l’une fur l’autre, & forment fix anneaux qui
laiffent au corps toute fa foupleffe. On appelle antennes
( Voye{ Antennes ) ces efpeces de cornes mobiles
& articulées qui font fur la tête, une de chaque
côté ; les antennes des mâles n’ont que onze articulations
, celles des autres en ont quinze. '
L’abeille a fix jambes placées deux à deux en trois
rangs; chaque jambe eft garnie à l’extrémité de deux
grands ongles & de deux petits, entre lefquels il y a
une partie molle & charnue. La jambe eft compofée
de cinq pièces, les deux premières font garnies de
poils; la quatrième piece de là fécondé & de la troi-
iieme paire eft appellée la broffe : cette partie eft
quarrée, fa face extérieure eft rafe & lifle, l’intérieure
eft plus chargée de poils que nos brofles ne le
font ordinairement, & ces poils font difpofés de la
même façon. C ’eft avec ces fortes de brofles que l ’abeille
ramaffe les pouffieres des étamines qui tombent
fur fon corps, lorfqu’elle eft fur une fleur pour faire
la récolte de la cire. Voyeç Cire. Elle en fait de petites
pelotes qu’elle tranfporte à l’aide de fes jambes
fur la palette qui eft la troifieme partie des jambes
de la troifieme paire. Les jambes de devant tranf-
portent à celles du milieu ces petites maffes ; celles-
ci les placent & les empilent lur la palette des jambes
de derrière,
Cette manoeuvre fe fait avec tarit d’agilite & dè
promptitude, qu’il eft impoffible d’en diftinguer les
mouvemens lorfque l’abeille eft vigoureufe. Pour
bien diftinguer cette manoeuvre de l’abeille, il-faut
l’obferver lorfqu’elle eft àffoiblie & engourdie par la
rigueur d’uné mauvaife faifon. Les palettes font de
figure triangulaire ; leur face extérieure eft lifle & lui-
fante, des poils s’élèvent au-deflus des bords ; comme
ils font droits, roides & ferrés, & qu’ils l’environnent,
ils forment avec cette furface une efpece de corbeille
: c’eft-là que l'abeille dépofe, à l’aide de fes pattes,
les petites pelotes qu’elle a formées avec les brofles ;
plufieurs pelotes réunies fur la palette font une mafle
qui eft quelquefois aufli greffe qu’un grain de poivre.
La trompe de Vabeille eft une partie qui fe développe
& qui fe replie. Lorfqu’elle eft dépliée, on la voit
defeendre du deffous des deux groffes dents faillantes
qui font à l’extrémité de la tête. La trompe paroît
dans cet état comme une lame àffez épaiffe, très-lui-
fânte & de couleur châtain. Cette lame eft appliquée
contre le deffous de la tête : mais on n’en voit alors
qu’une moitié qui eft repliée fur l’autre ; lorfque l’abeille
la déplie, l’extrémité qui eft du côté des dénts
•s’é lèv e, & on apperçoit alors celle qui étoit deffous.
-On découvre aufli par ce déplacement la bouche 8c
la langue de l’abeille qui font au-deffus des deux dents.
Lorfque la trompe eft repliée, on ne voit queles étuis
qui lâ renferment.
Pour développer & pour examiner cet organe , il
faudroit entrer dans un grand détail. Il fuffira de dire
ici que c’eft par le moyen de cet organe que les abeilles
recueillent le miel;, elles plongent leur trompe
dans la liqueur miellée pour la faire paffer fur la fur-
face extérieure. Cette furface de la trompe forme
avec les étuis un canal par lequel le miel eft conduit :
mais c’eft la trompe.feüle qui étant un corps mufeu-
leu x , force par fes différentes inflexions 8c mouvemens
vermiculaires la liqueur d’aller en avant, 8c
qui la pouffe vers le gofier.
Les abeilles ouvrières' ont deux eftomaes ; l’un reçoit
le miel, & l’autre la cire : celui du miel a un
cou qui tient lieu d’oefophage, par lequel paffe la
liqueur que la trompe y conduit, 8c qui doit s’y changer
en miel parfait : l’eftomac oii la cire brute fe
change en vraie cire, eft au-deffous de celui du miel.
Voyei C ire , Miel*
L’aiguillon eft caché dans l’état de repos ; pour le
faire fortir, ilfautpreffer l’extrémité du corps de l’abeille.
On le voit paraître accompagné de deux corps
blancs qui forment enfemble Une efpece de boîte,
dans laquelle il eft logé lorfqu’il eft dans le corps*
Ce t aiguillon eftfemblable-à un petit dard qui, quoique
très-délié, eft cependant creux d’un bout à l’autre.
Lorfqu’on le comprime vers la bafe , on fait
monter à la pointé une petite goutte d’une liqueur
extrêmement tranfparente ; c’eft-là ce qui envenime
les plaies que fait l’aiguillon. On peut faire une équivoque
par rapport à l’aiguillon comme par rapport
à la trompe, ce qui paroît être l’aiguillon n’en eft que
l’étui ; c’eft par l’extrémité de cet étui que l’aiguillon
fort, & qu’il eft dardé en même tems que la liqueur
empoifonnée. De plus, cet aiguillon eft double ; il y
en a deux à côté qui jouent en même tems, oufépa-
rément au gré de l’abeille ; ils font de matière de corne
ou d’écaille, leur extrémité eft taillée en foie, les
dents font inclinées de chaque côté, de forte que les
pointes font dirigées vers la bafe de l’aiguillon, ce
qui fait qu’il ne peut fortir de la plaie fans la déchirer;
ainfi il faut que l''abeille le retire avec force. Si
elle fait ce mouvement avec trop de promptitude,
l’aiguillon caffe & il refte dans la plaie ; & en fe fé-
parant du corps de Y abeille, il arrache la veffie qui
contient le venin, 8c qui eft pofée au-dedans à la bafe
de l’aiguillon. Une partie des entrailles fort en même
2 ome I.
térns j ainfi cette féparàtion de l’aiguillon eft mortelle
pour la mouche. L’aiguillon qui refte dans la plaie a
encore du mouvement quoique féparé du corps de
Yabeille -; il s’incline alternativement dans des fens
contraires, &c il s’enfonce de plus en plus.
La liqueur qui coule dans l’étui de l’aiguillon eft
un véritable venin, qui caufe la douleur que l’oit
éprouve lorfque l’on a été piqué par une abeille. Si oit
goûte de ce venin, on le font d’abord douçâtre ; mais
il devient bientôt acre & brûlant ; plus Y abeille eft
vigoureufe, plus la douleur de lapiquûre eft grande;
On fait que dans l’hyver on enfouflre moins que dans
l’été, toutes chofes égales de la part de Y abeille : il y
a des gens qui font plus ou moins fenfibles à cette
piquûre que d’autres. Si Y abeille pique pour la fécondé
fois, elle fait moins de mal qu’à la première fois,
encore moins à une troifieme ; enfin le venin s’épui-
fe , & alors Y abeille ne fe fait prefque plus fentir. On
a toujours cru qu’un certain nombre de piquûres faites
à la fois fur le corps d’un animal pourroient le
faire mourir ; le fait a été confirmé plufieurs fois ;
on a même voulu déterminer le nombre de piquûres
qui feroit néceflaire pour faire mourir un grand ani-
mal ; on a aufli cherché le remede qui détruirait
ce venin : mais on a trouvé feulement le moyen
d’appaifer les douleurs en frottant l’endroit bleffé
avec.de l’huile d’o live, ou en y appliquant du per-
fil pilé. Quoi qu’il en foit du remede, il ne faut ja-
mais manquer en pareil cas de retirer l’aiguillon^
s’il eft refte dans la plâie comme il arrive prefque
toûjours. Au refte la crainte des piquûres ne doit pas
empêcher que l’on approche des ruches : les abeilles
ne piquent point lorfqu’on ne les irrite pas ; on peut:
impunément les laiffer promener fur fa mairi ou fur
fon vifage, elles s’en vont d’elles-mêmes fans faire
de mal; au contraire, -fi on les chaffe, elles piquent
pour fe défendre*
Pourfuivre uh Ordre daris l’hiftôire fuccinfre deé
abeilles que l’on va faire ic i, il faut la commencer
dans le tems où la mere abeille eft fécondée. Elle peut
l’être dès le quatrième bu cinquième jour après celui
où elle eft fortie de l’état de nymphe pour entrer
dans celui de mouche * comme on le dira dans la fuite.
Il feroit prefque impoffible de voir dans là ruche
l’accouplement des abeilles, parce que la reine refte
prefque toujours dans le ihilieu, où elle eft cachée
par les gâteaux de cire, & par les abeilles qui l'environnent*
On a tiré de la ruche des abeilles meres -
& on les a mifes avec les mâles dans des bocaux
pour voir ce qui s’y pafferoit*
On eft obligé pour avoir une mere abeille de plonger
une ruche dans l’eau, & de noyer à demi toutes
les abeilles, ou de les enfumer ; afin de pouvoir les
examiner chacune féparément pour reconnoître la
mere. Lorfqil’elle eft revenue de cet état violent,
elle ne reprend jlas d’abord affez de vivacité pour
être bien difpofee à l’accouplement; Ce n’eft donc
que par des hafards que l’on en peut trouver qui fàf-
lent réuffir l’expérience ; il faut d’ailleurs que cette
mere foit jeune ; de plus il faut éviter le tems où
elle eft dans le plus fort de la ponte. D ès qu’on préfente
un mâle à une mere abeille bien choifie, auffi-
tôt elle s’en approche, le lèche avec fa trompe, 8c
lui préfente du miel : elle le touche avec fes pattes,
tourne autour de lui, fe place vis-à-vis , lui broffe
la tête avec fes jambesf, &c. Le mâle refte quelquefois
immobile pendant un quart-d’heure ; 8c enfin il
fait à peu près les mêmes chofes que la femelle ;
celle-ci s’anime alors davantage. On l7a vue monter
fur le corps du mâle ; elle recourba l’extrémité
du lien, pour l’appliquer contre l’extrémité de celui
du mâle, qui faifoit fortir les deux cornes charnues
&c la partie recourbée en arc. Suppofe que cette
partie foit, comme on le croit, celle qui opéré l’ac-
C i j