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mer des Mufulmans, né de pareils qui ne font pas
Turcs. Il cft compofé des deux mots Arabes ; O SN ,
agent, qui fignifie parmi les Turcs la même chofe
que barbare parmi les Grecs ; les Turcs diftinguant
tous les habitans de la terre en Arabes ou Turcs, 8c
en agern, comme les Grecs les divifoient en Grecs &
en Barbares ; l’autre mot ell Ofroy, oglan, qui lignifie
enfant.
La plupart de ces enfans font des enfans de chrétiens
que le fultan fait enlever tous les ans par forme
de tribut, des bras de leurs parens. Ceux qui font
chargés de la levée de cet odieux impôt, en prennent
un fur trois, 8c ont foin de choifir ceux qui leur
paroiffent les mieux faits 8c les plus adroits.
On les mene auffi-tôt à Gallipoli, ou à Conftan-
tinople, oh on commence par les faire circoncire ;
enfuite on les inftruits dans la religion Mahométane ;
on leur apprend la langue Turque, & on les forme
aux exercices de guerre , jufqu’à ce qu’ils foient en
âge de porter les armes : 8c c’eft de cette école qu’on
tire les Janiffaires. Voye^ Ja n is s a ir e s .
Ceux qu’on ne trouve pas propres à porter les armes
-, on les employé aux offices les plus bas & les
plus abje&s du ferrail ; comme à la cuifine, aux écuries
, aux jardins, fous le nom de Bofiangis, Atta-
gis , Halvagis , 8cc. Il n’ont ni gages ni profits, à
moins qu’ils ne foient avancés à quelque petite charge
, & alors même leurs appointemens font très-médiocres,
& ne montent qu’à fept afpres 8c demi par
jour, ce qui revient à environ trois fols 8c demi de
notremonnoie. (G )
* AGEN, ( Géog. ) ancienne ville de France, capitale
de l’Agénois , dans la Guienne , fur la rive
droite de la Garonne. Long. 18. tS. 49. lat. 44.
m M
AGENDA, adj. pris fubft. (Comm.) tablette ou livret
de papier fur lequel les marchands écrivent tout
ce qu’ils doiyent faire pendant le jour pour s’en fou-
vemr, foit lorfqu’ils font chez eux , foit lorfqu’ils
Vont par la ville.
Ce mot eft originairement latin, agenda , lés chofes
qu’il faut faire, dérivé du verbe a go; mais nous l’avons
francifé.
U agenda eft très-néceffaire aux négocians , particulièrement
à ceux qui ont peu ou point de mémoire,
ou qui font chargés de trop grandes afiaires, parce
qu’il fert à leur rappeller des occafions importantes,
foit pour l’achat, foit pour la vente , foit pour des
négociations de lettres de change, &c.
On appelle auffi agenda un petit almanach de poche
que les marchands ont coutume de porter fur
eux pour s’affûrer des dates , jours de rendez-vous,
i l l l I
* AGENOIS, adj. pris fubft. ( Géog. ) contrée de
France dans la Guienne, qui a pris fon nom d’Agen
fa capitale. .
* AGENORIA ,{Mythj) c’étoit la déeffe du courage
& de l’induftrie. On lui oppofoit Vacuna, déeffe
delà pareffe.
AGENS de change & de banque, f. m. pl. ( Comm. )
font des officiers établis dans les villes commerçantes
de la France pour négocier entre les banquiers 8c
commerçans les affaires du change 8c l’achat ou la
vente des marchandifes & autres effets. A Paris & à
L y on , on les'nomme agent de change ; en Provence
on les appelle ; ailleurs on les appelle courtiers.
F o y è { C ô I j r t ie r & Ch a n g E.
A Parié), il y a 30 agehsdç change &-courtiers de
marchandifes, de draps , de foie, de laine de toile
&c. qui furent créés en titre d’office par Charles ix !
en Juin 15 7 1 , & le nombre en fut fixé par Henri IV.
en 1595. Ce nombre a fort varié depuis ; car d’abord
ü n’y ayoit que huit agens de change pour la ville de
A G E
Paris de-la création d’Henri IV . leur nombre fut
augmenté jufqu’à zo en 1634, & porté à 30 par un
edit du mois de Décembre 1638. En 1645 * Louis
XIV. créa fix nouveaux offices , 8c les chofes demeurèrent
en cet état jufqu’en 1705, que tous les offices
d’agens de change ou de banque ayant été fup-
primés dans toute l’étendue du royaume, à la réferve
de ceux de Marfeille 8c de Bordeaux, le roi créa en
leur place cent feize nouveaux offices pour être distribués
dans les principales villes du royaume avec
la qualité de cohfeillers du roi , agens de banque , change
> commerce & finance. Ces nouvelles charges forent
encore fupprimées en 1708 pour Paris; 8c au lieu
de vingt agens de change qui y établiffoit l’édit de
1705 , celui de 1708 en porta le nombre à quarante
; & en 17 14 , le roi y en ajouta encore vingt autres
pour la ville de Paris. Mais le titre de ces agens
fut encore fupprimé en 1710 , 8c foixante autres
agens par commiffion furent établis pour faire leurs
fondions. Ceux-ci furent à leur tour fupprimés, 8c
d’autres créés en leur place en titre d’office par édit
du mois de Janvier 1723. A in f iily a aéhiellement
foixante agens de change à Paris ; ils font un corps
qui élit des fyndics. Ils ne prennent plus la qualité
de courtiers , mais celle d'agens de change depuis
l’arrêt du Confeil de 1639 ; & par l’édit de 1705 , ils
ont auffi le titre de confeiller du roi. Voye^ Courtier.
Leur droit eft un quart pour cent, dont la moitié
eft payable par celui qui donne fon argent, &
l’autre par celui qui le reçoit ou qui en fournit la valeur
en lettres de'change ou autres effets. Dans la négociation
du papier qui perd beaucoup, comme par
exemple, des contrats lùr l’hôfel de ville, &c. dont
l’acheteur ne paye pas la moitié de la fomme totale
portée dans le contrat à caufe de la variation du
cours de ces effets, Vagent de change prend fon droit
fur le papier, c ’eft-à-dire, fur la fomme qu’il valoit
autrefois , 8c non fur l’argent qu’on le paye félon le
cours de la place. Dans les villes où les agens ne font
pas établis en titre d’office, ils font choifis par les
confuls, maires, 8c échevins devant lefquels ils prêtent
le ferment. Les agens de change ne peuvent être*
banquiers, 8c porter bilan fur la place, où ils doivent
avoir un livre paraphé d’un coniul, côté 8c numéroté
, par l’ordonnance de 1673. On peut voir dans le
Dictionnaire du Commerce de Savary, les divers ré Siemens
faits pour les corps des agens de change, & for-
tout ceux qui font portés par l’arrêt du Confeil du
24 Septembre 1724.
Agens généraux du Clergé : ce font ceux
qui font chargés des affaires du Clergé de l’églife
Gallicane. Il y en a deux qui font ou pourfuivent au
Confeil toutes les affaires de l’Eglife : on les change
de cinq en cjnq ans , 8c même à chaque affemblée
du Clergé, fi elle le juge à propos. Les affembiées du
Clergé ayant été réglées fous Charles IX. on laiffoit
à la fuite de la cou r, après qu’elles étoient finies ,
des perfonnes qui prenoient foin des affaires, à qui
on donnoit le nom de fyndics : mais en 1595 on établit
des agens fixes, avec un pouvoir beaucoup plus
étendu, 8c on régla, i° . leurs gages; 20. qu’ils feraient
nommés alternativement par les provinces ec-
cléfiaftiques ; favoir, l’un par celles de Ly on , Sens,
Ambrun, Reims, Vienne, Rouen, Tours ; 8c l’autre
par cellesd’Auch, A rles, Narbonne , Bourges, Bordeaux
, Touloufe, Aix; 30. que ceux que l’on nom-
meroit feraient actuellement prêtres , qu’ils poffé-
deroieht un bénéfice payant décimes dans la province.
Les agens généraux ont droit de cofnmittimus. Cette
placé’eft remplie par MM. les abbés de Coriolis&
de Caftries, en la préferite année 1751. (G )
AGENT , adj. pris fubft. fe dit en Méchanique &
en Phyfique d’un corps-, ou en général d’une puif-
fance qui produit ou qui tend à produire quelque ef-
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fèt par fon mouvement aCtuel, ou pat fa tendance
au mouvement. Vvye^ Puissance & Action.
Agent & Patient, ( Jurifprud'. ) fe dit dans le
Droit coûtumier d’Angleterre, de celui ou de celle
qui fe fait ou qui fe donne quelque chofe à foi-même ;
de forte qu’il eft tout-à-la-fois 8c celui qui fait on qui
donne la chofe, & celui à qui elle eft donnée, ou à
qui elle eft faite. Telle eft, par exemple, une femme
quand elle s’affigne à elle-même fa dot fur partie de
l ’héritage de fon mari. ( H')
Agent fe dit auffi de celui qui eft commis pour
avoir foin des affaires d’un prince, ou de quelque
corps, ou d’un particulier. Dans ce fens agent eft la
même chofe que député, procureur , Jyhdic, facteur.
Voye\ Député , Syndic , &c.
En Angleterre, parmi les officiers de l’échiquier,
il y a quatre agens pour les taxes 8c impôts. Voye^
Taxe, Echiquier.
Agent , en terme de Négociation , eftuneperfonne
au fervice d’un prince ou d’une république , qui
veille fur les affaires de fon maître afin qu’elles foient
expédiées. Les agens n’ont point de lettres de créance,
mais fimplement de recommandation; on ne leur
donne pas audience comme aux envoyés & aux ré-
fidens : mais il faut qu’ils s’adreffent à un fecrétaire
d’état, ou tel autre miniftre chargé de quelque département.
Ils ne joüiffentpasnon plus des privilèges
que le droit des gens donne aux ambaffadeurs, aux
envoyés 8c aux réfidens. Dict. de Furetiere.
AGEOMETRIE, défaut ou ignorance de Géométrie
, qui fait qu’on s’écarte dans quelque chofe des
principes 8c des réglés de cette fcience. Voye^ Géométrie.
On l’appelle *\\\rtmen£agéométré(it. Cesdeuxmots
font purement Grecs , etytu/xirpueia. 8c aytu/xnpîct. Les
Anglois & quelques écrivains les ont confervés tels
qu’ils font. ( O )
AGERATE, agératum, ( Hijt. nat. ) plante dont
la fleur eft monopétale, légumineufe, en forme de
tuyau par le bas, 8c divifée par le haut en deux lèvres
, dont la fupérieure eft découpée en deux parties
, 8c l’inférieure en trais : le piftil qui fort du calice
devient un fruit oblong, membraneux, partagé
en deux loges,& rempli de petites femences attachées
au placenta. Tournefort, Jnjt. rei herb. appendix.
Voy’ i Plante.
AGERATOIDE , en Latin ageratoides, (Hijt. nat.)
genre de plante qui porte fes fleurs fur une petite tête
faite en forme de demi-globe. Ces fleurs font composées
de fleurons d’une feule feuille ; les femences qu’elles
praduifent font couronnées par un anneau membraneux,
8c tiennent au fond d’un calice qui eft à
nud. Pontederoe dijfert. VIII. Voye{ Plante. ( / )
* AGERONIA ou ANGERONIA, ( Myth. ) déeffe
du filence : elle préfidoit aux confeils. On avoit placé
fa ftatüe dans le temple de la Volupté. Elle eft re-
préfentée dans les monumens avec un doigt fur la
bouche. Sa fête fe célébrait le 21 Décembre.
* AGESIL AU S , ( Myth. ) premier nom de Pluton.
* AGETORION, ( Myth. ) fête des Grecs dont il
cft fait mention dans Hefyçhius, mais où l’on n’en
apprend que le nom.
* AGGERHUS, ( Géog. ) gouvernement de Norvège,
dont Anflo eft la capitale.
AGGLUTINANS, adj. pris f. ( Med.) Les agglu-
tinans font là plupart d’une nature vifqueufe, c’eft-
à-dire , qu’ils fe réduifent facilement en gelée, &
prennent une confiftance gommeufe, d’où leur vient
le nom àéagglutinant, qui eft formé dW , à , & gluten,
glu. Voye^Glu o* Agglutination.
Les agglutinans font des remedes fortifians, 8c
■ dont l’effet eft de réparer promptement les pertes,
en empâtant les fluides, 8c en s’attachant aux foli-
<les du corps; ainfi ils remplacent abondamment ce
A G G 17? que les aéHons vitales ont commencé à détruire. Ces
remedes ne conviennent qu’aux gens affoiblis 8c épui-
fés par les remedes évacuans, la diete 8c les bôiffonà
trop aqueufes, comme il arrive à ceux qui ont effuyé
de longues 8t facheufes maladies.
On doit divifer les agglutinans ert deujc claffés. La
première comprend les alimens bien nourriffans, 8c
empâtant les parties acres des fluides : teis font les
gelees. en général, comme celles de corne de cerf,
de mou de veau, de pié de veau 8c de mouton, de
poulet. La fécondé comprend les remedes qui ne
font pas alimens ; telles font la gomme arabique, la
gomme adragante, la graine de pfyllium, la graine
de lin , l’oliban, le fang de dragon, 8c d’autres.
Mais parmi les remedes agglutinans il y en a qui
s’appliquent extérieurement ; tels font le baume dü
Commandeur, celui d’André de la Croix, les tere-»
benthines, lafarcocolle, l’ichtyocolle, les poix, 8c
quelques plantes même, comme la confoude, le plantain,
les orties, les millefeuilles, &c. Il en eft d’autres
dont l’ufage eft intérieur 8c extérieur. Voyeç Remedes
,Nutrition, Fortifians , &c.
AGGLUTINATION, f.m. ( Med. ) àftion de réunir
les parties du corps féparées par une plaie, coupure
, &c. de-là vient le nom que l’on donne à certains
topiques qui praduifent cet effet, le nom d’agglutinant.
Mais ce terme peut convenir aux remedes intérieurs
agglutinans 8c incraffans ,qui empâtant de leur
naturel les particules acres de nos fluides, émouf*
fent leur pointe, 8c changeant ainfi leur confiftance,
les rendent plus propres a fournir un fuc nourricier
louable, 8c capable de réparer les parties.
La nutrition ne remplit tous ces termes qu’au
moyen de Cette agglutination ; 8c c’eft à fon defaut
que nous attribuons le defféchement de nos folides ,
la fonte de nos humeurs, 8c les flux colliquatifs qui
détruifent les fluides 8c corrodent les folides, &c. ^ « { N utrition, Atrophie,A Consomption^ gglutinans. (N )
* AGGOUED-B U ND , ( Soierie. ) Il y a différentes
fortes de . foie qui fe recueillent auMogol : Vag-
goued-bund eft la meilleure.
AGGRAVATION, f. f. ( Jurifpr. ) dans le fens de
fon verbe d’où il eft formé, devroit lignifier l’aftion
de rendre une faute plus criminelle, ou d’en augmenter
le châtiment ; car c’eft-là la lignification d’ag±
graver : mais il rt’eft pas François en ce fens.
Aggravationouaggrave , eft un terme de Droit canonique
par où l’on entend une cenfure eccléfiafti-
que, une menace d’excommunication après trois
monitions faites fans fruit. Voye^ Censure.
Après l’aggravation on procédé à la réaggravation
ou reaggrave, qui eft l’excommunication definitive :
le refte jufqu’alors n’avoit été que comminatoire. V. Excommunication & Réaggravation, & c.
U aggravation 8c réaggravation ne peuvent être
ordonnées fans la permiffion du juge laïque.
AGGRAVE, f. m. terme de Droit canonique, eft la
même chofe qu’aggravation. Voye^fuprà. ( H')
AGGRÉGATION , f. f. en Phyfique, fe dit quelquefois
de l’affemblage 8c union de plufieurs chofes
qui compofent unfeultout, fans qu’avant cet affem-
blage les unes ni les autres euffent aucune dépendance
ou liaifon quelconque enfemble.
Ce mot vient de la prépofition Latine ad, 8c grexy
troupeau. En ce fens un monceau de fable, un tas de
décombres, font des corps par aggrégation. ( O ) Aggrégation, {Jurifpr. ) fe dit auffi dans I’u-,
fage ordinaire pour ajfociation. V. Association.
Ainfi l’on dit qu’une perfonne eft d’une compagnie
ou communauté par aggrégation ; une aggrégation de
dofteurs aux écoles de Droit. En Italie on fait fréquemment
des aggrégations de plufieurs familles oi\