ï7° A G E AGE t en terme de Jurifprudence , fe dit dô Certains
périodes de la vie auxquels un citoyen devient habile
à tels ou tels aétes, à pofféder telles ou telles dignités
, tels ou tels emplois : mais ce qu’on appelle purement
8c Amplement en D roit être en âge, c’eft être
majeur. Voye^ Majeur & Majorité.
Dans la coutume de Paris on eft en âge, pour tef-
ter de fes meubles 8c acquêts, à vingt ans : mais on
ne peut difpofer de fes immeubles qu’à vingt-cinq.
On ne peut être reçu confeiller ès parlemens &
préfidiaux, maître, correcteur ou auditeur des comptes
, avocat ou procureur du R o i, bailli, fénéchal,
vicomte, prévôt, lieutenant général, c iv il, criminel
ou particulier ès lièges qui ne reffortiffent pas
nûment au parlement, ni avocat ou procureur du
Roi efdits fiéges, avant l'âge de vingt - fept ans accomplis
; ni avocat ou procureur général, bailli,
fénéchal, lieutenant général 8c particulier, civil ou
criminel, ou préfident d’un préfidial, qu’on n’ait atteint
Y âge de trente ans ; ni maître des requêtes de
l’hôtel avant trente fept ans ; ni préfident ès cours
fouveraines avant quarante. Mais le R o i, quand il
le juge à-propos, accorde des difpenfes, moyennant
finance, à l’effet de rendre habiles à ces charges ceux
qui n’ont pas atteint Y âge preferit par les édits. Voye^
D ispense.
Et quant aux dignités eccléfiaftiques, on ne peut
être promu à l’épifeopat avant vingt-fept ans ; à une
abbaye, aux dignités, perfonats, cures 8c prieurés
clauftraux, ayant charge d’ames , avant vingt-cinq
ans. Si cependant la cure attachée au prieure clauf-
tral eft exercée par un vicaire perpétuel, vingt ans
•fuffifent. On peut même en France pofféder des
prieurés éle&ifs à charge d’ames à vingt-trois ans,
& ceux qui n’ont point charge d’ames à vingt-deux
commencés ; & c’eft de cette maniéré qu’il faut entendre
Y âge requis pour tous les bénéfices que nous
venons de dire ; car c’eft une maxime en Droit canonique
, que l’année commencée fe compte comme
fi elle étoit accomplie.
Pour les bénéfices Amples, ou bénéfices à Ample
tonfure , tels que les chapelles ou chapellenies, les
prieurés qu’on appelle ruraux, 8c qui n’ont rien qui
tienne de ce qu’on appelle reclorerie, on les peut pofféder
à fept ans, mais accomplis. Il en faut quatorze
auffi complets pour pofféder les bénéfices Amples,
•qui font des efpeces de reôoreries, & pour les ca-
•nonicats des cathédrales & des métropoles, fi ce
n’eft qu’ils vaquent en régales ; car alors fept ans
fuffifent. Mais le droit commun eft qu’on ne puiffe
être pourvu d’aucun bénéfice, même Ample, avant
quatorze ans.
Age , ( Lettres de bénéfice £ ) eft fynonyme à Lettres
£ émancipation. Voyeç EMANCIPATION.
A ge , (difpenfe d? ) eft une permiflion que le Roi
accorde, oc qui s’expédie en chancellerie, pour être
reçu à exercer une charge avant Yâge requis par les
ordonnances.
Age du bois, en fiyle £ Eaux 6* Forêts, eft le tems
qu’il y a qu’un taillis n’a été coupé. Voye{ Taillis.
A g e nubile, ( Jurifprud. ) dans les auteurs du palais
, eft Y âge auquel une fille devient capable de mariage
, lequel eft fixé à douze ans. (H )
A ge , fe prend en Medecine pour la divifion de la
v ie humaine. La v ie fe partage en plufieurs âges ,
favoir en enfance, qui dure depuis le moment de la
naiffance, jufqu’au tems oh l’on commence à être
fufceptible de raifon. Suit après Y âge de puberté,
ui fe termine à quatorze ans dans les hommes, 8c
ans les filles à douze. L’adolefcence fuccede depuis
la quatorzième année jufqu’à vingt ou vingt - cinq
ans, ou pour mieux dire , tant que la perfonne prend
■ de l’accrôiflement. On paffe enfuite à Y âge v ir il,
dont on fort à quarante-cinq ou cinquante ans, De-
A G E
là on tombe dans la vieilleffe, qui fe fubdivife en
vieilleffe proprement dite, en caducité, 8c décrépi-
tude, qui eft la borne de la vie.
Chaque âge a fes maladies particulières ; elles dépendent
de la fluidité des liquides, & de la réfiftance
que leur oppofent les folides : dans les enfans, la dé-
licateffe des fibres occafionne diverfes. maladies,
comme le vomiffement, la toux, les hernies, l’é-
paifliffement des liqueurs,d’où procèdent les aphthes,
les fluxions, les diarrhées, les convulfions, lùr-tout
lorfque les dents commencent à paroître, ce qu’on
appelle vulgairement le germe des dents. A peine les
entàns font-ils quittes de ces accidens, qu’ils deviennent
fujets aux inflammations des amygdales, au ra-
chitis, aux éruptions vers la peau, comme la rougeole
& la petite vérole, aux tumeurs des parotides, à
l’épileplie : dans l’âge de puberté ils font attaqués de
fievres aiguës, à quoi fe joignent les hémorrhagies
par le nez ; 8c dans les filles, les pâles-couleurs. Cet
âge eft vraiment critique, félon Hippocrate : car fi les
maladies opiniâtres auxquelles les jeunes gens ont été
fujets ne ceffent alors, o u , félon Celfe, lorfque les
hommes connoiffent pour la première fois les femmes
, 8c dans le fexe féminin au tems de l’éruption
des réglés, elles deviennent prefqu’incurables. Dans
l’adolefcence la tenfion des folides devenant plus
confidérable, les alimens étant d’une autre nature ,
les exercices plus violens, les humeurs font plus atténuées,
divilées, 8t exaltées : de-làréfultent les fievres
inflammatoires & putrides, les péripneumonies-,
les crachemens de fang, q ui, lorfqu’on les néglige,
dégénèrent en phthifie , maladie fi commune à cet
âge, qu’on ne perifoit pas autrefois que l’on y fût fu-
jet lorfque l’on avoit atteint Y âge v ir il, qui devient
lui-même le régné de maladies très-confidérables.
L’homme étant alors dans toute fa force 8c fa vigueur,
les fibres ayant obtenu toute leur élafticité, les fluides
fe trouvent preffés avec plus d’impétuofité; de-là naif-
fent les efforts qu’ils font pour fe fouftraire à la violence
de la preffion ; de-là l’origine d’une plus grande
diflipation par latranfpiration, des inflammations,
des dyffenteries, des pleuréfies, des flux hémorrhoï-
daux , des engorgemens du fang dans les vaiffeaux
du cerveau, qui produifent la phrénéfie, la léthargie
, 8c autres accidens de cette efpece , auxquels fe
joignent les maladies qu’entrainent après elles la trop
grande application au travail, la débauché dans la
première jeuneffe, les veilles, l’ambition demefurée,
enfin les pallions violentes 8c l’abus des chofes non-
naturelles ; telles font l'affeôion hypocfiondriaque,
les vapeurs, la confomption, la catalepfie, & plufieurs
autres.
La vieilleffe devient à fon tour lafource d’un nombre
de maladies fâcheufes ; les fibres fe deffechent &
fe raccorniffent y elles perdent leur élafticité, les vaiffeaux
s’obftruent, les pores de la peau fe refferrent,
la tranfpiration devient moins abondante ; il fe fait
un reflux de cette matière fur les autres parties : delà
naiffent les apoplexies , les catarrhes, l’évacuation
abondante des férofités par le nez 8c par la voie
des crachats, que l’on nomme vulgairement pituite;
l’épaifliffemertt de l’humeur contenue dans les articulations,
les rhûmatifmes, les diarrhées 8c les ftran-
guries habituelles : de l’affaiffement des vaiffeaux &
du raccomiffement des fibres proviennent les dyfu-
ries, la paralyfie, la furdité, le glaucome, maladies
fi ordinaires aux vieillards, & dont la fin eft le terme
de la vie.
L’on a vu jufqu’ici la différence des maladies félon
les âges : les remedes varient auffi félon l’état des fluides
8c des folides auxquels on doit les proportionner.
Les doux , 8c ceux qui font legerement toniques,,
conviennent aux enfans ; les délayans & les aqueux
doiyentêtre employés pour ceux qui ont atteint l’âge
A G E
de puberté, en qui l’on doit modérer l’aâivité du
Lang. Dans ceux qui font parvenus à l’adolefcence
& à Y âge v ir il, la fobriété , l’exercice modéré , le
bon ufage des chofes non-naturelles, deviennent autant
de préfervatifs contre les maladies auxquelles
on eft fujet ; ’alors les remedes délayans 8c incififs
font d’iin grand fecours fi , malgré le régime ci-def-
fus, l’on tombe en quelque maladie.
Une diete aromatique & atténuante foûtiendrales
vieillards; on peut avec fuccès leur accorder l’ufage
modéré du vin ; les diurétiques 8c les purgatifs légers
& réitérés fuppléront au défaut de tranfpiration.
Toutes ces réglés font tirées d’Hoffman, 8c des plus
fameux praticiens en Medecine. (N )
A g e , (Anat. ) Les cartilages 8c les ligamens s’of-
fifiant, 8c le cerveau fe durciffant avec l’âge , celui
des vieillards eft plus propre aux démonftrations
anatomiques. On concevra la callofité qui doit fe
former dans les vaiffeaux les plus mous de la tête, fi
on fait attention à la mémoire incertaine par rapport
aux nouvelles idées qu’on voudroit donner aux
gens avancés en âge, eux qui ne fe fouviennent que
trop fidèlement de ce qu’ils ont vu jadis. Laudator
temporis acli. (L )
A g e de la Lune, ( en AJlronomie. ) Ce dit du nombre
de jours écoulés depuis la nouvelle Lune. Ainfi
trouver l’âge de la Lune, c’eft trouver le nombre de
jours écoulés depuis la nouvelle Lune. V. L u n e . (O)
A g e , ( Jardinage. ) On dit Y âge d’un bois, d’une
graine, d’un arbre : ce bois à neuf ans demande a être
coupé ; cette graine à deux ou trois ans , efi trop vieille
pour être bonne à femer : on en doit choifir de plus
jeune. Cet arbre doit avoir tant £ années, il y a tant
d'années qu'il efi planté. Voye{ A r b r e .
L’âge d’un arbre fe compte par lès cercles ligneux
qu’on remarque fur fon tronc coupé ou fcié horifon-
talement. Chaque année le tronc & les branches
d’un arbre reçoivent une augmentation qui fe fait
par un cerclé ligneux, ou par une nouvelle enveloppe
extérieure de fibres 8c de hachées. (K )
A gé , en terme de Manège, fe dit du tems qu’il y a
• qu’un cheval eft né , 8c des lignes qui l’indiquent.
Voyei C h e v a l .
Il y a plufieurs marques qui font connoître Yâge
du cheval dans fa jeuneffe : telles font les dents, le
fabot, le poil, la queue, 8c les yeux. Voye^ D e n t ,
Sa b o t , &c.
La première année il a fes dents de la it , qui ne
font que les mâcheiieres 8c fes pinces ou dents de
devant ; la fécondé année fes pinces bruniffent 8c
groffiffent ; la troifieme il lui tombe une partie de
l'es dents de la it , dont il ne lui refte plus que deux
de chaque côté en-haut 8c en-bas ; la quatrième, il
lui tombe encore la moitié de ce qui lui reftoit de
dents de lait, enforte qu’il ne lui en refte plus qu’une
de chaque côté en-haut 8c en-bas. A cinq ans toutes
fes dents de devant font renouvellées , 8c fes crochets
complets des deux côtés. Celles qui ont remplacé
les dernieres dents de lait, à favoir les coins,
font creufes ont une petite tache au milieu ,
qu’on appelle marque ou feve dans la bouche d’un
cheval. Voye^ Ma rqu e . A fix ans ils pouffe de nouveaux
crochets , qui font entourés vers la racine
d’un petit bourlet de chair , du refte blancs, menus ,
courts., 8c pointus. A fept ans fes dents font au bout
de leur croiffance ; 8c ç’eft alors que la marque ou
.fève eft la plus apparente. A huit ans toutes les dents
.font pleines, unies & polies au-deffus, 8c la marque
ne fe diftingue prefque plus^? fes crochets font alors
Jaunâtres. A_néuf ans les dents de devant ou les pinces
paroiffent plus longues, plus jaunes , 8c moins
nettes qu’auparavant ; 8c la pointe de fes crochets
eft un peu émouffée. A dix,ans on ne fent plus de
çreux en-dedans des crochets fupérieurs, comme on
'Tome I, •
A G E 1 7 1
l’avoit fenti jufqu’alors, 8c fes tempes commencent
à fe creufer 8c a s’enfoncer. A onze ans fes dents
font fort longues, jaunes, noires, 8c fales : mais celles
de fes deux mâchoires fe répondent encore , 8c
portent.les unes fur les autres. A douze ans les fupé-
rieures croiffent fur les inférieures. A treize ans fi le
cheval a beaucoup travaillé, fes crochets font prefque
perdus dans la gencive ; finon ils en fortent noirs ,
laies & longs.
2. Quant au fabot, s’il eft poli, humide , creux
& qu’il fonne, c’eft un figne de jeuneffe : fi au contraire
il a des afpérkés, des avalures les unes fur les
autres, s’il eft fec , fale, 8c m at, c’eft une marque d®
vieilleffe.
30 Quant à la queue, en la tâtant vers le haut , lï
l’on fent l’endroit de la jointure plus gros 8c plus
failiant que le refte , le cheval n’a pas dix ans : fi au
contraire les jointures font unies & égales au refte ,
il faut que le cheval ait quinze ans.
40. S’il a les yeux ronds, pleins, 8c aflïirés , que
la paupière fupérieure foit bien remplie , unie, 8ç
de niveau avec les tempes , 8c qu’il n’ait point de
rides ni au-deffus de l’oe il, ni au-deffous ; c’eft une
marque de jeuneffe.
50. Si lorfqu’on lui pince la peau, & qu’on la lâche
enfuite, elle fe rétablit auffi - tôt fans laiffer de
rides ; c’eft une preuve que le cheval eft jeune.
6°. Si à un cheval de poil brun, il pouffe du poil
grifâtre aux paupières ou à la crinière ; ou qu’un cheval
blanchâtre devienne ou tout blanc, ou tout brun y
c’eft une marque indubitable de vieilleffe.
Enfin lorfqu’un cheval eft jeune , les barres de la
bouche font tendres 8c élevées ; s’il eft v ieux, elles
font baffes, 8c n’ont prefque pas de fentiment. Voye{
Barres.
Il y a une forte de chevaux appellés bégaux , qui
ont à tout âge du noir à la dent ; ce qui peut tromper
ceux qui ne s’y connoiffent pas.
Agé , ou difeernement qu’on fait des bêtes noires,’1
comme niarcaffins , bêtes dé compagnies , ragot, fan?
glier en fon tieran , fanglier en fon quart an, vieux fan-
glier miré 8C laie.
Agé , ôii difeernement qu’on fait des cerfs ; on dit
jeune cerf, cerf de dix cors jeunement , cerf de dix cors
8c vieil cerf
Age, ou difeernement qu’on fait des lieyres; on
dit levrauts y lievres 8c ha^es.
Age , ou difeernement qu’on fait des chevreuils ;
on dit fans, chevrotins , jeune chevreuil, vieil chevreuil
8c chevrette. .
Age des loups ; on dit louveteaux , jeunes loups
vieux loup 8C louve.
Age des renards ; on dit renardeaux , jeunes renards^
vieux renards 8c renardes. _
AGE, adj. en terme de Jurifprudence, ëft celui qui
a l’âge compétent 8c requis par les lois, pour exer-
| cer certains a êtes civils , ou pofféder certains emplois
ou dignités. Voye\[ Age. ( i f )
* AGELAROU : au-haut de la fécondé planché
du pavé du temple de la fortune de Pâlëftrine ; on
apperçoit Un animal avec l’infcriptiôn àgelarou. Cet
animal a beaucoup dé reffemblance avec le finge
d’Angole. Des Éthiopiens, vônt l’attaquer ; les uns
ont des boucliers, d’autres des fléchés : c’eft - là le
feul endroit oîi il en foit fait mention. Voye[ les an-
tiquités du pere de Montfaucon i fupplétneïit , tome IV.
page-1 <S3-.II ,j.'; 1 ; c aj—s-
AGEMOGLANS, f. rruou AGI AM rQGLANS ;
ou AZAMO.QLANSÎ-; ( Hifi. mod. ) foiit .dès jeunes
enfans qye-lê grand feigheur achète des Tartares,
ou qu’il prend en guerre, ou qu’il arrache d’entre
les bras des Arétiens fournis à fa domination.
Çe mot dans la langue originale fignifie enfant de
Barbare e c’eft-à-dire, fuivant la maniéré de s’expri-
' Y i j