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orientale. Pluiieurs lettrés les ont commentés, & par
conféquent obfcurcis ; caron les a divifés en dix conseils
pour pouvoir acquérir la perfection de la vertu.
Chaque confeil a été fubdivife en cinq go fiakkai ou
inftruriions particulières, qui ont rendu la doctrine
de Xekia extrêmement Subtile.
90. Tous les hommes, tant Séculiers qu’ecclcfiafti-
ques, qui Se Seront rendus indignes du bonheur éternel
par l’iniquité de leur v ie , feront envoyés après
leur mort dans un lieu horrible appellé djigokf, où
ils Souffriront des tourmens qui ne feront pas éternels
, mais qui dureront un certain tems indéterminé.
Ces tourmens répondront à la grandeur des crimes,
& feront plus grands à mefure qu’on aura trouvé plus
d’occafions de pratiquer la vertu, & qu’on les aura
négligées.
io°. Jemma O eft le gouverneur & le jugéde ces
prifons affreufes ; il examinera toutes les aérions des
hommes, & les punira par des tourmens diierens.
i i °. Les âmes des damnés peuvent recevoir quelque
Soulagement de la vertu de leurs parens & de
leurs amis ; & il n’y a rien qui puiffe leur être plus
utile que les prières & les Sacrifices pour les morts,
faits par les prêtres & adrefles au grand pere des miséricordes,
Amida.
12°. L’interceflion d’Amida fait que l’inexorable
juge des enfers tempere la rigueur de Ses arrêts, &
rend les Supplices des damnés plus Supportables, en
Sauvant pourtant fa juftice, & qu’il les renvoyé dans
le monde le plutôt qu’il eft pofîible.
13°. Lorfque les âmes auront ainfi été purifiées,
elles feront renvoyées dans le monde pour animer
encore des corps, non pas des corps humains, mais
les corps des animaux immondes, dont la nature répondra
aux vices qui avoient in'feâé les damnés pendant
leur vie.
140. Les âmes pafTeront fuccefîivement dès corps
vils dans des corps plus nobles , jufqu’à ce qu’elles
méritent d’animer encore un corps humain, dans lequel
elles puiffent mériter le bonheur éternel par une
vie irréprochable. Si au contraire elles commettent
encore des crimes, elles Subiront les mêmes peines,
la même transmigration qu’auparavant.
Voilà la doârine que Xekia donna aux Indiens »
& qu’il écrivit de Sa main fur des feuilles d’arbre*
Mais fa doftrine exotérique ou intérieure eft bien
différente. Les auteurs indiens affûrent que Xekia Se
voyant à Son heure derniere, appella Ses difciples,
& leur découvrit les dogmes qu’il avoit tenu Secrets
pendant fa vie. Les voici tels qu’on les â tirés des
livres de Ses Succeffeurs.
i° . Le vuide eft le principe &c la fin de toutes
chofes.
20. C ’eft de-là que tous les hommes ont tiré leur
origine, & c’e ft-là qu’ils retourneront après leur
mort.
30. Tout ce qui exifte vient de ce principe, & y
retourne après la mort. C ’eft ce principe qui confti-
tue notre ame & tous les élémens ; par conféquent
toutes les chofes qui vivent, penfent & fentent, quelque
différentes qu’elles foient par l’ufage ou par la
figure, ne different pas en elles-mêmes , & ne font
point diftinguées de leur principe.
40. Ce principe eft univerfel, admirable, pur,
limpide, fubtil, infini ; il ne peut ni naître, ni mourir,
ni être diffous.
50. Ce principe n’a ni vertu, ni entendement, ni
puiffance, ni autre attribut femblable.
6°, Son effence eft de ne rien faire , de ne rien
penfer, de ne rien defirer.
70. Celui qui Souhaite de mener une vie innocente
& heureufe, doit faire tous fes efforts pour fe rendre
femblable à fon principe, c’eft-à-dire qu’il doitdomp-
A S I ter, ou plôtôt éteindre toutes fes paflîons, afin qu’il
ne Soit troublé ou inquiété par aucune chofe.
8°. Celui qui aura atteint ce point de perfection,
fera abforbé dans des contemplations fublimes, fans
aucun ufage de fon entendement, & il jouira de ce
repos divin qui fait le comble du bonheur.
90. Quand on eft parvenu à la connoiffance de
cette doririne Sublime , il faut laiffer au peuple la
doCtrine exotérique, ou du moins ne s’y prêter qu’à
l ’extérieur.
Il eft fort vraiffemblable que ce fyftème a donné
naiffance à une feCte fameufe parmi les Japonois, laquelle
enfeigne qu’il n’y a qu’un principe de toutes
chofes; que ce principe eft clair, lumineux, incapable
d’augmentation ni de diminution, fans figure ,
Souverainement parfait, fage, mais deftitué de rai-
fon ou d’intelligence, étant dans une parfaite inaction
& fouverainement tranquille, comme un homme
dont l’attention eft fortement fixée fur une chofe
-fans penfer à aucune autre. Ils difent encore que ce
principe eft dans tous les êtres particuliers, & leur
communique fon effence en telle maniéré qu’elles
font la même chofe avec lu i, & qu’elles fe réfolvent
en lui quand elles font détruites.
Cette opinion eft différente du Spinolifme, en ce
qu’elle fuppofe que le monde a été autrefois dans un
état fort différent de celui où il eft à-préfent. Un fee-
tateur de Confucius a réfuté les abfurdités de cette
feCfe par la maxime ordinaire, que rien ne peut venir
de rien; en quoi il paroît avoir fuppofé qu’ils enfei-
gnoient que rien eft le premier principe de toutes
chofes, & par conféquent que le monde a eu un
commencement, fans matière ni caufe efficiente ;
mais il eft plus vraiffemblable que parle mot de vuide
ils entendoient feulement ce qui n’a pas les propriétés
fenfibles de la matière ; & qu’ils prétendoient dé-
figner par- là ce que les modernes expriment par le
terme d'efpact, qui eft un être très-diftinét du corps-,
& dont l’étendue indivifible, impalpable-, pénétra**
ble, immobile & infinie, eft quelque chofe de réel.
Il eft de la derniere évidence qu’un pareil être ne
fauroit être le premier principe, s’il étoit incapable
d’agir, comme le prétendoit X ekia. Spinofa n’a pas
porté l’abfurdité fi loin ; l’idée abftraite qu’il donne
du premier principe, n’eft , à proprement parler,
que l’idée de l’efpace qu’il a revêtu de mouvement-,
afin d’y joindre enfüite les autres propriétés de la
matière.
La doctrine de Xekia n’a pas été inconnue aux
Juifs modernes ; leurs cabaliftes expliquent l’origine
des chofes par des émanations d’une càufe première,
& par conféquent préexiftente, quoique peut-être
fous un autre forme. Ils parlent aufli du retour des
chofes dans le premier être, par leur reftitution dans
leur premier état, comme s’ils croyoient que leur
tn-foph ou premier être infini contenoit toutes chô*
fes, & qu’il y a toùjours eu la même quantité d’êtres,
foit dans l’état incréé, foit dans celui de création*
Quand l’être eft dans fon état incréé, Dieu eft Amplement
toutes chofes ; mais quand l’être devient
monde , il n’augmente pas pour cela en quantité ,
mais Dieu fe développe & fe répand par des émanations.
C ’eft pour cela qu’ils parlent fouvent de
grands & de petits vaifîeaux, comme deftinés à
recevoir ces émanations de rayons qui fortent de
Dieu , & de canaux par lefquels ces rayons font
tranfmis : en un mot, quand Dieu retire ces rayons ,
le monde extérieur périt, &c toutes chofes redeviennent
Dieu.
L’expofé que nous Venons de donner de la do&ri-
ne de Xekia | pourra nous fervir à découvrir fa véritable
origine. D ’abord il nous paroît très - probable
que les Indes ne furent point fa patrie, non-feulement
parce que fa do&rine parut nouvelle dans ce
A S I
pays-làlorfqu’ill’y apporta, mais encore parce qu’il
n’y a point de nation Indienne qui fe vante de lui
avoir donné la naiffance ; & il ne faut point nous
oppofer ici l'autorité de la Croze, qui affûre que
tous les Indiens s’accordent à dire que Xekia naquit
d ’un roi Indien ; car Kempfer a très-bien remarqué,
que tous les peuples fitués à l’orient de l’Afie, donnent
le nom d'Indes à toutes les terres auftrales. Ce
concert unanime des Indiens ne prouve donc autre
chofe, finon que Xekia tiroit fon origine de quelque
terre méridionale. Kempfer conjecture que ce
chef de feéte étoit Africain , qu’il avoit été élevé
dans la Philofophie & dans les myfteres des Egyptiens
; que la guerre qui" défoloit l’Egypte l’ayant
obligé d’en fortir, il fe retira avec fes compagnons
chez les Indiens ; qu’il fe donna pour un autre Hermès
& pour un nouveau légiflaîeur, & qu’il enfei-
gna à ces peuples non- feulement la doétrine hiéroglyphique
des Egyptiens, mais encore leur doétrine
myftérieufe;
: Voici les raifons fur lefquelles il appuie fon fen-
timent.
. i 0-. La religion que les Indiens reçurent de ceIe-
giflateur, a de très-grands rapports avec celle des anciens
Egyptiens; car tous ces peuples repréfentoient
leurs dieux fous des figures d’animaux & d’hommes
monftrueux.
20. Les deux principaux dogmes de la religion des
Egyptiens, étoient la tranfmigration des âmes, & le
culte de Sérapis, qu’ils repréfentoient fous la figure
d’un boeuf ou d’une vache. Or il eft certain que ces
deux dogmes font aufli le fondement de la religion
des nations Afiatiques. Perfonne n’ignore le refpeét
aveugle que ces peuples ont pour les animaux, même
les plus nuifibles , dans la perfuafion oîi ils font
que les âmes humaines font logées dans leurs corps.
Tout le monde fait aufli qu’ils rendent aux vaches
des honneurs fuperftitieux, & qu’ils en placent les
figures dans leurs temples. C e qu’il y a de remarquable
, c’eft que plus les nations barbares approchent
de l’Egypte , plus on leur trouve d’attachement à
ces deux dogmes.
, 3P. On trouve chez tous les peuples de l’Afie orientale
la plupart des divinités Egyptiennes, quoique
fous d’autres noms.
40. Ce qui confirme fur-tout la conjecture de
Kempfer , c’eft que 53^ ans avant J. C. Cambyfe
roi des Perfes, fit une irruption dans l’Egypte , tua
Apis, qui étoit le palladium de ce royaume, & chaffa
tous les prêtres du pays. Or fi on examine l’époque
eccléfiàftique des Siamois, qu’ils font commencer à
la mort de Xekia , on verra qu’elle tombe précifé-
ment aii tems de l’expédition de Cambyfe ; de-là il
s’enfuit qu’il eft très - probable que Xekia fe retira
chez les Indiens', auxquels il enfeigna la doCtrine de
l ’Egypte.
- 50. Enfin l’idole de Xekia le repréfente avec un
yifage.Ethiopien , & les cheveux crépus : or il eft
certain qu’il n’y. a que les Africains qui foient ainfi
faits. Toutes çés raifons bien pèfées , femblent ne
laiffer aucun lieu de douter, que Xekia ne fut.Africain
, & qu’il- n’ait enfeigné aux Indiens les dogmes
qu’il avoit lui-même puifés en Egypte.
. * ASIBE, ville de Méfopotamie, appelléé par les
hâbitans Antioçhia.
Il y a encore une ville de l’Afie mineure, du même
-nom, dans.la Cappadoce-, vers l’Euphrate & l e s
monts Mofchiques.
ASIE, l'une des quatre grandes parties de la terre,
& la. fécondé en ordre, quoique la première habitée.
Elle eft féparée de l’Europe par la mer Méditerra-
né,, l’Archipel, la mer Noire, les Palus Méotides ,
le Don & la D vina ; de T Afrique par la mer Rouge
i’ifthme de Suez. Elle eft des autres côtés entou-
Tome 1',
A S L 755 rée de l’Océan ; elle ne communique point avec
l’Amérique ; fes parties principales font l’Arabie, la
Turquie Afiatique, la Perfe, l’Inde, la Tartarie, la
Mofcovie Afiatique, la Chine, le Japon, le royaume
d’A v a , celui de Siam, l’île de Ceylan , & les îles de
la Sonde, dont les principales font Sumatra, Bornéo,
Java, l’île des Célebes , les Moluques, les Philippines,
les Maldives : elle peut avoir d’occident en
orient environ 1750 lieues , & du midi au fepten-
trion i 5 50.
Les peuples de ce vafte continent, ceux fur-tout
qui en occupent le milieu, & qui habitent les côtes
de l’Océan feptentrional, nous font peu connus : excepté
lès Mol’covites qui en poffedent quelque portion
, & dont les caravanes en traverfent tous les ans
quelques endroits, pour fe rendre à la Chine, on peut
dire que les Européens n’y font pas grand négoce.
S’il y a quelque chofe d’important à obferver fur le
Commerce d’AJie, cela ne concerne que les côtes
méridionales & orientales : le lecteur trouvera aux
différens articles des noms, des lieux , les détails généraux
auxquels nous nous fommes bornés fur cet
objet.
ASILLE, ajillus, infeCte que quelques auteurs ont
confondu avec le. taon ; cependant on a obfervé des
différences marquées entre l’un & l’autre, quoiqu’ils
fe reffemblent à quelques égards. L 'ajille tourmente
beaucoup les boeufs, &c les pique vivement ; on dit
que fon bourdonnement les fait fuir dans les forêts ,
& que s’ils ne peuvent pas l’éviter, ils fe mettent
dans l’eau jufqu’au ventre, & qu’ils fe jettent de l’eau
par-deffus le corps avec leur queue , pour, faire fuir
les ajilles. C ’eft pour cette raifon qu’on a appellé ces
infeCtes mufea boarice vel bucularice. Mouffet leur don-,
ne le nom grec oiepov : mais il convient que ce même
nom appartient aufli à d’autres infeCtes. M. Linnæus
diftingue Yajîlk ,1'oejlrus ; & le taon, en trois genres
dépendans d’une même claffe ; & il rapporte treize
efpeces au genre de Yafille. Fauna Sulcica, pas. 7 08i
Koye{ In s e c t e . ( / )
AS1NAIRES, adj. pris fubft. (Hifl. ancf)fêtes que
les Syracufains célébroient .en mémoire de l’avan-,
tage qu’ils remportèrent fur Nicias & Demofthenes ,
généraux des Athéniens, auprès du fleuve Ajinarius ,
aujourd’hui Falconara\ riviere de Sicile. (G')
* ASINARA , petite île d’Italie , près de la côte
occidentale de la Sardaigne, Long. zS. lat. 4/.
ASINE,.(£afe) fynonyme dont on fe fort au palais
pour éviter le mot âne, qui a quelque chofe de trivial;
(-^0
. * ASION-GABER, ville d’Idumée, fur le bord de
la mer Rouge.
* A S ! 0 UTH ou SOIOUTH, ville de la haute
Egypte. .
* ASISIA, ville d’Illyrie , dans un lieu qu’on appelle
aujourd’hui Béribir ou Bergame9 & où l’on trouve
encoredes ruines. ,
* ASKEM-KALESI, ville ruinée d’Afie, avec un
port, non loin de Milet. On prétend que c’étoit l’ancienne
Haliçarnaffe ; o n y trouve encore aujourd’hui
des marbres & des monumens anciens, & Jacques
Spon a conjecturé que ce font les ruines de Jafi ou
Jafli ; on y voit le refte d’un théâtre de marbre.
* ASKER-MORKEM ville de la contrée d’A-
bou.az dans la Chaldée, qu’on nomme aufli VIraque
Arabique. Cette ville s’appelle aufli Sermenraï,.lurfa
rive orientale du Tigre, Long. y z. zo . lat. fept. 3 4 .
On dit qu’elle s’appelloit autrefois Semirah.
* AS K R Î G , petite ville d’Angleterre , dans la
province d’Yorck. ;
ASLANI,^{Commerce. ) monnoie d’argent de Hollande
, & que l’on fabrique aufli à Infpruck'; c’eft le
daller même : cette efpece a tant pour effigie que
pour écuffon un lion ; & cet animal en T urc s’appela
C C c c c ij