Le nom ^archevêché n’a guere été connu en occident
avant le régné de Charlemagne : & fi l’on s’en
eft fervi auparavant, ce n’étoit alors qu’un terme dè
diftinâion qu’on donnoit aux grands lièges, mais qui
lie leur attribuoit aucune forte de jurifdiâion ; au lieu
qu’à préfent ce titre emporte le droit de préfider au
concile delà province. C ’eft auffi à fon officialitéque
-font portés les appels fimple.s des caufes jugées par
les officiaux de l'es fuffragans. Foye{ A p p e l , Su f -
FRAGANT , & ARCHEVÊQUE. (H )
ARCHEVÊQUE, f. m. ÇTkéol.) en latin archiepif-
copus 9 compofé du grec apKcç, priticeps, & d'thier
«o®oç, vïgil; c’eft-à-dire chef ou premier des évêques
dans une certaine étendue de pays. C ’eft ce qu’on
nomme aujourd’hui métropolitain, qui a plufieurs evê-
ques fuffragans ; mais cette notion reçue maintenant
ne feroit pas exaâe pour tous les fiecles de l’Eglife,
piiifqu’il y a eu autrefois des métropolitains fans fuffragans
, & des archevêques qui n’étoient pas métropolitains.
Foye^Mé t r o po l it a in .' Foye{ aujfile P.
Thomaffin, difcipline de VEglife , part. 1. liv. I.
Le nom d'archevêque fut abfolument inconnu dans
les premiers fiecles de l’Eglife : il l’étoit encore du
tems du premier concile général de Nicée, & même
de ceux d’Antioche & de Sardique, où il n’en eft fait
nulle mention dans les canons qui concernent les privilèges
des premiers lièges ■ & les appels eccléfiafti-
ques ; ce titre d’honneur & de jurifdiâion n’eut pas
été oublié, s’il eût alors exifté. Il paroît feulement
par le trente-troifieme canon attribué aux Apôtres,
que lorfqu’on vouloit marquer le prélat qu’on a depuis
nommé archevêque, on difoit feulement le premier
évêque d’une nation. C’eft ainfi qu’Eufebe,
Hifi. ecclcf. liv. F. dit qu’Irenée, évêque de Lyon ,
étoit évêque des églifes des Gaules, fur lefquelles il
avoit l ’intendance.
On croit que S. Athanafe introduifit le premier ce
terme dans l’Eglife vers le milieu du quatrième fië-
cle , en donnant par occafion ce titre à l’évêque
d’Alexandrie. Mais ce nom dans fon origine n’étoit
qu’un terme de vénération & de re lp e â , & ne fut
d’abord employé en orient qu’à l’égard dés évêques
les plus illùftres par leur doârine & par leur lain-
teté. C’ eft en ce fens que S. Grégoire de Nazianze
qualifie d’archevêque S. Athanafe lui-même. Enliiite ce
titre fut donné par déférence aux évêques des villes
les plus diftinguées, mais fans y attacher aucun rapport
aux privilèges qui pouvoient être attachés à
leurs fiéges. Tout l’orient affemblé dans le troifieme
concile général d’Ephefe, le donna au pape S. Cé-
leftin & à S. Cy r ille, fans prétendre égaler les prérogatives
du fiége d’Alexandrie à celles du fiége de
Rome. Dans le concile général de Chalcédoine, les
Peres le donnèrent auffi au pape S. Léon ; & S. Epi-
phane en ufa ainfi non-feulement à l’égard de S. Alexandre
& de S. Pierre m artyr, mais même de Mele-
c e , auteur du fchifme qui défola l’orient. Ce ne fut
qu’après que l’évêque d’Alexandrie fe fut attribué
le nom d'archevêque, qu’il l’eut fait valoir contre les
évêques de fa province, qui lui fufcitoient des con-
teftations injuftes, qu’on le regarda comme un titre
de prééminence Sc de jurifdiâion. Alors on le reftrai-
gnit particulièrement aux métropolitains qui avoient
des fuffragans , au lieu qu’on l’avoit donné jufque-là
à de fimples évêques qui n’en avoient aucun. C’eft
donc à l’évêque d’Alexandrie qu’on doit proprement
rapporter l’origine du nom d'archevêque dans le fens
où l’on le prend aujourd’hui.
Mais quelqu’autorifée que fût l’églife Greque à
diftingu,er ainli fes métropolitains, l’églife Latine fut
long-tems fans fuivre fon exemple. Celle d’Afrique
fur-tout s’en éloigna jufqu’à profcrire dans le troifieme
concile de Carthage, auquel affifta S. Auguftin ,
le titre d*archevêque, comme plein de fafte Sc d’ot-
gueil. Fuuit Jynodus ut prima fedis epifcopus non ap'-
pellttur princeps facerdotum aut fummus facerdos yje£
tantum prima fedis epifcopus. Cependant elle admet-
toit les titres d’archi-prêtre, d’archi-diacre , de primat
; il eft vrai qu’én Afrique la primatie n’étoit attachée
à aucun fiége épifcopal en particulier, mais
à la perfonne du plus ancien évêque, à dater du
tems de fa promotion à l’épifcopat. Foye^ Prima! 1
& Pr im a t ie .
Si les autres églifes d’occident firent moins d’éclat
que celle d’Afrique, il eft certain que les principales,
telles que celles de France & d’Efpagne, n’avoient
pas encore adopté ce titre dans le feptieme fiecle,
comme il paroît par S. Ifidore de Seville, qui vivoit
en 6 15 , & qui eft le premier auteur Latin qui faffe
mention des archevêques ; & d’un grand nombre d’évêques
qui foufcrivirent au concile d’Orléans, tenu
en 6 2 1 , nul ne prend ce titre, quoique plufieurs prennent
celui de métropolitain.
Ce que cè terme fèmbloit avoir d’odieux ayant
difparu avec le tems , toute l’églife d’occident l’a
adopté auffi-bien que celle d’orient, connue un terme
énergique & propre à exprimer le degré d’honneur
Sc de jurifdiâion dans l’epifcopat, qu’ont les
métropolitains fur les évêques leurs fuffragans. On
ne diftingue plus aujourd’hui la dignité de métropolitain
d’avec celle d'archevêque, h'archevêque a droit
de convoquer le concile de fa province Sc d’y préfi-
der, de juger par appel des caufes dés fujéts de fes
fuffragans , de vifiter même fa province , félon le
concile de Trente, mais pour des raifons approuvées
dans le concile provincial. Il joiiit encore de
plufieurs autres prérogatives dont on peut voir les
fondemens Sc les preuves dans le P. Thomaffin. Dif-
ciplin. de l ’Eglife , liv. 1. part. I . (G )
ARCHIAÇOLYTE, f. m. (Hifi.eccllf.) nom d’une
- dignité qui étoit au- deffus de l’acolyte dans les églifes
cathédrales, lefquelles étoient divifées en quatre ordres
de chanoines ; fa voir, les prêtres, les diacres,
les foûdiacres, Sc les acolytes « ils avoient chacun
leur chefs, & celui de ces derniers s’appelloit archi-
acolyte : ils n’affiftoient point au choeur, ils n’avoient
. point de voix au chapitre, non plus que les acolytes.
Cette dignité eft préfentement éteinte. Du Cange,
. Glojfariurn la ti ni taris. (G )
ARCHIC AMERIER ou ARCHICH AMBELLAN,
f. m. ( Hifi. mod. ) officier de l’empire d’Allemagne,
qui n’a pas les mêmes fondions que le grand-chambellan
en France, & dont la dignité n’eft, à proprement
parler, qu’un titre d’honneur.
L’éleâeur de Brandebourg eft archi-chambellan de
l’empire > comme il eft porté par la bulle d’or, & en
cette qualité il porte le fceptre devant l’empereur &
marche à la gauche de l’éleâeur de Saxe. Dans le
feftin qui fuit l’éledion de l ’empereur, il eft à cheval
comme les autres éledeurs, porte un baffin Sc une
aiguiere d’argent avec une ferviette fur le bras, pour
donner à laver à ce prince : ce n’eft guere qu’en cette
occafion qu’il exerce les fondions de fa charge , &
même il peut être fuppléé par un vice -gèrent, qui
eft le prince d’Hoenzollern, auffi de la maifon de
Brandebourg. Heiff. Hifi. de L'Emp.
ARCHICHANCELIER, f. m. ( Hifi. mod. ) grand
chancelier ; c’étoit anciennement le chef des notaires,
c’eft-à-dire des fecrétaires d’état. Foy. C hancelier.
On trouve cet office établi en France fous les rois
de la première Sc de la fécondé race, Sc enfuite fous
les empereurs. Comme ils avoient trois différens
gouvernemens ; favoir, l’Allemagne, l’Italie , & le
royaume d’Arles, ils avoient trois archichanceliers ;
ce qiii fubfifte encore en Allemagne ; l’archevêque
de Mayence eft archichancelier d’Allemagne, celui
de'Colôgne l’eft d ’Italie, ÔCccltii de trê ve s a le titre
^archichancelier d’Arles. ■
Bern. deMallincrot, daiïsfontraité de Archicancd-
'lariis lmp. rom. montre que ces trois archevêques furent
archichanceliers avant que d’être éledeurs. On
trouve auffi dans l’hiftoire des archichanceliers de
Bourgogne, que ce titre fut donné par l’empereur
Frédéric I .à l’archevêque devienne.
Des trois éledeurs archichanceliers de l’Empire,
celui de Trevés & celui de Cologne n’ont aucune
fondion ; l’éledeur de Mayence feul ên fait les fonctions
, ce qui rend‘fa dignité tres-cOnfiderable \ car en
cette qualité il eft le doyen perpétuel des éledeurs
& le garde de la matricule de l’Empire. Il a infpedion
fur le confeil aulique , fur. la chambre impériale de
Spire ; Sc en cas de vacance du fiége impérial, le
droit de convoquer les dietes d’éledion. Non-feulement
il a en fa poffeffion les archives de l’Empire,
pour ce qui concerne l’Allemagne, mais* encore tous
les diplômes, titrçs & papiers des affaires d’Italie. Il
a à la cour impériale irn vice-chancelier qui garde
Ces archives, & en délivre des expéditions. L’abbé
de Fulde a auffi le titre d'archichancelier de l’impératrice
, qui lui fut confirmé par 1’empereurCharles IV.
en i3,68. Heiff. hifi. de L'Emp. (G)
ARÇHICHÀNTRE, f. m. (Hifi. eccl.) principal
chantre ou le premier des chantres d’une églife.
Cette dignité eft encore en ufage dans quelques chapitres.
Foyei C h a n t r e . (H)
ARCHICHAPELAIN, f. m. (Hifi. mod. eccl.ySôus
la fécondé race des rois de France le titre d’archicha*
pelain étoit cônfacré à lignifier celui qui avoit la conduite
de la chapelle du palais. Son autorité étoit fort
grande fur tout ce qui pouvoit concerner les affaires
eccléfiaftiques. Il étoit dans le confeil comme le médiateur
entre le roi & les évêques. Souvent il déci-
doit les conteftations, & ne rapportoit au roi queleS
plus confidérables» Il paroît auffi par les monumens
de ce tems-là, qu’on le nommoit grand chapelain,
fouverain chapelain, quelquefois Amplement chapelain
& garde ou primicier du palais. Les papes lui dort-
noient auffi quelquefois le titre & les fondrions d’apo-
crifiaire auprès de nos rois. Foyeç A p o c r i s ia ir e .
Cette fonûion fut d’abord exercée par des abbés,
particulièrement par Fulrad abbé de S. Denys, fous
le regne de Pépin, & enfuite par des évêques. L’ar*
chichapelain étoit alors en même tems affez fouvent
chancelier, o u , comme on difoit alors, notaire du roi.
Sous la troifieme race il n’eft plus fait mention d’<zr*
chichapelain, mais de chapelain, de'confeffeur, d’au-
mônief, & enfin de grand aumônier. Foye^ G r a n d
A um ô n ie r . Thomaffin, Difciplin, ecclcf. part. III:
liv. I. ch» Ijv. & part. IF . liv. L ch. Ixxvij.
AK CHID A PIFER y fub. m; ( Hifi. mod.) grand
maître d’hôtel : 'c’eft le nom d’un des grands officiers
de l’Empire. L’élefteur de Bavière eft revêtu de cette
charge, qui lui a été conteftée par les éledeurs Palatins
, ceux-ci prétendant qu’elle étoit annexée au
Palàtinat ; mais ils fe font défiftés de cette prétention.
F o y e i Pa l a t in . Il faut diftinguer cette charge de
celle de grand maître d’hôtel de la maifon de l’empereur
, qui eft la première de fa cour. Sous celui-ci
font les1 contrôleurs, les thréforiers, les argentiers,
les officiers de la bouche, les maîtres & autres officiers
de cuifine, d’échanfonnerie, de fommellerie,
de m panneterie, de fruiterie, les pourvoyeurs, & les
marchands qui en dépendent. Heiff. hifi. de VEmp. ARCHIDIACONAT, f. m. (Hifi. ecclif.) dignité
d’archidiacre, Foye%_ ci-dejfous A r c h id ia c r e .
ARCHIDIACONÉ , eft la portion d’un diocèfe
fujette à la vifite d’un archidiacre.
ARCHIDIACRE, f. m. (Hifi. eccl.) nom que l’on
donnoit anciennement au premier des diacres, ou à
celui qùi étoit leur chef. S. Auguftin attribue ce titre
à S. Etienne, parce que S. Luc le nomme 11 premier
des fept diacres. Il n’y avoit d’abord que les diacres
qui puffent être élevés à cette dignité ; & fi celui qui
en étoit revêtu recevoit l’ordre de prêtrife, il ne pouvoit
plus exercer la fon&ion d'archidiacre; mais dans
la fuite on donna auffi ce titre à des prêtres, comme
on le voit dans Hinçmar, l’an 877.
- L'archidiacre, dit M. Fleury dans fon Infiitution ait
Droit cccléjîaftique, tome I. partie I. ch. xjx . p. 1G8
&fuiv. .étoit dès les premiers tems le principal mi-
niftre de l’évêque pour toutes les fondions extérieur
res, particulièrement pour l’adminiftration du temporel
: au-dedans même il avoit foin de l’ordre ôc de
la décence des offices divins-. C ’étoit lui qui préfen-
toit les clercs à l’ordination, comme il fait encore,
qui marquoit à chacun fon rang 6c fes fonctions, qui
annonçoit au peuple les jours de jeûne ou de fête,
qui pourvoyoit à l’ornement de l’églife & aux réparations.
Il avoit l’intendance des oblations Sc des
revenus de l’églife, fi ce n’étoit dans celles où il y
avoit des économes particuliers. 11 faifoit diftribuer
aux clercs ce qui étoit réglé pour leur fubfiftance,
& avoit toute la direftion des pauvres, avant qu’il
y eût des hôpitaux. Il étoit le cenfeur de tout le bas
clergé & de tout le peuple, veillant à la eorreérioh
des moeurs. Il devoit prévenir ou appaifer les querelles
, avertir l’évêque des defordres, & être comme
le promoteur pour en pourfuivre la réparation :
auffi l’appelloit- on la main & l'oeil de l'évêque. Ces
pouvoirs, continue M. Fleury, attachés aux chofes
fenfibles & à ce qui peut intéreffer les hommes, mirent
bientôt l'archidiacre au-deffus des prêtres , qui
n’avoient que des fondions purement fpirituelles,
jufque - là qu’ils en vinrent à méprifer les prêtres ;
vanité contre laquelle S. Jérome s’éleva vivement.
L'archidiacre n’avoit toutefois aucune jurifdiérion fur
eux jufqu’au v ie fiecle ; mais enfin il leur fiit fupé-
fieu r, & même aux archiprêtres : ainfi il devint là
première perfonne après l’évêque, exerçant fa jurifi*
diftion & faifant fes vifites, foit comme déléguée,foit
à caufe de fon abfence , ou pendant la vacance du
fiége. Ces commiffions devinrent enfin fi fréquentes ,
qu’elles tournèrent en droit commun ; enforte qu’après
l’an 1000 les archidiacres furent regardés comme
juges ordinaires, ayant jurifdiérion de leur chef,
avec pouvoir de déléguer eux-mêmes d’autres juges*
Il eft vrai qüe leur jurifdiâion étoit plus ou moins
étendue, félon les différentes coûtumes des églifes ,
& félon que les uns avoient plus empiété que les autres
; elle étoit auffi bornée par leur territoire, qui
n’étoit qu’une partie du diocèfe t car depuis qu’ils
devinrent fi puiffans , on les multiplia, fur-tout en
Allemagne , & dans les autres pays où les diocèfes
font d’une étendue exceffive ; celui qui demeura dans
la ville prit le titre de grand archidiacre. Dès le ix*
fiecle il fe trouve des archidiacres prêtres , & toutefois
il y en a eu 200 ans après qui n’étoient pas même
diacres ; tant l’ordre étoit dès-lors peu confidéré en
comparaifon de l’office. On les a obligés à être au
moins diacres ; & ceux qui ont charge d’ames, à être
prêtres. C ’eft la difpofition du concile de Trente,
S tff.X X IF . de Rtform. c. xij. .
Les évêques fe trouvant ainfi prefque dépouillés
de leur jurifdiâion, travaillèrent après l’an 1200
à diminuer celle des archidiacres, leur défendant de
conqoître des caufes des mariages, & des autres
les plus importantes, & d’avoir des officiaux qui ju-
geaffent en leur place. L’affemblée du clergé tenue
à Melun en 1579, reftraint à cet égard les droits
auxquels prétendoient les archidiacresj Sc divers arrêts
, foit du confeil, foit du parlement, ont limité
leur jurifdiâion contentieufo. Thomaffin, Difcipline
de}Eglife, part. I. Uv. h ch, xxv, & x x x j. part, II,