c ’eft dans cette efpece de feulpture qu’il faut être cir-
confpeâ.Nos fculpteurs modernes ont pris des licences
à cet égard qu’il faut éviter , plaçant des orne-
mens chimériques de travers, Ôc de formes variées,
qui ne font point du reffort de la décoration de la
clé d’une arcade, qui repréfente expreflement la fo-
lidité que cette clé donne à tous les vouffoirs, qu’elle
feule tient dans un équilibre parfait. D’ailleurs , les
©rnemens de pierre en général doivent être d’une
compofition grave ; la beauté des formes en doit faire
tous les frais, ôc fur-tout celle de ce genre-ci. Sa
forme doit indiquer fon nom ; c’eft- à - dire, qu’il
faut qu’elle paroiffe agrafer l’archivolte , le chambranle
ou bandeau , avec le claveau , fommier ,
plinthe , ou corniche de deffus. Voyt{ la figure.
( P ) . . .
A g r a f e , ( Jardinage. ) eu un ornement qui fert
à lier deux figures dans un parterre ; alors il peut fe
prendre pour un noeud : on peut*encore entendre*
par le mot d'agrafe , un jornement qu’on attache ôc*
cjue l’on cole à la plate-bande d’un parterre, pour
n’en faire paroître que la moitié, qui fe lie ôc forme
un tout avec le relie de la broderie. ( K )
AGRAFE, ( Serrurerie. ) c’ellun terme générique
pour toutmiorceau de fer qui fert à fufpendre, à
accrocher ou à joindre, &c. Dans les efpagnolet-
.tes, par exemple, Y agrafe, c’eltle morceau de fer
évide ôc large qui s’applique fur l’un des guichets
des croifées, ôc dans lequel pâlTe le panneton de
l’efpagnolette, qui va fe renfermer fur le guichet op-
polé. Foye{ Se r r u r e r ie , Planche X I I I . figure chiffrée
i l . i l . 13. 14. 18. 19. En 18 & 19 , une agrafe
avec un panneton. Meme Planche, figure iS. l'agrafe
ftpàrée.
* AGRAHALID, ( Hifi. nat. bot. ) plante d’Egypte
ôc d’Ethiopie, a laquelle Ray donne le nom
liiivant, lycio affinis Ægyptiaca. C ’e ll, félon Leme-
r y , un arbre grand comme un poirier fauvage , peu
branchu , épineux, relfemblant au lycium. Sa feuille
ne différé guere de celle du buis ; elle elf feulement
plus large & plus rare. Il a peu de fleurs.
Elles font blanches, femblables à celles de l’hyacinthe
, mais plus petites. Il leur fuccede de petits
fruits noirs, approchant de ceux de l’hieble,
& d’un goût ftyptique amer. Ses feuilles aigrelettes
ôc aftringentes donnent une ’décofrion qui tue les
vers,
AGRAIRE, ( Hifi. anc. ) terme de Jurifprudence
Romaine y dénomination qu’on donnoit aux lois concernant
ie partage des terres prifes fur les ennemis.
Hoye^ L o i. Ce mot vient du Latin ager, champ.
Il y en a eu quinze ou vingt, dont les principales
furent la loi Cajjîa y de l’an 267 de Rome ; la loi Li-
cinia, de l’an 377 ; la loi Flaminia , de l’an 5 25 ; les
deux lois Sempronia, en 620; la loi Apuleia, en
653 ; la loi Bcebia; la loi Cornelia, en 673 ; la loi
Servilia, en 690 ; la loi Flavia ; la loi Julig. , ^n 691 ;
la loi Ælia Licinia ; la loi Livia ; la loi Marcia ; la
loi Rofcia, après la deftruâion de Carthage ; la loi
F.loria, ÔC la loi Titia.
Mais lorfqu’on dit fimplement la loi agraire, cette
dénomination s’entend toujours de la loi CaJJin, publiée
par Spurius Caflius, pour le partage égal des
terres conquifes entre tous les citoyens, ôc pour régler
la quantité d’acres ou arpens que chacun pour-
roit pofféder. Les deux autres lois agraires dont il eft
fait mention dans le Digefte, ôc dont l’une fut publiée
par Céfàr ôc l’autre par Nerva, n’ont pour
objet que les limites ou bornes des terres , & n’ont
aucun rapport avec la loi Cafijia.
Nous avons quelques oraifons de Cicéron avec le
titre de lege agraria ; elles font contre Rullus , tribun
du peuple, qui vouloit que les terres conqui-
Jjes fuffent vendues à l’encan, ôc non diftribuées aux
citoyens. L’exorde de la fécondé eft admirable. (H)
AGRANIES , AGRIANIES, ou AGRIONIES,
( Hiß. anc. Myth. ) fêtes inftituées à Argos en l’honneur
d’une fille de Proëtus. Plutarque décrit ainfi
cette fête. Les femmes y cherchent Bacchus, ôc ne
le trouvant pas, elles ceffent leurs pourfuites, di-
fant qu’il s’eft retiré près des Mufes. Elles foupent
enfcmble , ôc après le repas elles fe proposent des
énigmes ; myftere qui fignifioit que l’érudition ôc
les Mufes doivent accompagner la bonne chere; ôc
fi l’ivreffe y furvient, fa fureur eft cachée par les
Mufes, qui la retiennent chez elles, c’eft-à-dire, qui
en répriment l’excès. On célébroit ces fêtes pendant
la nuit,' Ôc l’on y portoit des ceintures & des couronnes
de lierre, arbufte confacré à Bacchus ôc aux
Mufes.
AQJIAULIES , ou AGLAURIES, ( Hfi. anc.
Myth. ) fêtes ainfi nommées parce qu’elles dévoient
leur inftitution aux Agraules, peuples de l’Attique
de la tribu Evertheïde, qui avoit pris leur nom
d*Agraule ou Aglaure , fille du roi Cecrops. On en
ignore les cérémonies, ôc l’on fait feulement qu’elles
fe faifoient en honneur de Minerve. ( G )
* A g r a u l ie s , ( Myth. ) fêtes qu’on célébroit en
l’honneur de Minerve. Elles étoient ainfi nommées
des Agraules, peuple de l’Attique de la tribu Erec-
theïde, qui les avoient inftituées.
* AGRÉABLE, GRACIEUX, confidérés grammaticalement.
L’air ôc les maniérés, dit M. l’abbé Girard
, rendent gracieux. L’efprit ôc l’humeur rendent
agréable. On aime la rencontre d’un homme
gracieux ; il plaît. On recherche la compagnie d’un
homme agréable; il amufe. Les perfonnes polies
font toujours gracieufes. Les perfonnes ertjoitées font
ordinairement agréables. Ce n’eft pas affez pour la
fociété d’être d’un abord gracieux, ÔC d’un commerce
agréable. On fait une réception gracieufe. On a
la converfation agréable. Il femble que les hommes
font gracieux par l’air , ôc les femmes par les maniérés.
Le gracieux ôc Y agréable ne fignifient pas toujours
des qualités perfonnelles. Le gracieux fe dit quelquefois
de ce qui flatte les’ fens ôc l’amour propre ; ôc
Y agréable , de ce qui convient au goût ÔC à l’efprit. Il
eft gracieux d’avoir de beaux objets devant foi ; rien
n’eft plus agréable que la bonne compagnie. Il peut
être dangereux d’approcher de ce qui eft gracieux ,
& d’ufer de ce qui eft agréable» On naît gracieux ,
l’on fait Y agréable.
* AGRÉAGE, ( Comm. ) on nomme ainfi à Bour-
deaux , ce qu’ailleurs on appelle courtage. Voyeç
C o u r t a g e .
AGRED A, ( Géog. ) ville d’Efpagne dans la vieille
. Caftille. Long. 1S-S4. lat. 41-J3.
* A g r e d a , ( Géog. ) ville de l’Amérique méridionale
, au royaume de Popaïan.
AGRÉER 1V. aft. ( Marine. ) on dit agréer un vaif
feau ; c’eft l’équiper de ces manoeuvres, cordages ,
toiles, poulies, vergues, ancres, cables, en un mot
de tout ce qui eft neceffaire pour le mettre en état
de naviger.
AGREEUR, fubft. m. ( Marine. ) c’eft ainfi qu’on
nomme celui qui agrée le vaiffeau qui paffe le
funin, frappe les poulies, oriente les vergues, Ôc
met tout en bon ordre, ôc en état de »ire manoeuvre.
AGREILS, AGREZ, AGREZILS, f. m. pl. ( Marine.
) On entend par ce mot les cordages, poulies,
vergues, voiles, caps de mouton, cables, ancres,
ôc tout ce qui eft néceffaire pour naviger. Sur la Méditerranée
, quelques-uns fe fervent du mot fortil.
On dit rarement agrefils. ( Z )
AGRÉMENT, f. m. p Droit 3 fignifie confentemcut
ou ratification ; confentement, lorfqu’on adhéré à un.
aûe pu contrat d’avance, ou dans le tems même
qu’il fe fait ; ratification , lorfqu’on y adhéré après
coup. (H )
AGRÉMENS , f. m. ( Paffement. ) On comprend
fous ce nom tous les ouvrages de mode qui fervent
à l’ornement des robes des dames ; ces ouvrages
font momentanées, c’eft-à-dire fujets à des variations
infinies, qui dépendent fouvent ou du goût des femmes
, ou de la fantaifie du fabriquant. C ’eft pourquoi
il n’eft guere poffible de donner une idée parfaite
ôc détaillée de tous ces ouvrages ; ils feraient
hors de mode avant que le détail en fût achevé : on
en dira feulement le plus effentiel ôc le moins fujet au
changement. On doit l’origine de ces fortes d’agré-
mens au feul métier de Rubannerie, qui eft Tunique
en ppffeflion du bas métier : cet ouvrage a été connu
feulement dans fon principe fous le nom de foucis
f hannetons , dont la fabrique a été d’abord fort fim-
ple, ôc eft aujourd’hui extrêmement étendue. Nous
allons en détailler line partie qui fera connoître l’importance
de ce feul objet : premièrement, c’eft fur le
bas métier annoncé plus haut, que s’opèrent toutes.les
petites merveilles dont nous rendons compte : ce bas
métier eft une fimple planche bien corroyée, longue
de deux piés & demi fur un pié de large. Vers les
deux extrémités de cette planche font deux trous
dans lefquels entrent deux montans, fur l’un def-
quels eft placée une pointe aiguë ôc polie, qui fervi-
ra à la tenfion de l’ouvrage à faire ; c’eft fur l’autre
que font mifes les foies à employer : enfin on peut
dire qu’il reffemble parfaitement au métier des Perruquiers,
ôc peut, comme lui, être placé fur les genoux.
Les foies font tendues fur ce métier, ôc elles
y font l’effet de la chaîne des autres ouvrages ; on
tient ces foies ouvertes par le moyen d’un fufeau de
buis qu’on y introduit, ôc dont la tête empêche fa
fortie à-travers d’elles ; ce fufeau , outre qu’il tient
ces foies ouvertes , leur fert encore de contrepoids
dans le cas où les montans , par leur mouvement,
occafionneroient du lâche. C ’eft par les différens paf-
fages ôc entrelacemens des foies contenues fur le petit
canon qui fert de navette, paffages ôc entrelace-
mens qui font l’office de la trame, que font formés
différens noeuds, dans divers efjpaces variés à l’infini
, ôc dont on fera l’ufage qui fera décrit ci-après.
Quand une longueur contenue entre les deux montans
dpnt on a parlé plus haut, fe trouve ainfi remplie
de noeuds , elle eft enroulée fur le montant à
pointe Ôc fait place à une autre longueur qui fera
fixée comme celle - ci fur cette pointe ; ce premier
ouvrage ainfi fait jufqu’au bout, eft enfuite coupé
entre le milieu de deux noeuds, pour être de nouveau
employé à l’ufage qu’on lui deftine. Ces noeuds ainfi
coupés font appellés noeuds fimples, ÔC forment deux
efpeces de petites touffes de foie, dont le noeud fait la
jonfrion. De ces noeuds font formés, toûjours à l’aide
de la chaîne, d’autres ouvrages d’abord un peu plus
étendus , appellés travers ; puis d’autres encore
plus étendus appellés quadrille : cette quantité d’operations
tendent toutes à donner la perfection à chaque
partie ôc au tout qu’on en formera. C’eft du génie
ôc du goût de l’ouvrier que dépendent les différens
arrangemens des parties dont, on vient de par-
for : c eft à lui à faire valoir le tout par la variété des
deffeins, par la diverfité des couleurs artiftement
unies, par Fimitation des fleurs naturelles , ôc d’autres
objets agréables. Ces ouvrages regardés fouvent
avec trop d’indifférence , forment cependant des effets
très-galans > ôc ornent parfaitement les habille-
mens des dames : on les employé encore fur des vef-
tes,; on en forme des aigrettes, pompons, bouquets
a mettre dans les cheveux, bouquets de côté, braf-
felets, ornemens.de çoeffures ôc de bonnets, &c. On
y peut employer la chenille, le cordonnet, la mila-
nefe ôc autres. Quant à la matière, l’o r , l’argent, les
perles, la foie, peuvent y entrer lorfqu’il eft queftion
d’en former des franges. La derniere main d’oeuvre
s’opère fur le haut métier à baffes liffes ôc à plate navette,
ôc par le fecours d’une nouvelle ôc derniere
chaîne. Il y a de ces agrémens appellés fougere, parce
qu’ils repréfentent cette plante ; il y a prefqu’autant
de noms que d’ouvrages différens. Nous en donnerons
quelques-uns à leurs articles , avec la defcrip-
tion du metier appliqué à une figure.
* AGRERE, ( G é o g petite ville de France dans
le haut V ivarez, au pie des Monts.
* A G R I A , ( Géog. ) en Allemagne , ville de la
haute-Hongrie fur la riviere d’Agria. Long. 3 7 . lat.
47- 3 0 -
AGRICULTURE, f. f. (Ordre encycl. Hfioirede la
Nature. Philof. Science de la Nat. Botan. Agricult. )
V'agriculture e ft, comme le mot le fait affez entendre
, l’art de cultiver la terre. Cet art eft le premier ,
le plus utile, le plus étendu , ôc peut-être le plus effentiel
des arts. Les Egyptiens faifoient honneur de
fon invention à Ofiris ; les Grecs à Cerès ôc à T rip-
toleme fon fils ; les Italiens à Saturne ou à Janus leur
roi, qu’ils placèrent au rang des dieux en reconnoif-
fance de ce bienfait. L’agriculture fut prefque l’unique
emploi des patriarches , les plus refpe&ables
de tous les hommes par lafimplicite de leurs moeurs ,
la bonté de leur ame , ôc l’élévation de leurs fenti-
mens. Elle a fait les délices des plus grands hommes
chez les autres peuples anciens. Cyrus le jeune avoit
planté lui-même la plûpart des arbres de fes jardins
, ôc daignoit les cultiver ; ôc Lifandre de Lacédémone
, ôc l’un des chefs de la République, s’é-
crioit à la vûe des jardins de Cyrus : O prince , que
tous les hommes vous doivent efiimer heureux , d’avoir
fû joindre ainfi la vertu d tant de grandeur & de dignité!
Lifandre dit la vertu , comme fi l’on eûtpenfé dans ces
tems qu’un monarque agriculteur ne pouvoit manquer
d’être un homme vertueux ; Ôc il eft confiant
du moins qu’il doit avoir le goût des chofes utiles ôc
des occupations innocentes.Hiéron de Syracufe ,At-
taluSjPhilopator de Pergame, Archelaiis de Macédoine
, ôc une infinité d’autres, font loués par Pline ôc
par Xenophon, qui ne loiioient pas fans connoiffan-
c e , ôc qui n’etoient pas leurs fujets, de l’amour qu’ils
ont eu pour les champs ôc pour les travaux de la campagne.
La culture des champs fut le premier objet du
legiflateur des Romains ; ôc pour en donner à fes
fujets la haute idée qu’il en avoit lui-même, la fonction
des premiers prêtres qu’il inftitua , frit d’offrir
aux dieux les prémices de la terre , ôc de leur demander
des récoltes abondantes. Ces prêtres étoient
au nombre de douze ; ils étoient appellés Arvales ,
dearva, champs, terres labourables. Und’entr’eux
étant mort, Romulus lui-même prit fa place ; ôc dans
la fuite on n’accorda cette dignité qu’à ceux qui pou-
voient prouver une naiffance illuftre. Dans ces premiers
tems, chacun faifoit valoir fon héritage, ôc en
tiroit fa fubfiftance. Les confuls trouvèrent les chofes
dans cet éta t, ôc n’y firent aucun changement»
Toute la campagne de Rome fut cultivée par les vainqueurs
des nations. On vit pendant plufieurs fiecles ,
les plus célébrés d’entre les Romains , paffer de la
campagne aux premiers emplois de la république ,
ôc , ce qui eft infiniment plus digne d’être obfervé,
revenir des premiers emplois de la république aux
occupations de la campagne. Ce n’étoit point indolence
; ce n’étoit point dégoût des grandeurs , ou
éloignement des affaires publiques : on retrouvoit
dans les befoins de l’état nos illuftres agriculteurs,
toujours prêts à devenir les défenfeurs de la patrie;
Serranus femoit fon champ , quand on l’appella à Iâ
tête de l’armée Romaine ; Quintius Cinçinnatus la