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dans la bibliothèque du Vatican dont il a voit foin.
Patin, Lett. choif. 165 (G )
* ANNAN, {Gto%. mod.) ville, château & riviere
de l’Ecoffe méridionale, province d’Annandale. Long. 14. Lu. 55. 10.
ANNATE. f. f. ( Hiß. mod, Thêol. ) revenu d’un
an, ou taxe fur le revenu de la première année d’un
bénéfice vacant. Il y a eu dès le xije fiecle des évêques
& des abbés, qui par un privilège ou par une
coutume particulière recevoient les annotes des bénéfices
vacans, dépendansde leur diocefe ou de leur
abbaye. Etienne, abbé de Sainte Génevieve, & depuis
évêque de Tournai, fe plaint dans une lettre
adreffée à l’archevêque de Reims , que l’évêque de
SoifTons s’étoit refervé Vannate d’un bénéfice, dont
le titulaire n’avoit pas de quoi vivre. Par ce fait 6c parplufieurs autres femblables, il paroît que les papes
avoient accordé le droit à'annote à différens col-
lateurs , avant que de fe l’attribuer à eux-mêmes.
L’époque de fon origine n’eft pas bien certaine. Quelques
Uns la rapportent à Boniface IX. d’autres à Jean
XXII. & d’autres à Clement V. mais M. de Marca, lib. F. de concord. c. x. & xj. obferve que du tems
d’Alexandre IV. il s’étoit élevé de grandes difputes
au fujet des 6c parconféquent qu’elles étoient
dès-lors enufage.
Clement V. les établit en Angleterre. Jean XXII.
fe réferva les annotes de tous les bénéfices qui vaque-
roient durant trois ans dans toute l’étendue de l’Eglife
catholique, à la referve des évêchés 6c des abbayes.
Ses fucceffeurs établirent cé droit pour toujours, 6c y
obligèrent les évêques & les abbés. Platine dit que ce
fut Boniface IX. qui pendant le fchifme d’Avignon ,
introduifit cette coutume, mais qu’il n’impofa pour annate que la moitié de la première année du revenu.
Thiery de Niem dit que c’étoit un moyen de cacher
la fimonie , dont Boniface IX. ne fe failoit pas grand
fcrupule. Le Jurifconfulte Dumoulin 6c le dofteur de
Laufnoy ont foutenu en conféquence que les anna-
tes étoient fimoniaques. Cependant Gerfon 6c le cardinal
d’Ailly, qu’on n’accufera pas d’êtrefavorables
aux papes, ont prouvé qu’il étoit permis de payer
les annotes, par l’exemple des réferves, des penfions,
des décimes, ou autres impofitions fur les fruits des
bénéfices, qu’on ne regarde point comme des conventions
fimoniaques. Ce qu’il y a de plus important
à remarquer pour la juflincation des annates, c’efl
qu’on ne les paye point pour les provifions, qui s’expédient
toûjours gratis, mais à titre de fubvention,
roituat,i cvoummme parlent les Canonifles, de fubfidiumcha- , pour l’entretien du pape 6c des cardinaux.
On peut confulter fur cette matière Fagnan, qui l’a
traitée fort au long.
II fautavoiier cependant que les François nefe font
fournis qu’avec peine à cette charge. Le roi Charles
VI. en condamnant le prétendu droit de dépouilles,
par fon édit de 1406, défendit de payer les annates, & les taxes qu’on appelloit de menus fervices , minuta
fervitia. Dans le même tems ce prince fit condamner
par arrêt du parlement, les exaltions de l’anti-pape
Benoît de Lune , furtout par rapport aux annotes. Dans le concile de Confiance en 1414, U y eut
de vives conteflations au fujet des annates ; les François
demandoient qu’on les abolît, & s’affemblerent
pour ce fujet en particulier. Jean deScribani, Procureur
fifcal de la chambre apoftolique, appella au
pape futur de tout ce qui pourroit être décidé dans
cette congrégation particulière ; les cardinaux fe
joignirent à lui, & l’affaire demeura indécife • car
Martin V. qui fut élu , ne flatua rien fur cet article. :
Cependant en 1717, Charles VI. renouvellafon édit I
contre les annotes : mais les Anglois s’étant rendus
maîtres de la France, le duc de Bedfort, régent du
-joyauroe pour eux, les fit rétablir. En (433 le çon,-
cile de Bâle décida par le decret de la feffion 11, que
le pape ne devoit rien recevoir pour les bulles, les
fceaux, les annotes, & autres droits qu’on'avoit coutume
d’exiger pour la collation & la confirmation des
bénéfices. Il ajoûta que les évêques affemblés pour-
voiroient d’ailleurs à l’entretien du Pape, des officiers,
& des cardinaux , à condition que fi cette pro-
pofition n’étoitpoint exécutée, on continueroit de
payer la moitié de la taxe ordinaire pour les bénéfi-.
ces qui étoient fujets au droit d’annates, non point
avant la conceffion des bulles, mais après la première
année de la joiiiffance. Dans le decret de la feffion
U , qui efl relatif à celui de la douzième, le même
concile femble abolir les annates : mais il approuve
qu’on donne au Pape un fecours raifonnable pour foû*
tenir les charges du gouvernement eccléfiaflique,
fans toutefois fixer fur quels fonds il le prendra. L’af-
femblée de Bourges en 1438, à laquelle affiflale roi
Charles VII. reçut le decret du concile de Bâle contre
les annates , 6c accorda feulement au pape une
taxe modérée fur les bénéfices vacans pendant fa
vie, & à caufe des befoins preffans de la cour de
Rome, mais fans tirer à conféquence. Charles VII.
avoit confirmé dès 1412 les édits de fon prédeceffeur.
Louis XI. avoit rendu de pareils édits en 1463 êSc
1464. Les Etats affemblés à Tours en 1493 , présentèrent
à Charles VIII. une requête pour l’abolition
des annates ; & il efl fur qu’on ne les paya point en
France, tant que la pragmatique-fanûion y fut ob-
fervée. Mais elles furent rétablies par le concordat
pour les évêchés 6c les Abbayes, comme le remarque
M. de Marca, lib. FI. de concord. cap. xj. n°. 12. car les autres bénéfices font tous cenfés au-deffous de
la valeur de vingt-quatre ducats, 6c par conféquent
ne font pas fujets à Vannate. Malgré cette derniere dif-
pofition, qui a aujourd’hui force de loi dans le royaume
, François I. fit remontrer au pape l’injuflice de ces
exaltions, par les cardinaux de Tournon & de Gram-
mont, fés ambaffadeurs extraordinaires en 153,2.
Henri II. dans les inflrultions données à fes ambaffadeurs
envoyés au concile de Trente en 1547, de-
mandoit qu’on fupprimât ces impofitions ; & enfin
Charles IX. en 1561 donna ordre à fonambaffadeur
taeusp,rès du pape, de pourfuivre l’abolition des anna
que la Faculté de Théologie de Paris avoit dé-
clarées fimoniaques. Ce decret de la Faculté ne con-
damnoit comme tel que les annates exigées pour les
provifions fans le confentement du roi 6c du clergé ,
& non pas celles qui fe payent maintenant fous le-
titre de fubvention, fuivant la difpofition du concile
de Bâle.
En Angleterre, l’archevêque de Cantorbery joiiif-
foit autrefois des annates de tous les bénéfices de fon
diocèfe, par un privilège du pape, comme rapporte
Matthieu Paris dans fon hifloire £ Angleterre fur l’antneése
746. Clement V. en 1305 fe fit payer les anna
de tous les bénéfices quelconques vacans en AngWletfttemrirnej
lpere:ndant deux ans, comme écrit Matthieu de ou pendant trois ans , félon Waljingkam.
Les annates furent depuis établies dans tout ce royaume
, jufqu’à Henri VIII qui les abolit.
Par le concordat fait entre la nation Germanique
& le pape Nicolas V, en 1448, on régla que tous les
étev;êchés 6c les abbayes d’hommes payeroient Vanna
que les autres bénéfices n’y feroient fujets, que
quand le revenu feroit de vingt-quatre florins d’or.
nCohteasrles V. fit des efforts inutiles pour abolir les an
en Allemagne ; & l’article de l’ordonnance d’Orléans
, qui les abrogeoit en France, fut révoqué par
’’édit de Chartres en 1561.
Paul II. fit une bulle en 1469, pour ordonner qu’on
payeroit les annates de quinze ans en quinze ans pour
les bénéfices fujets à ce droit, qui feroient unis à quelque
Communauté. Ses fucceffeurs confirmèrent ce
réglement. Fagnan remarque cpe quand il arrive plusieurs
vacances du même bénéfice dans la même année
on ne paye qu’une feule annate: çe qui prouv
e , ajoûte-t-il, que çe n’efl point pour la collation
des bénéfices.,, mais pour l’entretien du Pape 6c du
facré Collège. V. ce Canonijle, Fevret, le P. Alexandre,
M. de Marca, &c. Tnomafïin, dïfcipline de l'E -
glife, Fart. 1F. liv. IV. chap. xxxv. & xxxvj. Fleury,
jnfiit. au Droit ecçl. tom.I.part. Ij.çhap.xxiv.pàg.
4 2 4 . (G)
ANNEAU , f. m. ( Hifi. âne. y mod. ) petit coq>s
circulaire que l’on met au doigt, foit pour- fçrvir
d’ornement , foit pour quelque ceremonie.
Vanneau des évêques fait un de leurs ornemehs pon-
tificaux : on le regarde comme le gage du mariage
Spirituel que l’éyêque a contra&é avec fon églifç.
Vann eau. des. évêques efl d’un ufage fort ancien.,
Le quatrième concile de Tolède , tenu en 633 o r donne
qu’un évêque qui aima été condamné par un
concile, & qu’enfuite un fécond concile aura déclaré
innocent, fera rétabli dans fa dignité, en lui rendant
Vanneau -, le bâton épifcopal ou la çroffe , &c.
L’ufage de Vanneau a paffé des évêques aux Cardinaux
, qui doivent payer une certaine fomme pro
jure annuli cardinalitii. Foye£ CARDINAL.
Origine des anneaux. Pline , liv. X X X F I I . ch. j .
obferve que l’on ignore entièrement qui efl. celui
qui a le premier inventé ou porté Vanneau, 6c qu’o.n
doit regarder comme une faille l’hiflpire de Pro-
methée 6c celle de Midas. Les premiers peuples, parmi
lefquels nous trouvons l’ufage de Vanneau établi 9
font les Hébreux, G en. xxxviij. dans, cet endroit il
efl dit que Judas, fils de Jacob., donna à Thamar fon
anneau pour gage de fa promeffe : mais il y a apparence
que Vanneau étoit en ufage dans le meme tems
chez les Egyptiens , puifque nous lifons., Gen. xlj.
que le roi Pharaon mit un anneau ali doigt de Jo-
lep h , comme une marque de l’autorité qu’il lui don-
inoit. Dans le premier liv. des Rois, ch. xx j. Jezabel
fcelle de Vanneau du Roi l’ordre qu’elle envoyé dç
tuerNaboth.
. Les anciens Chaîdéens, Babyloniens , Perfès., &
Grecs, fe fervoient aufîi de Vanneau , comme il paroît
par différais paffages de l’Ecriture ôç de Quinte-
Curce. Ce dernier auteur dit qu’Alexandre fcèlla de
fon propre fceau les lettres qu’il écrivit en Europe,
& qu’il fcella de Vanneau de Darius celles qu’il écrivit
en A fie;
. Les Perfans prétendent que Guiamfchild, quatrième
roi de leur première race , efl le premier qui
fe foit férvi de Vanneau, pour en ligner fes lettres &
fes autres ailes- Les Çrecs , félon Pline, né eonnoif-
foient point Vanneau du tems de la guerre de Troie ;
la raifon qu’il en donne •, ç’efl qu’Homeré n’en fait
point mention : mais que quapd on vouloit envoyer
des lettres * on les lioit enfemble avec des cordes que
i ’on noiioit.
Les Sabins fe fervoient de Vanneau dès le tems de
Romulus : il y a apparence que ces peuples furent
les premiers qui reçûrent cette pratique des Grecs.
Des Sabins elle paffa aux Romains, chez qui cependant
on en trouve quelques traces, un peu dç tems
auparavant. Pline ne fauroit nous apprendre lequel
des Rois de Rome l’a adopté lé premier ; ce qiii' éfl
certain 9 c’eft que les flatues de Nupia 6c de Séryius
Tullius étoient les premières ,o.ù l’on en troiivo.it
des marques. Le même auteur ajoute que les anciens
v Gaulois & Bretons fe fervoient aufîi de Vanneau. F.
Sceau;
Matière des anneaux. Quelques-uns étoient d’iiti
feul 6c unique métal ; d’autres étoient de plufieurs
métaux mêlés , ou de deux métaux diflingués : car
le fer 6c 1! argent des anneaux étoient fouvent doyési
Ou au moins l’or étoit renfermé dans le fe r , comme
il paroît par un paffagè d’Artemidore liv. II. ch. v.
les Romains fe contentèrent long-tems Ci anneaux de
fer : 6c Pline affûre que Marius fut le premier qui en
porta un d’or , dans fon troifieme confulat, l’an de
Rome 650. Quelquefois Vanneau étoit de fe r , 6c le
fceau d’ôr ; quelquefois il étoit creux , & quelquefois
folide ; quelquefois la pierre èn étoit gravée ,
quelquefois elle etoit unie : dans le premier cas ,
elle etoit gravée tantôt en relief , tantôt en creux.
Les pierres de cette derniere efpece étoient appel-
lées gemma eclypa ; & les premières, gemma fculp-
îurâ promtnente.
, La maniéré de porter Vanneau étoit fort différente
félon les différens peuples : il paroît par le eh. x x ij.
de Jéremie, que les Hébreux le pôrtoient à la main
droite. Çhe? les Roniains, avant que l’on eut commencé
à orner les anneatix de pierres précieufes, 6c
lorfque la gravure fe faifoit encore fur le métal même
, chacun pbrtoit Vanneau à fa fantaifie, au doigt
& à la main qu’il lui plaifoit. Quand on commença
à enchaffer des pierres dans les anneaux, on ne les
porta plus qu’à la main gauche ; & on ferendôit ridicule
quand on les mettoit à la main droite.
Pline dit qu’on les portà 'd’abord au quatrième
doigt de la main , enfuite au fécond, ou index ; puis
au petit doigt ; 6c enfin à tous les doigts , excepté
celui du milieu. Les Grecs portèrent toujours Vanneau
au quatrième doigt de la main gauche , comme
nous rapprend Aulugelle , lib. X . la raifon que
cet auteur en donne eïlprife dans l’Ànatomie : c’ efl,
félon lu i, que ce doigt a un petit nerf qüi va droit
au coeur, ce qui fait qu’il étoit regardé comme le
plus conlidérable des cinq doigts, à caufe de fa communication,
avec une fi noble partie. Pline dit que
les anciens Gaulois 6c les anciens Bretons pôrtoient
Vanneau au doigt du milieu.
. D ’abôrd bn ne porta qu’un feul anneau ; puis un
à chaque doigt : Martial ', liv. X I . epig. 60. enfin un
à chaque jointure de chaque doigt. F. Ariflophane, in
Nub. Peu à peu le luxe s’augmenta au point qu’on
eut des anneaux pour chaque femaine. Juvenal,
Sot, FIT. parle d’'anneaux femeftres, annuli femejlres :
on eut aufîi des anneaux d’hyver, 6c des anneaux
d’été. Lampride remarque, ch. x x x ij. que perfonnè
ne porta là-dëffus le luxe aufîi loin qu’Heliogabale ,
qui ne mit jamais deux fois le même anneau non
plus que les mêmes foitliers.
On a aufîi porté les anneaux au riéz, cpmtne des
péndahs d’oreilles, Rarthqlin a fait un traité exprès,
de annulés nariutn •, des anneaux des narines, S. Au-
gufliri nous apprend que c’étoit l’iifage parmi les
Maures de les porter ainfi ; 6c Pietro délia V a lie
fait la même remarque au fujet des Orientaux modernes;
On peut dire qu’il n’ÿ a point de partie du corps
ôîi on n’ait porté Vanneau. Différens voyageurs
nous affûrent que dans les Indes orientales , les, naturels
du pays portent des anneaux au nez , aux lèvres
j aux joues i & au menton. Selon Ramnufio, les
dames de Narfingua dans le levant, & félon Dio-r
dore, liv. I II. les dames d’Ethiopie avoient eputu-r
me d’orner leurs levres d’anneaux de fer.
A l’egard dëS oreilles \ c ’e fl encore Une chofe or-
dinairè partout que de v o ir des hommes & des femmes
y porter d e i anneaux. Foye£ Pe n d a n t .
Les Indiens, particulièrement les Guzarates, ont
porté des anneaux aux pies; Lorfque Pierre Alvarez
eut fa première audience du roi de Calicut j il le
trouva tout couvert de pierres enchaffees dans des
anneaux : Ü avoit à fes deux mains dés bracelets &
des anneaux à fes doigts ; il en avoit jufqu’aux pies
& aux orteils. Lquis Bortome npus parle d’un roi
de Pegit, qui portoit à chaque orteil, ou gros doigt