
iio A I G yant du front, à l’exception de quelques-unes : mais
il n’y a rien d’étonnant en cela ; les modes varioient
chez les Romains ainfi que parmi nous, & les coëf-
fures ont rechange à Rome jufqu’à quatre fois en
vingt ans. Les aiguilles crinales fervoient feulement à
tenir les boucles des cheveux frifés.
AIGUILLETIER, f. m. eft à Paris un ouvrier qui
fait & vend des lacets & autres uftenfiles ferrés de
cette efpece. Il peut vendre encore des noeuds d’épaule
, & toutes fortes de menue mercerie, comme cordons
de canne, de chapeaux, lifieres d’enfans, jarretières
, &c. Les Aiguilletiers font-à Paris un corps de
communauté , mais peu nombreux. Le plus beau de
leur privilège eft de vendre, fans aucuns fers, toutes
les marchandifes qu’ils peuvent ferrer.
AIGUILLETTE, f. f. ( Mercerie. ) eft un morceau
de trefle, tiffu ou cordon plat ou rond, ferré par
les deux bouts, dont on fe fert pour mettre fur Té-*
paule ou pour attacher quelque chofe. Les aiguillettes
font du commerce des marchands Merciers : mais
ce font les Paffementiers-Boutonniers qui les fabriquent
, 6c ont droit de les vendre, pourvu qu’elles
loient faites de treffes rondes ou plates. On fait des
aiguillettes de fil d’or & d’argent, de foie, de fil,
&c. Les aiguillettes ont eu le fort de bien d’autres
ajuftemens ; elles font hors de mode. On n’en voit
plus guere qu’aux domeftiques, & aux cavaliers
de certains régimens. On dit aujourd’hui noeud d'épaule.
AIGUIL LET TE , ( Manège. ) nouer l'aiguillette, efpece
de proverbe qui fignifie cinq ou fix fauts ou
ruades confécutives & violentes qu’un cheval fait
tout-à-coup par gaieté, ou pour démonter fon cavalier.
Voye^Sau t , Ruade. (T" )
* Aiguillettes demahot, petites cordes faites
avec l’écorce du mahot filée : on s’en fert dans les îles
Françoifes Américaines à attacher les plantes de tabac
aux gaulettes, quand on veut les faire fécher à
la pente.
Aiguillettes , font parmi les Aiguilletiers, des
rubans de fil ou de foie, ferrés à l’ordinaire, dont les
dames Sc ies enfans fe fervent pour foûtenir leurs
juppes.
AIGUILLIER, artifan qui fait & vend des aiguilles
, des cdenes , & c . Les Aiguilliers forment à Paris
ime communauté, dont les ftatuts font du 1 5 Septembre
1599. Par ces ftatuts ils font qualifiés Maîtres
AiguilUers-Alïniers, & faifeurs de burins, carrelets
, & autres petits outils fervant aux Orfèvres,
Cordonniers, Bourreliers & autres, &c. Suivant ces
ftatuts, aucun ne peut être reçu maître qu’il n’ait atteint
l’âge de vingt ans, qu’il n’ait été en apprentifla-
ge pendant cinq ans, & enfuite fervi les maîtres trois
années en qualité de compagnon, & qu’il n’ait fait
chef-d’oeuvre : il faut pourtant en excepter les fils
de maîtres qui font reçus après un feul examen.
Chaque maître eft oblige d’avoir fa marque particulière
, dont l’empreinte foit mife fur une table dé-
pofée chez le Procureur du Roi au Châtelet.
Vers la fin du xvj. fiecle, la communauté des
Aiguilliers ayant de la peine à fubfifter, fut réunie à
celle des maîtres Epingliers par Lettres patentes de
Tannée 1695. Les Jures'des deux communautés réu-
.nies furent réduits au nombre de trois; favoir, deux
Aiguilliers & un Epinglier. On fit quelques change-
mens dans les ftatuts, qui pour le furplus refterent en
vigueur. Voye{ l'article EpinglîER,
AIGUILLON, f. m. ( Hijl. nat. ) aculeus, partie
du corps de plufieurs infeûes. Par exemple, l’abeille
; a un aiguillon qui eft placé à la partie poftérieure de
fon corps ; c’eft avec cet aiguillon qu’elle pique. K.
■ Abeille , Insecte. On a donné le nom d’aiguillon,
aculeus, aux parties offeufes & pointues qui font dans
les nageoires & fur d’autres parties du corps de la
A I G plupart despoiffons. Toje^PoissoN. On entend auflL
quelquefois par le mot aiguillon, aculeus yfpina, les
pointes, les piquans deshériffons, desporc-épics,
des ourfins, &c. Voye£ H é r is s o n , Po r c -é p ic ,
O u r s in . ( / )
. Aiguillon , ( Manège. ) Voye^ Valet.
- Aiguillon , infiniment de la campagne ; c’ eft un
bâton de neuf à dix pies de longueur, d’un bon pouce
de diamètre, armé d’une douille pointue par le bout,
ou Amplement aiguifée & durcie au feu : on s’en fert
pour piquer les boeufs & les exciter au travail.
Aiguillon , ( Çhajfe. ) fe dit de la pointe qui termine
les filmées des bêtes fauves. Les fumées ont des
aiguillons , c'ejl une bête fauve qui a pajfè.
Aiguillon , ( Gèog. ) ville de France en Guyenne
, dans l’Agénois.' Long. 18. 8. lat. 44. zS.
AIGUILLONÉ, adj. ( Chajfe. ) fedit des fumées
qui portent un aiguillon quand elles font en noeuds,
ce qui marque ordinairement que les cerfs ont eu
quelque ennui.
AIGUISÉ , adj. en terme de Blafon, fe dit d’une
croix, d’une fafce, d’un pa l, dont lès bouts font taillés
en pointe, mais de forte néanmoins que'ces pointes
ne forment que des angles obtus.
Uaiguifé différé du fiché en ce que celui-ci s’appe-
tiflant depuis le haut, fe termine par le bas en une
pointe aiguë ; au lieu que la pointe de Yaiguifé ne
prend que tout au bas.
Chandos, d’argent au pal aiguifé de gueules. (
AIGUISER la pierre ; on entend par cette expref-
fion dans les ufines où l’on travaille la pierre calami-
naire & le cuivre, détacher l’enduit qui couvre les
faces intérieures des moules dans lefquels on coule
les tables, lorfque cet enduit ne peut plus fupporter
de fonte. Voye^ le détail de cette opération à l'article
Calamine. . ■
AIGURANDE, ( Gèog. ) ville de France dans la
Marche, furies confins du Berry. Long. ic). j J . lat.
46'. z 5 .
AIL , en Latin a l i u m , f. m. ÇHifi. n a t. ) herbe dont
la fleur approche en quelque maniéré de celle du lis:
elle eft compofée de fix feuilles ; le piftil en occupe
le milieu , & devient dans la luite un fruit arrondi
& divifé en trois loges remplies de femences prefque
rondes. Ajoutez au caraftere de ce genre les fleurs
qui naiffent en bouquets fphériques, les racines com-
pofées de tuniques qui enveloppent plufieurs tubercules
charnus, & les feuilles de la plante qui ne font
point en tuyau comme celle de l’oignon. Tournefort,
L n fh. re ih e r b . V y e ^ Pl a n t e . ( / )
Ail , ( Jardinage. ) rien n’eft fi fort que l’odeur de
cette plante ; elle rend l’appétit aux animaux dégoûtés
, & il y a des pays où Ton en met dans les viandes
à rôtir. On enfonce les cayeux en terre de trois
ou quatre pouces à la fin de Février, & à autant de
diftance l’un de l’autre. On les fort de terre à la fin
de Juillet pour les faire fécher dans un lieu convenable
, & les garder d’une année à l ’autre. ( K )
* Ail, (Mat. med. ) on tire des gouffes de l'ail dans
l’analyfe chimique.un phlegmelimpide,qui a le goût
& l’odeur de l'ail, d’abord un peu acide & falé $ puis
moins falé & fort acide; une liqueur.limpide fort
ucide & enfin acerbe; une liqueur limpide roufla-
tre, foit un peu acide, foit alkaline urineufe & pleine
defel volatil urineux ; unfel volatil urineux concret ;
une huile épaiffe, & de la confiftanee d’extrait.
La maffe noire reliée dans la cornue, calcinée pendant
neuf heures., au feu de reverbere, a donné des
cendres dont on a tiré par lixivation du l'el fixe falé.
Ainfi Y ail eft compofé d’un fel ammoniac uni avec
beaucoup d’huile , foitfubtile, foit grofliere, acre,
mais capable d’une grande expanfion. ;
Il contient des parties fubtiles, aélives, acres &:
un peu çauftiques ; actives, fi on en met à la plante
A I L des piés en emplâtre, l’haleine fentira Y ail : acre,
cette qualité fe difcerne au goût : caujtiqiie, c’eft une
fuite de l’analyfe chimique & d’autres expériences.
* AILAH, ( Gèog. ) petite & ancienne ville d’Afie
dans l’Arabie Petrée, fur la mer Rouge : c’eft l’ancien
Elath. Long. J j . 10. lat. 29. zo .
AILE, f. f. ( Ecrivain. ) Les Ecrivains entendent
par Y aile d'une plume la partie fupérieiire & barbue
d’une plume : ils y diftinguent le defliis & le deffous ;
la partie cannelée qu’ils nomment Y aile intérieure ou
le dedans de l'aile, & la partie lifte qu’ils appellent
-Yextérieure ou le dejfus.
Aile, ala. Les Hébreux fous le nom d'aile entendent
non-feulement les ailes des oifeaux, mais aufli
le pan des habits, l’extrémité d’un pays, les ailes
d’une armée ; & dans le fens figuré & métaphorique,
la protefrion, la défenfe. Dieu dit qu’il a porté fon
peuple fur les ailes des aigles ; c’eft-à-dire, qu’il les a
tirés de l’Egypte comme un aigle porte fes petits fous
fes ailes. Le Prophète prie Dieu de le protéger fous
fes ailes : il dit que les enfans des hommes efperent
dans la proteftion de fes ailes , in tegmine alarum tua>-
rum fperabunt. Ruthprie Booz d’étendre fur elle Y aile
de fon habit : expandepallium tuum (Hébreu ) alam
tuam fuper famulam tuam. Dans Jérémie ij. 3 4, Le fang
s'efl trouvé dans vos ailes , dans le pan de vos habits.
Ifaïe parlant à l’armée du Roi d’Ifraël & de Syrie,
qui devoit venir fur les terres de Juda, dit : l'étendue
de fes ailes remplira toute votre terre , o Emmanuel, Le
même Prophète nomme les fiftres des Egyptiens cim-
balum alarum, apparemment à caufe des baguettes
qui joiioient dans les trous du fiftre. Exod. xjx . 4.
Deut. xxxij. 11. Pfal. xx j. 9 . xxv. 8. Ruth iij. If.
•viij. 8. &xviij..
Ailleurs'il nomme Y aile de la terre l’extrémité du
pay s.Ifaïexjv. iG, Nous avons oiii les louanges du
juue de l’extrémité de la terre : à finibus terra, ( l’Hé-
Lreu) ab alis terra. Voye^ aufli Job xxxviij. 13. Te-
nuifli extrema terra. Malach. vj. 2. On donne aux
•rayons du folèil le nom dû ailes : orietur vobisfol jujli-
t ia , & fanitas in pennis ejus : ou plûtôt on nous repréfente
le foleil comme ayant des ailes, à caufe de
la rapidité de fa courfe. Les poëtes donnent quelquefois
des ailes aux animaux qui traînent le cnar d.’A-
pollon : ils en donnent aufli à Mithras, qui eft le foleil.
Ofée iv. 19. parlant du v ent, nous le repréfente
avec des ailes : ligavit eumfpiritus in alis fuis. Calmet,
JD ici. de la Bib.tom. I. lett. A , p. 88. (G )
Aile , en Anatomie, fe dit de différentes parties,
comme des inférieures du nez, des deux lames offeu-
•fes de l’apophyfe ptérigoïde, des quatre apophyfes
•de l’os fphénoide, dont deux font appellées les grandes
ailes, & deux les petites ailes. V. Ptérigoïde, SphÉ-
js'OÏDE, Nez, &c. Jfoye%_ PI. I. Anatom. ftg. z . 5 .
H IK V X 4.l’os fphénoide.. ATT 4 les grandes ailes.
H Y aile externe. / Y aile interne. K le petit crochet
qui s’obferve à l’extrémité de Y aile interne. (Z-)
Aile, partie du corps des oifeaux qui eft double,
& qui correfpond à nos bras & aux jambes de devant
.des quadrupèdes. C’eft par le moyen des ailes que
.les oifeaux fe foûtiennent en l’air & volent. Tout
animal qui peut voler a des ailes ou des parties de
fon corps qui reffemblent à des ailes pour la figure
& pour le. mouvement, comme on le voit dans plufieurs
infefres tels que les mouches, les papillons,
les fcarafrés ,&c. On trouvé même des animaux bien
différens des infefres. & des .oifeaux, qui font cepen-
dant conformés de façon qu’ils peuvent voler ; tels
font les chauve-fouris & l’écureuil volant. Aufli y
a-t-il beaucoup de différence entre toutes ces fortes
d'ailes ; les unes font membraneufes, les autres font
cutanées. Voye^ Insecte, Chauve-souris é c u reuil.
Les ailes des oifeaux font couvertes de plu-
jnes, ou pour mieux dire les plumes font la principale
A I L m
partie des ailes des oifeaux. Cette conformation pâ*
roît la plus favorable pour le vol : cependant il y a
des oifeaux qui ne peuvent pas voler, quoiqu’ils ayent
des ailes ; tels font lepingoin, l’émeu & l’aütruche.
• Il ne fera ici queftion que des ailes des oifeaux.
Voici ce que dit à ce fujet M. Formey, fecrétaire de
l’Académie royale des Sciences de Berlin, dans un
manufcrit qu’il nous a remis.
« Ailes , parties du corps des oifeaux, qui font les
» inftrumens du v o l , & qui font façonnées pour cet
» effet avec beaucoup d’a rt, placées à l’endroit le
»plus commode du corps, & le plus propre à le
» tenir dans un exafr équilibre au milieu d’un fluide
» aufli fubtil que l’air. En général, toute la ftruéhire
» des ailes eft parfaitement convenable à leur mé-
» chanifme.
» Elles font façonnées avec beaucoup d'art. Cet art
» incomparable brille dans la conftruélion de cha-'
» que plume. Le tuyau en eft extrêmement roide &C
>» creux par le bas, ce qui le rend en même temS
» fort & leger. Vers le haut il n’eft pas moins dur ,
» & il eft rempli d’une efpece de parenchyme ou de
» moelle, ce qui contribue aufli beaucoup à fa for-
» ce & à fa legereté. La barbe des plumes eft rangée
» régulièrement des deux côtés, large d’un côté &
» étroite de l’autre. On ne fauroit affez admirer Te-
» xa&itude du fage Auteur de la nature dans le foin
» exaû qu’il a pris d’une partie aufli peu confidéra-
» ble que le paroît cette barbe des plumes qui font
» aux ailes. On y peut obferver entr’autres ces deux
» chofes. i° . Que les bords des filets extérieurs &
» étroits de la barbe fe courbent en bas, au lieu
» que ceux des intérieurs & plus larges fe courbent
» en haut : par ce moyen les filets tiennent forte-
» ment enfemble ; ils lont clos & ferrés, lorfque
» Y aile eft étendue, de forte qu’aucune plume ne
» perd rien de la force ou de l’impreffion qu’elle fait
» fur l’air. 20. On peut remarquer une adrefle Sc
» une exaélitude qui ne font pas moins grandes ,
» dans la maniéré dont les plumes font coupées à
» leur bord. Les intérieures vont en fe rétréciffant,
» & fe terminent en pointe vers la partie fupérieu-
» re de Y aile. Les extérieures fe rétréciffent d’un fens
» contraire, de la partie fupérieure de Y aile vers lé
» corps, du moins en beaucoup d’oifeaux. Celles
» du milieu de Y aile ayant une barbe par-tout égale,
» ne font guere coupées de biais ; de forte que Y ai-'
» le , foit étendue, foit reflerrée, eft toujours fa-
» çonnée & taillée aufli exa&ement que fi elle avoif
»été coupée avec des cifeaux. Mais pour revenir à
» la tiflure même de cette barbe dont nous avons en-
» trepris l’examen, elle eft compofée de filets fi ar-
».tiftement travaillés , entrelaces d’une maniéré lî
» curieufe, que la vûe n’en peut qu’exciter l’admi-
» ration, fur-tout iorfqu’on les regarde avec des
» microfcopes. Cette barbe ne confifte pas dans une
»feule membrane continue; car alors cette mem-
» brane étant une fois rompue, ne fe remettroit en
» ordre qu’avec beaucoup de peine : mais elle eft
» compofée de quantité de petites lames ou de fi-
» lets minces & roides, qui tiennent un peu de la-
» nature d’un petit tuyau déplumé. Vers la tige ou-
» le tuyau, fur-tout dans lés groffes plumes de Yai-
» le, ces petites lames font plus larges & creufées
» dans leur largeur en demi-cercle; ce qui contribue
» beaucoup à leur force, & à ferrer davantage ces
» lames les unes fur les autres, lorfque Y aile frit fes
» battemens fur l’air. Vers le bord ou la partie ex-
» térieure delà plume, ces lames deviennent très-
» minces , & fe terminent prefqu’en pointe; en--
» deffous elles font minces & polies, mais en-def-
» fus leur extrémité fe divife en deux parties, gar-
» nies ,de petits poils, chaque côté ayant une dif-
» férente forte de pbils,- Ces p.oils font larges à leur.