I l ne refte du premier & du dernier que le nom de
l’endroit oii ils étoient, le champ de Mars.
Il y avoit un amphithéâtre, à Aine, dont il refte, à
ce qu’on dit, quelques veftiges ; un à Vérone, dont
les nabitans travaillent tous les jours à réparer les
ruines ; un à Capoue, de pierres d’une grandeur énorme
; un à Pouzzol, dont les ornemens font détruits
au point qu’on n’y peut rien connoître ; un au pie
du Mont-Caflïn, dans le voifinage de la maifon de
Varron , qui n’a rien de remarquable ; un à Orti-
co li, dont on voit encore des reftes ; un à Hifpella,
qui paroît avoir été fort grand, & c’eft tout ce qu’on
en peut conjefturer ; un à Pola, dont la première enceinte
eft entière. Chaque ville avoit le fien, mais
tout eft détruit ; les matériaux ont été employés à
d’autres bâtimens ; & ces fortes d’édifices étoient fi
méprifés dans les fiecles barbares, qu’il n’y a que la
difficulté de la démolition, qui en ait garenti quelques
uns.
Mais l’ufage des amphithéâtres n’étoit pas borné à
l ’Italie ; il y en avoit dans les Gaules ; on en voit des
reftes à Fréjus & à Arles. Il en fubfifte un prefqu’en-
tier à Nîmes. Celui de Nîmes eft d’ordre dorique à
deux rangs de colonnes, fans compter un autre ordre
plus petit qui le termine par le haut. Il y a des reftes
d’amphithéâtres à Saintes ; ceux d’Autun donnent une
haute idée de cet édificé ; la face extérieure étoit à
quatre étages, comme celle du colifée, ou dè Y amphithéâtre
de Vefpafien.
Pline parle d’un amphithéâtre brifé, dreffé par Cu-
rion, qui tournoit fur de gros pivots de fer ; enforte
que du même amphithéâtre, on pouvoit, quand on
vouloit, faire deux théâtres différens , fur lefquels
on repréfentoit des pièces toutes différentes,
C ’eft fur l’arene des amphithéâtres que fe faifoient
les combats de gladiateurs {V. Gladiateurs) , &
les combats des bêtes ; elles combattaient ou contre
d’autres de la même efpece, ou contre des bêtes de
différente efpece, ou enfin contre des hommes. Les
hommes expofés aux bêtes étoient ou des criminels
condamnés au fupplice, ou des gens qui fe loiioient
pour de l’argent ,'ou d ’autres qui s’y offraient par of-
tentation d’adreffe ou de force. Si le criminel vain-
quoit la bête, il étoit renvoyé abfous. C ’était encore
dans les amphithéâtres que fe faifoient quelquefois les
naumachies & autres jeux, qu’on trouvera décrits à
leurs articles.
L’amphithéâtre parmi nous, c’eft la partie du fond
d’une petite falle de fpeâacle ,* ronde ou quarrée ,
üppofee au théâtre, à fa hauteur, & renfermant les
banquettes parallèles, & placées les unes devant les
autres , auxquelles on arrive par un efpace ou une
allée vuide qui les traverfe depuis le haut de Y amphithéâtre
jufqu’en bas ; les banquettes du fond font
plus élevées que celles de devant d’environ un pié
& demi, en fuppofant la profondeur de tout l’efpace
de dix-huit pies. Les premières loges du fond font
un peu plus élevées que Y amphithéâtre ; Y amphithéâtre
domine le parterre ; l’orcheftre qui eft prefque de
niveau avec le parterre, eft dominé par le théatrfe ;
& le parterre qui touche l’orcheftre, forme entre
Yamphithéâtre & le théâtre, au-deffous de l’un & dç
l ’autre, un efpace quarré profond, où ceux qui fif-
flent ou applaudiffent les pièces font debout.
Amphithéâtre, en Anatomie, eft un lieu où
font des gradins, ou rangs de lièges élevés circulai-
rement les uns au-deffus des autres. Ces gradins ou
lièges occupés par les étudiàns en Anatomie, ne forment
quelquefois que la demi-circonférence ; dans
ce cas Y amphithéâtre eft en face du démonftrateur :
mais fi les gradins régnent tout autour de la falle ,
le démonftrateur en Anatomie occupe le milieu de
l’arene, & fes éleves l’environnent, rangés comme
dans un cône creux, tronqué & rcnverfé.
Am phithéâ tr e de G ason ou V e r tu g ad in *
en Jardinage, eft une décoration de gafon pour régu-
larifer un côteau ou une montagne , qu’on n’a pas
deffein de couper & de foutenir par des terraflès. On
y pratique des eftrades, des gradins & des plain-piés,
qui vous montent infenfiblement dans les parties les
plus élevées. On orne ces amphithéâtres de caiffes ,
d’ifs , de pots, de vafes dé fayence remplis d’arbrif-
feaux & de fleurs de faifori, ainfi que de figures & dé
fontaines. (A )
AM P H IT H O Ê , nom d’une des cinquante Néréides.
* AMPHITRITE, (Myck.) fille de l’Océan & de
Doris, qui confentit à époufer Neptune à la perfua-
fion d’un dauphin, qui pour fa récompense fut placé
parmi les aftres. Spanheim dit qu’on la repréfentoit
moitié femme & moitié poiffon. Il y avoit auffideux
Néréides du même nom.
AMPHO R A , (AJlronom.) ce nom qui eft latin
fe donne quelquefois à la conftellation du Verfeau.
Voyez V erseau. , (O)
AMPHORE, amphora, dans PEcriture, fe prend
fouvent dans un fens appellatif, pour une cruche ou
un vafe à mettre des liqueurs : par exemple, vous
rencontrerez un homme qui portera un vafe plein
d’eau, amphoram aquoe par tans. Luc xx ij. 10. Ailleurs
il lignifie une certaine mefure : ainfi il eft dit
dans Daniel, qu’on donnoit par jour au dieu Belus
fix amphores de v in , vint amphora fex. cap. xv. v. z .
mais Yamphore n’étoit pas une mefure hébraïque.
AMPHORE,f. f. chez les Grecs & les Romains, étoit
un vaiffeau de terre fervant de mefure aux chofes liquides.
Voyez Mesure.
Elle eft appellée dans Homere àpçtyoptuç (en place
dequoi on a dit auffi par fyncope a/Mpoptvç ) , à caufe
des deux anfes qui étoient pratiquées aux deux côtés
de ce vaiffeau pour le porter plus facilement ; c’eft
la même chofe que quadrantal. Voy. Q u adrantal.
U amphore étoit la .vingtième partie du culeus, 6c
contenoit 88 feptiers, qui pou voient faire à peu près
36 pintes de Paris. Suétone parle d’un certain homme
qui briguoit la quefture, qui but une amphore de
vin a un feul repas avec l’empereur Tibere.
Le P. Calmet prétend que Y amphore romaine contenoit
deux urnes ou 48 feptiers romains, ou quatre-
vingts livres de douze onces chacune ; & qiie Y amphore
attique contenoit trois urnes ou cent-vingt livres
auffi de douze onces, qui n’en font que quatre-
vingts-dix des nôtres , poids de marc.
Amphore fe difoit auffi d’une mefure de chofes fe-
ches, laquelle contenoit trois boilfeaux, &c. On en
confervoit le modèle au capitole, pour empêcher le
faux mefurage ; elle étoit d’un pié cubique.
Amphore te dit chez les Vénitiens, d’une mefure
de liquides beaucoup plus grande que Vamphore gre-
que ou romaine. Elle contient quatre bigots , foi-
xante-feize muftachio, ou deux bottes ou muids. ( G\
* AMPHORITES, efpece de combat poétique ,
qui fe faifoit dans l’île d’Ægine. On y accordoit un
boeuf, pour récompenfe, au poëte qui avoit le mieux
célébré*Bacchus en vers dithyrambiques.
* AMPHRYSE, riviere de Theffalie, dans la province
nommée Phtkiotide. Il y en a une autre du même
nom en Phrygie dans l’Afie mineure ; enfin c’eft
encore une ville de la Phocide, fituée fur le Parnaffe.
* AMPIGLIONE, ce font les ruines de l’ancienne
ville , appellée Empulum; elles font à une lieue de
T iv o li, près du bourg Caflello 5 . Angelo.
AMPHOTIDES , f. f. plur. (Hijl'.anc.) du grec
tt/jupÙTiS'tç, armesdéfenjîves, en ufage dans le Pugilat ;
c’étoient certaines calotes à oreilles, faites d’airain,
& doublées de quelque étoffe, donr les athlètes couvraient
les parties de leur tête les plus expofées,
pour amortir la violence des coups, (G)
AMPLE j adj. (Maréchal.) eft une épithete qu’on
donne au jarret d’un cheval. Voyez Ja r r e t . ( V’)
AMPLIATIF , adj. terme de Chancellerie Romaine;
;il fe dit des Brefs ou Induits qui ajoutent quelque
chofe aux concédions & privilèges contenus ès Induits
& Brefs antérieurs. Voyez ci-deffous A m p l ia t
io n . ( H )
AMPLIATION, f., f. terme de Chancellerie, & fin-
gulierement de Chancellerie Romaine : un Brefou Bulle
d'ampliation, eft la même chofe qu’un Bref ampliatif.
Voyez ci-deffus A m p l ia t i f .
On appelloit autrefois Lettres d'ampliation, des
Lettres qu’on obtenoit en petite Chancellerie à l’effet
d’articuler de nouveaux moyens omis dans des
Lettres de requête civile précédemment impétrées;:
mais l’ufage de ces Lettres eft à préfent abrogé ; &
l’Ordonnance de 1667 qui les a abrogées, a ordonné
.que ces moyens feroient articulés par une fimple requête.
A m p l ia t io n , en termes de Finance, eft un double
qu’on garde d’une quittance ou autre aéle portant
décharge, à l’effet de le produire au befoin.
Ampliation, fignifie encore en termes de Finance,
-l’expédition en papier d’un nouveau contrat de rente
fur la v ille , que le Notaire fournit avec la groffe
:en parchemin, & que le rentier remet au payeur
.avec fa quittance pour recevoir.
A m p l ia t io n s de contrats, en termes de Pratique,
font des copies de ces contrats, dont on dépofe les
groffes ès mains d’un Notaire, pour en délivrer des
ampliations ou expéditions aux parties ou à des créanciers
colloqués utilement dans un ordre, avec déclaration
de l’intérêt que chaque créancier a dans ces
contrats relativement à fa collocation dans l’ordre.
( « )
AMPLIER, v . aft. terme de Palais, ufité dans quelques
tribunaux, fignifie différer Remettre plus au large.
Ainfi , amp lier le terme d'un payement, -c’eft donner
.du tems au débiteur ; amplier un criminel, c’eft différer
le jugement de fon procès ; amplier unprifonnier ,
■ c’eft lui rendre fa prifon plus fupportable, en lui donnant
plus d’aifance ôc de liberté. (H )
AMPLIFICATION, f. f. en Rhétorique ; forme que
l’orateur donne à fon difeours, & qui confifte à faire
paraître les chofes plus grandes ou moindres qu’elles
ne font en effet. U amplification trouve te place dans
toutes les parties du difeours ; elle fert à la preuve,
à l’expofition du fa it, à concilier la faveur de ceux
qui nous écoutent, & à exciter leurs paffions. Par
elle l’orateur aggrave un crime, exagere une loüan-
g e , étend une narration par le développement de fes
circonftances, préfente une penfée fous diverfes faces
, & produit des émotions relatives à fon fujet.
V o y e z O r a is o n & Pa s s io n . Tel eft ce vers de
Virgile, où au lieu de dire Amplement Turnus meure,
il amplifie ainfi fon récit :
A fl illi folvuntur frigore membra ,
Vitaque cum gemitu fugit indignata fub ambras.
Æneid. XII.
La définition que nous avonsdonnée de Y amplification,
eft celle d’Ifocrate & même d’Ariftote; &
à ne la confidérer que dans ce fens, elle feroit plutôt
l’art d’un fophifte & d’un déclamateur, que celui
d’un véritable orateur. Auffi Cicéron la définit-il une
argumentation véhémente, une affirmation énergique
qui perfuade en remuant les paffions. Quintilien
6c les^iutres maîtres d’éloquence font de Y amplification
l’ame du difeours : Longin en parle comme d’un
des principaux moyens qui contribuent.au fublime,
mais il blâme ceux.qui la définiffent un difeours qui
groffit les objets,.parce que ce cara&ere convient au
fublime & au pathétique, dont il diftingue Y amplification
eu ce que le fublime confifte uniquement dans
Tome /,
1 élévation des fentimens & des mots , Y abiplîfica-
tion dans la multitude des uns & des autres. Le fu*
blifue peut fe trouver dans une penfée unique, & 1 amplification dépend du grand nombre. Ainfi ce moi
de l’Ecriture , en parlant d’Alexandre, filait terra in
confpeclu ejus, eft un trait fublime ; pourroit-on dire
que c’eft une amplification ? \
On met auffi cette différence entre Y amplification
& la preuve, que celle-ci a pour objet d’éclaircir un
point obfcur ou controverfé, & celle-là de donner
de la grandeur & de l’élévation aux objets : mais
rien n’empêche qu’un tiffu de raifonnemens ne foie
en même tems preuve & amplification. Cette det-
niere eft en général de deux fortes : l’une roule fur
les chofes, l’autre a pour objet l'es mots & les ex-
preffions.
La première peut s’exécuter de différentes manièr
e s , 1°, par l’amas des définitions, comme iorfque
Cicéron définit l’hiftoire : tefiis temporum, lux verita-
tis y vita memorialmagiflra vitee , confçia vetuflatis.
Voyez Définition.
20. Par la multiplicité des adjoints ou circonftances
: Virgile en donne un exemple dans cette lamentation
fur la mort de Céfar, où il décrit tous les prodiges
qui la précédèrent ou la fuivirent :
Vox quoque per lucos vulgo ex audita Fientes
Ingens ; & Jimulacra modis pallentia mirià
Vifa fub obfcurum noclis ; pecudefque làcutoe ,
Infandum, jîfiunt amnes , ter raque dejiifcunt,
E t mcejlum illachrymat templis ebur, oeraquefudantl
3°. On amplifie encore une chofe par le détail des
caufes & des effets : 40. par l’énumération des confé-
quences : 50. parles comparaifons, les fimilitudes,
6c les exemples, voyez Comparaison , &c. 6°. par
des contraires ou oppofitions , & par les induélions
qu’on en tire. Toutes ces belles deferiptions des orages
, des tempêtes, des combats finguliers, de la
pefte , de la famine ., fi fréquentes dans les poètes >
ne font que des amplifications d’une penfée ou d’une
aftion fimple développée.
U amplification par les mots fe faitprincipalement
en fix maniérés : i° . par des métaphores : 20. par des
Jynonymes : 30. par des hyperboles : 40. par. des pé-
riphrafes : 5°. par des répétitions auxquelles on peut
ajouter la gradation : 6°. par des termes nobles &
magnifiques. Ainfi au lieu de dire Amplement, nous
fommes tous mortels , Horace a dit :
Omnes ebdem cogimur ; omnium
Verfatur urna ferius , ocyùs
Sors ex it ura , & nos in ceternum
Exilium impojttura cymboe. Od. Lib. II. ‘
On amplifie une penfée générale en la particula-
rifant, en la développant, & une penfée particulière
& reftrainte, en remontant de conféquence en con-
féquence jufqu’à fon principe. Mais on doit prendre
gafge dans Y amplification, comme en tout autre ouvrage
du reffort de l’éloquence, de fortir des bornes
de loii fujet, défaut ordinaire aux jaunes gens que la
vivacité de leur imagination emporte trop.ioin. Les
plus grands orateurs ne fe font pas toujours eux-mêmes
prélervés de cet écueil ; & Cicéron lui-même,
dans un âge plus mûr, condamna cette longue amplification
qu’il avoit faite fur le fupplice des parricides
dans fon oraifon pour Rofcius d’Amerie, qui lui attira
cependant de grands applaudiffemens. II impute
au caraétere bouillant de la jeuneffe l’affeélation qu’il
eut alors de s’étendre avec complaifance fur des lieux
communs qui n’alloient pas dire&ement à la juftificar
tion de fa partie. ( G)
* AMPLISSIME, adj. fuperl. ampliffmus, qualité
dont on honore chez les étrangers & dans les collèges
quelques perfonnes conftituées en dignité : on
B b b ij