77* A S S àit entr’ellès une relation naturelle on non. Voye^
I d é e , D if f o r m it é . .
Quand il y a entre les idées une connexion 6C une
relation na ture lle , c’eft la marque d’un efprit excel-
lent que de la v o ir lés recue illir, les comparer & les
ranger dans l’ordre qui leur convient pour s eclairer
dans fes recherches : mais quand il n’ y a point de i
liaifon entr’e lle s , ni de m o tif pour les ^Oindre, 8c :
qu’on ne les unit que par accident ou pàr habitud e , ^
cette afficiàtion non naturelle eft un grand d éfaut, & .
elle e f t , généralement pa rlant, une iotirce d erreurs j
8c dé mauv.àîs ràifônnemens. Foye{ Er r e u r . . ;
Âiriii l ’ idée des revenons & des efprits n a pas reel- :
leméiit plus dé rapport à l’idée des ténèbres que celle
dé là Cûrhiere : cependant i l eft f l ordinaire d e joindre
les idées de revenons 8c de ténèbres dans l’e lp n t des
ënfâris, qu’il leùr eft quelquefois impoftible de t e s te
r ces idées tout le reftè de leur v ie , & que la nuit &
rob ïcùrité leur infpirent prefque toujours d es idées
effrayantes. D e m ême , on accoûtume les, enfans à
joindre à l’idée de Dieu une idée déformé & défiguré*
& par-là on donne naiffance à toutes les abfurdites
qü’ ils'niêlént à l’ idée de la divinité. , f .
Ces faufles combinaiforis d’idees font la cauie,
félon M. Locke , de l’oppofition irréconciliable qui
eft entré lés différentes l'eftes de philofophie & de
religion ; car on ne peut raifonnablement ftippofer,
que tant de gens qui foûtiennent des opinions differentes
& quelquefois contradictoires les unes aux
autres, s’en impofent à eux-memes volontairement
& de gaieté de coeur, & fe refiifent à la vérité : mais
l’éducation , la coûtume , 8c l’ efprit de pa rti, ont
tellement joint enfemble dans leur efpnt des idees
Üifparates, que ces idées leur paroiffent etroitement m m I & que n’étant pas maîtres de les féparer, ils
n’en font poùr ainli dire qu’une feule idée. Cette prévention
eft caufe qu’ils attachent du fens à un jargon
r qu’ils prennent des abfurdités pour des démonf-
trations ; enfin elle eft la fource des. plus grandes &
prefquè d é ‘foutes les erreurs dont le monde eft m-
.fefté, ( X ) • . À , • a
i A s s o c i a t i o n , terme de droit Anglois, e lt une
patente que le roi en v o ie , foit de fon propre mouvement
, foit à la requête d’un complaignant, aux juges
d’une a f life , pour leur affocier d’ autres pérfofanes
dans le jugement d’un procès. Foye^ A s s is e . ~
A la pàfentè $ affociation, le roi joint un écrit qu il
adreffe aux juges de l’affife par lequel il leur ordonne
d’admettre ceux qu’il leur indique.
A s s o c ia t io n , en Droit commun, eft 1 ag^regation
de plufieurs përfonnes en une même fociété, tous là
(Condition expreffe d’en partager les charges $c les
“avantagés. Chacun des membres de la fociete s appelle
affbcié. Foyei ASSOCIÉ 6-SOCIÉTÉ. (H )
' ASSOCIATION ou PORTUGA, île de l’Ameri-
qüe feptentrionale, à quatorze milles de la Marguerite,'
vers l ’occident.
A S SO C IÉ ; adjoint, qui fait membre ou partie de
quelque chofe. A d j o in t , A s s o c ia t io n .
Ce mot eft compofé des mots latins ad tkfocius ,
membre, compagnon : ainfi on dit lès affoçiés du docteur
Bray, pour la cbriverfion dés Nègres, 8cc.
ASSOCIE, en terme-de Commerce , eft celui qui fait
une partie, des fonds avec les autres comifierçans, &
qui partage avec eux le gain, oU foUffre la perte au
prorata, de ce qu’il a mis dans la fociété. (G )
■ A S S p L E R , (Agriculture.') fignifié partager les
terrés labourables d’une métairie pour les femer di-
vêrfeniént, ou les laiffer repofer, quand on en veut
faire une raifonnàble exploitation : en la plupart des
liéiix on partage les terrés en trois fols ; l’un fe feme
en froment,l’àutre en nienus grains, & le troifieme
jrefte en jachere. (H)
I ^ S S O M P T I O N , fùbft. f. (Théologie.) du latin
A S S itffu/np'tio, dérivé (Ydffumerc , prendre, èftléver. Ce
mot flgnifioit autrefois en général le -jour de la mort
d’un faint, quia ejus anima in cotlum affumitur. \Foye£
A n n iv e r s a ir e .
Affomption, fe dit aujourd’hui particuliérement
dans l’Eglife Romaine, d’une fête fclennelle qu’on y
célébré tbus lès ans -le 15 d’Âoût, pour honorer la
mort-* la réfurreôion, & l ’entrée triomphante de la
fainte Vierge dans lé ciel. Elle eft encore particulièrement
remarquable en France depuis l’année 163 8,
que le-foiJLouis XîII. c'hoi'ftt ce jour pour mettre fa
perforine1 8c fon rbÿaüfhé fous la protéËlion de la
S. Vierge ; voeu qui a été renouvelle On 1738 par lé
roi Louis X V . actuellement régnant.
‘Cette fête fe célébré âvec beaucoup de folennité
dans les églifes d’Orieht, aufli-bien que dans celles
d’Occident : cependant Vaffomption corporelle de la
Vierge n’éft point-un article de fo i, puifque FEglife
ne l’a pas décidé, & que plufieurs anciens 8c modernes
en ont douté. Il eft fur que les Peresdes quatre
premiers fiècles n’ont rien écrit de précis fur cette
matière. AJfuard, qui v ivoit dans le neuvième fiecle,
dit dans fon martyrologe, que le corps de -la fainte
Vierge ne fe trou vant point fur la terre, l’Eglife, qui
eft fage èn fes jugemens, a mieux aimé ignorer avec
piété cë que la divine Providence en a fa it, que d’avancer
rien d’apocryphe ou de mal fondé fur-ce fiijet :
plus elegitfobrietas Ecclejioe cum pietatt nefcire ,quamalv-
quidfrivolum & apocryphum inde tenendo docere ; paroles
qui ïe trouvent encore dans le martyrologe d’A-
don, 8c dans plufieurs autres qui n’appellent point
cette fête Y affomption de la fainte Vierge., mais feulement
fbn fommeil, dormitio, c’eft-à-dire la fête de fa
mort ; nom que lui ont atifli donné les Grecs, qui l’ont
défignée tantôt par fxiT-lç-ame, trépas ou paffage , ÔC
tantôt par xoï^miç, fommeil ou repos.
Néanmoins, la créance commune dé l’Eglife eft
que la fainte Vierge eft reffufcitée, & qu’elle eft
dans le ciel en corps & en ame. La plûpart des Peres
Grecs 8t Latins qui ont écrit dépuis le iv# fiecle font
de ce fentiment ; & le cardinal Baromu s dit qu’on
ne pourroit fans témérité affûrer le contraire.-C’eft
aulïi le fentiment de là Faculté de Théologie de Paris,
qui en condamnant le livre de Marie d ’Agreda
en 1697, déclara entr’autres chofes , qu’elle croyok
que la fainte Vierge avoit été enlevée dans le ciel
, en corps & en ame. Cé-qu’on peut recueillir de plus
certain de la tradition depuis le ix efiëcle , c’eft que
iparmi les ornemens des églifes deRomè fous le pape
Pafchal, qui mourut en 824, il eft fait mention de
deux, oîi étoit repréfentée Y affomption delà, fainte
Vierge en fon corps ; ce qui montre qu’on la croyoit
dès-lors à Rome. Il eft parlé de cette fête dans les
capitulaires de Charlemagne 8c dans les decrets du
concile de Mayence tenu en 813. Le pape Léon IV.
qui mourut en 8 5 5, inftitua l’oûave de Yaffomption
de la fainte Vierge, qui ne fe célebroit point encore
à Rome. En Grece cette fête a cbmmencé beaucoup
plutôt, fous l’empire de Juftinien, félon quelques-
uns ; 8c félon d’autres, fous celui de Maurice, contemporain
du pape S. Grégoire le grand. André dé
Crete.fur la fin du v i Ie f iec le, témoigne pourtant
qu’elle n’étoit établie qu’en peu d’endroits : mais au
X 1 i e elle lé fut dans tout l’empire, par une loi de
l’empereur Manuel Gomnene. Elle l’étbit alors également
en Occident, comme il paroît par l’épîtrè
174 de S. Bernard aux chanoines de Lyon ; 8c par
la créance commune des églifes qui fuivoient l’opinion
de Y affomption corporelle, comme-un fentiment
pieux, quoiqu’i l n’eût pas été décidé par ■l’Eglife uni-
vérfellë: Mratyràl. ancien. Tillemont ; fiifl. eccléfidfL
Fleury., hifi. eccléf, tom. F II. B aillet , vies des Saints. CG) . * ASSOMPTION (Isle de e’) , île de F Amérique
A S S
feptentrioftale dahs le golfe dè S. Laureht, 8c î'ém-
-bouchure du grand fleuve du même nom. Long, g iG.
lat. 4 9 .3 ° ’ ...
A s s o m p t io n , ville de l’Amérique méridionale,
dans le Paraguai propre, fur. la riviere de Paraguai.
.Long. 3 2 3 .40 1 lat. mérid. 2 6 .3 0.
ASSON, (Géog. anc.) ville de FÉolide, province
de l’Afie mineure ; c’eft maintenant Affo. On l’appel-
loit aufli jadis Apollonie.
ASSONAH ou A s so n A , f. m. ( ffifi. mod.) c’eft le
livre des Turcs qui contient leurs traditions. Ce mot
eft arabe il fignifié parmi les Mahométans , ce que
lignifie miftia parmi les Juifs. Sonna veut dire une
fécondé lo i, & as eft l’article de cè mot.vL’alcbran eft
l ’écriture des Mahométans, & la fonna ou Yaffona
contient leurs traditions. Nos auteurs appellent ordinairement
ce livre-là Zufe ou Sonne. Ricault, de
L'empire Ottoman. Foye^ SONNA. (G )
ASSONANCE, f. f. terme ufité en Rhétorique 8c
dans la Poétique, pourfignifier la propriété qu’ont certains
motsde fe terminer parle même fon, ians néanmoins
faire ce que nous appelions proprement rime.
Foyc{ Rim e .
Vaffonance, .qui eft ordinairement un défaut dans
la langue angloile, & que les bons écrivains, françois
ont foin d’éviter en profe, formoit une efpece d’agrément
8c d’élégance dans la langue latine , comme
dans ces membres de phrafé , militem comparavit,
txercitum ordinavit, aciem lufiravit.
Les Latins âppelloient ces fortes de chûtes fîmili-
ter definentia , 8e leurs rhéteurs en ont fait une figuré
de mots. Les Grecs ont aufli connu 8c employé: les
affinantes fous le titre GoimutImvta. Foye^H o m o io -
TÉLEUTON. ( G )
ASSORTIMENT, f. m. terme de Peinture, qui dé-
figne proportion 8c convenance entre les parties. Un
bel affortiment. Ces chofes font bien afforties.
On dit encore affortiment de couleur, pour peindre
, 8c l’on ne s’en fert même guere que dans ce cas.
& affortiment eft compofé de toutes les couleurs qu’on
employé en peinture. (R)
ASSORTIR , en terme de Plûmafjier', c’eft chbifir
■ les plumes de même grandeur; 8c les affembler avec
des couleurs convenables.
A s s o r t ir , en terme de Haras, c’eft donner à un
étalon la jument qui lui convient le m ieux, tant par
rapport à la figure que par rapport aux qualités. On
affirtit la jument à l’étalon bien ou mal. ( F ) -
ASSORUS , (Géog. anc. & mod.) ville de Sicile,
entre Enna 8c Argyrium. Ce n’eft aujourd’hui qu’un
petit bourg appelle Afaro; il eft baigné par le Chryfas.
Il y avoit encore en Macédoine, proche la riviere
d’Ecnédore,"une ville de même nom.
ASSOS, (Géog. anc.) ville maritime de L y c ie fu r
un promontoire fort élevé. Autre ville de même nom
dans l’Eolidë. II y en avoit une troifieme en Mifnie.
•C’eft de la première dont on a dit, Affon eas, ut cuius
ad exitii terminos eas.
* ASSOUPISSEMENT, f. m. (Med.) état de l’animal
, dans lequel les allions volontaires dé fon corps
8c de fon ame paroiffent éteintes, 8c ne font qtiè ftift
pendues. Il faùt en diftinguer particulièrement de
deux efpeeëS : l’un qui eft naturel 8c qui ne provient
^’aucune indifpofition, 8c qu’on peut regarder comme
le commencement dû' fommeil ; il èft occalionné
par la fatigue ,.le grand chaud, la pefantèur de l’àb-
mofphere, 8c autres caufês femblâbles : l ’autre qui
naît de quelque dérangement ou vice de la machiné ,
8c qu’il faut attribuer à toutes lès caufes qui empêchent
les efprits de fluer 8C refluer librement, 8c en
aflèz grande quantité, de la moelle du cerveau parles
nerfs aux organes des fetis ; 8c des müfçlès qui obéif-
fent.à là volonté de ces organes, à l’origine- de ces
nerfs dans la moelle du cerveau. Ces caufes fon en
A S S 775
grand nombre ; mais on peut les rapporter iSi à la
pléthore. Le fang des pléthoriques fe raréfié on été.
Il etend les vaiffeatix déjà fort tendus pàr eux-mêmes
; tout le corps réfifte à cet effort, excepté le cerveau
8c le cervelet, où toute l’aâion eft employée à
le comprimer ; d’où il s’enfuit affbupiffirtient 8c apoplexie
; 2°. à robftruélion > 3°. à l’effufion des humeurs
; 4°. à la compreflion ; 5°. à l’inflammation ;
6°..àJafuppuration; -J°. à la gangrène { 8R àTinaè-
tj.011 des vaiffeanx ; 9°^ à leur affaiffement produit pàr
l’inanition; ïo ° . à l’ufage de l’opium & desmartoti-
ques. L’opium produit fon effet lorfqu’il eft encore
dans l’eftomac ; un chien à qui on en avoit fait avaler,
fut diïféqué, 8c on le lui trouva dans l’éftômac :-il
n’a donc pas befoin pour agir,’ d’avoir paffé par -lés
veines laftées ; 1 1°. à l’ufage des aromates; Lés DrO-
guiftes difent qu’ils tombent dans Yaffiùpiffémtm,
quand ils ouvrent les caiffes qu’ on leur ônvoye dés
Indes, pleines d’aromates ; 120. aux matières fpiri-
tueufes, fermentées, 8c tfop appliquées aux narines :
celui mii flairera long-tems du vin violent-, s’enivrera
8c s'ajfiupira; 130. aux mêmes matières intérieurement
prifes ; 140. à des alimens durs, grasj, pris avec
excès, 8c qui s’arrêtent Ibng^tems dans l’ eftoffiâè. Gh
trouvera aux diflerens articles des malâdi es où Yàffou*
pijfementz lieu, lës remedes qui.conviennent.
On lit dans les mémoires de l’académie des Sciences
, l’Hiftoite d’un affiupiffimcnt extraordinaire; Un
homme de 45 ans, d’un tempérament fec 8t robuftè-,
à la nouvelle de la mort inopinée d’un homme avec
lequel il s’étoit querellé, fe profterna le vifâgé Contre
terre, 8c perdit le fentiment peù-à-peit. Le
Avril 1715 on le porta à la Charité', où H demeura
l’efpace dé quatre mois entiers. Les deux premiers
mois il ne donna aucune marque de mouvement ni
de fentiment volontaire. Ses yeux furent fermés nuit
8c jour : il remuoit feulement les paupières. Il avoit
la refpiratioti libre 8c aiféè ; le pouls petit 8c lent,
mais égal. Ses bras reftoient dans la fituàtion où oh
les mettôit. II n’en étoit pas de même du refte dü
corps, il falloit le foutenir pour faire àvalêr à cet
homme quelques cueillerées de vin pur ; ce fût pendant
ces quatre mois fâ^fétile nourriture : aufli devint-
il maigre, fec 8c décharné. On fit tous les remedes
imaginables pour difîipèr cette léthargie ; faignées ,
émétiques, purgatifs, véficatoires, fangfues,6*c, &
l’on n’en obtint d’autre effet que celui de lé réveiller
pour un jour, au bout duquel il retomba dans fôn état .
Pendant les deux premiers mois il donna quelques
lignes de vie. Quand on avoit différé à lé purger, il
fe plaigïioit, 8c ferroit les mains dè fa feifime. Dès
ce tems il commença à ne fe plus gâter ; il avoit l’attention
machinale de s’âvancér au bord du lit, où l’oh
avoit placé une toile cirée. Il buvoit, mangeoit ,
prenoit des bouillons -, du potage, delà Viande, 8c
fur-tout du vin , qü’il iié eëffa pas d’aimer pendant
fa maladie, comméil faifoitên fanté. Jamais il- hfc
découvrit fes befoins par aucun figné. Alix héurès
de fes repas on lui paffoit le doigt lur les îevres ; il
ouvroit la bouche fans ouvrir les ÿeu$C, avàkjit cè
qu’on lui ptéfentoit, fe rèmettoit & àttëftdcfit'patiem-
ment un nouveau ligne. On lé rafoit régûHerèmént{
pendant,cette opération il feftoit immôbiîé cénime
un mort. Le levoit-oh après dîner, - bft lé trou voit
dans-fa châife les yeux fermés^ cothméen 1 V a Voit
mis. Huit jours avant fa fortie dé la Charité, ori s’a*
vifade le jetter brufquemént dâhs urt bàirtd’eau froi*.
de ; ce remède le furprit en effet , il ouvrit lès yèuX ;
regarda fixement, ne parla point. Darts cet étàt fà
femme le fit tranfportèr chez elle, où il eft preïente*
ment, dk l’auteur du mémoire. Gn ne hii' fait point
de remede ; il parle d’affez bon fens., 8c il revient dé
jour en jour. Ce fait eft extraordinaire : le fuivant ne
i’eft pas moins.