p r i t , comme on peut s’en affûrer par le x x jv . chap.
du livré I I I . de fes Infi. D ’autres s’en tinrent à révo quer
en cloute les conjectures des Philofophes ; c’eft
ce que fit S. Auguftin, comme on v o it au cha p.jx . du
livre X V I . de la Cite de Dieu. Après avo ir examiné
s’il eft v ra i qu’il y a it des C y c lo p e s , des Pygmées &
des nations qui a y en t la tête en bas & les piés en haut;
il paffe à la queftion des antipodes , & il demande fi
la partie inférieure de notre terre eft habitée. Il commence
par avouer la fphéricité de la terre ; il conv
ient enfuite qu’il y a une partie du globe diamétralement
oppofée à celle que nous habitons : mais il nie
que cette partie foit peuplée ; & les raifons qu il en
ap po rte , ne font pas mauvaises pour un tems oii on
n’a v o it point encore d écouvert le nouveau monde.
Premièrement, ceux qui admettent des antipodes,
d it - il, ne font fondés fur aucune hiftoire. %°. Cette
partie inférieure de la terre peut être totalement fub-
mergée. 30. Admettre des antipodes, & conféquem-
ment des hommes d’une tige différente de la n ô tr e ,
(car les anciens regardant la communication de leur
monde av e c celui des antipodes, comme impoflible,
la première fuppofition entraînoit la fécondé ) c’eft
contredire les faintes écritures qui nous apprennent
que toute la race humaine defcend d’un feul homme.
T e lle eft l’opinion de ce pere de l’Eglife.
O n voit- par-là que faint Auguftin fe trompoit en
croy ant que les antipodes dévoient ê tre d’une race
différente de la nôtre. C a r enfin ces antipodes exif-
t e n t , & il eft de fo i que tous les hommes viennent
d’Adam. A l’égard de la maniéré dont ces peuples
ont paffé dans les terres qu’ ils habitent, rien n’ eft
plus facile à expliquer ; on peut employer pour cela
un grand nombre de fuppofitions toutes aufli vraif-
femblables les unes que les autres. Au refte nous remarquerons
ic i que S. Auguftin condamne à la v ér ité
, comme hérétique, l’opinion qui feroit venir les
antipodes d’une autre race que de celle d’Adam ; mais
il ne condamne pas comme te lle , celle qui fe bor-
neroit purement & fimplement à l’exiftence des antipodes.
S’il a v o it penfé à féparer ces deux opinion s ,
il y a grande apparence qu’il fe feroit déclaré pour la
fécondé.
Q u o i qu’ il en fo it , quand même il fe feroit trompé
fur ce point peu important de la Géographie, fes
écrits n’en feront pas moins refpeftés dans l’E g life , |
fur-tout ce qui concerne les vérités de la fo i & de la
tradition ; & il n’en fera pas moins l’Oracle des C a tholiques
contre les Manichéens, les D o n a t ifte s , les
Pélagiens, Semi-pélagiens, &c.
Nous pôuvons ajoûter à c e la , que les PP. de l’Eglife
n ’étoient pas les feuls qui rejettaffent la poflibi-
lité des antipodes.
Lucrèce a v o it pris ce parti long-tems avant e u x ,
comme il paroît par la fin du I. liv r e , verf. 10. 60.
& c . Voyez auffi le liv r e de Plutarque, de Facie in orbe
luna. Pline réfute la même opinion, liv. I I . c. Ixv.
C e qu’ il y a de plus propre aux antipodes, & en
quoi feulement nous les confidérons i c i , c’eft d’être
dans des lieux diamétralement oppofés entr’eux fur
le globe terreftre ; de maniéré qu’ay an t mené une
perpendiculaire ou une v ertica le à un lieu quelconque
, & qui par conféquent paffe par le zénith de ce
lie u , l’endroit oppofé de la furface du globe que cette
v ertica le prolongée ira c ou p er, en foit l’antipode.
T o u t le refte n’ eft qu’ acceffoire à cette idée dans la
fuppofition énoncée ou tacite de la fphéricité de la
terre ; car fi la terre n’ eft point une lp h e r e , fi c’eft
un fphéroïde e lliptique , applati, ou allongé v ers les
p ô le s , il n’ y a plus d'antipodes réciproques ; c’eft-à-
dire , par exemple, qu’ay ant mené une ligne par le
zénith de Paris & par le centre de cette v i l le , qui eft
dans l’hémifphere b o réa l, cette ligne ira couper l’hé-
mifphere auftral en un point qui fe ra i’antipode de Par
i s , mais dont Paris ne fera pas Y antipode ; ainfi l’égalité
réciproque de po fition, de latitud e , de jour
& de nuit dans les hémifpheres oppofés à fix mois de
différence, & tout ce qu’on a coûtume de renfermer
dans l’idée des antipodes, comme inféparable, ne l’eft
p lu s , & doit effectivement en être féparé dès que
l’on déroge à la fphéricité de la terre. Il ne faut qu’un
peu d’attention pour s’en convaincre.
T o u t ceci eft fondé fur ce que la fp he re , ou pour-
Amplifier cette théor ie , le c e r c le , eft la feule figure
régulière que tous les diamètres paffans par fon centre
coupent à angles d roits. D o n c en toute figure terminée
par une autre cou rb e , dans l’ellipfe par exemple
, la perpendiculaire menée à un de fes points o u
à fa tan gente , excepté les deux axes qui répondent
ic i à la ligne des p ô le s , o u à un diamètre quelconque
de l’equateur, ne fauroit paffer par fon c en tre ,
ni aller rencontrer la partie oppofée du méridien elliptique
à angles droits : donc le nadir de Paris n’eft:
pas le zénith de fon antipode , & réciproquement. Si
l ’on éle vo it au milieu de Paris une colonne bien perpendiculaire
à la furface de la te rre , elle ne feroit
pas dans la même ligne que celle qu’on éle ve roit pareillement
au point antipode de Paris : mais elle en
déclineroit par un angle plus ou moins grand, félon
que l’ellipfe ou le méridien elliptique différer oit plus
ou moins du cercle. La latitude de l’un & de l’autre
de ces deux points différera donc en même raifon ,
& conféquemment la longueur des jours & des nuits,
des mêmes fa ifons, &c.
Les lieux fitués à l’un & l’autre p ô le , o u fur l’é quateur,
en font exceptés ; parce que dans le premier
c a s , c’eft un des axes de l’ellipfe qui joint les deux
points ; & que dans le fécond il s’agit toujours d’un
c e r c le , dont l’autre axe de l’ellipfe eft le diamètre ;
le fphéroïde quelconque applati ou allongé étant toû-
jours imaginé réfulter de la révolution du méridien
elliptique autour de l’axe du monde. Voyez hijl. acad.
'7 4 1 - (O) .51.«;.»';.;
A N T IP T O S E , f. f. figure de Grammaire par laquelle
, dit-on, on met un cas pour un a u tr e , comme
lorfque Virgile dit (Æn. V . v .lo 4 5 1 .) It clamor coe- , au lieu de ad coelum. C e mot v ient de ànl, pour,
& de ffjwwç, cas. On donne encore pour exemple de
cette figu re , Urbem quam fiatuo vefira ejl, Æn. L. I .
v . 573 ! urbem au lieu de urbs. E tT érer ic e au prologue
de l’Andrienne dit : Populo ut placèrent, quas fecifi
Jient fmaebnutelams i,l laiuu sl ideiuei d e fabula. On trouve aufli, Venir pour ille dies. Mais Sanftius, liv.
IV. & les Grammairiens philofophes, qui à la v érité
ne font pas le grand nombre, & même la méthode
de P. R . regardent cette prétendue figure comme
une chimere & une abfurdité qui détruiroit toutes les
réglés de la Grammaire. En effet les verbes n’auroient
plus de régime certain ; & les écoliers qu’on repren-
droit pour avo ir mis un nom à un c a s , autre que celui
que la réglé demande, n’auroient qu’à répondre
qu’ ils ont fait une antiptofe. Figura hcec , dit Sanftius ,
limivp. eIrViti.u cs .; xqiuijo.d lfaigtimneons tcuamn ones excedere videtur ; nihil f i effet verum , frufirà quart
remus quem cafum verba regerent.
Nous ne connoiffons d’autres figures de conftruc-
tion que celles dont nous parlerons au mot C o n s t
r u c t io n .
L e même fonds de penfée peut fouvent être énoncé
de différentes maniérés : mais chacune de ces manières
doit être conforme à l’analogie de la langue. Ainfi
l’on trouve urbs Roma par la raifon de l’identité : Urbs
eft alors confidéré adjefti v ement, Roma qua efi urbs ;
& l’on trou v e aufli urbs Roma , in oppido Antiochia.
C ic . Butroti afcendimus urbem. Virh. Alors urbs eft
confidéré comme le nom de l ’efpece ; nom qui eft
enfuite déterminé par le nom de l’individu.
Parmi çes différentes maniérés de parler, fi nous
en rencontrons quelqu’une de celles que les Grâffl-
mairiens expliquent par Y antiptofe, nous devons d’abord
examiner s’il n’y a point quelque faute de co-
pifte dans le texte ; enfuite avant que de recourir à
une figure aufli déraifonnable, nous devons voir fi
l’expreflion eft affez autorifée par l’ufage, & fi nous
pouvons en rendre raifon par l’analogie de la langue.
Enfin entre les différentes maniérés de parler autori-
fées, nous devons donner la préférence à celles qui
font le plus communément reçues dans l’ufage ordinaire
des bons auteurs.
Mais expliquons à notre maniéré les exemples ci-
deflus, dont communément on rend raifon par Y antiptofe.
A l’égard de it clamor calo ; calo eft au datif, qui
eft le cas du rapport & de l’attribution , c’eft une façon
de parler toute naturelle ; & Virgile ne s’en eft
fervi que parce qu’elle étoit en ufage en ce fens,
aufli-bien que ad calum ou in cælum.Ne dit-on pas
auUflri,b emmi tqt eurae mep fiiafitoulaom v eafliircau ei f, i,ou ad aliquem ? eft une conftruftion
très-élégante & trèsrréguliere, qu’il faut réduire à la
conftruftion fimple par l’ellipfe ; & pour cela il faut
obferver que le relatif qui, qua, quod, n’eft qu’un
fimple adjeCtif métaphyfique ; que par conféquent
il faut toujours le conftruire avec fon fubftantif, dans
la propofitiop incidente oii il eft : car c’eft un grand
principe, de fyntaxe, que les mots ne font conftruits
que félon les rapports qu’ils ont entr’eux dans la même
propofition ; c’eft dans cette feule propofition
qu’il faut les confidérer, & non dans celle qui précédé
, ou. dans celle qui fuit : ainfi fi l’on vous demquaenmd
ea dlao rcaomnufstr ,uftion de cet exemple trivial, Deus demandez à . votre tour, qu’on en
achevé le fens, & qu’on vous, dife ., par exemple, Deus quem. adoramus, efi omnipotens ; alors vous ferez
d’abord la conftruftion de la propofition principale
, Deus efi omnïpotens ; enfuite vous pafferez à la
qpureompo Dfitiiuomn. incidente & vous direz , nos adoramus Ainfi le relatif qui, qua, quod, doit toujours être
confidéré comme un adjeCtifmétaphyfique, dont le
fubftantif eft répété deux fois dans la même période,
mais en deux propofitions différentes ; & ainfi il n’eft
pas étonnant que ce nom fubftantif foit à un certain
.cas dans une de çes propofitions , & à un cas différent
dans l’autre propofition, puifque les mots ne fe
conftruifent & n’ont de rapport entr’eux que dans la
piême propofition. Urbem quam fiatuo, vefira efi. Je vois là deux propofitions
, puifqu’il y a deux verbes : ainfi confirmions
à p^rt chacune, de ces propofitions ; l’une eft
principale., & l’autre incidente ; vefira efi, on efi vef-
tra, ne.peut être qu’un attribut. Le fens fait connoî-
.îre que le fujet ne.peut être que urbs : je dirai donc, hacurbs efi vefira, quam urbem fiatuo i
. Par la même méthode .j’explique le pafîage deTé-
•rence , ut fabula , quas fabulas fecijfet, placèrent populo.
C’eft donc par l’ellipfe qu’il faut expliquer ces
■ paffages, & non par la prétendue antiptofe de Def-
pautere & de la foule des Grammatiftes.
Pour ce qui eft de venit in mentem illius diei, il y
a aufli elliple ; la conftruftion eft memoria, cogitâtio, .ou recordatio hujut diei venit mentem; (F")
ANTIQUAIRE, f. m. eft une perfonne qui s’occupe
de la recherche & de l’étude des monumens de
•l’antiquité!,.comme les anciennes médailles , les livres
, les ftatues, les fculptures, les infcriptions, en
•„un mot ce qui peut lui donner des lumières à ce fujet.
..V A n t iq u it é ; voyez auffi Mo n u m e n t , M é d a il l
e , In s c r i p t io n , S c u l p t u r e , St a t u e , & ç.
- tiquAauirterse f;ois il y avoit différentes autres efpeces à1a n
les libraires ou les çppiftes., c’eft - à - dire
ceux qui tranfçriyoient en carafteres beaux & lifi- Tome /,
files ce qui âvo it auparavant été feulement écrit erl
notes , s’appelloient antiquaires. Voyt{ L i b r a i r e *
Ils furent aufli dénommés calligraphi. Voyez C a l l i-
g r a p h e . Dans les principales villes de la Grece &
de l’I ta lie , il y avo it d’autres perfonnes diftinguées
que l’on appelloit antiquaires , & dont la fonftion
étoit de montrer les antiquités de la v ille aux étrangers
, de leur expliquer les infcriptions anciennes ,
& de les aflifter de tout leur pouvoir dans ce genre
d’é rudition..
Un établiflement fi utile au public & fi dateur
pour les cu rieu x, mériteroit bien d’avoir lieu parmi
nous. Paufanias appelle ces antiquaires : les
Siciliens leur donnoient le nom de myflagogi. (G )
A N T IQ U E - , adj. en général ancien. Voyez A nc
ie n & A n t iq u i t é .
A n t iq u e , f. f. eft principalement en u fage parmi
les Architeftes , les Sculpteurs & les Peintres : ils
l’employent pour exprimer les ouvrages d’Architec-
tu r e , de Sculpture, de Peinture , &c. qui font d’un
tems oh les Arts avoient été portés à leur perfeftion
par les plus beaux génies de la Grece & de Rome ;
fa v o ir , depuis le fiecle d’Alexandre le grand jufqu’au
régné de l ’empereur P ho cas , v ers l’an de Notre-Sei-
gneur 600, que l’Italie fiit ravagée par les Goths &
les Vandales. Antique dans ce fens eft oppofé à moderne. C ’eft
ainfi que nous difons un édifice antique, un bufte, un
ba s -re lief, une maniéré, une médaille antique ; &
d’une ftatue , qu’elle eft dans le goût antique.
Il nous refte plufieurs antiquités de Scu lptu re ,
telles que le La o co on , la Venus de Med icis, l’Apollon
, l’Hercule Farnefe , &c.
Mais en fait d’antiquités pittorefques , nous n’ayons
que la noce Aldobrandine , les figurines de la
pyramide de Ceftius , le nymphée du palais Barbe-
rin , la V en u s , une figure de Rome qui occupe le
Palladium , & q u ’on v o it dans le même lie u , quelques
morceaux de frefque tirés des ruines d’A driane,
des thermes de T ite & d’H éraclée.
Il s’eft trouvé des Sculpteurs qui ont contrefait Yantique jufqu’à tromper le jugement du public. O n
prétend que Michel Ange fit la ftatue d’un Cupidon ,
& qu’après en,avoir caffé un bras qu’il r e t in t , il enterra
le refte de la figure dans un endroit oii il fa vo it
qu’on d evoit fouiller. Le Cupidon en ayant été tir é ,
tout le monde le prit pour antique. Mais M ichel Ange
ay an t préfenté à fon tronc le bras qu’il avoit réfer-
v é , chacun fut obligé de convenir de fa méprife. Si
ce fait eft v r a i , il prouve combien dès ce tems-là le
préjugé étoit favorable à l’antiquité. Notre fiecle n’ en
a rien rabattu ; & fi l’on p o u v o it , ainfi que Michel
A n g e , p rouver que les m orceaux qu’on admire comme
antiquités , ne font que des productions modernes
, la plûpart de ces antiquités perdroient bien-tôt
.de l’eftime où elles fo n t, & feroient réduites à leur
jufte valeur. : ; Antique eft quelquefois diftingué d’[ancien, qui.figni-
fie un moindre degré d’antiquité , un tems où l’art
n’étoit pas.encore à fa derniere perfeftion. Ainfi architecture
antique n’eft fouvent autre chofe que l’anc
ienne architecture. Voyez A r c h it e c t u r e .
Quelques .écrivains ufent du compofé antiquo-mo- derne, en parlant des vieilles églifes gothiques & d’autres
bâtimens, qq’jls ne veulent paS confondre av ec
.ceux des Grecs & des Romains. (G-P-R )
A n t iq u e . O n employé ce m o t, dans le Blafon, en
parlant des cfiofes qui ne font pas de l ’ufage modern
e , comme des couronnes à pointes de rayons, des
coëffures anciennes, greques & romaines, des v ê te -
.m ens, des bâ timens, des niches gothiques, &c. Les
armoiries de Montpellier font une image de Notre-
Dame fur fon fiége à Y antique en forme de niche.
L’évêché de Freyflîng en Bavière , d’argent au
T t t ij