en cinq degrés. Après ces préparations on aimantera
Vaiguille, en obfervant que le côté auquel eft attaché
le petit poids, devienne le pôle boréal pour les
pays où la pointe méridionale ae Vaiguille s’é lèv e,
6c qu’il foit au contraire le côté méridional pour les
pays où la pointe méridionale s’élève au-deffus de
l’horifon.
La manière de fe fervir de cette bouffole d’incli*
naifon, confifte à mettre d’abord le petit poids à la
place qu’on préfumera convenir à-peu-près à la véritable
inclinaifon de Y aiguille ; après quoi on l’avancera
ou reculera jufqu’à ce que l’inclinaifon marquée
par Y aiguille s’accorde avec celle que marque le petit
poids ; 8c de cette maniéré l’inclinaifon de Y aiguille
fera la véritable inclinaifon.
L’aâion de l’aimant, du fer , 8c des autres corps
magnétiques, mis dans le voifinage d’une aiguille aimantée,
eft capable de déranger beaucoup fa direction
: il faut bien fe fouvenir que Y aiguille aimantée
efl: un véritable aimant qui attire ou efl attiré par le
fer 8c les corps magnétiques, fuivant cette loi uniforme
& confiante, que les pôles de différens noms
s’attirent mutuellement, & ceux de même nom fe
repoulfent : c’eft pourquoi fi on préfente une aiguille
aimantée à une pierre d’aimant, fon extrémité boréale
fera attirée par le pôle du fud de l’aimant, & la
pointe aufirale par le pôle du nord ; au contraire le
pôle du nord repouffera la pointe boréale, & le pôle
du fud repouffera pareillement la pointe auftrale. La
même chofe arrivera avec une barre de fer aimantée
, ou fimplement avec une barre de fer tenue verticalement
, dont l’extrémité fupérieure efl toûjours
un pôle auftral, 8c l’extrémité inférieure un pôle boréal.
Mais ce dernier cas foufff e quelques exceptions,
parce que les pôles d’une barre de fer verticale ne
font pas les mêmes par toute la terre, & qu’ils varient
beaucoup en cette forte.
Dans tous les lieux qui font fous le cercle polaire
boréal & le 10e degré de latitude nord, le pôle boréal
de Y aiguille aimantée fera toûjours attiré par la
partie fupérieure de la barre, 8c la pointe du fud par
la partie inférieure ; 8c on aura beau renverfer la barre
, la pointe boréale de Y aiguille fera toûjours attirée
par le bout fupérieur quel qu’il foit, pourvu que
la barre foit tenue bien verticalement. A la latitude
de 9d 42/ N. la pointe auftrale de Y aiguille étoit fortement
attirée par l’extrémité inférieure de la barre :
mais la pointe boréale n’étoit pas fi fortement attirée
par la partie fupérieure qu’auparavant.
A 4d 3 y de latitude N. & 5d 18' de longitude du
cap Léfard, la pointe boréale commençoit à s’éloigner
de la partie fupérieure de la barre, & la pointe
auftrale étoit encore plus vivement attirée par le bas
de la barre.
A od 52/ de latitude méridionale, & 1 i d 5 1 'à l ’occident
du cap Léfard, la pointe boréale de Y aiguille
n ’étoit plus attirée par le haut de la barre, non plus
que par fa partie inférieure ; la pointe auftrale fe
tournoit toûjours vers la partie inférieure , mais
moins fortement.
A la latitude de 5d 17' méridionale, 8c 15* 9' de
longitude du cap Léfard , la pointe méridionale fe
tournoit vers l’ extrémité inférieure de la barre d’environ
deux points ; & lorfqu’on éloignoit la barre,
Y aiguille reprenoit fa direéhon naturelle après quelques
ofcillations : mais le même pôle de Y aiguille ne
le tournoit point du tout vers le bord fupérieur de la
barre, 8c la pointe feptentrionale n’étoit attirée ni
par le bord fupérieur, ni par l’inférieur ; feulement
en mettant la barre dans une fituationhorifontale 8c
dans le plan du méridien, le pôle boréal de Y aiguille
fe dirigeoit vers l’extrémité tournée au fud , & la
pointe auftrale vers le bout de la barre tourné du
. .«ôté du nord, enforte que Yaiguiüs s’içaxtqit 4? fc
direéHon naturelle de s o u 6 points de la bouffole J.
8c non davantage : mais en remettant la barre d ans.
fa fituation perpendiculaire, 8c mettant fon milieu
v is-à-vis de Y aiguille, elle fu iv o it fa direction naturelle
comme fi la barre n’y eût point été.
A la latitude de 8d 1 7 ' N . 8c à I7 d 3 5' oueft du cap
Lé fa rd , la pointe bo réa le de Y aiguille ne fe tournoit
plus v e r s la partie fupérieure de la b a rre , au contraire
elle la fu y o it : mais le pôle auftral fe détournoit
un peu v ers le bord in férieu r, 8c changeoit fa pofi-
tion naturelle d’environ deux points : mais en mettant
la barre dans une fituation in clin ée , de maniéré
que le bout fupérieur fu t tourné v e r s la pointe auftrale
de Y aiguille, & le bout inférieur v er s fa pointe
b o ré a le , celle-ci étoit attirée par le bout inférieur : 1
mais lorfqu’o n mettoit le b o u t fupérieur v e r s le
no rd, & le bout inférieur v er s le fu d , la pointe boréale
fu yo it celui-ci ; & fi on tenoit la barre tout-à-
fait horifontalement, il ârrivo it la même chofe que
dans les obfervations précédentes.
A 1 5d o ' de latitude du fu d , 8c zo d o ' de longitude
occidentale du cap Lé fa rd , le pô le auftral de Y aiguille
a commencé à regarder le bout fupérieur de la
b a r re , 8c la pointe boréale s’eft tournée v e r s le bout
inférieur d’environ un point de la bouffole : mais en
tenant la barre horifontalement, le pôle boréal s’eft
tourné v er s le bout de la barre qui regardoit le fu d ,
& vice versd.
A 20d 20' de latitude fu d , & i9 d 20' de longitude
occidentale du cap L é fa rd , la pointe auftrale de Y aiguille
s’eft tournée v e r s le haut bout de la b a r re , & la
pointe boréale v e r s le b o u t inférieur, & affez v iv e ment
; en forte que Y aiguille s’éft dérangée de fa direction
naturelle d’environ quatre points.
Enfin à 29d 2<j/ de latitude méridionale, & 13 d 1 o#,
de longitude occidentale du méridien du cap Léfard ,
les mêmes chofes font arrivées plus v iv em e n t , 8c
cette direction a continué d’être régulière jufqu’à
une plus grande latitude méridionale.
Il paroît donc que la ver tu polaire d’une barre de
fer que l’on tient v e r t ic a lem e n tn ’eft pas confiante
par toute la terre comme celle de l’aimant ou d’un
corps aimanté ; qu’elle s’affoiblit confidérablement
entre les deux trop iq ue s , & devient prefque nu lle
fous la ligne ; 8C que les pôles font changés réciproquement
d’une hemifphere à l’autre. C e t article nous
a été fourni par M. le M o n n ie r , m éde cin, de l’Académie
roy ale des Sciences. Foyei Aimant.
Aiguille , dans l'Artillerie , eft un outil à mineur
qui fert à travailler dans le r o c , pour y pratiquer de
petits logemens de poudre propres à faire fauter des
roches,accommoder des chemins, &c. F . Mine.(Q)
Aiguille, f . f . c’e ft, en Horlogerie, la piece qui
marque les heures o u les minutes, &c. fu r le cadran
de toutes fortes d’horloges. Voyeç la fig. 1. PI. I . d e
l'Horlogerie. Pour que des aiguilles foient bien fa ite s ,
il faut qu’elles foient le g e re s , fans cependant être
trop fo ib le s , & que celles qui font fo rt longu e s , o u
qui tournent fort v i t e , foient b ien de pe fanteu r, de
façon qu’un bout ne l’emporte pas fur l’autre ; fans
c e la , dans différentes fituations elles accéléreraient
o u retarderaient le mouvement de l’horloge. O n doit
encore tâcher que leur couleur foit te lle qu’elle ne fe
confonde point av e c celle du cadran, afin qu’on les
diftingue facilement 8c de loin. C e s aiguilles fe fondent
d’abord , fi elles font d’or o u d’argent, & s’achèvent
enfuite à la lime , au fo r e t , &c..........Q uant
à la maniéré de les fondre. elle n’a rien de particulier.
( T )
Aiguille , ( Marine. ) on donne ce nom à une
groffe piece de bois en arc-boutant, av e c laquelle les
Charpentiers appuient les mâts d’un vaiffeau qu’on
met fur le cô té pour lui donner caréné. Les ordonnances
du R o i y evient que lorfqu’on carene un yaiffeau
le maître de l’équipage ait foin que les aiguilles
foient bien préfentées 8c bien.faifies ; les ponts bien
étançonnés aux endroits où ils portent ; les caliornes
bien étropées 8c bien garnies ; & que les pontons
foient auffi garnis de caliornes, franc-fiinnis, barres,
&cabeftans.
On donne encore le nom d'aiguilles à diverfes pièces
de bois pofées à plomb, qui fervent à fermer les
Îiertuis des rivières pour arrêter l ’eau. On les le v e ,
orfqu’on veut faire paffer des bateaux.
On appelle aufli aiguilles , des petits bateaux pêcheurs
des rivières de Garonne 8c Dordogne. (Z )
Aiguille , en Archit. c’eft une pyramide dé charpente
établie fur la tour d’un clocher ou le comble
d’une églife pour lui fervir de couronnement. Une
aiguille eft compofée d’une plate-forme qui lui fert
d’empattement. Cette p late-forme qui porte fur la
maçonnerie de la tour eft traverfée par plufieurs en-
traits qui fe croifent au centre du clocher. Sur le
point de réunion de ces entraits eft élevé verticalement
un poinçon que l’on appelle proprement aiguU-
le. Il eft foûtenu en cette fituation par plufieurs arbalétriers
emmortoifés dans le poinçon & les entraits,
& entouré de chevrons dont toutes les extrémités
fupérieures fe réunifient près de fon fommet. Les
chevrons font emmortoifés par en bas dans la plateforme
, & foûtenus dans difïerens points de leur longueur
par de petits entraits qui s’affemblent avec les
Chevrons 8c le poinçon, autour duquel ifé font placés.
On latte fur les chevrons, 8c on couvre le tout
de plomb ou d’ardoife.
Les aiguilles que l’on pratique fur les combles des
églifes font conftruites de la même façon, à cette différence
près, qu’elles n’ont point pour empattement
une maçonnerie, mais le haut de la cage du clocher
qui eft de charpente , lequel leur fert de plate-forme.
Aiguille; voye*; Obélisque.
Aiguille ou Poinçon, ( Charpent. ) pièce de
bois debout dans un cintre, entretenue par deux arbalétriers
qui font quelquefois courbes, pour porter
les doffes d’un pont.
Aiguille , f. f. petit infiniment d’acier trympé,
délié, p oli, 8c ordinairement pointu par un bout,
8c percé d’une ouverture longitudinale par l’autre
bout. Je dis ordinairement, 8c non pas toûjours percé
8c pointu, parce qu’entre les inftrumens qui portent
le nom d’'aiguille , 8c à qui on a donné ce nom ,
à caufe de l’ufage qu’on en fa it , il y en a qui font
pointus 8c non percés ; d’autres qui font percés 8c
non pointus, 8c 4’autres encore qui ne font ni pointus
ni percés. De toutes les maniérés d’attaçher l’un
à l’autre deux corps flexibles, celle qui fe pratique
avec Y aiguille eft une4des plus étendues. Auffi dif-
tingue-t-on un grand nombre d5aiguilles différentes.
On a les aiguilles à coudre ou de tailleur., les aiguilles
de chirurgie , d’artillerie , de bonnetier , ou
faifeur de bas au métier , d’horloger , de cirier, de
drapier, de guâinier, de perruquier, de coeffeufe ,
de faifeufe de coeffe à perruque, de piqueur d’étuis,
tabatières, & autres femblables ouvrages, de fellier,
d’ouvrier en foie, de brodeur, de tapiffier, de chandelier
, d’embaleur, à matelas, à empointer, à tricoter,
à enfiler, à preffer, à brocher, à relier, à na-
te r , à bouffole ou aimantée, &c. fans compter les
machines qu’on appelle du nom d’aiguille, parle rapport
de leur forme» avec celle de Y aiguille à coudre.
Voye{ AIGUILLE, Architecture..
Aiguille de taiHeur ou à coudre. Cette aiguille qui
femble avoir donné fon nom à toutes les autres
fortes , fe fabrique de la maniéré fuivante. Ayez
de l’acier d’Allemagne ou de Hongrie ; mais fur-
tout de Hongrie ; car celui d’Allemagne commence
à dégénérer. Foyc{ Ü article A ç x ER, Faites paf-
Tome I,
fer cet àcièr foit au charbon de terre , foit aii charbon
de bois , félon l’endroit OÙ vous fabriquerez*
Mettez-le chaud fous le martinet pour lui ôter fe$
angles, l’étirer 8c l’arrondir. Lorfqu’il fera fort étiré-
8c qu’il ne pourra plus foûtenir le coup du martinet
, continuez de l’étirer & de l’arrondir au marteau.
Ayez une filiere à différens trous ; faites paffer
ce fil par un des grands trous de votre filiere ,
8c trifilez - le. Ce premier trifilage s’appelle dégrof-
Jir. Quant aux machines dont on fe fert pour trifi-
ler , voye{ les articles Épinglier & T rifilerie,’
Après le premier trifilage ou le dégroffi, donnez un
fécond trifilage par urï plus petit trou de votre filière
, après avoir fait chauffer votre fil-; puis un
troifieme trifilage par un troifieme trou plus petit
que le fécond. Continuez ainfi jufqu’à ce que votre
fil foit réduit par ces trifilages fucceffifs au degré
de fineffe qu’exige la forte d'aiguille que .vous voulez
fabriquer. Mais obfervez deux chofes , c’eft
qu’il femble que la facilité du trifilage demande un
acier du&ile 8c doux , 8c que l’ufage de l’aiguille
femble demander un acier fin , 8c par. conféquent
très-caffant. C ’eft à l’ouvrier à choifir entre tous les
aciers, celui où ces deux qualités font combinées
de maniéré que fon fil .fe tire bien , 8c que les aiguilles
ayent la pointe fine , fans être caffantes.
Mais comme il y a peu d’ouvriers en général qui entendent
affez bien leurs intérêts, pour ne rien épargner
quand il s’agit de rendre leur ouvrage excellent
; il n’y a guere d’aiguilliers qui ne difent que
plus on caffera d'aiguilles, plus ils en vendront ; 8>C
qui ne les faffent de l’acier le plus fin, d’autant plus
qu’ils ont répandu le préjugé que les bonnes aiguilles
dévoient caffer. Les bonnes aiguilles cependant
ne doivent être ni molles ni caffantes. Graiffez votre
fil de lard, à chaque trifilage, il en fera moins
revêche 8c plus docile à paffer par les trous de la filiere.
Lorfque l’acier eft fuffifamment trifilé, onle coupe
par brins à-peù.-près d’égale longueur ; un ouvrier
prend de ces brins autant qu’il en peut tenir les uns
contre les autres étendus 8c parallèles , de la main
gauche. Voye*; cet ouvrier aiguillier, PI. I.fig. 1. a.
Il eft affis devant un banc. Ce banc- eft armé d’un
anneau fixe à fon extrémité c. Il eft échancré circu*
lairement à fon extrémité b. L’anneau de l’extrémité
c reçoit le bout long, de -la branche d’une ci-*
faille ou force«/. A l’échancrure.circulaire é , eft
ajufté un feau rond-; l’ouvrier tient l’autre branche
de la cifaille de la main droite a , 8c coupe les
brins de fil d’acier qui tombent , dans le feau» Ces
bouts de fil d’acier coupés, paffent entre les mains
d’un fécond ouvrier qui les palme. Palmer les aiguilles
^ c’eft les prendre quatre à quatre, plus ou
moins, de la main.gauche , par le bout qui.doit
faire la pointe, placé entre le pouce 8c l’intervalle
de la troifieme 8c de la fécondé jointure de l’index ,
de les tenir divergentes, 8c d’en applatir fur l’enclume
l’autre bout. Ce bout' fera le cul de Y aiguille.
Foye^fig. 4. un ouvrier qui^alme. Foye{ la
même manoeuvre, même Planche f fig. rS: k eft la
main de l’ouvrier palmeur :./ font les .aiguilles k
palmer fur l’enclumeau. On conçoit aifément que
ce petit applatiffement fera de la place à la pointe
de l’inftrument qui doit percer Y aiguille : mais pour
faciliter encore cette manoeuvre, on tâche d’amollir
la matière. Pour cet effet, on paffe toutes les aiguilles
palmées par le feu , on les laiffe refroidir ;
8c un autre, ouvrier tel que celui qu’on voit fig. 2.
affis devant un billot à trois piés d , prend un poinçon
à percer, l’applique fur une des faces applaties
de Y aiguille, 8c frappe fur le poinçon ; il en fait-au-,
tant à l’autre face applatie, 8c Yaiguille eft percée.
On voit cette manoeuvre féparée, même Planche x
u