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qu’il faudroit plûtôt attribuer cette maùvaife qualité
à une autre elpece d’aimant qui a la couleur de l’argent,
& qui me paroît être une efpece de litarge naturelle
, qu’à l’aimant qui attire le fer.
L’aimant employé extérieurement deffeche, ref-
ferre & affermit ; il entre dans la compofition de l’emplâtre
appellé main de D ieu, dans l’emplâtre noir,
l ’emplâtre divin, & l ’emplâtre ftyptiquede Charras.
Geoffroy. ^
Schroder dit que Vaimant eft aftringent, qu’il arrêté
les hémorrhagies ; calciné, il chaffe les humeurs
groffieres & atrabilaires : mais on s’en fert rarement.
( N ) WÊÊ
Aimant arsenical, magnes arferiicalis , ( Chim.)
c’eft une préparation d’antimoine avec du foufre &
de l’arfénic blanc qu’on met enfemble dans une phio-
l e , & dont on fait la fufion au feu de fable. Les Aigà
chimiftes prétendent ouvrir parfaitemenr l’or par le
moyen de cette compofitioh, qui eft d’un beau rouge
de rubis, après la fufion. ( M)
* AIMORROUS, f. m. ( Hift. nat. ) ferpent qu’on
trouvoit autrefois & qu’on trouve même encore aujourd’hui
en Afrique. L’ effet de fa morfure eft très-,
extraordinaire ; c’eft de faire fortir le fang tout pur
des poumons. M. de laMétrié dans fon commentaire
fur Boerhaave, cite ce fait fur l’endroit des inftitu-
tions oit fon auteur dit des venins, qu’il y en a qui
nuifent par une qualité occulte, & qui exigent de ces
remedes merveilleux appelles Spécifiques, dont la découverte
ne fe peut faire que par hafard. On ne con-
noît la vertu de .1*aimorrous que par expérience
ajoute M. de la Métrie ; l’ expérience feule peut me-,
ner à la découverte des remedes.
AINE, f. f. bâton qu’on paffe à-travers la tête des
harengs, pour les mettre forer à la fumée.
Aine , terme d'Anatomie, c’eft la partie du corps
qui s’étend depuis le haut de la cuiffe jufqu’au-deffus
des parties génitales.
Ce mot eft purement latin, & dérivé félon quelques
uns d’unguen, onguent; parce qu’on oint fou-
vent ces parties : d’autres le dérivent à’ango, à caufe
qu’on fent fouvent des douleurs dans cet endroit :
d’autres d’ingenero, à caufe que les parties de la génération
y font placées. (X- )
AÎNÉ, adj. pris fubft. en' Droit, eft le plus âgé des
enfans mâles, & à qui à ce titre échet dans la fuc-
ceflion de fes perc & mere, .une portion plus confi-
dérable qu’à chacun de fes freres ou foeurs. Voyez
Préciput.
Je dis des enfans mâles ; parce que l’aineffe ne fe
confidere qu’entre mâles, & qu’il n’y a pas de droit
d’aineffe entre filles , fi ce n’eu dans quelques coutumes
particulières, dans lefquelles au défaut d’en-
fans mâles, l’ainée des filles a un préciput. Voyez ci-
deffous Aînesse.
L’ainé ne fe confidere qu’au jour du décès ; enforte
néanmoins que les enfans dé l’ainé, quoique ce foit
des filles, repréfentent leur père au droit d’aineffe.
Il n’eft tenu des dettes pour raifon de fon preci-
put ; & fi fon fief ou préciput eft faifi & vendu pour
les biens de la fucceffion, il doit être récompenfé fur
des autres biens.
L’ainé aies mêmes prérogatives du préciput & de
la portion avantageufe dansles terres tenues en franc-
alleu noble, que dans les fiefs. Voyez Alleu & Fief,
:....................... : M l
AINES & DEMI-AINES, f.. f. ( Orgue. ) ce font les
premières des pièces de peau de mouton Y de forme
de lofange, & les fécondés des pièces X de la même
étoffe, qui font triangulaires ; elles fervent à joindre,
les édifies & les têtieres des foufflets d’orgue. Voyez
Soufflet d’Orgue , &lafigure 2.5. PI. d!Orgue.
AINESSE, f. f. en Droit, priorité de naiffance ou
d’âge entre des enfans nobles, ou qui ont à partager
A I N
des biens poffédés noblement, pour raifôn de; laquelle
le plus âgé des mâles emporte de la fucceffion de fon
pere ou de fa m ere, une portion plus confidérable
que celle de chaqun de fes freres ou foeurs en particulier.
Voyez Aîn é. ■
J’ai dit entre des enfans nobles, ou qui çnt à partager
des biens poffédés noblement, par rapport à la coutume
de Paris, & plufieurs autres femblables : mais il y a
des coûtumes où le droit d’aineffe a lieu, même entre
roturiers, & pour des biens de roture.
Le droit d’aineffe étoit. inconnu aux Romains : il
a été introduit fingulierement en France, pour per-«
pétuer le luftre des familles en même tems que leurs
noms,
Dans la coûtume de Paris, le droit d?aineffe con-
fifte i° . dans un préciput, c’eft-à-dire, une portion
que l’ainé prélevé fur la maffe de la fucceffion avant
que d’entrer en partage avec fes freres & foeurs : &C
ce préciput confifte dans le château ou principal manoir,
la baffe-cour attenant & contiguë audit manoir
; & en outre un arpent dans l’enclos ou jardin
joignant ledit manoir ; le corps du moulin, four ou
preffoir banaux, étant dans l’enclos du préciput de
î’ainé, lui appartiennent auffi : mais le revenu en doit
être partagé entre les puînés, en contribuant par eux
à l’entretenement deldits moulin, four, ou preffoir.,
Peut toutefois l’ainé garder pour lui feul le profit qui
en revient, en récompenfant fes frerês,.....
z°. Le préciput prélevé, voici comme fe partage
le refte des biens : s’il n’y a que deux enfans, l’ainé
des deux prend les deux tiers des biens reftans, & le
cadet l’autre tiers : s’il y a plus de deux enfans, l’ainé-*
de tous prend la moitié pour lui feul, & le refte fe.
partage également entre tous les autres enfans.
S’il n’y avoit pour tout bien dans la fucceffion.
qu’un manoir, l’ainé .le garderoit r mais les puînés;
pourroient prendre fur icelui leur légitime, ou droit
de doiiaire coutumier pu préfixe ; fi mieux n’aimoit
l’ainé, pour ne point voir démembrer fon fief, .leur
bailler récompenfe en argent.
Si au contraire il n’y avoit dans la fucceffion que.
des terres fans, manoir,.l’ainé prendroit pour fon préciput
un arpent avant partage.
S’il y a des fiefs dans différentes coutumes, l’ainé,
peut prendre un préciput dans chaque coûtiiihe fe-,
Ion la coûtume d’icelie ; enforte que le principal manoir
que -l’ainé aura pris pour fon préciput dans un
fief fitué dans la coûtume de Paris, n’empêche pas
qu’il ne prenne un autre manoir dans un fief fitué
dans une autre coûtume,, qui attribuera le,manoir à
l’ainé pour fon préciput.
Ce droit eft fi favorable,. que les pere & mere n’y
fauroient préjudicier en^ucune fâçon, foit p,ar dernière
volçnté, ou par aftes entre-vifs , par confti-
tution de dot ou donation en avancement d’hoirie ,
au profit des autres enfans.
Ce droit fe prend,fur Jes biens fubftitués ,■ même
par un étranger : mais il ne fe prend pas fur les'biens
échûs à titre de doiiaire , & ne marche qu’après la légitime
ou le doiiaire. .
Voyez fur cette matière.la coutume de. P arts, article
jciij. xjv. &C. jufqu’à xjx. inclufivement. C ’eft fur
cette coûtume que fe règlent toutes celles qui n’ont
pas de difpqfitions contraires.
Le droit d’aineffe ne peut être ôté par le pere au
premier né, & tranfporté au cadet, même du contentement
de l’ainé : mais l’ainé peut dé fon propre
mouvement & fans contrainte, renoncer yalidement.
à fon droit : & fi la renonciation eft faite ?yant l’ouverture
de la fucceffion , elle opéré le transport du
droit d’aineffe fur le puîné } ficus, fi elle eft faite après,
l’ouverture de la fucceffion : auquel ca$ elle accroît
au profit de. tous, les enfans , à moins qu’il n’en ait:
fait ceffion expreffe à l’un d’eux,
Les
A J O Les filles n’ont jamais de droit d’aineffe, à moins
qu’il ne leur foit donné expreffément par la coû-
tume. I . . / r j
La repréfentation a lieu pour le droit d'aineffe dans
la plûpart des coûtumes, & Spécialement dans celle
de Paris, où les enfans de l’ainé, foit mâles ou fe*
melles, prennent tout l’avantage que leur pere au-
roit eu.
Obfervez néanmoins que les filles ne repréfentent
leur pere au droit aineffe, que lorfquele défunt n’a
|>as laiffé de frere : feulement elles prennent à ce titre
la part qu’auroit eu un enfant mâle, laquelle eft double
de celle qui revient à une fille.
Quoique la plûpart des coûtumes fe fervent indifféremment
du mot de préciput en parlant du principal
manoir, & de la moitié ou des deux tiers que
l’ainé prend dans les fiefs , néanmoins ce qu’on ap*
pelle proprement le préciput, c’eft le manoir, la baf-
ie-cour ou le vol du chapon ; le refte s’appelle com*
munéfnent la portion avantageufe. Voyez PORTION
avantageufe.
Il y a cette différence de l’un à l’autre, que quand
il y auroit dix terres en fief toutes bâties, dans une
même fucceffion & dans une même coûtume, l’ainé
ne peut avoir qu’un château tel qu’il veut choifir pour
fon préciput, au lieu qu’il prend la portion avantageufe
dans tous les fiefs. (//)
A IO L, fearus varias, f. m. (Hift- nat.) poiffon de
mer appellé en grec eùoXoçy à caufe de fes différentes
couleurs, d’où font venus les noms d’aiol & d’au-
riol. On a auffi appellé ce poiffon rochau, parce qu’il
vit au milieu des rochers, comme les autres poiffons
que l’on appellefaxatiles : celui-ci aies yeux & le bas
du ventre où fe trouve l’anus, de couleur de pourpre
, la queue de couleur bleue, & le refte du corps
en partie verd & en partie noir-bleuâtre ; les écailles
font parfemées de taches obfcures. La bouche eft petite
, les dents larges ; celles de la mâchoire fupérieu-
re font ferrées, & celles de la mâchoire inférieure
font éloignées les unes des autres, & pointues. Ce
poiffon a fur le dos, prefque jufqu’auprès de la queue,
des aiguillons pofés à des diftances égales, & qui
tiennent à une membrane mince qui eft entr’eux. Il
y a auffi à la pointe de chaque aiguillon une autre
petite membrane qui flote comme un étendard. Les
nageoires qui font auprès des oiües, font larges &
prefqu’ovales. Il y a deux taches de couleur de pourpre
fur le milieu du ventre. Ce poiffon eft un des plus
beaux que l’on puiffe voir ; fa chair eft tendre & délicate
: on en trouve à Marfeille & à Antibe. Rondelet.
VoyeiP oisson. (/)
AJOURÉ, adj. terme de Blafon ; il fe prend pour
une couverture du chef, de quelque forme qu’elle
foit, ronde, quarrée, en croiffant, &c. pourvûqu’elle
touche le bout de l’écu. Il fe dit encore des jours
d’une tour & d’une maifon, quand ils font d’autre
couleur.
Viry en Bourgogne , de fable à la croix anehrée
d’argent, ajourée en coeur, en quarré , c’eft-à-dire
ouverte au milieu : ce font des croix de fer de moulin.
(V )
AJOURNEMENT, voye{ Adjournement.
AJOUTÉE ou A CQUISE, adj. pris fubft. c’eft,
dans la Mufique des Grecs, la corde ou le fon qu’ils
appelloient proflambanomenos. Voyez ce mot.
Sixte ajoutée , voyeç SlXTE. (S)
* AJOUTER , AUGMENTER. On ajoute une
chofe à une autre : ou augmente la même. Ajouter
laiffe une perception diftinfte des chofes ajoutées :
Jorfquej’ai ajouté une fomme connue à une autre
fomme connue, j’en vois deux. Augmenter ne laiffe
pas cette perception ; on n’a que l’idée du tout, lorf-
qu’on augmente l’eau contenue dans un baffin. Auffi
3»* l’abbé Girard a-t-il dit très-heureufement, Syn,
Tome I,
A I R m
fianç. bièfl des gens ne font point fcrupide, pdtir aitg*
menter leur b ien, d’y ajouter celui d’autrui. Ajouteé
eft toûjours aftif ; augmenter eft quelquefois nelitre»
Notre ambition augmente avec notre fortune ; à peine
avons-nous une dignité, que nous penfons à y en
ajouter une autre. Voye^ Syn. franç. L’addition eft de
parties connues & déterminées ; Y augmentation, de
parties indéterminées.
AJOUX, f. m. fe dit , parmi les Tireurs d'or, d<3
deux lames de fer entre lefquelles font retenues les
filières & les précatons. V ^ { F ilières & Préca-
tgns.
A IR , f. m. eft un corps leger, fluide, tranfparent^'
capable de compreffion & de dilatation, qui couvre
le globe terreftre jufqu’à une hauteur confidérable^
Voye{ T erre & T errestre, Ce mot vient du grec
àüp, qui fignifie la même chofe.
Quelques anciens ont confidéré ÎW comme un
élément ; mais ils ne prenoient pas le mot élément
dans le même fens que nous» Voye[ Elément.
Il eft certain que l’air pris dans fa lignification or-*
dinaire, eft très-eloigné de la fimplicité d’une fubftan-
ce élémentaire, quoiqu’il puiffe avoir des parties qui
méritent cette dénomination ; c’eft pourquoi on peut
diftinguer Y air en air vulgaire ou hétérogène , tk. est
propre ou élémentaire.
L’air vulgaire ou hétérogène eft un affemblage de
corpufcules de différentes fortes, qui toutes enfemble
conftituent une maffe fluide dans laquelle nous vivons
& nous nous mouvons, & que nous infpirons & expirons
alternativement. Cette maffe totale eft ce que
nous appelions atmofphere. Voyeç Atmosphère»
A la hauteur où finit cet air ou atmofphere * cOm*
mence l’éther, félon quelques philofophes» Voyez
Ether & Réfraction,
Les fubftances hétérogènes dont Y air eft compofé,
peuvent fe réduire à deux fortes ; favoir i°. la matière
de la lumière ou du feu qui émane perpétuellement
des corps céleftes. Voyez ^EU. A quoi quelques phy-
ficiens ajoûtent les émanations magnétiques de la
terre, vraies ou prétendues. Voyez Magnétisme.
z°. C e nombre infini de particules qui s’élèvent ert
forme de vapdurs ou d’exhalaifons feches de la terre ,
de l’eau, des minéraux, des végétaux, des animaux,
&c. foit par la .chaleur du foleil, ou par celle des feux
foûterrains, ou par celle des foyers. Voyez Vapeur
& Exhalaison.
L’air élémentaire, Ou air proprement d it, eft une
matière fubtile, homogène & élaftique , qui eft la
bafe, pour ainfi dire, & l’ingrédient fondamental
de tout Y air de l’atmolphere, & qui lui donne fon
nom.
On peut reconnoître Y air proprement d it, à une
infinité de earaûeres : nous en allons ici expofer
quelques-uns»
i*?. Lorfqu’on renferme Y air dans quelque vaiffeaii
de métal ou dans un verre , il y refte fans qu’il lui
arrive aucun changement, (k. toûjours fous la forme
d’air : mais il n’en eft pas de même des vapeurs ; car
dès qu’elles deviennent froides, elles perdent toute
leurelafticité, & vont s’attacher tout-autour des parois
internes du verre, d’où elles dégouttent & tom-*
fient enfuite en-bas ; de forte que les verres , & les
vaiffeaux , qui auparavant étoient remplis de va-*
peurs élaftiques, fe trouvent enfuite comme vuides.
Il en eft à-peu-près de même des exhalaifons des autres
corps, qui fe diflipent avec le tems, & fe perdent
en quelque maniéré, lorfque leurs parties, après
avoir perdu l’élafticité qu’elles avoient,. viennent à
fe réunir &. à ne faire qu’un corps. Cela paroît par
plufieurs expériences qui ont été faites par M. Boylq
avec Y air que l’on tire des raifins , de la pâte de farine
, de la chair, & de plufieurs autres corps, Gela fe
confirme auffi par les expériences dont M* Haies %