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fixe la lignification de ante. J’ai ditqu’en ces occa-
fions ce n’étoit que par un ufage arbitraire que l’on
donnoit au nom déterminant la terminaifon de Yac-
cufatif ; car au fond ce n’eft que la valeur du nom qui
détermine la prépofition : & comme les noms Latins
& les noms Grecs ont differentes terminaifons,
il falloit bien qu’alors ils en eufîent une ; or l’ufage a
confacré la terminaifon de Yaccufatif après certaines
prépofitions, & celle de l’ablatif après d’autres ; &
en Grec il y a des prépofitions qui fe conftruilent auf-
fi avec le génitif.
Le troifieme ufage de Yaccufatif eft d’être le fuppôt
de l’infinitif, comme le nominatif l’eft avec les modes
finis ; ainfi comme on dit à l’indicatif Petrus legit,
Pierre l i t , on dit à l’infinitif Petrum legere , Pierre Lire,
ou Petrum Legiffe, Pierre avoir lu. Ainfi la conftru&ion
de l’infinitif fe trouve diftinguée de la conftruftion
d’un nom avec quelqu’un des autres modes ; car avec
ces modes le nom fe met au nominatif.
Que fi l’on trouve quelquefois au nominatif un
nom conftruit avec un infinitif, comme quand Horace
a dit patiens vocari Coefaris ultor, au lieu depatiens
te vocari ultorem ; c’eft ou par imitation des Grecs qui
confiruifent indifféremment l’infinitif, ou avec un
nominatif, ou avec un accufatif, ou bien c’efl par attraction
; car dans ce partage d’Horace, ultor eft attiré
par patiens , qui en au même cas que filius Maice
tout cela fe fait par le rapport d’identité. Foy. C ons-
TRÜCTION.
Pour épargner bien des peines, & pour abréger
bien des réglés de la méthode ordinaire au fujet de
Yaccufatif^ obfervez :
i° . Que lorfqu’un accufatif eft conftruit avec un
infinitif, ces deux mots forment un fens particulier
équivalent à un nom, c’eft-à-dire, que ce fens feroit
exprimé en un feul mot par un nom, fi un tel nom
avoit été introduit & autorifé par l’ufage. Par exemple
, pour dire Herum ejfe femper lenem , mon maître
eft roûjours doux, Terence a dit herifemper lenitas.
2° D ’où il fuit que comme un nom peut être le fii-
jet d’une propofition, de même ce fens total exprimé
par un accufatif avec un infinitif, peut aufîi être
& eft fouvent le fujet d'une propofition.
En fécond lieu, comme un nom eft fouvent le terme
de l’a&ion qu’un verbe aû if tranfitif lignifie, de
même le fens total énoncé par un nom avec un infinitif
eft aufîi le terme ou objet de l’aéiion que ces fortes
de verbesexpriment. Voici des exemples de l’un&
de -l’autre, & premièrement du fens total qui eft le
fujet de la propofition ; ce q u i, ce me femble , n’eft
pas a fiez remarqué. Humanam rationem proecipitadoni
& proejudicio ejfe obnoxiam fatis compertum efl. Cailly ,
Phil. Mot à m ot, l’entendement humain être fujet à
la précipitation & au préjugé eft une chofe allez connue.
Ainfi la conftruCHôri eft , hoc , nempe humanam .
rationem ejje obnoxiam prcecipitationi & proejudicio , eft
X^ptcfeu negotium fatis compertum. Humanam rationem
ejfe obnoxiam proecipitadoni & proejudicio , voilà le
fens total qui eft le fujet de la propofition ; efl fatis
compertum en eft l’attribut. •
Caton dans Lucain, liv. II. v.z.88. dit que s’il eft
coupable de prendre le parti de la république , ce
fera la faute des dieu■ x..CrimeneritSuperis & me feciffe
nocentem. Hoc, nempe deos féciffe me nocentem, de m’avoir
fait coupable ; voilà le fujet dont l’attribut eft
trit crimen Superis. Plaute , Miles gl. acl. I I I . fcen.j.
v. toc,, dit que c’eft une conduite louable pour ùn
homme de condition qui eft riche, de prendre foin
lui-même de l’éducation de fes enfans ; que c’eft
élever un monument à fa maifon & à lui - même.
Laus eft.magno in genere & indivitiis maximis libefos \
hominemeducare, generi monumentum &Jîbi. Conftrui-
fez, hominem- conjlitutum magno in genere 6* divitiis
maximis educare liberos , monumentum generi & Jibi
A C C
I hoc , inquam, ejl laus ; ainfi efl laus efl l’attribut, &
les mots qui précèdent font un fens tota l, qui eft le.
fujet de la propofition.
Il y a en François & dans’ toutes les langues un
grand nombre d’exemples pareils ; on en doit faire la
conftruftion fuivant le même procédé. I l eft doux de
trouver dans un. amant qu’on aime, un époux que
l’on doit aimer, Quinaut. I l , illud, à favoir Y avait,
tage , le bonheur de trouver dans un amant qui on aime un
epoux que L'on doit aimer : voilà un fens total, qui eft
le fujet de la propofition ; on dit de ce fens total de
ce bonheur, de ce i l , qu’i/ efl doux ; ainfi eft doux, c’eft
l’attribut.
Qtiam bonum eft correptum manifejlare poenitentiam!
efl negotium quam bonum.Eccli, c. xx. v. 4. conftruifez:
hoc, nempe hominem correptum manifejlare poenitentiam.,
efl negotium quàm bonum. Il eft beau pour celui qu’on
reprend de quelque faute , de faire connoître fon repentir.
11 vaut mieux pour un efclave d’être inftruit
que de parler, plus frire fatius efl quàm loqui hominem
fervum. Plaute, acl. I. fcen.j. v. Sy. conftruifez : hoc ,
nempe hominem fervum plus feire , eft fatius quam hominem
fervum Iqqui. Homines ejfe amicos Dei , quanta ejl
dignitas ƒ Qu’il eft glorieux pour les hommes , cfit;
Saint Grégoire le Grand, d’être les amis de Dieu ! oh
vous voyez que le fujet de la propofition eft ce fens
total, homnes ejfe amicos Dei. Le même procédé peut
' faire la conftru&ion en François, Sc dans quelqu’au-
tre langue que ce puiffe être. I l , illud, à l'avoir d’être
les amis de D ieu , eft combien glorieux pour les
hommes ! Mikifemperplacuit non rege folum ,fedrçgno
liberari rempublicam. Lett. v u . de Brutus à Cicéron.
Hoc , fcilicet rempublicam liberari nonj'olum , à rege
fed regno, placuit^ miki. J’ai toujours fouhaité que la
république fût délivrée non-feulement du r o i, mais
meme de l’autorité royale.
} Je pourrois rapporter Un bien plus grand nombre
•d’exemples pareils (Y accufatif s quiforment avec un
infinitif un fens qui eft le fujet d’une propofition : paf-
fbns à quelques exemples où le fens formé par un accufatif
& un infinitif, eft le terme de l’adion d’un
verbe aélif tranfitif.
A l’égard du fens total-, qui eft le terme de l’aftion
d un verbe a ftif, les exemples en font plus communs.
Futote ejfe doclum ; mot à mot J e crois toi êtrefavant :
& félon notre conftrufrion ufuelle, je crois que vous
etesfiavant. Speratfepalmam ejfe relaturum; il efpere
foi etre celui qui doit remporter la vifrôire, il efpere
qu il remportera la viftoire.
La raifon de ces acoufatifi Latins eft donc qu’ils
forment un fens qui eft le terme de M o n d’ud ver-
ie .a â i f ; c’eft donc par l’idiotifme de l’une & de l’autre
la.ngue qu’il faut expliquer ces façons de parler,
.& non-par les réglés ridicules Auqucretranché.
A l’égard du François,«ôûs n’avons ni déclinaifon
ni cas ; nous ne faifonstufage que de la (impie dé .
nomina tion des noms, qui ne varient leur terminai-
-fon que pour diftinguer le pluriel du fiiigulier. Les
rapports ou vues de l’efprit que les Latins font con.
■ noitre par la différence de la terminaifon d’un même
nom , nous les marquons , ou par la place du mot
ou par le fedoiirS des prépofitions. Cîeft ainfi que
nous marquons le rapportîde lW i/ â n / en. plaçant
le nom aprèsle verbe. Augujic vainquit Antoine , le
travailfilrpàjfoït lamdüefc, 11 n’y a fur ce point que
quelques pb'fervations à-faire par rapport aux pronoms.
Voy. A r t ic l e , C as , C o n s t r u c t io n . (F \
ACCUSATION, f. f. ehjDroit, eftlaîffélationd’un
crime ou délit -faiteen juftiee, oii par une partie privée
f ou par la partie publique , c’eft-à-dire le procureur
général ou fon fubftitut. Voyer^ A c t io n &
I n f o r m a t io n . Ce mot vient du Latin aeeufatio .
qui fignilie la même chofe.
Chez les Romains il n’y avoit point d’aeçufateur
A C C public pour lés crimes publics : chaque particulier j
ioitqu’i ly fûtintéreflé ou non, en pouvoit pourfui-
vre la vindiâe : mais Yaccufadon des crimes privés
n’étoit recevable qu’en la bouche de ceux qui y
avoient intérêt. Perfonne, par exemple, ne pouvOit
accufer une femme d’adultere que fon mari ; & cette
loi s’obferve encore parmi nous, au moins dans ce
cas particulier. Foye^ Adultéré.
Le terme (Yaccufadon n’avoit lieu même qu’à l’égard
des crimes publics : la pourfuite d’un crime ou
délit particulier s’appelloit Amplement action. Foye{
A ction.
Caton , le plus honnête homme de fon fiecle , fut
accufé quarante-deux fois, & abfous autant de fois.
Foye[ Absolution.
Quand l’accufé accufe fon accufateur , cela s’appelle
récrimination , laquelle n’eft point admife que
l’accufé n’ait commence par fe purger. Foye^ Récrimination.
Les lois cruelles del’inquifition exigent de l’accufé
qu’il s’accufe lui-même au crime qu’on lui impute.
Foye[ Inquisition.
C ’étoit autrefois la coutume dans quelques parties
de l’Europe, Iorfque Yaccufadon etoit grave ,
qu’on la décidât par le combat, ou qu’on obligeât
Faccufé à fe purger par. ferment ; ferment qui neanmoins
ne fufiifoit pas pour le purger, à moins qu’un
certain nombre de fes voifins ou de fes connoiflances
ne juraflent conjointement avec lui. Foye^ Duel ,
C ombat , Serment , Purgation , &c.
C ’eft fans doute par une fuite de cet ufage qui a
été long-tcms en vigueur en Angleterre , qu’on y
appelle encore celui qui s’intérefiant à la perfonne
d’un mort, fe porte accufateur du meurtrier, appel-
lant, & l’accufé appelle, )
A CCUSÉ, en Droit, eft celui qu’on pourfuit en
juftiee pour la réparation d’un crime qu?on lui impute.
Il eft de l’eflence de la procédure criminelle,
qu’il fait entendu avant que d’être jugé , fi ce n’eft
qu’il foit contumax ou reftife de répondre ; auxquels
cas, après l’avoir fommé de fe repréfenter ou de répondre
, on pafie outre au jugement du procès. Il
doit répondre préfent & en perfonne , & non pas
par procureur, fi ce n’eft qu’il ne fût pas le François,
auquel cas on lui adjoindroit un interprète qui ex-
pliqueroit fes réponfes au juge. Foye{Interprète,
Muet , & Contumax.
11 n’eft point reçu à ufer de récrimination, qu’il
n’ait purgé l’accufation contre lui intentée.
\Iaccufé meurt integri fta tû s , c’eft-à-dire, fans fié-
trifîure, lorfqu’il meurt avant le jugement de fon procès,
nonobftant que les informations fulfent achevées
& qu’elles fulTent concluantes contre lui .; nonobftant
même qu’il fût déjà condamné par les premiers
juges , pourvu que l’appel n’ait point encore
été confirmé par des juges fouverains , fi ce n’eft que
l’accufation ait pour objet un crime de lefe-majefté.
Et par conféquent fes biens ne font pas fujets en ce
cas à: confifcation : ce qui n’empêche pourtant pas
que la partie civile ne puilfe répéter fes dommages
& intérêts contre les héritiers; lefquels n’ont d’autre
moyen de s’en faire décharger, que de purger la mémoire
du défunt. F o y ei Mémoire.
Un ecclefiaftique accufé■ ne peut point réfigner,
quand le crime emporte la privation de fon bénéfice.
(H )
A C C U T S , terme de Chajfe , fe dit des endroits les
plus reculés des terriers:des renards $c des bféreaux ;
& aififiçlesdieiix les plus enfoncés, où l’on oblige le
gibier,de fe retirer.
A c c u t s , font aufîi les bouts des forêts & .des
grands pays de bois.
A C É , 1. f. {Géog, a ne, ) ville de Phéniciéï Voye,
P tolémaïs,. ■ S " x
A C E 93
ACËNSE, f. (. terme de Coutumes , eft un héritage
ou ferme qu’on tient d’un feigneur , moyennant un
cens Ou autre pareille redevance annuelle à perpétuité
ou à longues années, comme eh vertu d’un bail
emphitéotique ou d’un bail à rente. (H )
ACENSEMENT, i m. terme de Coutumes, tenue
ou tenure d’un fonds ou d’un héritage à titre d’acen-
fe. Foyei ci-dejfus A c en s e . , (H )
ACEPHALE, f. m. à x l ç«tXoç, qui nia point de chef
ou de tête, mot formé du Grec, favoir dV privatif, 8c
de xsip*XH, tête. On l’employe dans le fens propre pour
exprimer des êtres vivans fans tête , s’il en exifte ;
car il paroit que c’eft fans fondement que les anciens
naturaliftes ont avancé qu’il y avoit des peuples entiers
agilfans fans cette partie du corps humain. Pline
les nomment/« Blemmyes.Borel, favant médecin, a
réfuté cette fable, fur la relation d’un voyageur, fon
parent. Mais on trouve fouvent des infectes & des
vers qui vivent fans tête. Foye^ V e r s .
Acéphale fe dit plus ordinairement dans un fens
figuré d’un corps fans chef. Ainfi l’on appelle acéphales
des prêtres qui fe fouftrayent à la dilcipline & à
la jurifdiétion de .leur évêque, & des évêques qui refirent
de fe foûmettre à celle de leur patriarche.
F o y e i E x e m p t io n & Pr iv i l è g e .
On a encore donné ce nom aux monafteres ou
chapitres indépendans de la jurifdiction des évêques;
fur quoi Geoffroi, abbé de Vendôme, fit cette ré-
ponfe au commencement du x n fiecle : « Nous ne
» fommes point acéphales , puifque nous avons Je-
» fus - Chrift pour chef, & après lui le pape ». Raifon
illufoire, puifque non-feulement tout le clergé
, mais encore les laïcs auroient pû la prétexter
pour fe fouftraire à la jurifdiétion des ordinaires.
Aufîi les conciles & les capitulaires de nos rois prononcent
ils des peines très-grieves contre les clercs
acéphales.
L’hiftoire eccléfiaftique fait mention de plufieurs
feétes défignées par fe. nom d’'acéphales. D e ce nombre
fon t, i° . ceux qui ne voulurent adhérer ni à
Jean, patriarche d’Antioche , ni à S. Cyrille d’Alexandrie
, dans la difpute qu’ils eurent après l’aflem-
blée du concile d’Ephefe : x° . certains hérétiques du
cinquième fiecle, qui fuivirent d’abord les erreurs
de Pierre Mongus , évêque d’Alexandrie , puis l’a-
bandonnerent, parce qu’il avoit feint de fouferire
aux décifions du çoncilé de Chalcedoine ; ils foûte-
noient les erreurs d’Eutychés ( Eut y chien)-:
3°. lès fëttateurs de Se'vere, evêque d’Antioche, &
généralement tous ceux qui refiifoient d’admettre le
concile de Chalcedoine. Foyeç Se v e r ie n s , *
Quelques jurifconfult.es appellent aufîi acéphales
les pauvres gens qui n’ôht aucun feigneur propre ,
parce qu’ils ne pofledérit aucun héritage, à raifon
duquel ils puiflent relever du r o i d ’un baron , d’un
évêque, ou autre feigneur féodal. Ainfi dans les lois
d’Henri I. roi d’Angleterre j .on entend par acéphales ,
lés citoyens q u i, ne pofîedant aucun domaine, né
relèvent d’aucun feigneur en qualité de vaflaux. D u
Cange, Gloffar, latïnit. (H')
ACERBE, adj. efpece de faveur mixte qui con-
fifte en un goût sûr , avec une pointe piquante ÔC
aftrihgenteï Foye^ Go û t .
T el eft le goût des. poires,, du raifin & de la plupart
des autres fruits avant leur maturité. Foye^
Fr u i t , &c.
Les Medec.ins entendent.ordinairement par acerbe
une faveur intermédiaire entre l’acide & l’amer.
F o y e ^ A c id e & A s t r in g e n t .
ACERENZÂ àu CIRENZA , f. ville du royaume
de Naples, capitale de la Bafilicate furfeBranduno ,
au pie.çfe l’Apennin. Long, j j . 40. lat. 46.48.
A CÉRER, v . a£t. ( Serrurerie & Taillanderie.') c’eft
foudèr un morceau d’acier à l’extrémité d’un mor