C i z A R E
extrémités brutes. Il y a des ardoifes de quelques autres
qualités, mais dont on ne fabrique guere : entre
ces ardoifes , on peut compter la fine , qui eft affez
propre à couvrir des dômes, parce qu’elle a une convexité
qui lui vient, non de l’ouvrier, mais de la
pierre dont les couches font convexes.
Comme la grandeur de la quarrée eft déterminée,
on feroit tenté de croire que les ouvriers prennent
quelque précaution pour la couper : cependant il n’en
eft rien ; ils ont une fi grande habitude à donner à
Y ardoife, de chaque efpece ou forte, les dimenfions
qui lui conviennent, qu’ils s’en acquittent très-exactement
fans la moindre attention.
Les»monceaux 6 , 6 , 6, font les déchets des ouvriers
qui fabriquent Yardoife. Les ouvriers 8 , 8 , 8 ,
6>c. tranfportent cesdéçhets dans des hottes.
La maifon E , autour de laquelle on travaille, vignette
II. Planche I. eft celle du clerc de la carrière.
Ce clerc gouverne l’ouvrage, tient les livres, rend
compte aux intéreffés, &c. Celle qui lui eft voifine
eft une forge oit des forgerons font continuellement
occupés à la réparation des outils qui fe gâtent dans
la carrière.
On voit 3fig. 18. une ardoife taillee en écaille, 8c
fig. 20. & /j$i. les outils dont le Couvreur fe fert
pour la tailler, avec la maniéré dont il la difpofe,
en 22. f 22 f 21 y 2.1.
Les ardoifes peuvent encore être confidérées félon
leurs échantillons. La grande quarrée forte 'fait le
premier échantillon ; on dit que le millier couvre environ
cinq toifes d’ouvrage : la grande quarrée fine
fournit par millier cinq toifes 8c demie, 8c fait le fe-
cond échantillon: la petite fine environ trois toifes
par millier, 8c eft du troifieme échantillon : la quatrième
, qu’on appelle quartelette, fait le quatrième
échantillon, 8c donne deux toifes & demie de couverture.
Nous finiflons ici cet article des ardoifes, où
nous avons fuiyi Y ardoife du fond de la carrière jufque
fur les toits.. ;
A r d o ise s ; elles fervent aux Paffementiers pour
les liantes liftes , au lieu de platines. Voye{ P l a t
in e .
* ARDONA, ( Géog. ) ville autrefois, maintenant
village de la Capitanate, province du royaume
de Naples.
* ARDRA, ANDRA, ou ORDRA, (Géog,') ville
d’Afrique dans la Guinée. Il y a aufli un royaume
de ce nom en Guinée, entre la riviere de Volta 8c
le lac de Duranto. Ardra en eft la capitale.
* ARDRES, (Géog.) ville de France dans la baffe
Picardie, au milieu des marais. Long. ig. 30. lat.
60. 26.
* ARDSTIN ou STINCHARD, (Géog.) petite
riviere d’Ecoffe qui fe décharge dans le golfe de
Cluyd, vis-à-vis de la pointe de la prefque île,de
Cantyr.,
* AREB, ( Comm.) monnoie de compte dont on
fe fert dans les états du grand Mogol, & fur-tout
à Amadabath.
Uareb vaut 25 lacs , ou le quart d’un crou , ou
2500000 rouptes. Voye{ C r q u , L a c s , R q u p t e ..
* AREKCA, (Géog.) port de la mer Rouge, à
22 lieues de Suaquem.
* AREMBERG, (Géog.) petite ville d’Allemagne
dans.le cercle de "Weftphalie, fur la riviere d’Ahr,
capitale du comté de même nom, incorporé au cercle
du bas Rhin, 8c érigé en principauté par l’empereur
Maximilien II..Long. 2 4.3 j . lat.60. 2 j .
ARENE, arena, (Hifl. nat.foJfY) amas de particules
de pierres, formé du débris des matières lapi-
difiques calcinables. L’arene , le gravier, & le fable
calcmable,. font de la même fubftance , & ne different
que par la groffeur des grains. Le cours des
eaux, l’attion de la gelée, l’impreflion de. l’air, &c.
A R E
réduifent peu-àvpeu les pierres en petites parties plus
ou moins fines : les plus petites forment le fable cal-
cinable ; les plus groffes font du gravier ; & on a
donné le nom d'arene à celles qui font plus groffes
que le fable, 8c plus petites que le gravier. On a aufli
divifé Yarene en fofjile, fiuviatile, & marine: mais
quelle différence y a-t-il entre Yarene qui fe trouve
dans les terres, ou celle qui eft fur les côtes de la
mer ou dans les lits des rivières ? Leur origine 8c leur
nature ne font-elles pas les mêmes ? & à quoi fervent
en Hiftoire naturelle toutes ces divifions arbitraires?
Vid: Terra Mufai reg. Drefdenjis aut. Gott-lieb. Sud-
wig. pag. yS. f^oye^ Pie r r e . ( I )
A r e n e , (Hift. anc.) partie de l’amphithéatre des
Romains. C ’étoit une vafte place fablee oii combat?
toient les gladiateurs ; d’où eft venue l’expreflion in
arenam defeendere , pour fignifier fe préfenter au combat.
Le fable dont Y arene étoit couverte, outre qu’il
amortiffoit les chûtes, fervoit encore aux athlètes à
fe frotter, pour donner moins de prife à leurs adver-
faires. D ’autres prétendent qu’on avoit pris la précaution
de fabler l’amphithéatre, pour dérober aux
fpe&ateurs la vue du fang qui couloit des bleffures
des combattans. On dit que Néron porta l’extravagance
jufqu’à faire couvrir Y arene de fable d’or : cette
partie du cirque étoit pour les gladiateurs ce que le
champ de bataille étoit pour les foldats ; 8c de-là leur
vint le nom dYarenarii. Voye{ G l a d ia t e u r . (G)
ARENER, v . paff. terme d'Architecl. fe dit d’un bâti
ment quis’eft affaifle, qui a baiffé, n’étant pas bâti
fur un fonds folide. On dit : ce bâtiment efl arené. (P )
* ARENSBERG, (Géog.) ville d’Allemagne dans
le cercle de Weftphalie, fur la Roer. Long. 2 J. 60.
lat. 3 lit 26.
* ARENSBOURG, ( Géog. ) ville maritime de
Suede dans la L ivonie, dans ï î le d’Ofel, fur la mer
Baltique. Long. 40. 20* lat. 68. 16.
* ARENSWALDE, (Géog.) ville d’Allemagne
dans la nouvelle Marche de Brandebourg, fur le lac
Sla vin, frontière de la Poméranie. Long. 32 .22. lat. BRI H HH HH AREOLE, f. f. eft un diminutif a aire, 8c lignifie
petite furface. Voyeç AlRE & SURFACE. (E)
A r é o l e , en Anatomie , eft ce cercle coloré qui
entoure le mammelon. Voyeç M a m m e l l e , Ma m -
m e l o N , &c.
Ce cercle eft d’un rouge agréable dans les filles,
un peu plus obfcur ou d’un rouge pâle dans les jeunes
femmes, & tout-à-fait livide dans les vieilles.
On remarque fur les aréoles, tant des hommes que
des femmes, des tubercules dont, la fituation n’eft
pas confiante. Bidloo a obfervé qu’il s’écouloit de
ces tubercules, lorfqu’on les comprime, une humeur
limpide. Morgagni, adv. Anat. I .p . 11. ajoute
qu’il s’en écoule quelquefois une humeur fort fem-
blable au petit-lait, 8c qu’il a même fait fortir de ces
tubercules quelques gouttes de lait, dans les hommes
comme dans les femmes : il dit même avoir vû des
conduits laiteux dans trois femmes,tels que font ceux
de la papille qui y aboutiffent, defquels il a fait for-
tir à plufieurs reprifes des gouttes de lait. (L )
ARÉOMÈTRE, f. m. mot dérivé dVpa/o'ç, tennis,
8c de fxlipov, menfura. On appelle aréomètre un infiniment
qui fert à mefurer la denfité ou la pefanteur des
fluides. Voye^Flu id e , G r a v i t é , P e s a n t e u r , &
D e n s it é .
L’aréomètre ordinairement eft de verre ; il confifte
en un globe rond 8c creux, qui fe termine en un
tube long , cylindrique, & petit;.on ferme ce tube
hermétiquement , après avoir fait entrer dans le glor
be autant de mercure qu’il en faut pour fixer le tube
dans une pofition verticale, lorfque l’inftrument eft
plongé dans l’eau. On divife ce tube en degrés,,confine
00 voit PL .de Pneumat.fig, 18. 8c l’on eftime la
pefanteur
A R E
pefanteur d’un fluide, par le plus ou le moins de profondeur
à laquelle le globe defeend ; enforte que le
fluide dans lequel il defeend le moins bas eft le plus
pefant ; 8c celui dans lequel il defeend le plus bas, le
plusleger.
En effet, c’eft une loi générale, qu’un corps pefant
s’enfonce dans un fluide, jufqu’à ce qu’il occupe dans
ce fluide la place d’un volume qui luifoit égal en pefanteur
: de-là il s’enfuit que plus un fluide eft den-
fe , c’eft-à-dire, plus il eft pefant, plus la partie du
fluide, qui fera égale en poids à Y aréomètre^ fera d’un
petit volume, & par conféquent le volume de fluide
que Y aréomètre doit déplacer fera aufli d’autant plus
petit, que le fluide eft plus pefant : ainfi plus le fluide
êft pefant, moins Y aréomètre doit s’y enfoncer. II doit
donc s’enfoncer moins dans I’éau que dans le vin ,
moins dans le vin que dans l’eau-de-vie, &c. comme
il arrive en effet.
Il y a un autre aréomètre de l’invention de M.
Homberg : on en trouve la defeription fuivante dans
les Tranfacl. philof. n°. 2C2. A 3fig. ig . eft une bouteille
de verre ou matras dont le col CB eft fi étroit,
qu’une goutte d’eau y occupe cinq ou fix lignes ; à
côté de ce col eft un petit tube capillaire D de la
longueur de fix pouces, 8c parallèle au col CB. Pour
rempli? ce vaifleau, on verfe la liqueur par l’orifice
B y dans lequel on peut mettre un petit entonnoir :
on verlera jufqu’à ce qu’on voye fortir la liqueur
par l’orifice D , c’eft-à-dire, jufqu’à ce qu’elle foit
dans le col C B , à la hauteur C; par ce moyen on
aura toujours le même volume ou la même quantité
de liqueur; & conféquemment om pourra trouver
par le moyen d’une balance, quelle e ft , parmi les
différentes liqueurs dont on aura rempli cet aréomètre
y celle dont la pefanteur abfolue eft la plus grande
, ou qui pefe le plus.
Il faut avoir quelqu’égard à la faifon de l’année ,
8c au degré de chaleur ou de froid qui régné dans
l ’air ; car il y a des liqueurs que la chaleur raréfie ,
8c que le froid condenfe beaucoup plus que d’autres,
8c qui occupent plus ou moins d’efpace, félon qu’il
fait plus ou moins chaud ou froid. Voye^ Pesanteur
sp é c if iq u e , Ra r é fa ct io n , &c.
A l’aide de cet infiniment, fon favant auteur a
conftruit la table fuivante, qui montre, tant pour
l’été que pour l’hyver, les différentes pefanteurs fpé-
cifiques des fluides, dont l’ufage eft le plus ordinaire
en Chimie.
A R E OME T R E PESÉ EN ÉTÉ j, EN h y v :ER.
plein de One. Drag. Gr. Ont. Drag. Gr.
Vif-argen t........... OO 06 I I OO 31
Huile de tartre . . . OI 03 08 OI 03 31
Efprit d’urine . . . . OI OO 31 OI OO 43
Huile de v itrio l. . . OI 03 58 OI 04 03
Efprit de nitre . . . . OI OI 40 01 OI 70
S e l ...................... OO 39 01 OO 47
E a u - fo r te ........... OI 38 OI 01 55
Efprit-de-vin . . . . OO 0 6 47 OO 06 61
Eau de riviere . . . OO 07 53 OO 07 57
Eau diftillée . . . . ,. 80. °7 5° 00 07 54
L’inftrument vuide pefoit une dragme vingt-huit
grains.
Une autre méthode pour connôître le degré de
pefanteur d’un fluide, eft de fufpendre une maffe de
verre maflif & de figure ronde à un crin de cheval,
que l’on attache au-deffous- d’un petit plat cette
maffe ainfi fufpendue dans l’air à une balance bien
jufte, demeure en équilibre avec un poids fait en
forme de baflin, & fufpendu à l’autre bras de la
balance ; on plonge enfuite le corps de verre dans
Tome J.
A R E 633
la liqueur dont on veut examiner la pefanteur, &
fur le champ l’autre bras de la balance s’élève 8c devient
plus leger, parce que le corps de verre a perdu
dans la liqueur une partie de fon poids : on met
enfuite fur le petit plat auquel le crin de cheval eft
attache, autant de poids qu’il en faut pour que l’équilibre
foit rétabli ; & ces poids ajoutés indiquent
ce que la maffe de verre a perdu de fort poids dans
la liqueur : or le poids que ce corps a perdu eft égal
au poids d’un pareil volume de la liqueur ; donc on
connoît par-là ce que pefe Un volume de la liqueur
égal à celui du petit corps de verre.
M. Muffchenbroek paroît préférer cette derniere
méthode à toutes les autres qu’on a imaginées pour
pofer les liqueurs. Il prétend que la métode de M.
Homberg en particulier a fes inconvéniens, parce
que la vertu attrattive du tuyau étroit fait qiie la
liqueur y monte plus ha>:t que dans le col large ; &
comme les liqueurs ont une vertu attra&ive différente
, il devra y avoir aufli une grande différence
entre leurs hauteurs dans le col large, lorfqu’elles fe
feront élevées jufqu’à l’orifice du tuyau étroit.
Si au haut de la tige de Y aréomètre on met quelque
petite lame de métal, &c. il s’enfonce plus avan t,
quoique dans la même liqueur. En effet, la partie
plongée de Y aréomètre foûleve autant de liqueur qu’il
en faut, pour faire équilibre à l’inftrument entier. S’il
pefe une once, par exemple , il foûleve moins d’eâit
que de v in , quant au volume, parce qu’il faut plus
de vin que d’eau pour le poids d’une once ; 8c comme
il ne fait monter la liqueur qu’en s’enfonçant, il doit
donc plonger plus avant dans celle qui eft la plus
legere. Si l’on augmente le poids de Y aréomètre par
l’addition de quelque lame de métal, ou autrement,
il s’enfonce plus avant, quoique dans la même liqueur
; parce qu’alors il en faut une plus grande
quantité pour lui faire équilibre. M. Formey.
Cela fert à expliquer divers faits. Si tous les çôtpS
qui flottent, s’enfoncent plus ou moins, fuivant la
denfité du fluide, une barque chargée en mer aura
donc moins de parties hors de l’eau, fi elle vient à
remonter une riviere ; car l’eau falée pefe plus que
l’eau douce , 6c les nageurs affûrent qu’ils en Tentent
bien la différence. On doit donc avoir égard à cet
effet, & ne pas rendre la charge auffi grande qu’elle
pourroit l’être, fi l’on prévoit qu’on doive paffer par
une eau moins chargée de fe l, que celle où l’on s’embarque.
On a vû quelquefois des îles flottantes, c’eft-
à-dire , des portions de terre affez confidérables qui
fe détachent du continent, & fe trouvant moins pe-
fantes que l’eau, fe foûtiennent à la furface, & flottent
au gré des vents. L’eau mine peu-à-peu certains
terreins, qui font plus propres que d’autres à fe dif-
foudre : ces fortes d’excavations s’augmentent avec
le tems, ôc s’étendent au loin f ie demis demeure lié
par les racines des plantes & des arbres, 6c le fol
n’eft ordinairement qu’une terre bitumirièufe, fort
legere ; de forte que cette efpece de croûte eft moins
pefante que le volume d’eau fur lequel elle eft re-
çûe, quand un accident quelconque vient à la détacher
de la terre ferme, 8c à la mettre à flot. L’exemple
de Yaréomètre fait voir encore qu’il n’eft pas be-
foin pour furnager que le corps flottant foit d’une
matière plus legere que l’eau. Car cet infiniment ne
fe foûtient point en vertu du verre ou du mercure,
dont il eft fait, mais feulement parce qu’il a, avec
peu de folidité, un volume confidérable qui répond
à une quantité d’eau plus pefante. Ainfi l’on pourroit
faire des barques de plomb, ou de tout autre métal,
qui ne s’enfonceroient pas. Et en effet, les chariots
d’artillerie portent fouvent à la fuite des armées des
gondoles de cuivre, qui fervent à établir des ponts
pour le paffage des troupes. M. Formey.
Il faut apporter diverfes précautions dans la conf-
L U I