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Religieux, qui ont fait les voeux & portent l’habit de I
l ’Ordre. ^ « { R égulier, Religieux, Voeux, & c.
Tous les Abbés font pré lûmes être tels, les Canons
défendant expreflement qu’aucun autre qu’un
Moine ait le commandement lur les Moines : mais
dans le fait il en eft bien autrement.
En France les Abbés Réguliers n’ont la jurifdiftion
fur leurs Moines que pour la correction Monachale
concernant la Réglé. S’il eft queftion d’autre excès
non concernant la Réglé , ce n’eft point- à l’Abbe,
mais à l’Evêque d’en connoître ; & quand ce font
des excès privilégiés, comme s’il y a port d’armes,
ce n’eft ni à Y Abbé, ni à l’Evêque , mais au Juge
Royal à en connoître.
Les Abbés Commendataires , ou les Abbés en
Commende, font des Séculiers qui ont été auparavant
tonfurés. Ils font obligés par leurs Bulles de
prendre les Ordres quand ils feront en âge. Foye^ Séculier , T onsure, &c.
Quoique le terme de Commende infinue qu’ils ont
feulement pour un tems l’adminiftration de leurs Abbayes
, ils ne laiffent pas d’en jouir toute leur v ie ,
& d’en percevoir toujours les fruits auffi-bien que
les Abbes Réguliers.
Les Bulles leur donnent un plein pouvoir, tam in
fpiritualibusquamintemporalibus : mais dans la réalité
les Abbés Commendataires n’exercent aucune fonction
fpirituelle envers leurs Moines , & n’ont fur
eux aucune Jurifdiftion : ainfi cette expreffion infpi-
ritualibus, n’eft que de ftyle dans la Cour de Rome ,
& n’emporte avec elle rien de réel.
Quelques Canoniftes mettent les Abbayes en Commende
au nombre des Bénéfices , inter titulos Benefi-
ciorum : mais elles ne font réellement qu’un titre canonique
, ou une provifion pour jouir des fruits d’un
Bénéfice ; Sc comme de telles provifions font con- ,
traires aux anciens Canons, il n’y a que le Pape qui
puiffe les accorder en difpenfent du Droit ancien.
Foye^ Commence, Bénéfice- , Æ/-.
Comme l’Hiftoire d’Angleterre parle très-peu dê
ces Abbés Commendataires, il eft probable qu’ils n’y
frirent jamais communs : ce qui a donné lieu à quelques
Auteurs de cette Nation de fe méprendre, en
prenant tous les Abbés pour des Moines. Nous en
avons un exemple remarquable dans la di/pute touchant
l’Inventeur des Lignes, pour transformer les
Figures géométriques , appellées par les François les
Lignes Robervalliennes. Le Dofteur Gregory dans
les Tranfaftions philofophiques, année 1694, tourne
■ en ridicule Y Abbé Gallois, Abbé Commendataire de
l ’Abbaye de S. Martin de Cores ; & le prenant pour
un Moine : « Le bon Pere,ditdl, s’imagine que nous
» fommes revenus à ces tems fabuleux, où il étoit
» permis à un Moine de dire ce qu’il vouloit ».
U Abbé releve cette méprife, & retorque avec
avantage la raillerie fur le Dofteur dans les Mémoires
de l’Académie, année 1703.
La cérémonie par laquelle on établit un Abbé, fe
nomme proprement Bénédiction , & quelquefois,
quoiqu’abufivement, Confécration. Fyyeç BÉNÉDICTION
& Consécration.
Cette cérémonie confiftoit anciennement à revêtir
l ’Abbé de l’habit appellé Cucula , Coulle, en lui mettant
le Bâton paftoral dans la main , & ies fouliers,
appelléspédales ( fandales à fes piés. Nous apprenons
ces particularités de l’Ordre Romain de Théodore
, Archevêque de Cantorbéry.
En France la nomination & la collation des Bénéfices
dépendans des Abbayes en Commende, appartiennent
kY Abbé feul, à l’exclufion des Religieux. Les
^^Commendatairesdoivent laiffer aux Religieux
le tiers du revenu de leurs Abbayes franc & exempt
«le toutes charges. Les biens de ces Abbayes fe partagent
en trois lots ; le premier eft pour Y Abbé ; le fe-
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C'ond pour les Religieux , & le troifiéme eft affefté
aux réparations & charges communes de l’Abbaye ;
c’eft Y Abbé qui en a la difpofition. Quoique le partage
foit fait entre Y Abbé & les Religieux , ils ne
peuvent ni les uns, ni les autres, aliéner aucune partie
des fonds dont ils jouiffent, que d’un commun con-
fentement, & fans obferver les folemmités de Droit.
La Profelîion des Religieux faite contre le con-
fentement de Y Abbé, eft nulle. \d Abbé ne peut cependant
recevoir aucun Religieux fans prendre l’avis de
la Communauté.
Les Abbés tiennent le fécond rang dans le Clergé,'
& font immédiatement après les Evêques : les Abbés
Commendataires doivent marcher avec les Régu*-
liers , & concuremment avec eu x , félon l'ancienneté
de leur réception.
Les Abbés Réguliers ont trois fortes de Puiflance :
l’CEconomique,celle d’Ordre, & celle de Jurifdlc-
tion. La première confifte dans l’adminiftration du
temporel du Monaftere : la fécondé, à ordonner du
Service-Divin | recevoir les Religieux à Profelîion ,
leur donner la Tonfure , conférer les Bénéfices qui
font à la nomination du Monaftere : la troifieme ,
dans le droit de corriger , d’excommunier, de fut-
pendre. L'Abbé Commendataire n’a que les deux
premières fortes de Puiflance. La troifieme eft exercée
en fa place par le Prieur-clauftral, qui eft comme
fon Lieutenant pour la dilcipline intérieure du
Monaftere. Foye^Prieur & Claustral.
Abbé , eft auffi un titre que l’on donne à certains
Evêques, parce que leurs Sièges étoient originairement
des Abbayes, & qu’ils étoient même élus par
les Moines : tels font ceux de Catane ôc de Montréal
en Sicile. Foye\[ Evêque.
Abbé , eft encore un nom que l’on donne quelquefois
aux Supérieurs ou Généraux de quelques Congrégations
de Chanoines Réguliers , comme èft celui
de Sainte Génevieve à Paris. Foye^ Chanoine,
Génevieve , &c.
Abbé , eft auffi un titre qu’ofit porté différehs Ma*
giftrats, ou autres perfonnes laïques. Parmi les Génois
, un de leurs premiers Magiftrats étoit appellé
l'Abbé du Peuple : nom glorieux, qui dans fon véritable
fens fignifioit Pere du Peuple. (H & G )
ABBÉCHER ou ABBECQUER , v . a. c’eft donner
la becquée à un oifeau qui ne peut pas manger
de lui-même i
Abbecquer ou àbbécher l’oifeaU, c’eft lui donner feulement
une partie du pât ordinaire pour le tenir en
appétit ; on d it, i l faut abbecquer le lanier.
A B B E S S E , f. f. nom de dignité. C’eft la Supérieure
d’un Monaftere deReIigieufes,ou d’une Communauté
ou Chapitre de Chanoinefles, comme Y Ab-
bejfe de Remiremont en Lorraine.
Quoique les Communautés de Vierges confacrées
à D ieu foient plus anciennes dans l’Eglife que celles
des Moines, néanmoins l’Inftitution des Abbejfes eft
poftérieure à celle des Abbés. Les premières Vierges
qui fe font confacrées à Dieu, demeuroient dans leurs
maifons paternelles. Dans le IVe fiecle elles s’affem-
blerent dans des Monafteres , mais elles n’avoient
point d’Eglife particulière ; ce ne fut que du tems de
faint Grégoire qu’elles commencèrent a en avoir qui
fiflent partie de leurs Convens. L'AbbeJfe étoit autrefois
élûe par fa Communauté , on les choififlbit
parmi les plus anciennes & les plus capables de gouverner
; elles recevoient la bénédiftionde l’Evêque,
& leur autorité étoit perpétuelle.
L'AbbeJfe a les mêmes droits & la même autorité
fur fes Religieufes, que les Abbés Réguliers ont fur
leurs Moines. Foye^ Abbé.
Les Abbejfes ne peuvent à la vérités, à caufe de
leur fexe, exercer les fondions fpirituelles attachées
à la Prêtrife, au lieu que les Abbes en font ordinaire-
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înent revêtus. Mais il y a des exemples dé quelques
Abbejfes qui ont le droit, ou plutôt le privilège de
commettre un Prêtre qui les exerce pour elles. Elles
ont même une efpece de jurifdiftion épifcopale, auffi
bien que quelques Abbés, qui font exempts de la vi-
fite de leurs Evêques diocéfains. F. Exemption.
L'Abbejfe de Fontevraud, par exemple , a la fu-
périorité & la direction , non-feulement fur fes Religieufes
, mais auffi fur tous les Religieux qui dépendent
de fon Abbaye. Ces Religieux font fournis
à fa correftion, & prennent leur miffion d’elle.
. En France la plupart des Abbejfes font nommées
par le Roi. Il y a cependant plufieurs Abbayes &
Monafteres qui fe confèrent par éleftion, 6c font
exempts de la nomination du R o i, comme les Mo-
nafteres de fainte Claire.
. Il faut remarquer , que quoique le Roi de France
ait la nomination aux Abbayes de Filles, ce n’eft pas
" cependant en vertu du Concordat ; caries Bulles que
le Pape donne pour ces Abbejfes, portent que le Roi
a écrit en faveur de la Religieufe nommée, 6c que la
plus grande partie de la Communauté confent à fon
éleftion, pour conferver l’ancien droit autant qu’il
fe peut. Selon le Concile de Trente, celles qu’011 élit
Abbejfes doivent avoir 40 ans d’âg e, & 8 de pro-
feffion, pu. avoir au moins 5 ans de profeffion, 6c
être âgées de 30 ans. Et fuivant les Ordonnances du
Royaume, toute Supérieure, 6c par conféquent toute
Abbèjfe , doit avoir 10 ans de profeffion , ou avoir
exercé pendant 6 ans un office clauftral. M. Fleury,
Inß. au Droit ecclef.
. Le Pere Martene dans fon Traité des Ries de l'E-
glife, tome II. page 3 g . obferve que quelques Abbejfes
confefloient anciennement leurs Religieufes.
Il ajoute , que leur curiofité exceffive les porta fi
loin , que l’on frit obligé de la réprimer.
Saint Bafile dans fes Réglés abrégées, interrog. no.
tome II. page 463. permet à Y Abbejfe d’entendre
avec le Prêtre, les confeffions de. fes Religieufes.
Foye^ Confession. -
Il eft v rai, comme l’obferve le Pere Martene dans
l’endroit cité, que jufqu’au 13e fiecle non-feulement
les Abbejfes , mais les Laiqués mêmes entendoient
quelquefois les confeffions, principalement dans le
cas de néceffité ; mais ces confeffions n’étoient point
façramentales , 6c fe.dévoient auffi faire au Prêtre.
Elles avoient été introduites par la grande dévotion
des fideles , qui croyoient qu’en s’humiliant ainfi ,
Dieu leur tiendrait compte de leur humiliation : mais
comme elles dégénérèrent en abus, l’Eglife frit obligée
de les fupprimer. Il y a dans quelques'Monafteres
une pratique appellée la coulpe, qui eft unreftede'
cet ancien ufage. (H & G)
* ABBEVILLE, ville confidérable de France, fur
la riviere de Somme, qui la partage , dans la bafle
Picardie, capitale du Comté déPonthieu. Long.
tp'. 4o". lat. trouvée de J o d. 6' 56". parM,. Caffini
en 1 CSS. Voyez Hiß. Acad. page 5 6 .
* ABC A S , peuple d’Afie qui habite.l’Abàfcie. ■ .' ■
; ABCÉDER, v . neut. Lorfque des parties qui
font unies à d’autres dans, l’état , de fanté ,j s’enTépa-
rent dans l’état de maladie , en conféquence dé Ja
corruption , on dit que.ces »parties font abcédées.
ABCÈS, f. m. eft une tumeur qui contient dupus'j
Les Auteurs ne conviennent pas de la raifon de cette
dénomination. Q u elquesuns croy ent. que Y abcès, .a
été ainfi appellé du mot latin abcedere , fe féparef •
parce que les parties' qui auparavant étoient contiguës
fe-féparent l’une de L’autre : quelques autres
parce que lès -fibres y font déchirées & détruites:;
d’autrés ,'p.ârce que lepus s’y.rend d’ailleurs , 011 eft
féparé. du fang :c enfin d!aütres tirent cette dénoufib
pation de l’écàuLement .du.pus, & dur ;.ce. principe
ils aflurent.qii’ii n’y a point proprement d'abcès, j.ufr
A B C 15
qu’à ce que la tumeur creve & s’ouvré d’elle-même*
Mais ce font là des diftinfrions trop fubtiles , pour
que les Médecins s’y arrêtent beaucoup.
Tous les abcès font des fuites de l’inflammation»
On aide la maturation des abcès par le moyen des
cataplafmes ou emplâtres maturatifs & pourriflans.
La chaleur exceffive de la tumeur & la douleur pul-
fative qu’on y refîent, font avec la fievre les fignes
que l’inflammation fe terminera par fuppuration. Les
friflons irréguliers qui furviennent à l’augmentation
de ces fymptomes font un figne que la luppuration
fe fait. L'abcès eft formé lorfque la matière eft.convertie
en pus : la diminution de la tenfion , de la
fievre , de la douleur & de la chaleur, la ceffation
de la pulfation , en font les fignes rationels. L’amol-
lilfement de la tumeur & la fliifruation font les fignes
fenfuels qui annoncent cette terminaifon. Foyer
Flu c tu a t io n .
On ouvre les abcès par le cauftique ou par l’inci-
fion. Les abcès ne peuvent fe guérir que par l’évacuation
du pus. On préféré le cauftique dans les tumeurs
critiqués qui terminent quelquefois les fievres
malignes. L’application d’un cauftique fixe l’humeur
dans la partie où la nature femble l’avoir dépofée ;
elle en empêche la réforption qui ferait dangereufe
& fouvent mortelle. Les cauftiques déterminent une
grande fuppuration & en accélèrent la formation.
On les employé dans cette vue avant la maturité
parfaite. On met auffi les cauftiques en ufage dans
les tumeurs qiiife font formées lentement & par coii-
geftion, qui luppurent dans un point dont la circonférence
eft dure, & où la.converfion de l’humeur en
pus ferait ou difficile ou impoffible fans cé moyen.
Pour ouvrir une tumeur par le cauftique , il faut
la couvrir d’un emplâtre feneftré de la grandeur
que l’ôn juge la plus convenable ; on met fur la peau
à l’endroit de cette ouverture, une traînée de pierre
à cautere. Si le cauftique eft folide , on a foin de
l’humefrér auparavant ; on couvre le tout d’un autre
.emplâtre, de cômprefies , Sc d’un bandage, contentif.
Au bout de cinq ou fix heures , plus ou moins ,
lorfqu’on juge , fuivant l’aftivité du cauftique dont
on ,sJeft fe r v i, que l efcarre doit être faite, on leve.
l’appareil, & on incife l’efcarre d’un bout à l’autre,
avec un biftouri, en pénétrant jufqu’au pus ; onpanfe
la plaie avec des digeftifs, &l!efcarre tombe au bout,
de quelques jours par une abondante fuppuration. .
Dans les cas ordinaires .des-abcès. j il eft préférable
de faire, l’incifion avéc l’inftrument. tranchant
qu’on plonge; dans le foyér de lYubçès. Lorfipie Y abcès,
eft ouvert dans toute, fon étendue on introduit
le doigt dans :fa cavité ; & s’il .y a des: brides -qui
forment des eloifons , ;&.féparent Y abcès: en .plufieurs'
cellules, il faut les couper avec la pointé-des .çifeaux
ou avec le biftoiùi.. IL faut que l’exfrêmité dii doigt
condiiife- toûjôurs ces inftruinens, de crainte d’inté-
refier quelqués parties qu’on, pourrait prendre pour
des brides, fàos. cette précaution. Si la peau eft fort
amincie, il faut l’emporter ayec les.çifeaux & le
biftouri'. Ce dernier infiniment eft préférable, parce
qu’il càufe. moins de. douleur , & rend l’opération
plus prompte. On choifitJa par tie la plus déclive pour
faire l’incifiOn. aux abcès-. Il faut,' autant que faire fe
peut, ménager la peau ; dans ce deffein oii fait foù-,
vent des .contre-ouvertureslorfque Y abcès eft fort
étendu, ,Foye%] C ontre .- ouverture*: . Les abcès
catifés par fa préfenqè de quelques corps.étrangers
ne :fe guériflènt ,que par. l’extraûion de ces corps.
Foyei.T umeur. ,
. Lorfque f-Abcès eft ouvert,, pù remplit de charpie
mollette le vuide qu’occupoit la matierè, & Pn y
appliques un appareil contentif,- On panfe, les jours
fmvanSyaveéÀes digeftifs jiiiqu’à ce que les vaiffeaux
qui répondent^dùns .le foyer de Yobcès fe foiept.dé^