truêlion & l’ufage de cet infiniment. i° . Il faut que
les liqueurs dans lefquelles on plonge l’aréomètre ,
foient exactement au même degré de chaleur ou de
froid , afin qu’on puifTe être fur que leur différence
de denfité ne vient point de l’une de ces deux caufes,
& que le volume de Varéomètre même n’en a reçu aucun
changeaient.
20. Que le col de l’inflrument, fur lequel font marquées
les gradations, loit par tout d’une groffeur égale
; car s’il efl d’une forme irrégulière, les degrés
marqués à égales diflances ne mefureront pas des volumes
de liqueurs femblables en fe plongeant ; il fera
plus fur & plus facile de graduer cette échelle relativement
à la forme du c o l, en chargeant fucceflive-
ment l’inflrument de plufieurs petits poids bien égaux,
dont chacun produira l’enfoncement d’un degré.
3 °. On doit avoir foin que l’immerfion fe faffe bien
perpendiculairement à la furface de la liqueur, fans
quoi l’obliquité empêcheroit de compter avec juflef-
fe le degré d’enfoncement.
40. Comme l’ufage de cet infiniment efl borné à
des liqueurs qui different peu de pefanteur entre elles
, on doit bien prendre garde que la partie qui fur-
nage ne fe charge de quelque vapeur ou l'aleté, qui
occafionneroit un mécompte, dans, une eflimation,
où il s’agit de différences peu confidérables. Et lorf-
que Yareometre paffe d’une liqueur à l’autre, on doit
avoir foin que la furface ne porte aucun enduit, qui
empêche que la liqueur où il entre ne s’applique exactement
contre cette furface.
50. Enfin malgré toutes ces précautions, il refie
encore la difficulté de bien juger le degré d’enfoncement,
parce que certaines liqueurs s’appliquent mieux
que d’autres au verre ; & qu’il y en a beaucoup qui,
lorfqu’elles le touchent, s’élèvent plus ou moins au-
deffus de leur niveau. Quand on lé fert de Y aréomètre
que nous avons décrit, il faut le plonger d’abord
dans la liqueur la moins pelante, & remarquer à
quelle graduation fe rencontre fa furface : enluite il
faut le rapporter dans la plus denfe, & charger le
haut de la tig e, ou du co l, de poids connus, jul qu’à
ce que le degré d’enfoncement loit égal au premier.
La lomme des poids qu’on aura ajoutés, pour rendre
cette fécondé immerfiori égale à la première, fera la
différence des pefanteurs lpécifiques entre les deux
liqueurs. Nous devons ces remarques à M. Formèy,
qui les a tirées de M. l’abbé Nollet, Lecl. Phyf. ( O )
* ARÉOPAGE , f. m. ( Hijl. anc. ) fénat d’Athènes
ainfi nommé d’une colline voifine de la citadelle
de cette ville confacrée à Mars, des deux mots Grecs
irayoç, bourgs place, & Avp»ç, le Dieu Mars ; parce que,
félon la fable, Mars acculé du meurtre d’un fils de
Neptune, en fut abfous dans ce lieu par les juges d’Athènes.
La Grece n’a point eu de tribunal plus renommé.
Ses membres étoient pris entre les citoyens distingués
par le mérite & l’intégrité, la naiffance & la
fortune ; & leur équité étoit fi généralement reconr
nue, que tous les états de la Grece en appelloient à
Y aréopage leurs démêlés, & s’en tenoient à fesdéci-
fions. Cette cour efl la première qui ait eu droit de vie
& de mort. Il paroît que dans fa première inflitution,
elle ne connoiffoit que des alfaffinats : fa jurifdiûion
s’étendit dans la fuite aux incendiaires, aux confpi-
rateurs, aux transfuges ; enfin à tous les crimes capitaux.
Ce corps acquit une autorité fans bornes, fur la
bonne opinion qu’on avoit dans l’Etat de la gravité
& de l’intégrité de fes membres. Solon leur confia le
maniement des deniers publics, & l’infpettion fur l’éducation
de la jeuneffe ; foin qui entraîne celui de pu1
nir la débauche & la fainéantife, & de récompenfer
l ’induflrie & la fobriété.Les Aréopagites connoiffoient
encore des matières de religion : c’étoit à eux à arrêter
le cours de l’impiété, & à venger les dieux du
blafphème, &c la religion du mépris. Ils délibéroient
fur la confécration des nouvelles divinités', fur l’érection
des temples & des autels, & fur toute innovation
dans le culte divin ; c’étoit même leur fonction
principale. Ils n’entroient dans l’açlminiflration des
autres affaires, que quand l’état allarmé de la grandeur
des dangers qui le menaçoient, appelloit à fon
fecour9 la fageffe de Y aréopage , comme fon dernier
refuge. Ils conferverent cette autorité jufqu’à Peri-
çlès, qui ne pouyant être aréopagite, parce qu’il n’a-
voit point été archonte, employa toute fa puiffance
& toute fon adreffe à l’aviliffement dé ce corps. Les
vices & les excès qui corrompoient.alors, Athènes.
s’étant gliffés dans cette cour, elle perdit par degrés
l’eflime dont elle avoit joui, & le pouvoir dont elle
avoit été revêtue. Les auteurs ne s’accordent pas fur
le nombre des juges qui compofoient Yaréopage. Quel-i
ques-uns le fixent à trente-un ; d’autres à cinquante-
un , & quelques autres le font monter jufqu’à cinq
cents. Cette derniere opinion ne peut avoir lieu que
pour les tems où ce tribunal tombé en diferédit, admettait
indifféremment les Grecs & les étrangers ;
ca r , au rapport de Cicéron, les Romains S’y fai-
foient recevoir : ou bien elle confond les aréopagites
avec les prytanes.
Il efl prouvé par les marbres d’Arondel, que Yaréo*
page fubfifloit 941 ans avant Solon : mais comme ce
tribunal avoit été humilié par Dracon, & que Solon
lui rendit fa première fplendeur ; cela a donné lieu à
la méprife de quelques auteurs, qui ont regardé Solon
comme l’inflituteur de Y aréopage.
Les aréopagites tenoient leur audience en plein air,
& ne jugeoient que la nuit ; dans la v û e , dit Lucien,
de n’être occupés que des raifons, & point du tout
de la figure de ceux qui. parloîent.
L’éloquence des avocats paffoit auprès d’eux pour
un talent dangereux. Cependant leur féyérité fur ce
point fe relâcha dans la fuite : mais ils furent conf-
tans à bannir des plaidoyers, tout ce qui tendoit à
émouvoir les paillons, ou ce qui s’écartoit du fond
de la queflion. Dans ces deux cas, un héraut impo-
foit filence aux avocats. Ils donnoient leur fuffrage
en filence, en jettant une efpece de petit caillou noir
ou blanc dans des limes , dont l’une était d’airain, &
fe nommoit Y urne de la mort, belvaTou ; l ’autre était de
bois, & s’appelloit Y urne de la miféricorde, hiov. On
comptait enfuite les fuffrages ; & félon que le nombre
des jettons noirs prévaloit ou étoit inférieur à
celui des blancs, les juges traçoient avec l’ongle une
ligne plus ou moins courte fur une efpece de tabletté
enduite de cire. La plus courte fignifioit que l’accufé
étoit renvoyé abfous ; la plus longue exprimoit fa
condamnation.
A R É O P A G I T E , juge dé l’àrëôpage. Voici le
portrait qu’Ifocrate nous a tracé de ces hommes merveilleux,
& du bon ordre qu’ils établirent dans Athènes.
« Les juges de Y aréopage, dit cet auteur, n’é-
» toient point occupés de la maniéré dont ils puni-
» roient les crimes, mais uniquèmènt d’en infpirer
» une telle horreur, que perfonnene pût fe Téfoudre
» à en commettre aucun : les ennemis, félon leur
» façon de penfer, étoient faits pour punir les cri-
» mes, mais eux pour corriger les moeurs. Ils don-
» noient à tous les citoyens des foins généreux, mais
» ils avoient une attention fpéciale aux jeunes gens.
» Ils n’ignoroient, pas.que la fougue des pallions naif-
» fantes donne à cet âge tendre les plus violentes fe-
» couffes , qu’il faut à ces jeunes coeurs une éduca-
» tion dont l’âpreté foit adoucie par certaine mefure
» de plaifir ; & qu’au fonds il n’y a que les exercices
» où fe trouve cet heureux mélangé de travail &
» d’agrément, dont la pratique confiante puifTe plair
» re à ceux qui ont été bien élevés. Les fortunes
» étoient trop inégales pour qu’ils puffent preferire à
» tous indifféremment les mêmes chofes & au même
*> degré; ils en proportionnoient la qualité & l’ufage
„ aux facultés de chaque famille. Les moins riches
» étoient appliqués à l’agriculture & au négoce, fur
» ce principe que la pareife produit l’indigence , &
» l’indigence les plus grands crimes : ayant ainfi arra-
» ché les racines des plus grands maux, ils croyoient
» n’en avoir plus rien à craindre. Les exercices du
y> corps, le cheval, la chaffe, l’étude de la philofo-
» phie, étoient le partage de ceux à qui une meilleure
y> fortune donnoit de plus grands fecours : dans une
» diflribution fi fage , leur but étoit de fauver les
» grands crimes aux pauvres, & de faciliter aux ri-
» ches l’acquifition des vertus. Peu contens d’avoir
» établi des lois fi utiles , ils étoient d’une extrême
» attention à les faire obferver : dans cet efprit, ils
» avoient diflribué la ville en quartiers, & la cam-
» pagne en cantons différens. Toutfe paffoit ainfi
» comme fous leurs yeux. Rien ne leur échappoitdes
» conduites particulières. Ceux qui s’écartaient de la
» réglé'étaient cités devant les magiflrats, qui affor-
» tiffoient les avis ou les peines à la qualité des fautes
» dont les coupables étoient convaincus. Les mêmes
» aréopagites engageoient les riches à foulager les pau-:
» vres ; ils réprimoient l’intempérance de la jeuneffe
» par une difeipline auflere. L ’avarice des magiflrats
» effrayée par des fupplices toujours prêts à la punir,
» n’ofoit paroître ; & les vieillards à la vûe des em-
» plois & des refpeCts des jeunes gens, fe tiroient de
» la léthargie, dans laquelle ce grand âge a coûtüme
» de les plonger». Aufli ces juges fi refpeCtables n’a-
voient-ils en vûe que de rendre leurs citoyens meilleurs
, & la république plus floriffante. Ils étoient fi
dèfintéreffés qu’ils ne recevoiént rien ou prefque rien,
pour leur droit de préfence aux jugemens qu’ils pro-
nonçoient ; & fi intégrés qu’ils rendoient compte de
l’exercice de leur pouvoir à des cenfeurs publics, qui
placés entre eux & le peuple, empêchoient que l’a-
riflocratie ne devînt trop puiffante. Quelque courbés
qu’ils fulfent fous le poids des années, ils fe rendoient
fur la colline où fe tenoient leurs affemblées, expo-
fés à l’injure de l’air.Leurs décifions étoient marquées
au coin de la plus exaCte juflice : les plus intéreffan-
tes par leurs objets , font celles qu’ils rendirent en
faveur de Mars; d’Orefle qui y fut abfous du meurtre
de fa mere par la protection de Minerve qui le
fauva, ajoûtant fon fuffrage à ceux qui lui étoient
favorables, & qui fe trouvoient en parfaite égalité
avec les fuffrages qui le condamnoient. Cephale
pour le meurtre de fa femme Procris, & Dedale pour
avoir affaffiné le fils de fa foeur, furent condamnés
par ce tribunal. Quelques anciens auteurs prétendent
que S. Denys premier évêque d’Athènes avoit
été aréopagite, & qu’il fut converti par la prédication
que fit S. Paul devant ces juges. Un plus grand nombre
ont confondu'ce D enys Yaréopagite avec S. D enys
premier évêque de Paris. Voye[ dans le recueil
de Yacad. des belles-Lettres, tom. VII. deux excellens
mémoires fur Y aréopage, par M. l’abbé de Canaye,
qui fait allier à un degré fort rare l’efprit & la philo-
fophie à l’érudition. (G )
ARÉOSTYLE, f. m. dans Y ancienne Architecture,
c efl une des cinq fortes d’intercolonnations', dans
laquelle les colonnes étoient placées à la diflance de
huit, ou comme difent quelques-uns, de dix modules
l’un de l’autre. V oy e^In t e r c o l o n n a t io n . Ce
mot vient d’«pa<oç, rare, & ç-éxoç, colonne ; parce qii’il
n’y avoit point d’ordre d’architeôure où les colonnes
fuffent aufli éloignées les unes des autres que
dans Yaréofiyle.
On fait principalement ufagejde Yaréofiyle dans
l’ordre tofean, aux portes des grandes villes & des
fortereffes. Voye[ T o s C AN, &c. Vitruve. (P )
ARÉOTECTONIQUE, adj. efl cette partie de
fortification & d’arçhite&ure' militaire, qui concerne
Tome /,
l’art d’attaquer & de combattre. (Q )
ARÉOTIQUES, (en Medecine.') fe dit de ces fe-
medes qui tendent à ouvrir les pores de la peau, à
les rendre aflez dilatés, pour que les matières morbifiques
puiffent être pouflëes dehors par le moyen de
la fueur ou de l’infenfible trànfpiration. Voy. P o r e ,
Su e u r , T r a n s p ir a t io n , & c. Lesdiaphorétiques^
les fudorifiques, &c. appartiennent à la clafle des
aréotiques. Voye{ DlAPHORÉTIQUES , SUDORIFIQUES
, &c. ( N )
* ARÉOTOPOTÈS, (Hijl. anc?) ou le grand bûJ
veur de vin ; nom fous lequel on honoroit à Muni-
chia, comme un homme doiié de vertus héroïques
celui qui favoit bien boire.
* ARÉRUE, areca, Jive faufel, (Hijl. nat. bot.)
c’efl le fruit d’une efpece de palmier qui croît aux
Indes orientales. Il efl ovalaire & reffemble aflez à la
datte ; il efl feulement plus ferré par les deux bouts.
Son écorce efl épaiffe, lifle & membraneufe ; & fa
pulpe d’un brun rougeâtre. Elle devient en féchant
fibreufe & jaunâtre. La moelle, ou plûtôt le noyait
qu’elle environne, efl blanchâtre, en forme de poire,
& de la groffeur d’une mufeade. Les Indiens le mâchent
continuellement; qu’il foit dur ou qu’il foit
mou, il n’importe ; ils le mêlent avec le lycyon ou
le kaath, la feuille de betel, & ün peu de chaux. Ils
avalent leur falive teinte par ces ingrédiens, & re- ’
jettent le refie. Geojf. & dicl. de med.
* ARÉQUIPE ou AREQUIPA, (Géog.) ville de
l’Amérique méridion. dans le Pérou, fur une riviere,
dans un terrein fertile. Long. 308. lat. mér. 1 G. 40. -
ARER ou chajfer fur fes ancres , (Marine.) fe dit
lorfque l’ancre étant mouillée dans un mauvais fond ,
elle lâche prife, & fe traîne en labourant le fable.
Voye{ C h a s s e r . ( Z )
* ARÉS , (Myth.) nom que les Grecs donnoient
à Mars. Ils fignifie dommage; d’autres le dérivent du
phénicien arits, qui veut dire fort, terrible.
*AR E SGO L, ancienne ville du royaume d’Alger,
dont il ne refie que les ruines ; elle étoit auparavant
la capitale de la province & de tout le royaume
de Tremecen, qui fait aujourd’hui une partie de
celui d’Alger.
* ARESIBO ,„ (Géog.) petite ville d’Amérique,
fur une riviere de même nom, à trois lieues de faint
Juan cfo Porto-Ricco, dans l’île de ce nom, qui efl
une des grandes antilles.
ARÊTES, fpina, (Hijl. anc.) partie du corps de
la plûpart des poiffons ; on entend communément par jj
ce mot toutes les parties dures & piquantes, qui fe
trouvent dans les poiffons : mais dans ce fens ori doit •
diflinguer plufieurs fortes d'arêtes; car il y a des par-1
lies dures dans les poiffons, qui font analogues aux
os des ferpens, des oifeaux, & des quadrupèdes ; 1
tels font les os de la tête des poiffons, leurs vertèbres
, & leurs côtes. La plûpart ont de plus des pi- •
quans dans les nageoires, dans la queue, & fur d’autres
parties de lêiir corps. Il y a aufli dans la chair de
plufieurs poiffons, des filets folides, pointus, plus
oü moins longs, & de différente groffeur, dont les
uns font fimples & les autres fourchus. On ne peut
donner à ces parties que le nom d’arête. VoyefPois-
s o n . ( / )
A r ê t e , ( Coupe des pierres») c’efl l’angle ou le tranchant
que font deuxfurfaces droites ou courbes d’une ■
pierre quelconque : lorfque les furfaces concaves d’une
voûte compofée de plufieurs portions de berceaux,
fe rencontrent en angle faillant, on l’appelle voûte. ■
Là figure 4. Planche de la Coupe des pierres, repré-'
fente une portion de berceaux qui fe croifent à angle!
droit. (D )
* Lorfque l’angle d’une pierre éfl bien taillée, &
fans aucune caffure, on dit qu’elle efl à vive-arête. . -
- Sur la mefure des voûtes d'arêtes, voye[ V o û t e ,
L U I ij