couvertes par-devant de grandes écailles en forme
de tables. Mém. de 1'Acad. roy. des Scierie, rom. III.
part. II. Vautruche n’a que deux doigts, qui font tous
les deux en devant ; l’intérieur eft le plus long, & il
eft terminé par un grand ongle noirâtre ; l’extérieur
n’en a point. Ces deux doigts font joints jufqu’à la
première articulation par une forte membrane. Cet
oifeau eft naturel à l’Afrique. On en voit quelquefois
dans les deferts raffemblés en un fi grand nombre,
qu’on les prendroit de loin pour une troupe de gens
à cheval. On en trouve auffi dans l’Afie , fur-tout
dans l’Arabie, & il y en a en Amérique de différentes
efpeces. L’autruche fe nourrit de différentes cho-
fes, & mange des herbes, du pain, & prefque tout
ce qu’on lui préfente. Elle avale jufqu’à du cuir, &
même du fer ; c’eft ce qui a fait croire qu’elle pou-
voit digérer ce métal : mais c’eft mal-à-propos qu’on
a attribué cette force à l’eftomac de l'autruche, car
elle rend le fer dans l’état où elle l’a avalé. NYillugh-
b y , Ornitli.
On a trouvé dans les ventricules des autruches que
M. Perault a fait difféquer, du foin, des herbes ,
de l’orge, des fèves, des os, & des cailloux , dont
quelques-uns étoient de la groffeur d’un oe uf de poule.
Il y avoit dans un de fes ventricules jufqu’à foi-
xante & dix doubles, dont la plûpart étoient ufés juf-
qu’aux trois quarts pour avoir frotté les uns contre
les autres ou contre les cailloux ; car ceux qui étoient
courbés avoient été ufés & polis fur le côté convexe
& reftoient entiers du côté concave : ces pièces de
cuivre avoient teint en verd tout ce qui étoitdans le
ventricule : on a obfervé que les autruches meurent,
lorfqu’elles ontavallé beaucoup de fer ou de cuivre.
Mém". de l'Acdd. roy. des Scienc. tom. I II. part. II.
Les oeufs d3autruche font très-gros, & leur coque
fort dure : on dit qu’il y en a qui pefent près de quinze
livres ; elle les depofe dans le fable & les abandonne
à la chaleur du foleilfansdes couver; cette chaleur
les fait éclorre. Willughby, Orn. Voy. Oiseau. ( / )
La membrane intérieure de l’eftomac d''autruche
eft eftimée propre pour fortifier l’eftomac : elle eft
apéritive étant féchée & prife en poudre. Sa graiffe
eft émolliente, réfolutive, nervale. (N)
* L'autruche fournit auxplumaffiers la plûpart des
matériaux qu’ils employent dans prefque tous leurs
ouvrages.
Les plumes grifes qu’elles ont ordinairement fous
le ventre & fous les ailes, font appellées petit-gris.
Voye{ Pe t i t -g r is .
Les plumes des mâles font les plus eftimées, tant
parce qu’elles font plus larges, mieux fournies, &
qu’elles ont le bout plus touffu & la foie plus fine,
que parce qu’on peut leur donner telle coideur qu’il
plaît à l’ouvrier; ce qu’on ne fait que très-difficilement
, & même jamais bien aux plumes des femelles.
On les tire de Barbarie, d’Egypte, de Seyde, d’A-
le p , ‘&c. Voye^Plume.
* AUTRY , (Géog.) ville de France dans l’Orléa-
nois, éleûion de Pithiviers.
* AUTUN, (Géog.') ville de France au duché de
Bourgogne, au pié de trois grandes montagnes, proche
de l’Aroux. Long. 21. 68. 8. lat. 4 6 .5 6 . 46.
* AW , (Géog.) lac de l’Ecoffe méridionale, furies
confins du pays d’Argyle & de Lorne. Il eft affez
étendu en longueur du nord au midi : mais il a peu
de largeur de l’orient à l’occident. Il eft traverfé par
l’Aron.
* AWEN-MORE, (Géog. anc. & mod.) petite rivière
d’Irlande, qui coule dans le comté de V ick lo
en Làgenie, paffe à Arklo , & fe décharge dans la
mer d’Irlande. On croit que c’eft l'Oboca des anciens.
AU VENT, f. m. en architecture, eft une avance
faite de planches, qui fert à mettre quelque chofe à
«couvert ou à garantir de la pluie ce qui peut être audeffous.
Auvent proprement dit, eft ce qui fert à couvrir
la montre d’une boutique; les auvents font ordinairement
droits, & quelquefois bombés. (P)
* Il eft défendu de poferdes auvents fans le congé
& l’allignement du voy er & de fes commis. La police
en a fixé la longueur & la largeurrelativement à celle
des rues ; & il eft défendu d’y mettre aucun étalage ,
ni rien qui les déborde.
AUVERNAS, f. m. vin fort rouge & fumeux, qui
vient d’Orléans, & qui eft fait de raifins noirs qui
portentle nom d’auvernas, à caufe que ce plant eft
venu d’Auvergne.
* AUVERGNE, ( Géographie.) province.de France
d’environ quarante lieues du midi au ieptentrion ,
& trente de l’orient à l’occident, botnée au nord
par le Bourbonnois ; à l’orient par le Forés & le Vêlai
; à l’occident par le Limofin, le Quercy, & la
Marche ; & au midi par le Rouergue & les Céven-
nes : elle fe divife en haute & baffe; celle-ci fe nomme
laLimagne. Ses rivières font l’Ailier, la Dordogne
& l ’Alagnon. Ses principales montagnes, le Puy-
de-dome, le mont d’Or & le Cantal. Clermont eft la'
capitale de toute la province : quant à fon commerce
, les gros beftiaux en font la principale partie ; ils
enrichiffent la haute Auvergne, d’où ils paffent dans
les provinces voifines,même en Efpagne. Les Auvergnats
fortent de leur province & fe répandent
par-tout, où ils fe louent à toutes fortes de travaux;
ils font principalement la chauderonnerie. Il y a en
Auvergne d’excellentes papeteries: il s’y fait quelques
étoffes : on connoit fes fromages. Les meilleurs
haras de mules& de mulets font à la Planche, canton
dé l'Auvergnefixuè entre Saint-Flour & Murat.
Les autres parties de fon commerce font en bois de
fapin, en charbon de terre, en pommes de reinette
& de calville, en cires, en colles fortes, en fuifs ,
en noix, en huile de noix, & en toiles de chanvre.
Clermont peut être regardé comme le marché général
de l’Auvergne ; on s’y fournit d’étoffes, d’habits,
de dentelles, &c. On y prépare dés cuirs; on
y fait dès confiturés d’abricots & de pommes; on y
travaille des burats, des étamines & des ferges. Au-
rillac fournit des fromages. Il y a des manufactures
de points. Il fe tient à Saint-Flour des foires confi-
dérables. Il s’y vend des mules & des mulets : c’eft
le grenier des lèigles du pays ; on y fait des couteaux
, des rafoirs, des cifeaux, des ratz & des ferges
, & l’on y prépare des Cuirs. Les cartes, le papier,
la coutellerie & le fil à marquer, font le trafic de
Thiers. C ’eft le même commerce à Ambert, où l’on
fabrique des ratz & des étamines, mais lurtout du papier
à la beauté duquel on prétend que les eaux contribuent
beaucoup. Tout le monde connoît les tapif-
feries d’Aubuffon. Beffé eft l’entrepôt des blés, des
vins & des fromages qu’on tire de la Liinagne. Il y a
à Riom, à Maringues, à Anjan & à Chaudes-Aigues,
des tanneries. Il fe fait à Aurillac des étamines bu-
rattées ; à Brioude, des ferges ; à Felletin, des ta-
pifferies de haute-liffe ; à Riom, Murat, Mauriac ,
&c. de groffes étoffes ; & des points, à laChaife-
Dieu, à Allange, &c.
A u v e r g n e , (Jeu de l'homme d ') ce jeu a un grand
rapport à celui de la triomphe ; on peut y joiier depuis
deux jufqu’à fix. Le jeu de cartes en contient
jufqu’à trente-deux : mais fi l’on ne joue que deux ou
trois, il ne fera que de vingt-huit, parce qu’on lèvera
lesfept. Les cartes confervent leur valeur ordinaire:
après que l’on a vû à qui fera, celui qui eft
à mêler fait couper le joiieur de fa gauche, & donne
à chacun cinq cartes par deux ou trois, & en prend
autant pour lui, il tourne la carte qui eft deffus le talon
, & qui fert de triomphe ; alors chacun voit s’il
peut jouer avec fon jeu, finon il paffe, comme à la
bête. Si perfonne n’a affez beau jeu pour joiier dans
la couleur retournée , on feréjoiiit en ce cas, & jufqu’à
trois fois , fi les deux premières cartes retournées
n’ont pû accommoder les joueurs. Il faut faire
trois mains pour gagner, & deux premières, quand
elles font partagées entre les joüeùrs. Lorfque le jeu
de cartes eft reconnu faux, on refait, & les coups
précédens font bons, & même celui où on l’auroit
reconnu tel, s’il étoit fini. Celui qui donne mal perd
un jeu & remêle : fi en mêlant il fe trouve quelque
carte retournée, on refait. Celui qui retourne un
roi pour triomphe , gagne un jeu pour ce ro i, & autant
pour tous ceux qu’il a dans la main ; tous les
joueurs ont le même avantage. Celui qui joue avant
fon tour perd un jeu au profit du jeu : celui qui renonce
perd la partie ; le fens de ce terme, en ce cas, eft
qu’il n’y peut plus prétendre. Celui qui fait joiier &
perd, démarque un jeu au profit de celui qui gagne :
celui qui a en main le roi de la couleur retournée en
réjoiiiffance, a le même droit que celui qui l’a de la
. première tourne , & marque un jeu pour ce ro i, &
un jeu pour chaque autre qu’il auroit encore, pourvû
néanmoins qu’il n’eut pas eu dans fon jeu le roi de la
triomphe précédente dans le même coup, pour lequel
il auroit déjà marqué.
S’il arrive que l’un des joiieurs, après s’être réjoiii,
vienne à perdre en joiiant le roi de la première triomphe,
foit que l’on lui coupât ou autrement, celui qui
feroit cette levée gagneroitune marque fur celui qui
. J’auroit jetté, & ainli des autres rois pour lefquels on
gagne des jeux.
* AUVILLARD, (Géog.) ville de France en Gaf-
cogne , dans la Lomagne , proche de la Garonne.
Long. 18. 40« lat. 44. y .
* AWLEN, petite ville d’Allemagne, dans le cercle
de Soiiabe , fur la rivière de Kochen. Long. 28.
45. lat. 48. 5%,
AVUSTE ou AJUSTE., f. f. fe dit ,fur mer & fur
les rivières , d’un noeud de deux cordes attachées
l’une au bout de l’autre.
AVUSTER , AJUSTER, en Marine & fur les rivières,
c’eft attacher deux cordes l’une au bout de
l ’autre. On dit en quelques endroits répiffer. (Z )
* AUXERRE, ( Géog. ) ville de France au duché
de Bourgogne, capitale d’un pays appellé de fon
nom VAuxerrois , fur l’Yonne. Long, 21. 14. 20, lat.
4 P J 4 .
AUXESE, f. f. figure de Rhétorique, par laquelle,
on amplifie une chofe à l’excès. Voye%_ A m p l i f ic a t
io n & H y p e r b o l e . (G)
AUXESIE, f. f. (Myth.) déeffe adoréepar les ha*
bitans d’Egine. Hérodote & Paufanias , qui en ont
fait mention, ne nous en apprennent rien de plus.
• A U X I-LE-C H AS T E A U , (Géog.) petite ville
des Pays - bas catholiques, dans l’Artois , à trois
lieues de Dourlens, fur l’Authie , qui la fépare en
deux. •
AUXILIAIRE , adj. ( Gramm. ) ce mot vient du
Latin auxiliaris, & fignifie qui vient au fecours. En
terme de Grammaire , on appelle verbes auxiliaires le
verbe être & le verbe avoir, parce qu’ils aident à conjuguer
certains tems des autres verbes, & ces tems
font appellés tems compofés.
Il y a dans les verbes des tems qu’on appelle (impies
; c’eft lorfque la valeur du verbe eft énoncée
en un feul mot ; j'aime ,j'aimois , j'aimerai, &c.
Il y a encore les tems compofés , j'a i aimé, j'ay ois \
aimé, j'aurois aimé , & c . ces termes font énoncés en ,
deux mots.
Il y a même des tems doublement compofés, qu’on ,|
appelle fur-compofés ; c’eft lorfque le verbe eft énon- j
ce par trois mots ; quand i l a eu dîné, j'aurois été ai- !
m i , & c .
Plufieurs de cestems qui font compofés ou fur-com- .
pofés en François, font fimples en Latin, fur-tout i
d l’a â if amaviy j’ai aimé, &c. Le François n’a point
de tems fimples au paffif ; il en eft de même en Efpa-
gnol, en Italien, en Allemand, & dans plufieurs autres
langues vulgaires. Ainfi quoiqu’on dife en Latin
en un feul mot, amor, amaris , amatur, on dit en
François ,/’«? fuis aimé, &c. en Efpagnol ,foy amado,
je fuis aimé ; très amado , tu es aimé ; es amado. , il
eft aimé, &c. en Italien, fono arnato, fei amato, è
amalo.
Les verbes paffifs des Latins ne font compofés
qu’aux prétérits , & aux autres tems qui fe forment
du participe paffé, amatiis fum vel f u i , j’ai été aimé ;
amatus ero vel fuero, j’aurai été aimé ; on dit aufti à
l’a&if, a/natum ire, qu’il aimera ou qu?il doit aimer ;
& au paffif, amatum iri, qu’il fera ou qu’il doit être
aimé ; amatum eft alors un nom indéclinable, ire ou
iri ad amatum. Voye%_ SUPIN.
Cependant on ne s’eft point avifé en Latin de donner
en ces oçcafionS le nom d'auxiliaire au verbe fum ,
m à habeo, ni k ire , quoiqu’on dife habeo perfuafujn %
& que Cefar ait dit, mifit copias quas habebatparatas ,
habere grates , fidem , mentionem, odium , &CC.
Notre verbe devoir ne fert-il pas auffi d'auxiliaire
aux autres verbes par métaphore ou par extenfion ,
pour lignifier ce qui arrivera ? je dois aller demain à
y ’-rfailles; je dois recevoir , & c . i l doit partir , il doit
arriver, &c.
Le verbe faire âfouvent auffi le même ufage ; faire
voir, faire part, faire des complimens , faire honte, faire
peur, faire pitié , &e.
Je crois qu’on a donné le nôm d’auxiliaire à être
& à avoir, que parce que ces verbes étant fuivis d’un
nom verbal, deviennent équivalens à un verbe fim-
pie des.Latins, veni, je fuis venu; c’eft ainfi que parce
que propter eft une prépofirion en Latin, on a mis
aufti notre à caufe au rang des prépofitions Françoi-
fes, & ainfi de quelques autres.
Pour moi je fuis perfuadé qu’il ne faut juger de la
nature des mots que relativement au ferviee qu’ils
rendent dans la langue oji ils font en ufage , & non
par rapport à quelqu’autre langue dont ils font l'équivalent
; ainfi ce n’eft que par périphrafe ou circonlocution
que je fuis venu eft le prétérit de venir.
Je eft le fujet ; c’eft un pronom perfonnel : fuis eft:
feul le verbe à la première perfonne du tems préfent
je fuis aûuellement : venu eft un participe ou adjectif
verbal, qui fignifie une aâion paffée , & qui la fi-
gnifieadje&ivement comme arrivée ; au lieu que ave-
nement la fignifie fubftantivement & dans un fens abstrait
: ainfi il ejl venu , c’eft-à-dire, i l efi actuellement
celui qui efi venu, comme les Latins difent venturus efi,
il eft aâuellement celui qui doit venir. J'ai aimé le
verbe n’eft que ai, habeo ; j'a i eft dit alors par fiau-
re , par métaphore , par fimilitude. Quand nous°di-
fons y j'a i un livre, &c. j'a i eft au propre, & nous tenons
le même langage par comparaifon, lorfquenous
nous fervons de termes abftraits ; ainfi nous difons ,
j ’ai aimé y comme nous difons, j ’ai honte, j ’ai peur ,
j ’ai envie , j ’aifoif, j'a i faim , j'ai chaud, j'a i froid ;
je regarde donc alors aimé comme un véritable nom
fubftantif abftrait & métaphyfique, qui répond à
amatum , amatu des Latins , quand ils difent amatum
ire, aller au fentiment d’aimer, ou amatum iri, Vaction
d’aller au fentiment d’aimer, être faite, le chemin
d’aller au fentiment d’aimer, être pris, viam iri
ad amatum : o r comme en La fin amatum, amatu, n’eft:
pas le même mot qu'amaius, a , urn, de même aimé
dans j'a i aimé, n’eft pas le même mot que dans je fuis
aimé, ou aimée; le premier eft aftif, j'ai aimé, aulieu
que l’autre eft paffif, j.e fuis aimé: ainfi quand un officier
dit , j'a i habillé mon régiment, mes troupes; habillé
eft un nom abftrait pris dans un fens a&if; au
lieu que quand il dit, les troupes que j'ai habillées ; habillées
eft un pur adje&if participe qui eft dit dans te