un faignement de nez, après bien des remedes tentés
inutilement, n’en trouva pas de plus efficace que de
la poudre de crâne humain appliquée fur la peau, autant
qu’il faut feulement pour qu’elle s’y échauffe.
Zwelfer à ce fujet-là apprit une circonftance très-
particuliere du premier médecin de Moravie, qui
ayant préparé quelques trochifmes de crapauds, de
la maniéré que leprefcritVanhelmont, trouva que
non-feulement portés en guife Tamulete ils le préfer-
voient, lui, fes amis & fes domeftiques, de la pelle,
mais même qu’appliqués fur le mal de ceux qui étoient
déjà pelliférés , .ils les foulageoient. confidérable-
ment, & en guériffoient quelques-uns.
Le même M. Boyie fait voir combien les émanations
qui fortent même des amuletes froids, font capables
de pénétrer dans les pores des animaux vi-
vans, en luppofant quelqu’analogie entre les pores,
de la peau & la figure des corpufcules. Bellini a fait
tout ce qu’il a pu pour démontrer la poffibilité de
cette introdu&ion des corpufcules des amuLtus dans
le corps humain , dans fes dernieres propofitions de
febribus. M. 'Wainwright & autres l’ont démontré
auffi. V . Em a n a t io n , Pore , Peau , Pe s t e , & c.
On trouve des livres d’anciens médecins qui contiennent
plufieurs deferiptions de ces remedes, qui
font encore pratiqués aujourd’hui par des empyri-
ques, des femmes, ou d’autres perfonnes crédules
& fuperllitieufes. (G )
AMUR ou AMOER, riviere de la grande Tar-
tarie en Alie ; elle a fa fource près du lac Baycal,
vers le 1 17 degré de longitude, & fe jette dans l’Océan
oriental au 5 5 degre de latitude feptentrionale,
& le 152 de longitude. Elle fépare le Dauria du pays
des Monguls, & baigne la ville d’Albafin.
AMURER, v . aél. (Marine.) C ’eft bander & roi-
dir quatre cordages appelles cpüets, qui tiennent aux
points d’en-bas de la grande voile & de la mifene,
pour maintenir la voile du côté d’oii vient le vent.
ro y c { C ouets & Amures.
Amurer la grande voile, c’eft mettre vers le vent re
coin qu’on appelle le point de la voile, en l’amenant
jufqu’à un trou fait dans le côté du vaiffeau, & ap-
pellé dogue d'amure.
On dit la même chofe des autres voiles , en les
nommant en même te ms par leurs noms.
L’on amure pour aller au plus près & vent largue.
Amurer tout bas, c’eft mettre le point des voiles
qu’on amure le plus bas qu’il eft poffible, pour que
le vailTeau fe comporte bien, & qu’il aille mieux &
au plus près du vent.
Amure, c’eft le commandement qu’on fait pour
faire amurer, quand on veut faire route près du vent.
Amure la grande voile, amure tout bas ; ferre la civa-
diere & le perroquet de beaupré, & amure les couets.
AMURES, f. f. pl. (Marine.) Ce font des trous
pratiqués dans le plat-bord du vaiffeau, & dans la
gorgere de fon éperon. Il y à dix amures, quatre pour
les coiiets, & fix pour les écoutes des paefis & de la
civadiere.
Les amures des coiiets de mifene font à la gorgere de
l’éperon. Voye[ les figures, Marine , P I. I . 6* Fl. IP .
fig. 1. Voye^ Eperon.
Les amures des coiiets de la grande voile font à l’avant
du grand mât dans le plat - bord , l’un à bas - bord,
l’autre à ftribord. Ces deux amures s’appellent dogues
d'amure. Voye£ les figures, Marine, Planche I.
Les amures des écoutes de la grande voile fqnt à ftribord
& à bas-bord de l’artimon.
'Les amures des écoutes de mifene font à ftribord &
à bas-bord du grand mât.
Les amures de la civadiere font auprès dès amures
des écoutes de mifene.
Quoiqu’il y ait des amures pour les écoutes, on ne
fe fert du verbe amurer que pour les coiiets ; ca r on
dit border l'écoute & halér Üécoute. ■
Les amures fervent pour aller à la bouline & ferrer
le vent. Voyeç C ouets.
Amures d'une voile, ce font les manoeuvres qui fer*i
vent à l’amurer.
U amure dartimon, c’eft un palanquin, ou quel*
quefois une corde fimple.
On dit Ramure à bas-bord, l’amure à ftribord , pour
marquer qu’un vaiffeau eft amuré au coté droit ou au
côté gauene.
Les amures des voiles d'étai font de (impies cordes.
Dogue damure, c’eft-le trou.pratiqué dans le côté
du vaiffeau à l’embelle. V . D ogue d’Amure. (Z )
* AMURQUE, f. f. c’eft le nom que les Apothicaires
&Droguiftes donnent, foit au marc d’olives
preffurées, foit au dépôt même de l’huile.
* AMUY, ville de l’Inde, au-delà du G ange, en
A lie , près du bord occidental du lac de Chaînai,
aux confins du royaume de Kanduana.
* AMYCLES, ancienne ville du Péloponnefe, bâ*
tie par Amycle roi de Sparte, près du mont Taygè*
t e , où Apollon eut un temple qui le fit furnommer
Amydien. ;
AMYCLÉEN, furnom d’Apollon. Foye^ Am Y*
CLES.
* AM Y G L EU S , étoit un dieu particulier de la
Grece ; il y avoir un temple & dés autels. Paufanias
qui en.a fait mention, ne nous en apprend rien de
plus. Ce font quelques extravagances de moins fur
le compte du genre humain.
AMYDON , f. m .{ufage de la nature, A rt, blé, &
arnyd.') Nous allons expliquer la maniéré dont fe fait
l'amydon : nous en fùïvrons le détail dans toutes les
circonftances ; & la définition de Vamydon, par laquelle
nous finirons , fera le réfultat des opérations
que nous aurons expofées.
Ayez du blé ou des iffues du b lé , comme les re-
coupettes & les griots. Pour entendre ce que c’eft
que recoupettes & griots, il faut favoir que le blé moulu
fe blute, & que le bluteau le diftribue en fix portions
; favoir, la fleur de la farine, la groffe farine ,
les griots, les recoupettes, les recoupes , & le fon.
On donne le fon aux chevaux ; on nourrit les vaches
de rècoupes ; on fait du pain de la groffe farine &
de la fleur de farine, & l’on tire P amydon des griots
& des recoupettes. Les Amydonniers n’employent
le blé en nature que quand il eft gâté. Il leur eft défendu
d’y confommer de bon blé ; défenfe affez fu-
perflue. La raifon de plus de perfection dans l’ouvrage
, ne détermine prefque jamais les ouvriers à
faire bien à gros frais, ce qu’ils peuvent faire mal ou
moins bien à vil prix.
Toute l’attention des Amydonniers fe réduit à
choifir les iffues des blés les plus gras. C ’eft de ces
iffues qu’ils font f amydon fin, celui qu’on employé
en poudre à poudrer la tête, en dragées, Sc autres
compofitions qui entrent dans le corps humain. Le.
blé gâté eft moulu & employé, comme on verra dans
la fuite, à la confection de f amydon commun, celui
qui fert aux Cartonniers, aux Relieurs, aux Afficheurs
, &c. en un mot à tous les artifans qui dépen-
fhnt beaucoup de colle.
Pourvoyez-vous donc de griots & de recoupettes
, & même de blés gâtés : les Boulangers vous fourniront
les griots & recoupettes, que vous pourrez
employer , fur le champ. Il faudra faire moudre les
blés gâtés.
L’eau eft le principal infiniment d’un Amydonnier;
mais fur-tout celle qui doit fervir de levain & produire
la fermentation. Si vous vous propofez de faire Va-
mydon dans un lieu où il n’y a point d’Amydonnier,
& que vous ne puiffiez emprunter du levain, & obtenir
par cet emprunt ce que l ’on appelle, des eaux
. " ‘ ; fûtes
Jures, vous pourrez vous en procurer de ï’uné dés
trois maniérés fuivantès.
1 °. Prenez deux livres du levain avec lequel le Bou-
■ langer fait lever fa pâté ; délayez ces deux livres de
levain dans un feau d’eau chaude : au bout de deux
; jours l’eau fera fûre. Remuez cette eau ; ajoutez un
demi-feau d’eau chaude ; laiffezrepofer. Remuez encore
& continuez là même manoeuvre jufqu’à ce que
: vous ayez la quantité d’eau dont vous aurez befoin.
20. Où mettez dans un chauderon quatre pintes
d’eau, quatre pintes d’eau-de-vie, deux livres d’alun
de roche.: faites bouillir le tout enfemble, & fervez-
vous-en comme je vous le dirai dans la fuite.^ ^
j ° . Ou ftiivez le procédé qui vous fera indique a
-la troifieme manoeuvre de l’Âmydonnier.
- Ayez des tonneaux connus fous le nom de demi-
■ queues de Botirgogne, comme vous les voyez Planch.
*de ÜAmydorin. b, c , d , e , f , g , & c. défoncez-les par
un bout, & fervez-vous-en de la maniéré fuivante.
Mettez un feau d’eau fûre empruntée d’un confrère
, ou préparée comme nous l’avons dit ci-def-
fus, dans un de vos tonneaux ; peut - être faudra-t-il
de cette eau moins d’un feau. La quantité de levain
varie : il en faut moins en été, plus en hyver, & il
faut prendre garde, fur-tout dans cette derniere fai-
fon , qué le levain ne gele.
Mettez de l’eau pure fur ce levain jufqu’au bon-
, don ; c’eft ce que fait la fig. 1. de V Amydonnier, qui
eft au puits. Achevez de remplir les tonneaux de matière
, c’eft-à-diré de recoupettes & de griots, moitié
par moitié , ou de farine de blé gâté moulu gros. Cette
première opération s’appelle mejtre en trempe.
Les ftâtüts difent que les recoupes & recoupettes
feront mifes en trempe ou en levain pendant l’efpace
de trois femaines dans les eaux pures, nettes & claires.
Mais on ne les_y laiffe en été que pendant dix
jours, & pendant quinze en hyver : ce terme eft plus
court ou plus long, fuivant la force du levain. Il n’y
■ a guere que l’expérience qui puiffe inftruire là-def-
fus. La matière eft en trempe dans les tonneaux e, f l
Sic. qu’on voit pleins.
Après que les matières auront été fuffifamment en
trempe ôu en levain, elles feront précipitées, & il
leur furnagera une eau qu’on appelle eau grajfe. Cette
eau graffe n’eft autre chofe que les huiles des matières
que la fermentation a envoyées à la furface. On
jette cette eau. Après que vous aurez jetté cette ean^
ayez des fas de toile de crin de 18 pouces de diamètre
fur 18 pouces de hauteur ; prenez-en un ; pofez-
le fur un tonneau bien rincé, comme vous voyez au
tonneau b ; puifez trois féaux de matière en trempe ;
verfez-les fur le fas, & lavez-les avec fix féaux d’eau
claire, en procédant de la maniéré fuivante. Verfez
d’abord fur les trois féaux de matière en trempe mife,
dans le fas, deux féaux d’eau claire ; remuez le tout
avec vos b ras, comme vous vo y e z faire à la fig. 2.
Quand ces deux féaux d’eau claire feront paffés ,
verfez deux autres féaux fur le refte de matière contenue
dans le fas ; remuez de rechef. Quand ces deux
féaux feront paffés , verfez les deux derniers féaux
fur le fécond reftant, & remuez pour la troifieme
fois. Cette fécondé opération s’appelle laver le fon.
Il eft enjoint par les ftatuts aux maîtres Amydonniers
de bien laver ou féparer les fons , & de veiller à ce
ques leur fas foient bons, & leurs eaux bien pures &
bien nettes.
Vuidez dans un tonneau ce qui reliera dans le fais ;
lavez bien ces.réfidus avec de l’eau claire , c’eft ce
que fait la fig. 3. & ces réfidus- lavés ferviront de
nourriture aux beftiaux. Continuez de paffer de la
matière en trempe fur le même tonneau -, jufqu’à ce
qu’il foit plein.
Le lendemain de cette fécondé opération ( les ftatuts
difent trois jour s. aprh') jettez l’eau qui a paffé
Tome ƒ,
â-fraVers le fas avec la matière en trempé î dette eailt
fe nomme eau fûre. C’eft le levain naturel des Amydonniers
; celui que je vous corifèillois d’empruntef
d’eu x, fi vous en ayez iWotre portée". Il faut mettre
de cette eau, quand On sun fert pour mettre eh trempe
, un feau fur chaque tonneau de matière én été ;
trois & quelquefois quatre féaux en hyver. Voilà le
troifieme levain dont j’avdis promis de parler.
Enlevez cette edu Jure aVéc urle remué de bois ,n
jufqu’à ce que le blanc dépofé au fond dé chaque
tonneau paroiffe ; rempliffez enfuite vos tonneaux de
nouvelle eau , en quantité fuffifante pouf pouvoir
avec une pelle de bois, battre, broyer & démêler
f amydon: c’eft ce que peut faite auffi la fig. 3. en-
fuite rempliffez vos tonneaux d’eau claire. Cette troifieme
manoeuvre s’appelle rafraîchir Cafnydon. On
voit que les Amydonniers qui rafraîchiffent le lende*
main du lavage des fon s , ne fuivent pas bien exaéle-
ment leurs ftatuts.
Deux jours après le rafraîchiffertient, jettez l’eau
qui a fervi à rafraîchir jufqu’à ce que le premier blanc
paroiffe. Ce premier blanc fè nomme par les Artiftes
ou gros ou noir, fuivant les différens endroits ou l'a-
mydon fç fabrique : ce gros ou noir s’enleve de deffus
l’amydon ou fécond blanc qui en eft couvert. On ne le
perd pas ; il fait le plus gros gain des Amydonniers ,
qui en engraiffent des cochons. Quand le gros ou
noir eft enlevé, on jette un feau d’eau claire fur le
réfidu de craffe que le gros ou noir laiffe fur le fécond
blanc, ou fur l’amydon qu’il couvroit. On rince bien
la furface de cet amydon avec ce feau d’eau ; on a un
tonneau vuide tout prêt à recevoir les rinçures : on
les y met ; elles y dépofent ; & ce dépôt des rinçures
s’appelle amydon commun. Les Amydonniers nomment
cette quatrième opération rincer. AÊk
Le rincer étant fait, on trouve au fond dWhaque
tonneau quatre pouces d’épaiffeur ou environ damy-
don: Cetté quantité varie félon la bonté des recoupettes
& dés griots qu’on a employés. Il eft évident que
les blés gâtés qu’on employé en amydon, doivent
donner davantage, .tout étant employé : mais Vamy*
don qu’on en tire eft toujours commun, & n’a jamais
la blancheur de celui qui eft fait de recoupettes & de
griots de bon blé. On prend 17amydon qui eft dans un
tonneau ,_pn le verfe dans, un autre; c’eft - à - dire ,
pour parler précifément, que de deux tonneaux d <z-
mydon on n’en fait qu’un , où par conféquent il fe
doit trouver neuf à dix pouces 'd?amydon de recoupettes
& de griots. Cette cinquième opération s’appelle
paffer les blancs.
Lorfque jes blancs font paffés d’un tonneau fur un
autre , on verfe deffus une quantité fuffifante d’eau
claire pour les battre, broyer & délayer ; ce qui s’exécute
avec une pelle de bois. Cette opération eft
la fixieme, & s’appelle démêler les blancs.
Les blancs démêlés , on pofe un tamis de foie
dont la figure eft ovale, fur un tonneau rincé & propre
; on fait paffer à-travers ce tamis les blancs qu’on
vient de démêler : on continue ce travail fur un même
tonneau , jufqu’à ce qu’il foit plein. Les ftatuts
enjoignent de fe fervir d’eau bien claire pour paffer.
les. blancs;
Deux jours après que les blancs ont été démêlés
& paffés, on jette l ’eau qui eft dans le tonneau, &
qui a traverfé le tamis de foie, jufqu’à ce qu’on foit
au blanc. Il refte fur le blanc une eau de même couleur
qui le couvre ; verfez cette eau dans un grand
pot de terre; jettez enfuite un feau d’eau claire fur
Y amydon même ; rincez la; furface avec cette eau ;
ajoutez cette rinçure à l’eau blanche : cette rinçure
dépofera ; le dépôt fera encore de Y amydon commun.
Après que l'amydon aura été bien rince, levez-
le du fond des tonneaux ; mettez-Ie dans des paniers
d’ufier., arrondis par les coins ôc garnis en-dedan#*
C c c