
ou l’écrivain a fous-entendu, pour donner plus de
véhémence à fon début. C’eft ainfi qu’Horace a dit
au commencement d’une ode :
Ergo Qiiintilium perpétuas fopor
17rg et............
Et Malherbe dans fon ode à Louis XIII. partant
pour la Rochelle :
Donc un nouveau labeur a tes armes s'apprête;
Prens ta foudre , Louis.........
A l’égard des interjetions, elles ne fervent qu’à
marquer des mouvemens fubits de l’ame. Il y a autant
de fortes d’interjetions, qu’il y a de pallions
différentes. Ainfi il y en a pour la trifteffe & la com-
paffion, hélas, ha ! pour la douleur ai, a i , ha ! pour
l’a ver lion & le dégoût, fi. Les interjetions ne fer-
vant qu’à ce feul ufage, & n’étant jamais confidérées
que fous la même face, ne font fujettes à aucun autre
accident. On peut feulement obferver qu’il y a. des
noms, des verbes, 8c des adverbes, qui étant prononcés
dans certains mouvemens de pallions, ont la
force de l’in terjeétion, courage, allons, bon-Dieu,
voyei, marche, tout-beau, paix, 8cc. c’eftle ton plutôt
que le mot qui fait alors l’interjetion. ( F )
A c c id e n t , f. m. en Logique, quand on joint une
idée confufe & indéterminée de fubftance avec une
idée diftinte de quelque mode : cette idée eft capable
de repréfenter toutes les chofes oiifera ce mode ;
comme l’idée de prudent, tous les hommes prudens ;
l’idée de rond, tous les corps ronds. Cette idée exprimée
par un terme adjeélif, prudent, rond, donne
le cinquième univerfel qu’on appelle accident, parce
qu’il n’eft pas effentiel à la choie à laquelle on l’attribue
; car s’il l’étoit, il feroit différence ou propre.
Mais il faut remarquer ici, que quand on conlidere
deux fubftances enfemble, on peut en confidérer une
comme mode de l’autre. Ainfi un homme habillé
peut etre confidéré comme un tout compofé de cet
homme 8c de fes habits : mais être habillé à l ’égard
de cet homme , eft feulement un mode ou une façon
d’être, fous laquelle on le conlidere, quoique fes habits
foientdeslubftances. ^ .U n iv e r s a u x . (AT)
* Les Ariftotéliciens, après avoir diffribué les êtres
en dix claffes, réduifoient ces dix claffes à deux générales
; à la claffe de la fubftance, ou de l’être qui
exifte par lui-même, & à la claffe de l'accident, ou de
l ’être qui eft dans un autre comme dans un fujet.
De la claffe de l’accident, ils en faifoient neuf autres
, la quantité, la relation, la qualité, l’afrion, la
paillon, le tems, le lieu, la lituation, & l’habitude.
A c c id e n t , en Medecine, lignifie une révolution
qui occafionne une maladie, ou quelqu’autre chofe
de nouveau qui donne de la force à une maladie déjà
exiftante. La fupprelîîon fubite des crachats dans la
péripneumonie eft un accident fâcheux. Les plus fameux
praticiens en Medecine recommandent d’avoir
communément plutôt égard à la violence des acci-
dens qu’à la caule de la maladie ; parce que leur durée
pourroit tellement augmenter la maladie, qu’elle de-
viendroit incurable. Voye{Sym p tôm e . ( N')
A c CIDENT , en Peinture. On dit des accidens de lumière,
lorfque les nuages interpofés entre le foleil 8c
la terre produifent fur la terre des ombres qui l’obf-
curciffent par efpace ; l’effet que produit le foleil fur
ces efpaces qui en relient éclairés, s’appelle accident
de lumière. Ces accidens produifent des effets merveilleux
dans un tableau.
On appelle encore accident de lumière, : les rayons
qui viennent par une porte, par unelucarne, ou d’un
flambeau, lorfque cependant ils ne font pas la lumière
principale d’un tableau. ( A )
A c c id e n t , fe dit aufli en Fauconnerie. Les oifeaux
de proie font fujets à plufieurs accidens ; il arrive
quelquefois que les faucons font bielles en attaquant
le milan ou le héron : fi la bleffure eft légère , vous
la guérirez avec le remede fuivant : mettez dans un
pot verni une pinte de bon verjus ; faites-y infufer
pendant douze heures pimprenelle 8c confoude de
chacune^ une poignée, avec deux onces d’aloès 8c
autant d encens, une quantité fuflifante d'origan, 8c
un peirde maftic : l’infufion étant faite, paffez le tout
par un linge avec expreflion, 8c gardez ce remede
pour le beloin. Onfe fert de cette colature pour étuve*]
doucement la bleffure quife guérit par ce moyen
aifément. • •
Si la bleffure eft confidérable, il faut d'abord cou-
per la plume pour empêcher qu’elle ne s’y attache ,
8c y mettre une tente imbibée de baume ou d’huile
de millepertuis.
Si la bleffure eft interne, ayant été caufée par l’e f fort
qu’a fait le faucon en fondant fur fa proie, il faut
prendre un boyau de poule ou de pigeon, vuider 8c
laver bien ce boyau , puis mettre dedans de la mû-'
mie, 8c faire avaler le tout à l’oifeau ; il vomira fur
le champ le fang qui fera caillé dans fon corps, 8c
peu de tems après il fera guéri.
r Si la bleffure de l’oifeau eft confidérable, mais extérieure,
8c que les nerfs foient offenfés, il faudra
premièrement la bien étuver avec un liniment fait
avec du vin blanc, dans lequel on aura fait infufer
desïofes feches, de l’écorce de grenade, un peu
d’abfinthe 8c d’alun ; enfuite on y appliquera de la
térébenthine.
ACCIDENTEL, adj. en Phyfique, fe dit d’un effet
qui arrive, ou d’une caufe qui arrive par accident,
pour ainfi dire , fans être ou du moins fans paroître
lujette à des lo is , ni à des retours réglés. En ce fens
accidentel eft oppofé à confiant 8c principal. Ainfi la
fituation du foleil à l’égard de la terre, eft la caufe
confiante 8c principale du chaud de l’é té , 8c du
froid de l’hyver : mais les vents, les pluies , &c. en
font les caufes accidentelles, qui altèrent 8c modifient
fouvent Paélion de la caufe principale.
Point accidentel, en Perfpeélive, eft un point de la
ligne horifontale oiife rencontrent les projetions de
deux lignes qui font parallèles l’une à l’autre, dans
l’objet qu’on veut mettre en perfpetive , 8c qui ne
font pas perpendiculaires au tableau. On appelle ce
point accidentel, pour le diftinguer du point principal,
qui eft le point oîi tombe la perpendiculaire menée
de l’oeil au tableau, 8c oii fe rencontrent les projetions
de toutes les lignes perpendiculaires au tableau.
Foyei L ig n e h o r is o n t a l e . ( O )
ACCISE, f. f. terme de Commerce, droit qui fepaye
à Amfterdam, 8c dans tous les états des Provinces-
Unies, fur diverfes fortes de marchandifes 8c de denrées
, comme font le froment, 8c d’autres grains, la
bierre, les tourbes, le charbon de terre. %
Les droits à’accife du froment fe payent à Amftèr-
dam à raifon de trente fous le loji, foit que les grains
foient chers, foit qu’ils foient à bon marché, oïitre
les droits d’entrée qui font de dix florins, non compris
ce que les Boulangers 8c les bourgeois payent
pour le mefurage, le courtage, 8c le port à leurs
maifons. ( G )
ACCLAMATION, f. f. marque de joie pu d’ap-
plaudiffement par lequel le public témoigne fon efti-
me ou fon approbation. L’antiquité nous a tranfinis
plufieurs fortes d'acclamations. Les Hébreux ayoient
coutume de crier hofanna; les Grec âya6» tvkh , bonne
fortune. Il eft parlé dans les Hiftoriens, de quelques
magiftrats d’Athènes qui étoient élus par âccla.-.
mation. Cette acclamation ne fe manifeftoit point par
des cris, mais en élevant les mains. Les Barbafes té-
moignoient leur approbation par un bruit confus de
leurs armes. Nous cônnoiffons plus en détail fur ce
point les ufages des Romains, dont on peut réduire
les acclamations à trois efpeces différentes ; celles du
peuple, celles du fénat, 8c celles des affemblées des
gens de Lettres.
Les acclamatiions du peuple avoient lieu aux entrées
des généraux 8c des empereurs, aux fpe&acles
donnés par les princes ou les magiftrats , 8c aux
triomphes des vainqueurs. D ’abord ce ri’étoit que
les cris confus d’une multitude tranfportée de joie ,
8c l’expreffion fimple 8c fans fard de l’admiration publique,
plaufus tune arte carebat, dit Ovide. Mais fous
les empereurs, 8c même dès Augufte, ce mouvement
impétueux auquel le peuple s’abandonnoit comme
par enthoufiafme, devint un art, un concert apprêté.
Un Muficien donnoit le ton, 8c le peuple faifant
deux choeurs répétoit alternativement la formule
d'acclamation. La fauffe nouvelle de la convaléfcen-
ce de Germanicus s’étant répandue à Rome, le peuple
courut en foule au capitole avec des flambeaux
8c des victimes en chantant ,falva Roma, falva pa-
tria,falvus eft Germanicus. Néron, paflionné pour la
mufique, lorfqu’il joiioit de la lyre fur le théâtre-,
avoit pour premiers acclamateurs Seneque 8cBur-
rhus, puis cinq mille foldats nommés Aüguftales, qui
entonnoient fes loiianges, que le refte des fpeélateurs
etoit obligé de répéter. Ces acclamations en mufique
durèrent jufqu’à Théodoric. Aux acclamations fe joi-
gnoient les applaudiffemens aufli en cadence. Les
Formules les plus ordinaires étoient féliciter, longio-
rem viiam, annos felices ; celles des triomphes étoient
des vers à la louange du général , 8c les foldats Sc ie
peuple crioient par intervalles ïo triumphe : mais à
ces loiianges le ioldat mêloit quelquefois des traits
piquans 8c fatyriques contre le vainqueur.
Les acclamations du fénat, quoique plus férieufesj
avoient le même but d’honorer le Prince, 8c fouv,ent
de le flatter. Les fénateurs. marquoient leur confen-
tement à fes propofitions par ces formules, omnes,
omnes, oequum eft, juftum eft. On a vu des élections
d’empereurs fe faire par acclamation, fans aucune
délibération précédente. •-
Les gens de Lettres récitoient ou déclamoient leurs
pièces dans le capitole ou dans ies temples, 8c en
préfence djune nombreufe affemblée. Les acclamations
s’y paffoient à-peu-près comme celles des fpec-
tacles, tant pour la mufique que pour les accompa-
gnemens. Elles dévoient, convenir au fujet 8c aux
perfonnes.; il y en avoit de propres pour les Philofo-
phes, pour les Orateurs, pour les Hiftoriens, pout
les Poètes. Une des formules les plus ordinaires étoit
le fophos qu’on répétoit itrois fois. Les comparaifons
8c les hyperboles n’étoient point épargnées, furtout
par les admirateurs à gages payés pour applaudir;
car il y en avoit de ce genre, au rapport de Philof-
trate. f (?)
ACCLAMPER , aedampe, mât acclampé, mât ju melle.
C’eft un mât fortifié paries pièces de bois attachées
à fes côtés. Voyeç C lamp & Ju m e l l e . ( Z )
ACÇLIVITÀS , fub. f. pente d’une ligne ou d’un
lan incliné à l’horifon, prife en montant. Voye^
LAN incliné.
C e mot eft tout Latin : il vient de la prépofition ad,
8c de clivus , pente, penchant.
La raifon pour laquelle nous inférons ici ce môt,
.c’eft qu’il fe trouve dans quelques ouvrages de Phy-
fique 8c de Méchanique, 8c qu’il n’y a point de mot
François qui lui réponde.
La pente, prife en defeendant, fe nomme decli-
vitas. . . . • , . ,
Quelques auteurs de Fortifications ont employé
acclivitas pour fynonyme à talud.
Cependant le mot talud eft d’ordinaire employé
indifféremment pour défigner la pente, foit en montant
,'foit en defeendant. ( O )
ACCOINTANCE, f. f. vieux mot qui s’employé
TomeI.
encore quelquefois au Palais, pour fignifier un commerce
illicite avec une femme ou uné filie. ( H )
ACCQISEMENT, f. m. terme de Medecine> Il n’eft
d ufage que dans cette phrafe, Ùaccoifement des hu+
meurs ; 8ç il défigne alors la ceffation d’un mouvementexçeffif
excité, en elles par quelque caufe que
ce foit. Foyei Calme.
ACCOISER , v. a£l. en Medecine, calmer, appai-
fer, rendre coi. Accoifer les humeurs, les humeurs font
accoifées. ( N \
A CCO LAD E, f. f. cérémonie qui fe pratiquoit en
conférant.un ®r<^ e de chevalerie, dans le tems oii
les chevaliers étoient reçus en cette qualité par les
princes Chrétiens. Elle confiftoit en ce que le prince
armoit le nouveau chevalier, i’embraffoit enfuite en
ligne d’amitié, 8cliii donnoit fur l’épaule un petit
coup du'plàt'd’une épée. Gette marqué de faveur 8c
de bienv eillance eft fi anciennè, que Grégoire de1
Tours ecrjt que les rois de France de la pfemiere race
j donnant le baudrier & la ceinture dorée, baifoiént
les chevaliers à la joue gauche, en proférant ces paroles,
au nom du Pere. & du Fils. & du Saint-Efprit, 8c
comme nous venons de dire, les frappoient de l’épée
legerement fur.Pépaule. Ce fut de la forte que Guillaume
le cbnquetant, foi d’Angleterre,conféra la chevalerie
à Henri fon fils âgé dé dix-neuf ans, en lui
donnant encore des armes.; & c’eft pour cette raifoii
que le chevalier qui recevoit l'accolade étoit nbmtné
chevalier d'armes, Sc en Latin miles; parce qu’on le
mettoit en poffeflion de faire la guerre, dont l’épée ,
le haubert, & le hëaume, étoient les fymboles. On-
y ajoutoit le collier comme la marque la plus bril-i
lante de la chevalerie. Il n’étoit permis qu’a ceux qui
avoient ainfi reçu l'accolade, de porter l ’épée 8c de
chauffer,dés éperons dorés ; d’ôtiîls étôiént nommés
équités aurati, différant par-là’dés écuyers qui né por-'
toient que des éperons argentés. En Angleterre, les
fimples chevaliers ne pouvoient porter que des cornettes
chargées de leurs armes : mais le roi les faifoit
fouvent chevaliers bannerets en tems de guérfe , leur
permettant de porter la bannière comme les barons»
V y c i Banneret. ( G )
Accolade, en Mufique, eft urttfaittiré à larnaf-
ge de haut en bas, par lequel on joint enfemble dans
une partition les portées de toutes les différentes par*
ties. Comme toutes ces parties doivent s’exécuter en
meme tems, on compte les ligrtes d’une partition *
non par le nombre des portées, mais par celui dès
accolades; car tout ce qui eft fous Une accolade rte forme
qu’une feule ligne. Voye{ Partition. (A )
* ACCOLAGE, f. ni. fe dit de la vigne : c’eft Un
travail qui confifte à attacher les farmans aux échà-
las. Il y a des pays où on les lie ou accole, Car ces
termes font fynonymes, auflîtôt qu’ils font taillés. Il
y en a d’autres oii on n’accole que ceux qui font crus
depuis la taille.
Il faut commencer Yàccqlage de bonne heure. On
dit que pour qu’il fût aufli utile qu’il doit l’être, il
faudrait s’y prendre à deux fois : la première, on accolerait
les bourgeons des jeunes vignes au bas feulement
, afin qu’ils ne fe melaffent point les uns avec
les autres, ni par le milieu, ni par le haut ; cette précaution
empêcherait qu’on ne les caflât, quand ils ’a-
giroit de les féparef pour les aceolef entièrement*
La fécondé fois on les accolèroit tous généralement*
Quoiqu’entre les bourgeons il y en eût de plus grands
les uns que les autres , il feroit néceffaire de les accoler
tous la première fois & par le haut & par le bas :
fi on attendoit qu’ils fiiffent tous à-peu près de la même
hauteur pour leur donner la même façon, un vent
qui fut viendrait pourroit les caffer : mais les vignerons
n’ont garde d’avoir toutes ces attentions , à
moins que la vigne rte leur appartienne.
ACCOLER, vefb, ac t. ç’eft attacher une branche
K.