Roch, aux Barnabitesaux Petits Peres, &c. Ces
confoles renverfées font ainfi pratiquées fur le devant
d’un portail pour cacher les arcboutans élevés
fur les bas côtés d’une églife, & fervant à foutenir
les murs de la nef. ( P )
Aileron , c’eft le nom que l’on donne dans les
carrières d’ardoife à une petite piece ( Planche d'ar-
doife, fig. ii.') qui fert delupport à la partie du feau
qu’on appelle le chapeau. Voyeç à l'article Ardoise
& Engin.
Ailerons du ne{. Voye^ Nez.
AILESBURY, ( Géog. ) ville d’Angleterre dans
le Bukinghamshrre, fur la Tamife. Long. iG'. 4g.
lat, 5 i . 5 o.
AILETTES ou ALETTES , f. f. terme de Cordonnerie;
ce font deux morceaux de cuir minces, parés
dans leur pourtour, que les Cordonniers coufent aux
parties latérales internes de l’empeigne du foulier,
pour la renforcir en cet endroit. Les ailettes font
coufues comme l’empeigne avec les femelles. Elles
s’étendent depuis le paton jufqu’à l’origine du quartier.
Elles font prifes en devant entre l’empeigne &
le paton. On doit obferver de bien parer toutes ces
pièces, puifque la moindre inégalité dans l’intérieur
du foulier eft capable d’incommoder le p ié, dont les
parties latérales font celles qui s’appliquent aux ailettes.
A ILURES, ILOIRES , f. f. ce font deux foli veaux
que l’on place fur le pont du vaiffeau, portés fur
lesbarrots, faifant un quarré avec cesbarrots, 6c
ce quarré eft l’ouverture nommée écoutille. Voye{
Iloires. (Z )
AIMABLE Orphée , c’eft, en terme de Fleurifle , un
oeillet panaché de cramoifi 6c de blanc, qui vient de
l ’Ille. Sa fleur n’eft pas bien large, mais elle eft bien
tranchée. Sa feuille & fa tige font d’un beau verd :
il abonde en marcottes.
AIMANT, f.m. pierreferrugineufe affez fembla-
ble en poids 6c en couleur à l’efpece de mine de fer
qu’on appelle en roche. Elle contient du fer en une
quantité plus ou moins confidérable, & c’eft dans
ce métal uni au fel 6c à l’huile, que réfide la vertu
magnétique plutôt que dans la fubftance pierreufe.
Cette pierre fameufe a été connue des anciens ; car
nous favons fur le témoignage d’Ariftote, que Tha-
lè s , le plus ancien philofophe de la Grece, a parlé
de Xaimant : mais il n’eft pas certain que le nom employé
par Ariftote foit celui dont Thalès s’eft fervi.
Onomacrite qui vivoit dans la LX. Olympiade, &
dont il nous refte quelques poéfies fous le nom à'Orphée
, eft celui qui nous fournit le plus ancien nom
de ¥ aimant; il l’appelle iMtyvérnç. Hippocrate ( lib.
de fierilib.. mulier. ) a défigné ¥ aimant fur la péri-
phrafe de la pierre qui attire le fe r , x/ô-oç htiç t ov triS'upov
ap'&etcjti.
Les Arabes & les Portugais fe fervent de la même
périphrafe, que Sextus Empiricus a exprimée en un
leul mot tnS'»pct'yuyoç. Sophocle, dans une de fes pièces
qui n’eft pas venue jufqu’à nous, avoit nommé
¥aimant AuS'îa. Xfô-oç, pierre de Lydie. Hefychius nous
a confervé ce mot aufli-bien que au<JW xid-oç, qui
en eft une variation. Platon, dans le Timée, appelle
¥ aimant H'pet v.\ûa. xiâoç , pierre d’Héraclée, nom
qui eft un des plus ufités parmi les Grecs.
Ariftote a fait plus, d’honneur que perfonne à ¥aimant,
en ne lui donnant point de nom; il l’appelle
» Aid-oç f ia pierre par excellence. Themipius s’exprime
de. même. Théophrafte avec la plupart des anciens,
a fuivi l’appellation déjà établie de xfàoc H'pa.y.\u*.
Pline, fur un paifage mal entendu de ce philofo-
pl\e, a cru que la pierre de touche, coticula, qui entre
fes autres noms a celui de AuJ'h >i$oç, avoit de
plus celui d’H pa x.xûa., commun avec ¥ aimant : les
.Grecs 6c les Latins fe font aufli 1er vis du mot e/S'aphiç
tiré de ini'npoç , fer, d’ôii eft venu le vieux nom François
pierre ferriere. Enfin les Grecs ont diverlifié le
nom de yoyvé'rnç en diverfes façons : on trouve dans
Tzetzès putyvwva.Ald-oç ; dans Achilles Tatius yoyvîA
<71* ; fjLoyvéru dans la plupart des auteurs ; yoyvhu;
dans quelques-uns, aum-bien qu’o xfôoç fxoyv'miç, par
la permutation de h en /, familière aux Grecs dès les
premiers tems; & yayvtiç, qui n'eft pas de tous ces
noms le plus ufité parmi eux, eft prefque le feul qui
foit parte aux Latins.
Pour ce qui eft de l’origine de cette dénomination
de ¥ aimant, elle vient manifeftement du lieu où ¥ai-
mant a d’abord été découvert. Il y avoit dans l’Afie
mineure* deux villes appellées Magnétie : l’une auprès
du Méandre, l’autre fous le mont Sypile. Cette
derniere qui appartenoit particulièrement à la Lydie,
6c qu’on appelloit aufli Héraclée, félon le témoignage
d’Ælius Dionyfius dans Euftathe, étoit la vraie
patrie de ¥ aimant. Le mont Sypile étoit fans doute
fécond en métaux, & en aimant par conféquent ; ainfi
¥ aimant appellé magnes du premier lieu de fa découverte
, a confervé fon ancien nom , comme il eft
arrivé à l’acier 6c au cuivre, qui portent le nom des
lieux où ils ont été découverts : ce qu’il y a de fin-
gulier, c’eft que le plus mauvais aimant des cinq ef-
peces que rapporte Pline, étoit celui de la Magnéfie
d’Afie mineure, première partie de ¥ aimant, comme
le meilleur de tous étoit celui d’Ethiopie.
Marbodæusdit,quer<M//z<i/« a été trouvé chez les
Troglodites , & que cette pierre vient aufli des Indes.
Ifidore de Seville dit, que les Indiens l’ont connu
les premiers ; 6c après lu i, la plupart des auteurs du
moyen & bas âge appellent ¥ aimant lapis Indicus,
donnant la patrie de l’efpece à tout le genre.
Les anciens n’ont guère connu de ¥ aimant que la
propriété d’attirer le Fer ; c’étoit le fujet principal de
leur admiration, comme l’on peut voir par ce beau
partage de Pline : Qidd lapidis rigore pigrius ? Eccé
fenfus manufque tribuit illi natura. Quid ferri duritie
pugnacius ? Sed cedit & patitur mores : Trahitur nam-
que à magnete lapide, domitrixque ilia rerum omnium
materia ad inane nefeio quid currit, atque ut propius
venit, àfjtjlit teneturque, & complexu heeret. Plin. liv.
X X X V I. cap. xvj.
Cependant il paroît qu’ils ont connu quelque cho-
fe de fa vertu communicative \ Platon en donne un
exemple dans l’Ion, où il décrit cette fameufe chaîne
d’anneaux de fer fufpendus les uns aux autres, ÔC
dont le premier tient à ¥ aimant. Lucrèce, Philon,
Pline, Galien, Némefius, rapportent le même phénomène
; 6c Lucrecé fait de plus mention de la propagation
de la vertu magnétique au-travers des corps
les plus durs, comme il paroît dans ces vers :
Exultare etiam Samothracia ferrea vidi ,
E t ramenta fimul ferri furere intus ahenis
In feaphiis , lapis hic magnes cum fubditus effet.
Mais on ne voit par aucun partage de leurs écrits
qu’ils ayent rien connu de la vertu directive de fjëna
mant ; on ignore abfolument dans quel tems on a fait
cette découverte, & on ne fait pas même au jufté
quand eft-ce qu’on l’a appliquée aux ufages de la navigation.
*
Il y a toute apparence que le hafarda fait découvrir
à quelqu’un que ¥ aimant mis fur l’eau dans un
petit bateau, fedirigeoit conftamment nord 6c fudj
& qu’un morceau de fer aimanté avoit la même
propriété : qu’on mit ce fer aimanté fur un pivot afin
qu’il pût fe mouvoir plus librement : qu’enfuite on
imagina que cette découverte pourroitbien être utile
aux navigateurs pour connoître le midi 6c le fepten-
trion lorfque le tems feroit couvert, 6c qu’on ne ver-
roit aucun aftre ; enfin qu’on fubftitua la bouflole
ordinaire à l’aiguille aimantée pou,r remédier aux;
dérangemens occafionnés par les fecoufles du vaiffeau.
Il paroît au refte que cette découverte a été
faite avant l’an 1180. Voye£ ¥ article Aiguille , où
l’on traite plus particulièrement de cette découverte.
I. D e s P ô l e s d e l 'a im a n t , e t d e s a v e r t u
D IR E C T IV E .
Chaque aimant a deux pôles dans lefquels réfide
la plus grande partie de fa vertu : on les reconnoît
enroulant une pierre d'aimant quelconque dans de la
limaille de fer; toutes les parties de cette limaille qui
s’attachent à la pierre fe dirigent vers l’un ou l’autre
de ces pôles, & celles qui font immédiatement defliis
font en ces points perpendiculairement hériffées fur
la pierre : enfin la limaille eft attirée avec plus de
force & en plus grande abondance fur les pôles que
par-tout ailleurs. Voici une autre maniéré de connoître
les pôles ; on place un aimant fur un morceau
de glace p olie, fous laquelle on a mis une feuille de
papier blanc : on répand de la limaille peu-à-peu fur
cette glace autour de ¥ aimant, & on frappe doucement
liir les bords de la glace pour diminuer le frottement
qui empêcheroit les molécules de limaille
d’obéir aux écoulemens magnétiques : aufli-tôt on
apperçoit la limaille prendre un arrangement régulier,
tel qu’on l’obferve dans la figure, dans lequel la
limaille fe dirige en lignes courbes A E B , A E B ,
(Plane. Phyf. fig. 58. ) à mefure qu’elle eft éloignée
des pôles, & en lignes droites A A , B B , à mefure
qu’elle s’en approche ; enforte que les pôles font les
points où convergent toutes ces différentes lignes
courbes & droites.
Maintenant on appelle axe de ¥aimant, la ligne
droite qui le traverfe d’un pôle à l’autre ; & ¥équateur
de ¥ aimant eft le plan perpendiculaire qui le partage
par le milieu de fön axè. Or cette propriété de
¥ aimant d’avoir des pôles eft comme effentielle à
tous 1 es aimans ; car on aura beau caffer un aimant
en tant de morceaux que l’on voudra, les deux potes
fe trouveront toujours dans chaque morceau. Cette
polarité de ¥ aimant ne vient point, comme on l’a cru,
de ce quë les mines de ¥ aimant font dirigées nord &
fu d ; car il eft très-certain que ces mines affeôent
comme les autres toute forte de direftion, & nommément
il y a dans le Devonshire une mine- d’aimant,
dont les veines font dirigées de ¥efi à ¥ouefl, &dont
les pôles fe trouvent aum dans cette direction : mais
les pôles de ¥ aimant ne doivent point être regardés
comme deux points fi invariables qu’ils ne puiffent
changer de place : car M. Boyle dit, qu’on peut changer
les pôles d’un petit morceau d'aimant en les appliquant
contre les polès plus vigoureux d’une autre
pierre ; ce qui a été confirmé de nos jours par M.
Gwarin Knight, qui peut changer à volonté les pôles
d’un aimant naturel, par le moyen des barreaux
de fer aimantés.
On a donné au‘x pôles de ¥ aimant les mêmes noms
qu’aux pôles dit monde, parce que ¥ aimant mis en
liberté, a la propriété de diriger toujours fes pôles
vers ceux de notre globe ; c’eft-à-dire, qu’un aimant
qui flotte librement fur une eau dormante, ou qui
eft mobile fur fon centre de gravité, ayant fon axe
parallele à l’horifon, s’arrêtera conftammeot dans
une fituation telle, qu’un de fes pôles regarde toû-
jours le nord, & l’autre le midi : & fi on le dérange
de cette fituation, même en lui en donnant une di-
reftement contraire, il ne ceffera de fe mouvoir &
d’ofçiller- jufqu’à ce qu’il ait retrouvé fa première
direfrion. On eft convenu d’appeller pôle aufiral de
¥ aimant ^ celui qui fe tourne vers le nord, & pôle
boréal celui qui fe dirige vers le fud. Le méridien
magnétique eft le plan perpendiculaire à ¥ aimant
fuivant la longueur de fon axe, qui paffe par çon-
féquent par les pôles,
t Lorfqu’après avoir bien reconnu les pôles & l’axe
d un aimant, on le Iaiffe flotter librement fur un lié-
8e > le vaiffeau dans lequel il flotte étant pofé fur une
méridienne exactement tracée, on s’appercevra que
les pôles de ¥ aimant ne regardent pas précifément
ceux du monde, mais qu’ils en déclinent plus oit
moins à l’eft ou à l’oueft, fuivant les différens iieux
de la terre où fe fait cette obfervation. Cette décli-
naifon de ¥ aimant varie aufli chaque année, chaque
mois, chaque jour, & même à chaque heure dans le
même lieu. Voye^ l'article Aiguille , où l’on eri
traite plus particulièrement.
Pareillement, fi l’on fait nager fur du mercure un
aimant fphérique, après en avoir bien reconnu l’axe
& les pôles, il fe dirigera d’abord à-peu-près nord &
fud : mais on remarquera aufli que fon axe s’inclinera
d’une maniéré confiante ; enforte que dans nos
climats le pôle aufiral s’incline, & le pôle boréal
s’élève, & au contraire dans l ’autre hémifphere.
Cette inclinaifon varie aufli dans tous les lieux de
la terre & dans tous les tems de l’année, comme on
peut le voir à ¥article Aiguille , où l’on en parle
plus amplement.
Les pôles de ¥ aimant font, comme nous l’avons
dit précédemment, des points variables que noiis
fommes quelquefois les maîtres de produire à volont
é , & fans lefecours d’aucun aimant ; comme nous
verrons qu’il eft facile de le faire par les moyens que
nous expoferons dans la fuite : car lorfqu’on coupe
doucement & fans-effort un aimant par le milieu do
fon axe, chacune de fes parties a conftamment deux
pôles, & devient un aimant complet : les parties qui
etoient contiguës fous l’équateur avant la fefrion ,
& qui n’étoient rien moins que des pôles, le font
devenues, & même pôles de différens noms ; erçfor-
te qùe chacune de ces parties pouyoit devenir également
pôle boréal ou pôle aufiral, fuivant que la
fefrion fe feroit faite plus près du pôle aufiral ou
du pôle bôréal du grand aimant : 6c la même -chofe
arriveroit à chacune de ces moitiés , fi on les cou-
poit par le milieu de la même maniéré. Voye\_ Plane.
Phyfiq . f ig . GG. . .
Mais fi au lieu de couper ¥ aimant par le milieu de
fön axe A B , on le coupe fuivant fa longueur, (PI.
Phyß<l‘ f ig • G y . ) on aura pareillement quatre pôles
a. a ,b b , dont ceux du même nom feront dans chaque
partie, du même côté qu’ils étoient avant lafeftion,
à la refërve qu’il fera formé dans chaque partie un
nouvel axe ab, ab, parallele au premier, & plus ou
moins rentré au-dedàns de la p ierre, fuivant qu’elle
aura naturellement plus de force magnétique.
II. D e l à v e r t u a t t r a c t i v e d e l 'a im a n t ,
§ . I. De Vattraction réciproque de deux aimans,
& de la répulfion. , - - ■
Le phenomene de ¥ attraction réciproque de deux
aimans, d’un aimant & d’un morceau, de fer , où
bien de deux fers aimantés, eft celui de tous qui à
le plus excité l’admiration des anciens philofophes },
6c qui a fait dire à quelques-uns que ¥ aimant étoit
animé. En effet, qu’y a-t-il de plus fingulier que de
voir deux aimans fe porter l’un vers l’autre comme
par fympathie ; s’approcher avec viteffe comme par
èmpreffement; s’unir par un côté déterminé au point
de ne fe laiffer féparer que par une force confidérâ-
ble ; témoigner ènfuite dans une autre fituation , une
haine réciproque qui les agite tant qu’ilsTont en pré-
fènee ; fe fuir avec autant de viteffe qu’ils s’étojent
recherchés, & n’être tranquilles que lorfqu’ils font
fort éloignés l’un de l’autre ? Ce font cependant les
circonftances du phénomène de l’attraôion 6c dé la
répulfion de ¥ aimant, comme il eft facile de s’en
convaincre par l’expérience fiiivante, *