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fleurit, & porte fruit deux fois l’an. Ce fruit eft tônt-
à-fait femblable à celui de l’arboufier : il eft bon à
manger ; il vient en grappe , 8c il eft de la couleur
8c de la groffeur de la framboife.
* ADR AG ANT,/« g o m m e ,( H i ft. n a t. Med. & C h im .)
c’eft un fuc gommeux qui eft tantôt en filets longs,
cylindriques, entortillés de différente maniéré, iem-
blables à de petits vers ou à des bandes roulées 8c
repliées de différente maniéré ; tantôt en grumeaux
blancs , tranfparens, jaunâtres ou noirâtres , fecs,
fans goût, fans odeur, un peu gluans. Elle vient de
Crete, d’Àfie, & de Grece. La bonne eft en vermif-
feaux , blanche comme de la colle de poiffon,fans
ordures. Elle découle, ou d’elle-même, ou par inci-
fion, du tronc & des branches d’une plante appellée
tr a g a c a n th a e x o tic a flo r e p a r v o , t e x is p u r p u r e is J lr ia to .
P 'o y e ^ T r a g a c a n t h a . La gomme a d r a g a n t analy-
fée donne du flegme liquide, lans odeur 8c fans goût,
une liqueur flegmatique, rouffâtre, d’une ôdeur em-
pyreumatique, d’un goût un peu acide, un peu amer,
comme des noyaux de pêche, & donnant des marques
d’un acide violent; une liqueur legerement
rouflatre , foit acide , foit urineufe alkaline ; une
huile rouflatre, foit fubtile, foit épaifle : la mafle
noire reftée au fond de la cornue étoit compare comme
du charbon, 8c calcinée pendant vingt-huit heures
, elle a laifle des cendres grifes dont on a tiré par
lixivation du fel alkali fixe. Ainfi la gomme adragant
a les mêmes principes 8c prefqu’en même rapport,
que la gomme arabique. Foye{ gomme A r a b iq u e .
Elle contient cependant un peu plus de fel acide,
moins d’huile 8c plus de terre : elle ne fe diffout ni dans
l’huile ni dans l’efprit-de-vin. Elle s’enfle macérée
dans l’eau ; elle fe raréfie, Sc fe met en un mucilage
denfe, épais, 8c fe diffolvant à peine dans une grande
quantité d’eaü ; aufli s’en fert-on pour faire des poudres
, 8c pour réduire le fucre en trochifques, pilules
, rotules, gâteaux, tablettes. Elle épaiflît les humeurs
, diminue le mouvement, enduit de mucofité
les parties excoriées , & adoucit par conféquent les
humeurs. On l’employe dans les toux feches 8c acres,
dans l’enrouement, dans les maladies de poitrine cau-
fées par l’acreté de la lymphe , dans celles qui viennent
de l’acrimonie des urines, dans la dyfurie , la
ltrangurie, l’ulcération des reins. On en unit la poudre
avec des incrafîans 8c des adouciflans, & onlaré-
duit en mucilage avec l’eau-rofe, l’eau de fleur d’orange
; on s’en fert rarement à l’extérieur.
' * ADR AMELECJtf, f. m. {Myth.) faux D ieu des
Sépharraïmites , peuples que les rois d’Aflyrie envoyèrent
dans la Terre-fainte après que Salmanàzar
eut détruit le royaume d’Ifraël. Les adorateurs â’A-
dramalech faifoiënt brûler leurs enfans en fon honneur.
On dit qu’il étoit repréfenté fous la forme d’un
mulet, d’autres difent fous celle d’un paon.
* ADRAMUS, f. m. ( Myth. ) Dieu particulier à
la Sicile, & à la ville d’Adram qui portoit fon nom.
On l’adoroit dans toute l’île , mais fpécialement à
Adram.
* ADRASTE, f. f. ( Myth.) une des Melifles où
Nymphes qui nourrirent Jupiter dans l’antre de Dict
é . Foye[ MELISSES.
* ADRASTÉE 0« ADRASTIE, f. f. {Myth.) divinité
autrement appellée Nemefls , fille de Jupiter
& de la Néceflité, ou , félon Héfiode, de la Nuit f c’é-
toit la vangereffe des crimes. Elle examinoit les coupables
du haut de la fphere de la Lune où les Egyptiens
l’avoient reléguée. 1 r
* A d RASTÉE o u A d r a s t ie , ( Geog. anc. ) étoit
encore le nom d’une ville de la Troade, bâtie par
Adrafte fils de Mérops.
* ADRESSE ,fouplejfe , fine fle , rufe, artifice, con-
fidérées comme fynonymes.
Adrejfe , art de conduire fes entreprifes de maniéré
A D R a reuflir. Soupleffe, difpofition à s’accommoder aux
conjonctures. FineJfe, façon d’agir fecrete 8c cachée.:
Rufe , voie oblique d’aller à fes fins. Artifice, moyen
injufte, recherché, 8c plein de combinaifon, d’exécuter
un deflein : les trois premiers fe prennentYou-
vent en bonne part ; les deux autres toujours en
mauvàife. U adrejfe employé les moyens ; la fouplejfe
évité les obftacles j la fin fie s’infinue imperceptiblement
; la rufe trompe ; l’artifice furprend. Le négociateur
eft adroit ; le courtifan fouple ; l’efpion rufe ; le
flateur 8c le fourbe artificieux. Maniez les affaires difficiles
avec àdrejfê : ufez de fouplejfe avec les grands :
foyez fin-h la cour : ne foye^rufé qu’en guerre : la it
fez Vartifice aux médians.
A dr e s s e , f. f. ( Hijh mod. ) expreflîon fingulie-'
rement ufitée en Angleterre, où elle lignifie placée,•
requête ou remontrance préfentée au roi au nom d’un
corps, pour exprimer ou notifier fes fentimens de
jo ie , de fatisfa&ion, &c. dans quelqu’occafion ex-,
traordinaire. Ce mot eft François : il eft formé du verbe
adreffer , envoyer quelque chofe a une perfonne.
On dit en Angleterre , ¥ adrejfe des Lords , ¥ adrejfe.
des Communes. Ces adreffes commencèrent à avoir,
lieu fous l’adminiftration d’Olivier Cromwel. A Paris
, le lieu où s’impriment 8c fe débitent les gazettes
eft appellé Bureau d'adrejfe. {H)
A dre s s e , f. f. ( Comm. ) fufeription qu’on met.
fur ie dos d’une lettre miflive pour la faire tenir, ou
par la pofte ou autrement, à la perfonne à qui elle
eft adreffée.
Cette adrejfe ou fufeription doit contenir les noms,1,
demeure 8c qualité de celui à qui elle doit être rendue
, avec les noms de la province , de la ville 8c
du lieu où l’on veut envoyer la lettre.
Adrejfe fe dit plus ordinairement dans le Commerce,
de ce qu’on écrit 8c met furlesballes, ballots, bannes,
mannes 8c futailles remplies de marchandifes qu’on
envoyé au loin par des voituriers. Ces adrefles doivent
contenir à-peu-près les mêmes chofes que les
fuferiptions des lettres. Il y a néanmoins des occa-
fions où il faut ajoûrer d’autres circ-onftances qui
leur font propres. V. E m b a l l a g e & E m b a l l e u r .
Adrejfe eft encore un terme qui a plufieurs autres
lignification dans le Commerce. On d i t , mon adrejfe-
eft à Lyon che[ un tel, pour marquer que c’eft-là qu’on
doit envoyer ce qu’on veut qui me foit rendu. J'ai
accepté une lettre de change payable à Vadrejfe de M„
Nicolas ; ce qui fert comme d’éle&ion de domicile
pour le payement de cette lettre , ou pour les pour-
fuites que le porteur pourroit être obligé de faire ,
faute d’être acceptée ou payée. Cette lettre de change
eft à radrejfe du fleur Simon , pour dire qu’elle eft tirée
fur lui.
ADRESSER, en terme de Commerce , lignifie envoyer
des marchandifes en quelque lieu ou à quelque
perfonne : par exemple , j e viens d'adreffer quatre
balles de poivre d Lyon, 8c c. (G ) *
* ADRIA ou HADRIA, f Géog. mod. ) ville d’Italie
qui a donné fon nom au golphe Adriatique. Long.
29 - 3 f - lat- 4-5• Il y a dans l’Abruzze une autre ville
du même nom.
* ADR!ANE, f. f. ville de la province de Cyr'ene
en Afrique ; ainfi nommée d’Adrien, Empereur.
ADRIANISTES, f. m. plur. ( Théol. ) Théodoret
met les Adrianiftes au nombre des hérétiques qui for-
tirent de la feûe de Simon le Magicien : mais aucun
autre auteur ne parle de ces hérétiques. Théodor.
liv. I. Fable hérétiq.
Les feôateurs d’Adrien Hamftedius, un des novateurs
du xvj. fiecle, furent appellés de ce nom. II
enfeigna premièrement dans la Zélande, 8c puis en
Angleterre, qu’il étoit libre de garder les enfans durant
quelques années fans leur conférer le baptême ;
que Jefus-Chrift ayoit été formé de la femence do la
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femme, 8c qu’il n’avoit fondé là Religion Chrétienne
que dans certaines circonftances. Outre ces erreurs
, 8c quelques-aûtres pleines de blafphèmes, il
fouferivoit à toutes celles des Anabaptiftes. Pratéole,
S ponde* Lidan. ( G )
* ADRIATIQUE, la mer ( Géog. ) c’eft le golfe
de Venife. Elle eft appellée Adriatique , félon Stra-
bon , du fleuve Adria.
Quelques Auteurs donnent encore le nom de mer
Adriatique à celle qui eft entre la Paleftine & la Sicile.
D ’autres appellent la mer Phénicienne la mer
Adriatique.
* ADRIEN, S. ( Géog. mod. ) petite ville des Pays-
Bas en Flandre , fur la Dendre.
ADROGATION, f. f. terme de Droit civil, étoit
une forte d’adoption qui ne difteroit de l’adoption
Amplement dite, qu’en ce qu’il falloit que le fujet
adopté par Vadrogation fut affranchi de îa puiflance
paternelle, foit par la mort de fon pere naturel, foit
par l’émancipation. Elle demandoit aufli un peu plus
de folemnifé, & ne fe pouvoit faire du tems que la
République fubfiftoit, que dans l’affemblée du Peuple
, & depuis par un referit de l’Empereur. Quant
aux effets, ils étoient précifément les mêmes qüe
ceux de l’adoption. Voye^ Adoption.
Adrogation fe difoit aufli chez les Romains de
l’aflociation d’un Praticien dans l’Ordre des Plébéiens
, où il fe faifoit aggréger, foit pour gagner
l’affefrion du peuple, foit pour parvenir au Tribunal.
(H )
AD R O IT , adjefr. ( Manège. ) fe dit d’un cheval
qui choifît bien l’endroit où il met fon pié en marchant
dans un terrein raboteux & difficile. 11 y a des
chevaux très-mal adroits, & qui font fouvent un faux
pas dans ces'fortes d’occafions , quoiqu’ils ayent la
^ambe-très-bonne. { P )
* ADRUMETE , f. f. ( Géog. anc. & mod. ) ancienne
ville d’Afrique, que les Arabes appellent aujourd’hui
Hamametha ; elle étoit capitale de la province
de Bizance.
* AD VENANT, f. m. ( Jurif prudence. ) c’eft la
portion légitime des héritages & patrimoine en laquelle
une fille peut fuccéder ab inteftat. La quatrième
partie de Yadvenant eft le plus que Vadvenant
dont les peres & meres peuvent difpofer avant le
mariage de leur fils aîné, en faveur de leur fille aînée
ou autre fille mariée la première, foit en forme
de dot, ou par autre don de noces. Ragueau.
ADVENEMENT, f. m. ou Avenement. ( Hift.
mod. ) fe dit de l’élévation d’un prince fur le throne,
d’un pape à la fouveraine prélature.
ADVENTICE ou ADVENTIF, adj. m. terme de
Jurifprudence, fe difent de ce qui arrive ou accroît
à quelqu’un ou à quelqife chofe du dehors. Voye^ Accretïon , &c.
Ainfi matière adventive eft celle qui n’appaftient
pas proprement à un corps, mais qui y eft jointe
fortuitement.
Adventice fe dit aufli des biens qui viennent à
quelqu’un comme un préfent de la fortune, ou par
la libéralité d’un étranger, ou par fucceflion collatérale
, 8c non pas par fucceflion direâe. V. Biens.
En ce fens adventice eft oppofé à profeclice, qui fe
dit des biens qui viennent en ligne direfte du pere
ou de la mere au fils. Foye{ Profectice. { H )
ADVERBE, f. m. terme de Grammaire : ce mot eft
formé de la prépofition latine ad, v ers, auprès, 8c
du mot verbe ; parce que l’adverbe fe met ordinairement
auprès du verbe, auquel il ajoûte quelque modification
ou circonftance : il aime confiamment, il
parle bien, il écrit mal. Les dénominations fe tirent
de l’ufage le plus fréquent : or le fervice le plus ordinaire
des adverbes eft de modifier l’aélion que le
yerbe fignifie, 8c par conféquent de n’en être pas
Tome I.
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éloignés ; 8c voilà pourquoi on les a appellés adverbes
, c’eft-à-dire mots joints au verbe ; ce qui n’empêche
pas qu’il n’y ait des adverbes qui fe rapportent
aufli au nom adjefrif, au participe 8c à des noms
qualificatifs, tels que roi, pere, 8cc. car on dit, i l
nüa paru fort changé; c'eft une femme extrêmement
fage & fort aimable ; il eft véritablement roi.
En faifant l’énumération des différentes fortes de
mots qui entrent dans le difeours, je place ¥ adverbe
après la prépofition, parce qu’il me paroît que ce
qui diftingue ¥ adverbe des autres efpeces de mots ,
c’eft que ¥ adverbe vaut autant qu’une prépofition 8c
un nom ; il a la valeur d’une prépofition avec fon
complément ; c’eft un mot qui abrégé ; par exemple
,fagement vaut autant que avec fageffe.
Ainfi tout mot qui peut être rendu par une prépofition
8c un nom, eft un adverbe; par conféquent
ce mot y , quand on dit il y eft , ce mot, dis-je, eft
un adverbe qui vient du latin ibi ; car il y eft eft comme
fi l’on difoit, il eft dans ce lieu-là , dans la maifon,
dans la chambre, 8cc.
Où eft encore un adverbe qui vient' du latin ubi ,
que l’on prononçoit oubi , où eft—il ? c’eft-à-dire, en
quel lieu.
S i , quand il n’eft pas conjon&ion conditionnelle,
eft aufli adverbe , comme quand on dit, elle eft f i fage
, il e ( lf if avant ; alorsJi vient du latin f ie , c’eft-à-
dire, à ce point, au point que , 8cc. c’en la valeur
ou lignification du m ot, 8c non le nombre des fyl-
labes, qui doit faire mettre un mot en telle clafle
plutôt qu’en telle autre; ainfi à eft prépofition quand
il a leTlens de la prépofition latine à ou celui de ad 9
au lieu que a eft mis au rang des verbes quand il fignifie
habet, Sc alors nos peres écrivoient ha.
Puifque ¥ adverbe emporte toûjours avec lui la valeur
d’une prépofition, 8c que chaque prépofition
marque une efpece de maniéré d’être , une forte de
modification dont le mot qui fuit la prépofition fait
une application particulière ; il eft évident que ¥ adverbe
doit ajoûter quelque modification ou quelque
circonftance à l’afHon que le verbe fignifie ; par
exemple , i la été reçu avec pqliteffe ou poliment.
Il luit encore de-là que ¥ adverbe n’a pas befoin lui-
même de complément ; c’eft un mot qui fert à modifier
d’autres mots, 8c qui ne laifle pas l’éfprit dans
l’attente néceflaire d’un autre mot, comme font le
verbe aftif 8c la prépofition ; car fi je dis du roi qu'il
a donné, on me demandera quoi 8c à qui. Si je dis
de quelqu’un qu’il s’eft conduit avec, ou par, ou
fans, c es prépofitions font attendre leur complément ;
au lieu que fi je dis, i l s’eft conduit prudemment, 8cc.
l’efprit n’a plus de queftion néceflaire à faire par rapport
à prudemment : je puis bien à la vérité demander
en quoi a confifté cetté prudence ; mais ce n’eft plus
là le fens néceflaire 8c grammatical.
Pour bien entendre ce que je veux dire , il faut
obferver que toute propofition qui forme un fens
complet eft compofee de divers fens ou concepts,
particuliers, q ui, par le rapport qu’ils ont entr’eux,
forment l’enfemble ou fens complet.
Ces divers fens particuliers, qui font comme les
pierres du bâtiment, ont aufli leur enfemble. Quand
je dis le foleil eft levé, voilà un fens complet : mais
ce fens complet eft compofé de deux concepts particuliers
: j’ai le concept de foleil, 8c le concept de
efl levé : or remarquez que ce dernier concept eft
compofé de deux mots eft 8c levé, & que ce dernier
fuppofe le premier. Pierre dort : voilà deux concepts
énoncés par deux mots : mais fi je dis, Pierre bat, ce
mot bat n’eft qu’une partie de mon concept, il faut
que j ’énonce la perfonne ou la chofe que Pierre bat:
Pierre bat Paul; alors Paul eft le complément de bat:
bat Paul eft le concept entier, mais concept partiel
de la prépofition Pierre bait Paul.