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Les araignées de campagne, appellées les fau- .
cheurs-, qui font celles de la cinquième efpéce, ont
huit y e u x , difpofés bien différemment de ceux des
autres efpetes ; il y en a deux noirs au milieu du
front, fi petits, & placés fi près l ’un de l’autre, qu’on
pourroit les confondre. Sur chaque côté du front il
fe trouve trois autres yefux plus gros , & arrangés
•en forme de trefle fur unehoffe ; leur cornée eft fort
convexe 8c tranfparente, & le fond de l’oeil eft noir.
La tête & la poitrine de ces araignées font applaties,
& ont. quelque tranfparencé; l’écaille qui les recouvre
eft fort fine , lifte & tranfparente ; il y a une
grande tache fur la tête : les jambes font fort ine-
•nues, velues, & beaucoup plus grandes à proportion
que celles des autres araignées : les bräs font extrêmement
courts & fort charnus ; ils font fort dif-
férens des jambes. Voy. les mémoires de M . Hômberg,
dans les mémoires de l ’académie royale dès Sciences,
année i j à j . '
Il y a en Amérique une très-groffe efpece à?araignées,
qui occupent un efpace d’environ fept pouces
de diamètre , lorfque les pattes font fort étendues
(P/. X I I , Hiß. nat.fig. i . A). Ces araignées font couvertes
d’un poil roux, & quelquefois noir, affez long;
les jambes font terminées par une petite pince de
fubftance de corne noire fort dure. Cet infette a fur
le devant de la tête deux crochets de la même fubf-
tance que les pinces, fort pointus, & d’un noir lui-
fant. On croit que ces crochets guériffent du mal
de dents , fi on s’en fert comme aë curedents : on
croit aufli, mais peut-être avec plus de fondement,
que cette araignée eft autant venimeufe que la vipère
:o n dit- qu’elle darde Ton venin fort loin ; qu'e
fi onia touche, on reffent une démangeaifon com-
. 'ane celle qui eft caufée par des orties ; & que fi on
comprime cet infette , on éprouve la piquûre d’un
petit aiguillon très-venimeux. Les oeufs font dans une
coque fort groffe , formée par une pellicule affez
femblable au cannepin : il ÿ a au-dedans de la foie
qui enveloppe les oeufs. Çes araignées portent cette
coque attachée fous le ventre': on dit que leurs toiles
font fi fortes qu’elles arrêtent les petits oifeaux. Il y
a des efpeces de colibris ( fig.i. B.) qui font beaucoup
plus petits que ces araignées, & qui n’ont pas affez de
force ou de courage pour les empêcher de manger
■ leurs oeufs {fig. /. C . ; , dont elles font fort avides.
Voyei C o l ib r i .
On a donné à certaines araignées le nom de phalange,
phalangium. Il y a différentes opinions fur la
vraie lignification de ce nom ; les uns ont crû qu’il
n’appartenoit qu’aux araignées qui n’ont que trois
phalanges, c’eft-à-dire trois articulations dans les pattes
, comme nous n’en avons que trois dans les doigts;
d’autres ont prétendu que le nom de phalange ne con-
venoit qu’aux araignées venimeufes , aranei noxii,
telles que la tarentule , la groffe araignée d’Amérique
, &c. Voyei P h a l a n g e .
En général les araignées vivent d’in fettes, & elles
font fi voraces qu’elles fe mangent les unes les autres.
On détruit les araignées autant qu’on p eut, parce
qu’ elles rendent les maifons mal-propres en y faifant
des toiles. Outre ce motif, la plûpart des gens ont
une averûon naturelle de cet infette, & lui trouvent
un afpett hideux : enfin On l’évite 8c on le craint, parce
qu on le croit venimeux. On a foupçonné que fa
morfure ou fa piquûre étoient venimeufes ; & on a
prétendu que fi quelqu’un avaloit une araignée, il
éprouvoit des fymptomes qui dénotoient le venin
de cet infette. Je ne fai fi la chaleur du climat peut
rendre les araignées venimeufes ,o u fi cette mauvaife
propriété eft particulière à quelques efpeces, comme
à la tarentule. Ce qui me paroît certain, c’eft qu’on
Âe reffent aucun mal réel pour avoir avalé des a/*«-
A R A
gnees de ce pays - ci : combien de gens en avalent
fans le fa voir, 8c même de ces araignées de cave
noires & velues, pour Iefquelleson a tant d’horreur l
Je crois que le feul rifqiie qu’ils courent, eft de pren-
dré du dégoût & de l’inquiétude, s’ils s’en apperce-
vpierit ; mais qu’ils n’en reffentiroient pas plus de
mauvais effet qu’en reffentent tous les oifeaux qui
mangent ces miettes avec beaucoup d’avidité. On n’a
pas encore fait voir bien clairement en quelle partie
de Y araignée réfide fon prétendu venin. Les uns ont
crû que c’étoit dans les ferres ; on a pris ces ferres
iour des dents : .d’autres les ont comparées à l ’aiguil-
on de la queue du fcprpion ; mais la plûpart ont crû
que l’araignée répandôit du venin par ces organes.
Enfin on à obfervé que l’araignée a une petite trompe
blanche qui fort de la bouche , & on croit que c’eft
par le moyen de cette trompe qu’elle répand du venin.
On rapporte quantité de faits qui,. s’ils étoient
bien avérés , ne Iaifferoient aucun doute fur le venin
des araignées, 8c fur fes funeftes effets; mais je ne
crois pas qu’il foit bien prouvé que celles de ce pays
ayent un venin qui puiffë être mortel: il eft feulement
tres-probable qu’elles répandent, comme bien
d’autres animaux, une liqueur affez acre & affez cpr-
rofive pour caufer des inflammations à la peau, &
peut-être pour irriter l’eftomac. Je crois qu’il y a du
rifque à voir de près une araignée qui creve âu feu
d une chandelle, & dont il peut jaillir jufqiie dans les
yeux une liqueur mal-faine ou au moins très-mal-pro-
pre, qui eft capable de caufer une inflammation. Ces
effets, quelque légers qu’ils foi en t , peuvent devenir
plus dangereux, fi on travaille aies aggraver en fe
livrant à Ton imagination.
M. Bon, premier président de la chambre des
comptes de Montpellier, 8c affocié honoraire de la
fociété royale des Sciences de la même ville, a cherché
le moyen de rendre utiles les araignées], qu’on
n’a voit regardées que comme très-nuifibles. Il en à
tiré une foie, & il eft parvenu aTaire avec cette foie
A*araignées différèns ouvrages, comme des bas & des
mitaines , aufli forts 8c prëfqu’aufîi beaux que les
ouvrages faits avec la foie ordinaire. Voyez S o ie
d ’A r a ig n é e , In s e c t e . ( / )
* Il paroît par ce qui fuit, que le médecin traite le
poifon 8c la piquûre de l’araignée un peu plus férieu-
fement que le naturalifte. Voici ce qu’il dit de fes
effets 8c de fa cure.
Les fymptomes que caufe la piquûre de ¥ araignée>
font un engourdiffement dans la partie affettée , un
fentiment de froid par tout le corps, qui eft bientôt
fuivi de l’enflure du bas-ventre, de la pâleur du vi-
fage, du larmoyement, d’une envie continuelle d’uriner
, de convulfions, de fueurs froides.
On parvient à la cure par les alexipharmaques ordinaires.
On doit laver la partie aufli tôt après la piquûre
, avec de Peau falée, ou avec une éponge trempée
dans le vinaigre chaud, ou dans une decottion
de mauve, d’origan, 8c de thym.
Celfe veut qu’on applique un cataplafme de rhue;
d’ail, pilés, 8c d’huile, fur une piquûre d'araignée ou
de fcorpion.
Lorfque l’on a avalé une araignée, s’il furvient des
convulfions 8c contrattions de l’eftomac, elles font
plûtôt occafionnées par les petits poils de ¥ araignée,
qui s’attachent à la membrane interne, que par le
poifon de cet infette.
On prétend que la toile de ¥ araignée eft fpécifique
contre les fievres intermittentes : on l’applique aux
poignets, ou bien on lafufpend au cou dans une coquille
de noix ou de noifette. L’expérience dément
fouvent cette prétendue vertu.
On fe fert de la toile dé araignée pour arrêter le fang
dans les coupures legeres. (Â )
A r a ig n é e , en terme de Fortification, fignifie une
A R A
branché, un retour J ou une galerie d’une miné, &c.
V o y e [ R am e a u de M in e . (<£ )
A r a ig n é e , A r a ig n é e s . ,M a r t in e t , M o q u é s
i>e t r é l in g a g e , {Marine.)-ce font des poulies particulières
oft viennent paffer les cordages appelles
martinets ou' marticles. Ce nom déaraignée leur a été
donné à calife que les martinets forment plufieurs:
branches qui fe viennent terminer à ces pouEes, à-
peu-près de la même façon q,ue les filets d’une toile
dé araignée viennent aboutir paT de petits rayons à
une efpece de centre.
Le mot dé araignée fe prend quelquefois pour le martinet
ou les marticles ; comme le martinet fe prend,
aufli pour les araignées. V jv^ M a r t in e t , M o q u e s
de t r é l in g a g e , T r é l in g a g e . (Z )
A r a ig n é e , terme de Chaße, forte de filet qu’on-
tend le long des bois ou des buiffons pour prendre
lés oifeaux de proie avec le duc : on s’en fert. aufli
pour prendre l'es merles & les grives, pourvû que
ce filet foit bien1 fait, 8c d’une couleur qui ne foit
pas trop viftble.
. ARAL!A, {Hiß. nat. bot.') genre de plante dont
les fleurs font compofées de plufieurs feuilles difpo-
fées en rofe, & foûtenues par le calice qui devient,
lorfque cette fleur eft paffée , un fruit mou ou une
baie prefque ronde qui eft pleine de fuc, & qui renferme
des femences ordinairement oblongues. Tour-
nefort, Irtfiit. rei herb. Voyez_ Pl a n t e , ( ƒ )
* On compte quatre efpeces dé aralia. Voyez les
Tranfatl. philof. abreg. vol. V. La première appellée
dralia , caule dphyllo , radice repente , a dans le Canada
où elle eft commune, quelque propriété médicinale.
M. Sarrazin écrit de ce pays avoir guéri un malade
d’une anafarque par une feule boiffon faite des
racines de Cette plante. Il ajoûte que les racines de
là fécondé efpece, OU de Yaralia, caule foliofo, loevi,
bien bouillies 8c appliquées en cataplafme, font excellentes
pour les ulcérés invétérés, 8c que la dé-,
cottiort ne s’en employé pas avec moins de fuccès
fur les plaies qu’il en faut baigner 8e étuver. Le même
auteur ne doute prefque pas que la troifieme. efpece
àppell'ée aralia , caule foliofo■ & hifpido, n’ait
toutes les vertus de la fécondé. La quatrième efpece
eft appellée aralia arborefcens fpinofo.
* ARALIASTRUM , ( H ß . nat. bot. ) efpece de
plante hermaphrodite, dont la fleur eft régulière 8c
pofée fur uii ovaire furmonté d’un calice découpé en
plufieurs endroits. Ce calice fe change en un fruit
qui contient deux ou trois femences plates 8c faites
en coeur. Sa tige fe termine en une ombelle, dont-
chaque pointe ne porte qu’une fleur. On y remarque
plufieurs ■ pédicules,, comme fur l’anémone. De
leurs extrémités partent comme en rayons plufieurs
feuilles. On diftingüe trois efpeces d’araliafirum dont
nous ne ferons point mention, parce qu’on ne leur,
attribue aucune propriété.
* ARAM, {Géog.fainte.) ville de la Méfopotamie
de S yrie, patrie de Balaam. ’ !
* ARAM A , (Géog. fainte. ) ville de Paleftiné de
la tribu de NephtaK.
* Ar am a , {Géog.fainte.) ville de Paleftine de la
tribu de Sinléon, mais fur les confins de celle de1
Jhda. On croit que cette ville & Jérimoth fönt la
même Ville.
ARAMBER, v . n. {Marine.) c’èft accrocher un
bâtiment pour venir à rabordage , Toit qu’on em-.
ployé le grapin ,Toit d’une autre forte. ( Z )
* ARAMONT, {Géog.) petite ville de France,,,
dans le Languedoc, diocefe d’Uzès,,fur leRhone.;
Long. zà..:xh. lat. 43. 64.
ARAN, {Géog.) vallée des Pyrénées, à la four.»
ce de la Garonne, avant que d’entrer dans le pays
de. Commingesi' '*
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* Ara N ;( îles d' ) , deux îles d’Irlande dans Je golfe
de Gallwai, province de Connaught.
* ARANATA , f. m. {Hiß. nat. Zoolog.) animal
indien de la grandeur du chien, dont le cri eft horrible,
Sc qui grimpe aux arbres avec légérété. Il manque
à cette defcription beaucoup de chofes pour être
bonne ; & Yaranata eft encore un de ces animaux
dont nous pourrions ne faire aucune mention „ fans
que les letteurs'fenfés trouvaffent notre Dittionnaire
plus pauvre.
* ARANDA DE D U E R O ,fub.f. {Géog.) ville
d’Efpagne , dans la vieille „Caftille , fur le Duero.
Long, 14, g-g. lat, 41.40. Il y a aufli une Aranda au
; royaume d’Aragon.
* ARANDORE ou ARRANDARl, fort de l’île
' de C e y lan , à cinq lieues du pic di’Adam.
* ARANIES.(Iles d’ ).: Voye^A R an.
* ARANIOS, riviere. de Tranfylvanie, qui a fa
fource près de Claufemboiirg, & .fe joint h la Ma-
rifch ou Merifeh.
* ARANJUEZ , {Géog.) maifon de plaifanee du-
' roi d’Efpagne fur le Tage, dans la nouvelle Caftille.
Long. 14, g o. lat, 40.
. * ARANTELLES, fubvf. pl. ce terme fe dit , en
Vénerie , des filandres qui font a.u pié.du ce rf, èç qui
ont quelque reffemblance avec les fils de la toile de
l’araignée.: ^
ARAPABACA , {H ß , nat. bot. ) genre de plante
dont la fleur eft en forme d’entonnoir découpée.
Il fort du.oalice un piftil qui eft attaché à la partie
inférieure de la fleur comme un clou, & qui devient :
dans la fuite un fruit compofé de deux capfules , 8c
rempli de femences pour l’ordinaire très-petites. Plumier,
nova plant, gener. Voye£ Pl a n t e . (/ )
* ARAQU1L ou HUERTA-ARAQUIL, {Géog.
anc. & mod.) petite ville de Navarre à fept;liçues
de Pampelune, vers les confins, dp l’Alava & du Gui-
pufcôa. On. crôit que e’eft l ’ancienne Aracillum ou
Aracellis,
* ARARA DE CLUSIUS, {Hiß. nat. bot.) c’eft.
un fruit de, l’Amérique, long, couvert d’une écorce
dure & noire, attaché à iule longue queue, &c contenant
une noix noire & de la groffeur d’une olive
fauvage. Il ne s’agit plus que de favoir quelle eft la
plante qui porte ce fruit. On dit que fa décottion nettoyé
& guérit les ulcérés invétérés. U faudroit aufli
s’affûrer fi le fruit a cette propriété,
* ARARÀTH, ( Géog. & Hifl. ) haute montaerié"
d’Afie en Arménie, fur laquelle l’arche de Nôe fe
repofa, fuivant la vulgate. Voye^kr c h e d e No é.
* ARARI, riviere de l’Amérique méridionale dans
le Bréfil : elle fe jette dans la mer du.nord dans la pté-
feôure de Tamaraca.
* ARAS oùi ARAXE, {Géog.) rivière d’Afie , qui
prend fa fource aux frontières de. la Turquie afiati-
que, du côté d’Affancalé, traverfe-l’Arménie, utié
partie de la P erfe, 8e fe jette dans le Kur. :
ARASE, {. ï. terme d’Architecture ƒ c’eft ainfi qu’on
nomme un rang de pierres plus baffes ou plus hautes
que celles dé deffous, fur lefqueUes, elles font affifes
mcceffivement, pour parvenir à hauteur néceffaire.
ARASEMENT, f. m. dans lA z t de\bâtir9 c’eft. la,
derniere aflife (J’un mur arrivé à fa.:hauteur, , ;■ ■
ARASER , v . n. terme d’Architecture, c’eft conduire
de même hauteur 8c de niveau une aflife de maçonnerie
, Toit de pierre:, foit de- moilon j pour .arriver
à une hauteur déterminée. {P ) %
- A r a s e r : , terne de Menuiferie, qxn ûgnifie couper à
une certainé epaiffeur avec une.feie mite pour ce t
ufage ,■ le bas dös^planches où l’on veut : mettre des
emboîfures,& confer ver du bois-faffifammeotpour.
faire les tenons^.
* ARASH, {Géog.) ville de là province d’Afgar é
ou royaume de .Fez; en Afrique , fur la côte oçci*