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Venons de parler; la première, c’eft que lorfqu’il y
a des infomnies pendant la perte, on doit joindre à
celui de l'alun, celui des narcotiques, ou du moins
des caïmans : la fécondé , c’eft que les grandes hémorrhagies
font prefque toujours fuivies de dégoûts,
d’altération, de laffitudes , d’inquiétudes & de douleurs
de tête violentes, & de battemens des greffes
arteres ; il faut |'um employer dans ces cas les caïmans
, & même les narcotiques, fur-tout lorfqu’il y
a de l ’infomnie. V 9yq_Helvetius, Traité des maladies.
On fe fert extérieurement de Y alun dans les lotions
aftringentes ; & il entre dans différens cofmé-
tiques, & dans plufieurs composions pour nettoyer
les dents.
C ’eft un des principaux ingrédiens des teintures
& des couleurs, qui pour être comme il le faut, ne
peuvent s’en paffer. Il fert à affermir la couleur fur
l’étoffe, & il a en cette occafion le même ufage que
l ’eau gommée & les huiles vifqueufes ; il difpole aufli
les étoffes à prendre la couleur, & il lui donne plus
de vivacité & de délicateffe, comme on voit clairement
dans la cochenille & la graine d’écarlate.
Cet effet de Y alun femble être dû à fa qualité af-
tringente, par le moyen de laquelle il bride les particules
les plus fines dès couleurs, les retient enfemble
, & les empêche de s’évaporer. C ’eft par-là aufll
qu’il empêche lé papier, qui a été long-tems dans
l’eau alumineufe, de boire lorfqu’on écrit deffus.
Voyt^ C ouleur, Teinture.
L'alun fucré reffemble beaucoup au fucre ; c’eft
une compofition (Yalun ordinaire, d’eau-rofe, & de
blancs d’oeufs cuits enfemble en'confiftance de pâte ,
à laquelle on donne enfuite la forme que l’on veut ;
étant refroidie, elje devient dure comme une pierre,
on I’employe en qualité de cofmétique.
h ’alun brûlé, alumen ujlurri j c’eft un alun calciné
fur le feu , & qui par ce moyen devient plus blanc,
plus Ieger, plus facile à pulvérifer & cauftique.
L'alun de plume, alumen plumofum, eft une forte
de pierre.minérale faline de différentes couleurs,
ordinairement d’un blanc verdâtre, reffemblant au
talc de Venife, excepté qu’au lieu d’écailles, elle a
des filets ou fibres qui reffemblent à celles d’une plume
, d’où-lui vient fon nom.
Valun clarifie les liqueurs ; un peu àlaltin jetté dans
de l’eau divine, la clarifie de façon, qu’oh n’eft pas
obligé de la filtrer. Ualun clarifie aufli l’encre ; on'
employé Y alun dans les fabriques de fucre, pour la
propriété qu’il a de clarifier: ceux qui font profeffion
de deffaler de la morue, fe fervent aufli d'alun.
Les Anatomiftes & les Naturaliftes mettent un peu
d '‘alun dans l’eau-de-vie blanche, dans laquelle ils
confervent des animaux, &c. pour conferver les
couleurs.
Il y en a qui s’imaginent que Y alun a la fecrette
propriété d’appaifer les douleurs de rhûmatifmes,
lorfqu’on le porte fur foi : quelques perfonnes fillettes
aux rhûmatifmes, croyent s’en garantir, en
portant dans leur poche, ou dans leur gpuffet, un
morceau à?alun.
Alun purifié : on purifie Y alun comme la plûpart
des autres fels , par la diffolution, la filtration, &
la cryftallifation. On prend de Y alun de Rome , on
lé fait fondre dans de l’eau bouillante, après l’avoir
concaffé ; on filtre la diffolution ; on en fait évaporer
une partie, & on le porte dans un lieu frais, où
Y alun fe forme en cryftaux, qu’on retire de l’éau,
& qu’ori fait fécher ; c’eft Y alun purifié. '
Alun teint de Mynficht. Il y a eu dans le fiecle
paffé une préparation à?alun en grande réputation :
Myfincht, qui étoit un grand médecin d’Allemagne,
en fut l’auteur. Pour purifier Y alun, il en faifoit
fondre deux onces dans de l’eau de charbon-benit ;
il y ajoûtoit une once de fang-de-dragon en poudre
A L Y tamifée; le tout ayant bouilli enfemble jufqu’à ce
que Y alun fût diffous, il filtroit la diffolution, & la
mettoit à cryftallifer : il avoit par ce moyen un alun
teint en rouge.
M. Helvetius qui a remis en France, comme il eft
encore en Allemagne, l’ufage de Y alun pris en grande
do'fé, faifoit par le feu ce que My nficht faifoit par
l’eau ; 'c’eft-à-dire, pour parler le langage de Chimie,
My nficht employoif, pour purifier Y alun, la voie
humide, & M. Helvetius fe fe'rvoit de la voie feche.
M. Helvetius faifoit fondre Y alun dans une cuilliere
de fer fur le feu avec le fang de dragon en poudre ;
il les mêlôit bien enfemble, & après avoir retiré du
feu la maffe molle , il en formoit des pilules de la
groffeur des pois ronds : il faut que plufieurs per-
lonnes fe mettent à faire promptement ces pilules,
parce* que la maffe fe durcit en refroidiffant.
* ALUNER, v . a£t. c’eft line opération de Teinturier
: toutes les étoffes qu’on veut teindre en cra-
moifi doivent être alunées. Ainfi dluner, c’eft ou faire
tremper dans l’alun, ou mettre au bain d’alun. Veye£
Teinture.
* A LUS, defert d’A rabie, où les Ifraëlites campèrent
le dixième jour.
* A L Y P U M ou F R U T E X T E R R IB I L I S ;
(Hiß. nat.) arbufte qui s’élève à environ une coudée
; fa racine eft couverte d’une écorce noirâtre ,
fa longueur eft de quatre à cinq pouces, & fa groffeur
de près d’un pouce de diamètre en fon collet ;
elle eft garnie, ou plûtôt partagée en trois ou quatre
grofles fibres ; fes branches font couvertes d’une
petite pellicule d’une couleur de rouge brun, déliées
& caftantes ; fes feuilles placées fans ordre, tantôt
par bouquets, tantôt ifolées, quelquefois accompagnées
à leurs aiffelles d’autres petites feuilles, font
dé differentes figures : les unes reffemblent aux feuilles.
dii myrte ; les autres s’élargiffent vers le bout ,
ou font en trident, ou n’ont qu’une pointe. Les plus
grandes ont environ un pouce de longueur, fur trois
ou quatre lignes de largeur, & font épaiffes & d’un
verd éclatant. Chaque branche porte une feule fleur,
quelquefois deux, mais rarement : ces fleurs font
d’un beau v io le t, & ont environ un pouce de diamètre
; elles font compofées de demi-fleurons, & de
leur milieu s’élèvent quelques étamines blanches ,
avec un petit fommet noirâtre. Ces fleurons finiffent
en trois pointes, & n’ont qu’environ trois lignes de
long, fur une ligne de large : chaque demi-fleuron
porte fon embryon, qui, quand la fleur eft paffée ,
devient une femence garnie d’une efpece d’aigrette.
Toute la fleur eft foûtenue par un calice compofé
de feuilles difpofées en écailles, chacune defquelleS
n’a que deux ou trois lignes de long fur une ligne de
large.
On lit dans Clufius, que les charlatans de l’Anda-
loufie donnoient la décoûion de cette plante pouf
les maladies vénériennes ; d’autres gens de même
caraÇtere la fubftituent au fené : mais la violente
aCtion de ce remede, qui n’a pas été nommé pour
rien frutex terribilis, fait fouvent repentir de fon
ufage & ceux qui l’ordonnent, & ceux à qui il eft
ordonné. Mémoires de l'Académie royale des Sciences,
m SÈ ■
Cette plante a beaucoup d’amertume, fon goût
eft aufli defagréable que celui du lauréole, & fon
amertume augmente beaucoup pendant fix ans ; on
la trouve en plufieurs endroits du Languedoc : mais
elle croît jprincipalement en abondance fur le mont
de C ete, dans cette province, auprès de Frontignan;
c’eft pour cette raifôn que les Botaniftes lui ont
donné le nom d'alypon montis Ceti. On trouve aufli
Yalypum dans plufieurs endroits de Provence , fur-
tout dans ceux qui font voifins de la mer & fitués
au midi.
EUe.
A L Y Elle eft un violent cathartique, & ne pufge pas 1
avec moins de force la bile, le phlegme, & les humeurs
aqUeufes, que le tithymale. Mais nous ne
l’aurions trop répéter qu’on ne doit fe fervir d’un remede
fi violent qu’avec beaucoup de précaution.
(N )
ALYSSOIDE, f. f. herbe dont la fleur eft compo-
fée de quatre feuilles difpofées en croix ; il fort du
calice un piftil qui devient dans la fuite un fruit pref*
qu’elliptique, gonflé, & affez gros; ce fruit eft partagé
en deux loges par une cloifon parallèle aux
deux portions qu’elle divife, & il renferme des fe-
mences applatics, arrondies , & 'entourées par un
limbe. Tournefort, Infi. rei herb. Roye{ Plante.
ALYSSON, f. m. herbe dont les fleurs font com-
pofées de quatre feuilles difpofées en croix ; il fort
du calice un piftil, qui devient dans la fuite un fruit
afl’ez petit, relevé en boffe, & partagé en deux loges
par une cloifon qui eft parallèle aux portions
qu’elle divilè : ce fruit renferme des femences arrondies.
Tournefort, Infi. rei herb. Foye^ Plante. ( / )
ALYTARCHIE, f. f. dignité de l’alytarque, qui
duroit quatre ans. Voyeç ci-après AlytARQUE.
ALYTARQUE, f. m. ( Hift. anc.) magiftrat qui
dans les jeux commandoit aux maftigophores, ou
porte-verges, & leur faifoit exécuter les ordres de
l ’agonothete. (G )
A LZA ^, f. m. (Manège.) poil de cheval tirant fur
le roux. Ce poil a plufieur.s nuances qu’on défigne
par plufieurs épithètes ; favoir, al^an clair, al\an
poil de vache, al^an bai , al\an v if, a!{an obj'cur, al-
%an brûlé. On dit proverbialement al^an brûlé, plutôt
mort que lajfé; ce qui veut dire que les chevaux de ce
poil font ii vigoureux, qu’ils ne fe laffent jamaisj (^ )
A M
AM , voye{ Hameçon.
AMABYR ou AMVA bYR, -f. m. ancien mot an-
glois, qui lignifie le prix de La virginité. C’etoit un
droit qui fe payoit au ièigneur dans quelques provinces
d’Angleterre, par celui qui époufoit la fille
d’un de fes vaffaux. Voyei Marquette, ( t f )
* AMACAC’rlES, f. m. pl. peuples de l’Amérique
méridionale dans le Brefil, aux environs de la
contrée de Saint-Sébaftien de Rio-Janeirq.
* AMACORE 6* AMACURE, riviere de l’Amérique
feptentrionale, qui tombe dans la Caribone,
& fe jette dans la mer du nord, aux environs de
l’embouchure de rOrenoque..
* AMACUSA, île & province du Japon, avec
une ville du même nom.
* AMADABAD, grande ville d’Afie, capitale du
royaume deGuzurate, aux Indes orientales, dans
l’empire du Mogol. Long. g o . i5 . lat. 23.
Son commerce eft d’étoffes de lo ie , de coton,
pures ou mêlées de l’ une $c de l’autre, comme tul-
bancies, ailégias, àttelaffes, baffetas & chilfes, brocards
de draps d’or & d’argent, damas, fatins, taffetas,
velours, alcatifs d’o r , d’argent, de foie, ÔC
de laine ; toiles de coton, blanches ou peintes, qui
fe font dans cette ville même, & qu’on tranfporte à
Surate, à Cambaye, & à Boritfchia. Le pays a de
l’indigo, du fucre , des confitures, du cumin, du
miel, de la laque, de l’opium, du borax, du gingembre
, des mirobolans, du falpetre, du fel ammoniac
, de l’ambre-.gris, du mufe, des diamans : ces
trois dernieres marchandifes font d’importation. C’eft
d’Amadabad ou Amadabath , que viennent toutes les
toiles bleues qui paffent en Perfe, en Arabie, en
Abyflinie, à la mer Rouge, à la cote de Méiinde, à
Mofambique, à Madagaicar, à Java, à Sumatra, à
Macaffar, aux Moluques.
Boritfchia ou B rotch ia , v ille du royaume de Gu- Tome I,
A M A zurate, à i z lieues de Surate, a aufli des manufactures
de toiles de coton. On en fait aufli à Bifanta«
gar, à Pettan, à Brodera, à Goga, à Chin, Pour 9
Nariaath, Vaffet, &c.
* AM A D AN, ville d’Afie, dans la Perfe. Long*
6 5 . 25 . lat. 3 5 . i5 .
* AMADES, f. f. pl. On appelle ainfi dans le Bla*
fo n , trois liftes plates parallèles, dont chacune eft
large comme le tiers de la fafee ; elles traverfent
l’écu dans la même fituation, fans toucher aux bords
d’un côté ni d’autre, ( f )
* AMAD1E , ville d’Afie , dans le Curdiftan, fur
une haute montagne. Long. 5J . 30. lat. 3 6 . 26.
* AMADIS, c’eft le nom que les Couturières en lingt
donnent à une façon de manche ou de poignet, qui
n’eft guere d’ufage qu’aux chemifes de nuit. Les manches
en amadis font peu ouvertes ; font doublées de.
la même toile qu’elles font faites, depuis le poignet
jufqu’au-deffus de la fente ou ouverture de la manche
; font étroites & s’appliquent fi exaftement fur le
bras, qu’elles ne bouffent point, & qu’à peine peuvent
elles fe pliffer. Les gens opulens les garniffent
en-deffus de-falbalas longs, ou de belle mouffeline,
ou même de dentelle. L(i,poignet n’a qu’une petite
manchette de deux ou trois doigts au plus. On donne
encore le nom d’amadisaux manchettes dont les femmes
en couches fe couvrent le bras.
* AMADOU, f. m. efpece de meche noire qui fe
prépare en Allemagneavec une forte de grands champignons
ou d’excroiffances qu’on trouve fur les vieux
chênes, frênes, & fapins. On fait cuire ces excroif-,
fances dans de l’eau commune ; on les feche, on les
bat ; on leur donne enfuite une forte leflive de falpetre
; on les remet fécher au four, Sr Y amadou eft. fait.
On fait de quel ufage il eft pour avoir promptement
du feu, par le moyen de l’acier & de la pierre à fufit.
* AlylAGERofi AM AG , île du Danemark fur la
mer Baltique, vis-à-vis de Copenhague, d’où l’ont
peut y paffer fur un pont.
* AMAGUANA, île de l’Amérique feptentrionale,
& une des Lucayes, près d’Hilpaniola.
* AMAIA, AMAJA, AMAGIA , ville principale
des Cantabres en Elpagne, vers les confins des Af-
turies, à trois lieues de V illa-Diego, où l’on en voit
encore les ruines.
AMAIGRI, adj. fe dit d’une terre ufée & dénuée
des fels néceffaires à la production des végétaux. On
doit yremédier en l’engraiffant. V Engrais. (A)
AMAIGRIR , v. aSt. terme d'Architecture. Voye{
Démaigrir.
* Amaigrir, rendre maigre. L’ iffage fréquent de
certains alimens deffeche & amaigrit ; le travail l’a
amaigri.
Amaigrir , v . n. il amaigrit tous les jours. Voye^
Maigreur. (L)
* Amaigrir , en Sculpture, fe dit du changement
qui furvient dans une figure de terre ou de plâtre
. nouvellement faite, lorlqu’en fe féchant fes parties
fe refferrent, diminuent de groffeur, Ôc deviennent
moins nourries.
Amaigrir, v . a. en terme de Charpentier confiruc
teur dè vaiffeau, c’eft rendre un bordage ou une piece
de bois moins épaiffe. (Z )
* AMALFI, ville d’Italie au royaume de Naples ,
fur la côte occidentale du golfe de Salerne. Long. 3J. y. lat. 40. 35.
ALMALGAMATÎON, f. f. c’eft en Chimie l’aftion
d’amalgamer, c’eft-à-dire de diffoudre ou d’incorporer
un métal, fpécialement l’o r , avec le mercure.
Foye[ Amalgame.
. Cette opération eft défignée chez les Chimiftes
par les lettres A A 4 . Royt{ A A A.
L’amalgamation fe fait en fondant, ou du moins en
chauffant le métal, & t » | ajoutant alors uns cer-
• R r