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a-érien : anfi a-é ne font point une diphthongue en ces
mots, puilque l’a 8c Ye y font prononcés chacun fér
parement en fyllâbes particulières.
Nos anciens auteurs ont écrit par a le fon de l’ai
prononcé comme un «ouvert: ainfi on trouve dans
plufieurs anciens Poètes Ycer au lieu de l’air, aer, 8c
de même aies pour ailes ; ce qui eft bien, plus raifon-
nable que la pratique de ceux qui écrivent par ai
le fon de 1 e ouvert, Français , connaître. On a écrit
connoître dans le tems que l’on prononçoit connoitre;
la prononciation a changé, l’orthographe eft demeurée
dans les livres ; fi vous voulez réformer cette
orthographe 8c la rapprocher de la prononciation
prefente, ne réformez pas un abus par un autre encore
plus grand : car ai n’eft point fait pour repré-
fenter «. Par exemple , l’interjeûion hai, hai, hai,
bail, mail, 8cc. eft la prononciation du Grec ndiç ,
pOVCTCLIÇ.
. ' Que fi on prononce par ê la diphthongue oculaire
ai en palais, 8cc. c’eft qu’autrefois on prononçoit l’a
& l i en ces mots-là ; ufage qui fe conferve encore
dans nos provinces méridionales : de forte que je ne
v ois pas plus de raifon de réformer François par Français
, qu il y en auroit à réformer palais par patois.
En Latin a &c ai étoient de véritables diphthon-
g«es, oii l’a confervoit toujours un fon plein 8c entier
, comme Plutarque l ’a remarqué dans fon Traité
des Feßins , ainfi que nous entendons le fon de l’a
dans notre interjection, hai , hai , hai l Le fon de
1 e ou de 1 i etoit lors tres-foible ; 8c c’eft à caufe de
cela quon ecrivoit autrefois par ai ce que depuis
on a écrit par æ , Mufai enfuite Muße , Kaifar 8c Cefa
- Voye^ la Méthode Latine de P. R. (F )
Æ D E S , f. (Hiß. ancl) chez les anciens Romains,
pris dans un fens general, fignifioit un bâtiment, une
maifon , l intérieur du logis 3 Vendroitmëme où Von man- j
goit, fi l’on adopte cette étymologie de Valafridus
Sfrabon : potiß enimfieri ut oedes ad edendum in eis 3 ut
cenacula ad coenandum primo fint facta.
Le meme mot dans un fens plus étroit , lignifie
une chapelle ou forte de temple du fécond ordre ,
non confacre par les augures comme l’étoient les
grands édifices proprement appellés temples. On
trouve dans les anciennes defcriptions de Rome, 8c
dans les auteurs de la pure Latinité : Ædes Fortune ,
ÆdesHerculis , Ædes Juturné. Peut-être ces temples
xi etoient-ils affeCtes qu’aux dieux du fécond ordre
ou demi-dieux. Le fond des temples où fe rencontroit
1 autel 8c la ftatue du dieu, fe nommoit proprement
JEdicula diminutif <YÆdes.
ÆGILOPS, terme de Chirurgie , lignifie un ulcéré au
grand angle de l oeil, La caufe de cette maladie eft une
tumeur inflammatoire qui a liippuré 8c qui s’eft ouverte
d’elle-même. On confond mal-à-propos T«gi-
lops avec la fiftule lacrymale. \Yægilops n’attaquant
point le fac ou réfervoir des larmes, n’eft point une
maladie lacrymale. Foye[ Anchilops.
La cure de Y ægilops ne différé point de celle des
ulcérés. Foyeç Ulcéré (F")'
* Ægilops. Foyei Y euse,
i * I w l , (Myth. ) furnom de Jupiter, fous
lequel les Romains l’honoroient quelquefois en mé-
moire de ce qu’il avoit été nourri par une chevre.
ÆGOCEROS , ( Myth. ) Pan mis par les dieux
au rang des aftres, fe métamorphofa lui-même en
chevre, ce qui le fit furnommer agoceros.
Æ G O L E TH R O N , plante d’écrite par Pline. Il
paroit que c eft celle que Tournefort a décrit fous le
uoni de ckamerododendros Pontica maxima mefpili folio,
fore luteo.
Cette plante croît dans la Colchide, & les abeilles
Lucent fa fleur : mais le miel qu’elles en tirent , rend
furieux ou ivres ceux qui en mangent , comme il
W iy a à l’armée des d«£ mille à l’approche de TreÆ
G O bifonde, au rapport de Xenophon : ces foldats ayant
mangé de ce miel, il leur prit un vomiffement 8t
une diarrhée fuivis de rêveries ; de forte que les
moins malades reflembloient à des ivrognes ou à
des furieux, & les autres à des moribonds : cependant
perfonne n’en mourut, quoique la terre parut
jonchee de corps comme après une bataille ; 8c le
mal ceffa le lendemain, environ à l’heure qu’il avoit
commence ; de forte que les foldats fe levèrent le
troifieme 8c le quatrième jou r, mais en l’état que
l’on eft après avoir pris une forte medecine. La fleur
de cet arbriffeau eft comme celle du chèvrefeuille,
mais bien plus forte, au rapport du pere Lamberti,
Millionnaire Théatin. Mémoire de VAcadémie Roy ale
des Sciences /y 04. (N')
* Voici les caratteres de cette plante. Elle s’élève
à cinq ou fix piés : fon tronc eft accompagné de plu-
fleurs tiges menues, divifées en branches inégales ,
foibles & caftantes, blanches en-dedans , couvertes
d’une écorce grisâtre & liffe, excepté à leurs extrémités
où elles font velues. Elles portent des touffes
de feuilles affez femblables à celles du néflier des
bois. Ces feuilles font longues de quatre pouces
fur un pouce 8c demi de largeur vers le milieu, aiguës
par les deux bouts, mais fur-toutpar celui d’em-
bas, de couleur verd g a i, 8c legerement velues, excepté
fur les bords où leurs poils forment une efpece
de fourcil. Elles ont la côte affez forte, & cette côte
fe diftribue en nervures fur toute leur furface. Elle
n’eft qu’un prolongement de la queue des feuilles,
qui n’a le plus fouvent que trois ou quatre lignes de
longueur fur une ligne d’épaiffeur. Les fleurs naiffent
raffemblées au nombre de dix-huit ou vingt. Elles
forment des bouquets à l’extrémité des branches, où
elles font foutenues par des pédicules d’un pouce de
long, velus, 8c naiffans des aiffelles de petites feuilles
membraneufes, blanchâtres, longues de fept à
huit lignes fur trois de large. Chaque fleur eft un
tube de deux lignes & demie de diamètre, legerement
cannelé, velu , jaune, tirant fur le verd. fi s’é-
yafe au-delà d’un pouce de diamètre, & fe divife en
cinq portions dont celle du milieu a plus d’un pouce
de long fur prefqu’autant de largeur : elle eft refleurie
en arriéré ainfi que les autres , 8c terminée en arcade
gothique. Sa couleur eft le jaune pâ le, doré
vers le milieu ; les autres portions font plus étroites
& plus courtes , mais pareillement jaunes pâles.
La fleur entière eft ouverte par derrière, 8c s’ar-
ticule avec un piftil pyramidal, cannelé, long de
deux lignes , verd blanchâtre , legerement velu
garni d’un filet courbe , long de deux pouces &
terminé par un bouton verd pâle. Des environs de
l’ouverture de la fleur fortent cinq étamines plus
courtes que le piftil, inégales, courbes , chargées
de fommets long d’une ligne 8c demie , 8c chargés
d’une poufliere jaunâtre. Les étamines font auflî de
cette couleur : elles font velues depuis leur origine
jufque vers leur milieu , 8c toutes les fleurs
font inclinées comme celles de la fraxinelle. Le piftil
devient dans la fuite un fruit d’environ quinze
lignes de long , fur fix ou fept lignes de diamètre..
IJ eft relevé de cinq côtés, dur, brun & pointu. Il
s’ouvre de l’une à l’autre extrémité en fept ou huit
èndroits creufés en gouttières ; ces gouttières vont
fe terminer fur un axe qui traverfe le fruit dont il
occppe le milieu ; cet axe eft cannelé, 8c diftribue
1 intérieur du fruit en autant de logés qu’il y a de
gouttières à l’extérieur.
C ’eft ainfi que M. Tournefort caraôérife cette
plante, dont les anciens ont connu les propriétés
dangereufes.
*ÆGOPHAGE, (Myth.) Junon fut ainfi furnom«
mee des chevres qu’on lui facrifioit.
ÆGYPTE, Voyei Egypte.
A E R * ÆLÜRUS, ( Myth. ) Dieu dès chats. Il eft re-
préfenté dans les antiques Egyptiennes, tantôt en
chat, tantôt en homme à tête de chat.
AEM ou AM , (' Cômmerce. ) mefure dont on fe fert
à Amfterdam pour les liquides. Vaem eft de quatre
ankers, Tanker de deuxftekans ou trente-deüx min-
gles ou mingelles, & le mingle revient à deux pintes
, mefure de Paris. Six aems font un tonneau de
quatre barriques de Bordeaux , dont chaque barrique
rend à Amfterdam douze ftékans & demi, ce qui fait
50 ftekans le tonneau, ou 800 mingles vin 8c lie ;
ce qui peut revenir à 1600 pintes de Paris ; ,8c par
conlequent Vaem revient à 150 ou 260 pintes de
Paris. ^ i - •; "P
A EM, Am ou Ame. / Commerce. ) Cette mefure
pour les liqueurs qui eft en ufage dans prefqué toute
TAllemagne, n’eft pourtant pas la même que celle
d’Amfterdam, quoiqu’elle en porté le nom', ou un
approchant ; & elle n’eft pas même femblable dans
toutes les villes d’Allemagne. Uame .communément
eft de 20 vertels, ou de 8ô maffes. A Heydelberg elle
eft de 12 vertels, & le vertel de 4 maffes, ce qui
réduit Yame à 48 maffes. Et dans le Wirtemberg Yame
eft de 16 yunes, & l’yune de 10 maffes, ce qui fait
monter Yame jufqu’à 160 maffes. (G )
* ÆON, ( Myth. ) la première femme créée, dans
lefyftème des Phéniciens. Elle apprit à fes enfans à
prendre des fruits pour leur nourriture, à ce que dit
Sanchoniathon.
* ÆOR A ou GESTATION, ( Hifi. anc. gymnafl. )
Foye^ G e s t a t io n .
* ÆREA, ( Myth. ) Diane fut ainfi furnommée
d’une montagne de l’Argolide où on lui rendoit un
culte particulier.
* AÉRER, v . a£E ( Archit. ) donner de l’air à
un bâtiment. IL a fait percer fa galerie des deux côtés
pour Vaérer davantage. Ce terme eft de peu d’ufage ;
& Ton dit plutôt mettre en bel air.
A é r e r , ( Chajfe. ) fe dit des oifeaiix de proie qui
font leurs aires ou leurs nids fur les rochers.
AÉRIEN, adj. qui ejl d'air ou qui concerne Y air.
Foyeç A i r .
Les Effeniens qui étoient chez les Juifs, la fefte
la plus fubtile & la plus raifonnable, tenoient que
l’ame humaine étoit une fubftance aérienne. Foye%
E s s e n ie n s .
Les bons ou les mauvais Anges qui apparoiffoient
autrefois aux hommes, prenoient, dit-on, un corps
aérien pour fe rendre fenfibles. Foye^ A n g e .
Porphyre & Jamblique admettoient une forte de
Démons aériens à qui ils donnoient différens noms.
Foyei D ÉM O N , G E N IE , &c.
Les Rofecroix, ou confrères de la Rofecroix, &
autres Vifionnaires , peuplent toute Tatmofphere
’’d’habitans aériens. Foye{ R o s e c r o ix , G n o m e , IS g ll ’n ■ ■ ■ i * AERIENNE , ( Myt. ) furnom donne a Junon,
qui paffoit pour la D éeffe des airs.
AERIENS , adj. pris fub. ( Théol. ) Se&aires du
jv. fiecle qui furent ainfi appellés (YAérius, Prêtre
d’Arménie, leur chef. Les Aériens avdient à-peu-
près les mêmes fentimens fur la T rinité que les Ariens :
mais ils avoient de plus quelques dogmes qui leur
étoient propres & particuliers : par exemple, que
l’épifcopat eft l’extenfion du caraûere facerdotal,
pour pouvoir exercer certaines fondions particulières
que les Amples Prêtrésne peuvent exercer. Foyef
E v ê q u e , Pr ê t r e , &c. Ils fondoient cefentimentfur
plufieurt paffages de S. Paul, & fingulierement fur
celui de la première Epître à Timothée, chap. jv .
v. 14. où l’Apôtre l’exhorte à ne pas négliger le don
qdil a reçu par Vimpojîtion des mains des Prêtres. Sur
quoi Aérius obferve qu’il n’eft pas là queftion d’Evê-
ques, & qu’il eft clair par ce paffage que Timothée
Tome I,
A E R 155 reçut l’ordination des Prêtres. Foye£ Ordination;
S. Epiphane, Héref. y S. s’élève avec force contre
les Aériens en faveur de la fupériôritë des Evêques.
Il obferve judicieufement que le mot Presby-
terïi, dans S. Paul, renferme l'es deux ordres d’Evê-
ques & de Prêtres, tout le Sénat, toute Taffemblée
des Eccléfiaftiques d’un même endroit, & que c’é-
toit dans une pareille afferriblée que Timothée avoit
été ordonné. Foÿe( Presbytère.
Les difcipiès d’Aerius foûtenôiènt encore après
leur Maître,que la priere pour les morts’étôit inutile,
que les jeûnes établis parl’Eglife, &c fur-tout ceux
au Mercredi, du Vendredi & du Carême j étoient
fuperftitieüx ; qu’il falloit plutôt jeûner le Dimanche
quelles autres joufs, & qu’on ne deVoit plus célébrer
la-Pâque. Ils appelloient par mépris Antiquaires
les fidèles attachés aux cérémonies prefcrites par
l’Eglife & aux traditions eccléfiaftiques. Les Ariens
fe réunirent aux Catholiques pour combattre les rêveries
de cette fe£té, qui ne fubfifta pas long-tems.
S. Epiphane, Hoeref j ô j - Onuphre, in Chronic, ad
■ ann. Chriß. 34$. T'ülemöntj H ß , EcoUJiaß. tonie IX .
AÉROLOGIE, f. f. ( Med. j traité ©kraifonne-
ment fur l’a ir , fes propriétés, & fes bonnes ou mau-
vaifes qualités. On ne peut réuffir dans la pratique
de la Medecine fans la connoiffance de Yaérologie j
c’eft par elle qu’on s’inftruit des impreflions de L’air
& de fes différens effets fur le corps humain. Foyer
A ir . ( V ) - - . ■ •ir.-- ' ■
AÉROMANTIE,f.f. ( Divin. Hiß. ahc. ) fortede
divination qui fe faifoit par le moyen de l’air & par
Tinfpection des phénomènes qui y arrivoient. Arifto-
phane en parle dans fa Comedie des Nuées. Elle fe
fubdivife en plufieurs efpeces, félon Delrio. Celle
qui fe fait par Tôbfervâtion des météores, comme le
tonnerre, la foudre, les éclairs, fe rapporte aux augures.
Elle fait partie de TAftroIogie, quand elle s’attache
aux afpeéts heureux ou malheureux des Planètes
; 8c à la Teratofcopie, quand elle tire des préfa-
ges de l’apparition de quelques fpe&res qu’on a vus
dans les airs, tels que des armées, des cavaliers, ßc
autres prodiges dont parlent les Hiftoriens. L’aéro*
mande proprement dite étoit celle où Ton conjuroit
l’air pour en tirer des préfages. Cardan a écrit fur
cette matière. Foye^ Delrio, difquißt. magicar. lib.
IF . cap, ij. queefl. vj. fecl. 4.page 647.
Ce. mot eft formé du Grec à»p, air, & pMvrtlal
divination. ( G )
AÉROMÉTRIE. Foye^ AIROMÉTRIE.
A E R O P H O B IE , f. f. ( Med. ) crainte de l'air ,
fymptomes de phrénéfie.' Foye^ Phrénesie. ( N')
* AERSCHOT, ( Géog. mod. ) ville des Pays-BaS
dans le Duché de Brabant fur la ri viere de Demere»
Long. çlG. 10. lat. 61. 4.
* ÆS, ÆSCULANUS, ÆRES, ( Myt. ) nom de
la divinité qui préfidoit à la fabrication des mori-
noies de cuivre. On larepréfentoit debout avec l’habillement
ordinaire aux déeffes, la main gauche fur
la hafte pure, dans la main droite une balance. Æ f
culanus etoit, difoit-ori, pere du dieu Argentin.
* Æ SÜ STUM ou CUIVRE BRULÉ, préparation
de Chymie médicinale. Mettez dans un vaiffeau de terre
de vieilles lames de cuivre, du foufre& du fel commun
en parties égales ; arrangez-les couche fur couche
; couvrez le vaiffeau ; lutez la jointure du couvercle
avec le vaiffeau, ne laifl'ant qu’un petit fou-
pirail ; faites-du feu autour & calcinez la matière. Ou,
faites rougir une lame de cuivre ; éteignez-la dans
du vinaigre ; réitérez fept fois la même opération -
broyez le cuivre brûlé ; réduifez-le en poudre fine
que vous laverez legerement dans de l’eau, 8c vous
aurez Yasüßüm, On recommande ce remede pour les