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La huitième, que les gardes feront aü nombre de
fix choifis. gens de probité & d’expérience ; qu’il
en fera élu deux, chacun an, pour êtr,e trois ans en
exercice ; & qu’après leur élection, ils feront ferment
par-devant le magiftrat de police, de bien & fidèlement
exercer leur charge, & de procéder exa&ement
& en leur confcience, aux vifites, tant générales que
particulières.
La neuvième, que les gardes feront tenus de procéder
aux vifites générales, trois fois du moins par
chacun an chez tous les marchands Apothicaires 6c
Epiciers, pour examiner s’il ne s’y paffe rien contre
les ftatuts, ordonnances 6c reglemens. H eft encore
défendu aux Apothicaires d’adminiftrer aux malades
aucuns médicamens, fans l’ordonnance d’un médecin
de la Faculté , ou de quelqu’un qui en foit approuvé.
APOTHICAIRERIE, f. f.tique du grec dmfyw, bou
ou magajin; c’eft, par rapport à l’architeâure,
une falle dans une maifon de communauté, dans un
hôpital, ou dans un palais, oii l’on tient en ordre 6c avec décoration les médicamens. Celle de Lorette
en Italie, ornée de vafes du deffein de Raphaël, eft
une des plus belles : celle de Drefde eft.auffi très-fa-
meufe; on dit qu’il y a 14000 boîtes d’argent toutes
pleines de drogues & de remedes fort renommés.
(P) APOTOME, f. m. mot employé par quelques auteurs
, pour défigner la différence de deux quantités
incommenfurables. Tel eft l’excès de la racine quar-
rée de 2 fur 1. Voye^ Incommensurable.
do,Ce mot eft dérivé du verbe grec «Vot^ v» , abfcin- je retranche : un apotome en Géométrie, eft l’excès
d’une ligne donnée fur une autre ligne qui lui eft
incommenfurable. Teleftl’excesde la diagonale d un
quarré fur le côté. (O) Apotome , en Mufique , eft aufli ce qui refte d un
ton majeur après qu’on en a ôtéun. limma, qui eft
un intervalle moindre d’un comma que le femi-ton
majeur; par conféquent l'apotome eft d’un comma
plus grand que le femi-ton moyen.
Les Grecs qui favoient bien que le ton majeur ne
pouvoir par des divifions harmoniques être partagé
en deux parties égales, le'divifoient inégalement de
plufieurs maniérés. ( Voye^ Intervalle.) De l’une
de ces divifions inventées parPythagore, ou plutôt
par Philolaiis fon difciple, réfultoit le diefe ou limma
d’un côté, & de l’autre l’apotome, dont la raifon eft
de 1048 à 1187. Voye^ Limma.
La génération de Y apotome fe trouve à la feptieme
quinte, ut diefe, en commençant par ut; car alors
la quantité dont cet tu diefe furpaffe Y ut naturel, eft
précifément le rapport que nous venons d’établir.
( S) Les anciens appelaient apotome majeur un petit in-;
tervalle formé de deux fons, en raifon de 125 à 128,
cni’eqfute ce que M. Rameau appelle quart de ton enharmo
dans fa Démonjlr. du princ. de l'harmonie, Paris
1750. . : 1
Ils appelaient apotome mineur l’intervalle de deux
fons, en raifon de 1025 à 2048, intervalle encore
moins fenfible à l’oreille que le précédent. (O)
APOTRE, f. m. ( Théologie. ) apofiolus, du grec
a-sroç-oAoç, çompofé d’a<sro, & de ç-éààm , f envoie : ce
mot a été employé par Hérodote 6c d’autres auteurs
profanes, pour exprimer diverfes fortes de délégués :
mais dans le Nouveau Teftament il eit le nom donné
par excellence aux douze difciples de Jefus-Chrift,
choifis par lui-même pour prêcher fon Evangile, 6c le répandre dans toutes les parties du monde.
Quelques faux prédicateurs contefterent à S. Paul
fa qualité d'apôtre, parce qu’à les entendre , on ne
pouvoit fe dire envoyé de Jefus-Çhrift fans l’avoir
yu, 6c fans avoir été témoin de fes actions. Pour ré-
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pondre à ces fophiftes qui avoient féduit les églifes
de Galatie , il commence par ces mots l’épître aux
Galates : 'Paul apôtre non des hommes ni par les hommes
, mais par Jejus-Chrijl .& Dieu le Pere; leur faifant
ainfi connoître qu’i l a v o it fa million immédiatement
de D ieu . Son éleftion eft clairement exprimée dans
ces paroles que D ieu d it à Ananie en parlant de Saul
Converti. A cl. chap.jx. verf. .iS. Vas eleclionis efimihi
ifle, ut portet nomcn meum coram gentibus & regibus j
ce qui fait qu’il eft appelle par excellence Y apôtre des'
Gentils, à la converfion defquels il étoit fpéciale-,
ment deftiné : mais il eft à remarquer que malgré ce
témoignage 6c la v o ca tion expreffé du Saint-Efprit,
figregate rnihi Saulurn & Barnabam in opus ad quod af-
fitmpji eos ; il ajoûta encore la million ordinaire 6c
légitime qui v ien t de l ’E g life , pa r la priere 6c l’im-
p.o/ition des mains des prophètes 6c des doûeurs qui
compofoient celle .d’A ntioche. A&.chapit. x i i j. verf.
z & 3 . _ ,
O n repréfente ordinairement les douze apôtres
a v e c leurs fymboles ou leurs attributs fpécifiques ;
6c c’eft pour chacun d’e u x , .à l’exception de S. Jean
& de S. Jacques le ma jeu r, la marque de leur dignit
é , ou l’ inftrunjent de leur martyre. «Ainfi S. Pierre
a les clés pour marque .de fa primauté ; S. Paul un
glaiv e ; S. André une croix en fauto ir; S. Jacques le
mineur une perche de foulon ; S. Jean une coupe d’oii
s’envo le un ferpent a îlé ; S. Barthélemi un couteau ;
S. Philippe un long b â to n , dont le bout d’en-haut fe
termine en croix ; S .Th om as une lance ; S. Matthieu
une hache d ermes ; S. Jacques le majeur un bourdon
de pèlerin 6c une gourde ; S. Simon une f c i e , 6c
S. Jude une maffue.
O n fait par les ad e s des apôtres, par leurs épîtres,
pa rle s monumens de l’hiftoire e ccléfiaftique, & enfin
par des traditions fondées, en quels lieux les apôtres
ont prêché l’Evangile. Quelques auteurs ont douté
s’ils n?avo ien t pas pénétré en Amérique; mais le témoignage
confiant de ceux qui ont écrit l’hiftoire de
la découverte du nouveau mqnde, prouve qu’il n’y
a v o it dans ces yaftes contrées nulle trace du C h r il-
tianifme. Voye.{ A c t e s des A pô t r e s .
O n donne communément le nom d’apôtre à celui
qui le premier a porté la fo i dans un pa ys : ç’eft ainfi
que S. D e n y s , premier é vêqu e de P a r is , qu’on a
long-tems confondu av e c S. D e n y s l’aréopagite, eft
appellé Y apôtre de la France; le moine S. Au gu ftin ,
Y apôtre de l’Angleterre ; S . Boniface, Y apôtre de l’Allemagne
; S. François X a v ie r , Y apôtre des Indes : on
donne aufli le même nom aux M illionnaires Jéfuites,
Dominicains, &c. répandus en Amérique 6c dans les
Indes orientales. Voye1 Mis s io n n a ir e .
I l y a eu des tems où l’on appelloit fpécialement
apôtre , le P ap e , à caufe de fa fur-éminence en qua->
lité de fucceffeur du prince des apôtres. Voyes^ Sidoine
Apollin. liv. V I . épît. 4. Voye^ aujji Pa p e & A PO S TO
LIQ U E.
A p ô t r e , étoit encore un nom pour défigner des
miniftres ordinaires de l’Eglife , qui voy a g eo ien t
pour fes intérêts. C ’eft ainfi que S. Paul dit dans fon
épître aux Romains, ch. x v j. verf. y . Salue£ Androni-
cus & Junia, mes parens & compagnons de ma captivité,
qui fon t dijlingués parmi les apôtres. C ’étoit aufli le
titre qu’on donnoit à ceux qui étoient en vo yé s par
quelques é glife s , pour en apporter les colleftes 6c
les aumônes des fideles deftinées à fubvenir aux be-
foins des pauvres & du clergé de quelques autres
églifes. C ’eft pourquoi S. Paul écrivant aux Philip—
piens leur dit qu’Epaphrodite leur apôtre avoit fourni
à fes. befoins. chapitre x j . verf. z 5 . Les Chrétiens
avoient emprunté cet ufage des fynagogues,qui don-
noient le même nom à ceux qu’elles chargeoient d’un
pareil fo in , & celui à’ftpoftolat à l’office charitable
qu’ils exerçoient.
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Il y avoit chez les anciens Juifs une autre efpece
d'apôtres : c’étoient des officiers qui avoient en département
une certaine étendue de pays, dans lequel
on les envoyoit en qualité d’inlpeéteurs ou de
commiffaires, afin d’y veiller à l’obfervation des lois, 6c percevoir les deniers levés pour la réparation du
tçmple ou autres édifices publics, 6c pour payer le
tribut aux Romains. Le code théodofien, lib. X IV , rduem Ju adtçqeuies, a nrgoemnmtuem a àp pôatrtersia-crecuhxâ qceurit oa dte emxpiogreen ddiurmig uanu--
tur. Les Juifs appellent ces prépofés fchelihhin , envoyés
ou meflagers. Julien l’apoftat qui vouloit fa-
vorifer les Juifs pour s’en fervir à la deftruftion du
Çhriftianifme, leur remit Yapojlolat, d^oç-ox«, c’eft-
à-dire comme il s’explique lui-même, le tribut qu’ils
avoient .coutume de lui envoyer.
Ces apôtres étoient fubordonnés aux officiers des
fynagogues , qu’on nommoit patriarches , de qui ils
recevoient leurs commiflions. Quelques auteurs ob-
fervent que S. Paul avant fa converfion, avoit exercé
cet emploi, 6c qu’il y fait allufion dans l’endroit de
l’épître aux Galates, que nous avons cité au commencement
de cet article, comme s’il eût dit : Paul qui
n’eft plus un apôtre de la fynagogue, ni fon envoyé
pour le maintien de la loi de Moyfe, mais à préfent
un apôtre, un envoyé de Jefus-Chrift. S. Jerôme admet
cette allufion à la fonction d’apôtre de la fynagogue
, fans infinuer en aucune maniéré que S. Paul en
eût jamais été chargé.
Apôtre, dans la Liturgie greque, eft
un terme particulièrement ufité pour défigner un livre
qui contient principalement les épîtres de S. Paul,
félon l’ordre où les Grecs les lifent dans leurs églifes
pendant le cours de l’année ; car comme ils ont un
livre nommé A/ei', qui contient les évangiles,
ils ont aufli un aVsV«*«»? > & il y a apparence qu’il ne
contenoit d’abord que les épîtres de S. Paul ; mais de«
puis un très-long tems il renferme aufli les a&es des apôtres, les épîtres canoniques, & l’apocalypfe ; c’eft
pourquoi on l’appelle aufli 7Tp*%ct<BÔçv\oç, à caufe des
%afttiçe.s qu’il contient, 6c que les Grecs nomment nrpct-. Le nom d’apofiolus a été en ufage dans l’Eglife
Latine dans le même fens, comme nous l’apprennent
S. Grégoire le grand, Hincmar, 6c Ifidore de Séville :
c’eft ce qu’on nomme aujourd’hui épijlolier. V?ye^
Epistqlier. (G )
Apôtres , terme de Droit : on appelloit ainfi autrefois
des lettres dimifloires, par lefquelles les premiers
juges, de la fentence defquels avoit été interjetté appel
, renvoyoient la connoiffance de l’affaire au juge
lupérieur & s’en deflaififfoient ; faute de quoi l’appel
ne pouvoit pas être pourfuivi.
. Ces fortes de lettres étoient aufli en ufage dans les
cours eccléfiaftiques.
Mais ces apôtres-Ik ont été abrogés tant en cour
laïque, qu’en cour eccléfiaftique.
On appelloit encore apôtres les lettres dimifloires
qu’un évêque donnoit à un laïque ou à un clerc, pour être ordonné dans un autre diocèfe. Voye^ Dimis-
soire. (H )
Apôtres , ( Onguent des ) Pharmacie. L’onguent
des apôtres, en Pharmacie, eft une efpece d’onguent
qui déterge ou nétoye ; il eft compofé de douze drogduese
as p; ôct’reefst. lVa oryaeif[on pourquoi il eft nommé Yo nguent Onguent.
Avicenne en fut l’inventeur. On l’appelle autrement,
unguentum Veneris. Les principaux ingrédiens
font la cire, la térébenthine, la réfine, la gomme
ammoniaque, l’oliban, le bdellium, la myrrhe, le
galbanum, l’opopanax, les racines d’ariftoloche, le
verd-de-gris, la litharge, l’huile d’olive. Vcye^ D étergent,
&c.
Cet onguent eft un excellent digeftif, déterfif, 6c
un grand viilnéraire. (N)
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* A PO TR O P É EN S , (Myth.) dieux qu’on invo-
q u o it, quand on étoit menacé de quelque malheur ;
on leur immoloit une jeune brebis.Le motapotropéens
vient de aVoTpsVe/t', détourner. Les Grecs appelloient
encore ces d ieux d Maintes. 01, qui chajfent le mal ; & ils
étoient révérés des Latins fous le nom d'averrunci ,
qui vient d'averruncare , écarter.
* APOYOMATLI«, fub. m. (Hijl. nat, bot.') herbe
qu’on trouve dans la Floride : elle a la fêuille du poireau
, feulement un peu plus longue 6c plus déliée ;
le tuyau comme le jo n c , & la racine aromatique.
Les Efpagnols en font une poudre, qu’ils prennent
dans du v in pour la gravelle ; elle pouffe par les urines
, appaife les douleurs de poitrine, & foulage dans
les affeftions hiftériques.
A P O Z EM E , f. f. ( Fkarmac. ) forte décoftion des
racin es , des feuilles, & des tiges d’une plante ou de
plufieurs plantes enfemble. C e m ot e ft formé du grec
drra, & Çtu ,ferveo. Les anciens confondoient la dé-
coélion av e c Yapoçeme : cependant l’infufion fimple
peut feule faire un apo^eme,qui n’eft autre chofe qu’un
médicament liquide chargé des vertus & principes
d’un ou de plufieurs remedes fimples ; 6c comme l’extrait
ou l’aétion de les tirer d’un mixte ne demande
dans certains cas que la fimple macération de plufieurs
corps qui font v o la tils , 6c dans d’autres cas l’ébullition,
il eft clair que la déco&ion n’eft pas eflen-
tielle à Yapo^eme. O n divife Yapoçeme en altérant & en
purgatif. Le premier eft celui qui n’eft compofé que
de fimples, ou remedes altérans. L e fécond eft celui
auquel on ajoûte des purgatifs.
L’altérant eft une infufion qui change les humeurs.
L e purgatif les évacue.
Uapo^eme fe compofé de fimples cuits ou infufés
enfemble. L ’on met d’abord le b o is , les racin es, en-
fuite les é co rc e s , & après les herbes ou feuilles, puis
les fru its , & en dernier lieu les femences & les’fleurs.
L ’infufion de ces fimples fe fa it dans l ’eau de fontaine
o u de riviere ; on ne réglé pas la quantité de l ’eau ,
mais on la laiffe à la prudence de l’apothicaire.
Les apo^emes s’ordonnent ordinairement pour trois
ou quatre dofes , 6c à chacune on ajoûte deux gros
de fucre ou de firo p , félon que la maladie l’exige.
Chaque dofe doit être de quatre ou fix onces. On
la diminue de moitié pour les enfans.
L ’ufage des apoçemes eft de préparer les humeurs
à la purgation, de les d é la y e r , détremper 6c divifer
pour les rendre plus fluides, & emporter les obftruc-
tions que leur épaiflïffement auroit engendrées dans
les petits vaiffeaux.
Les apo^emes doivent donc v arie r félon les indications
que le Médecin a à remplir : ainfi il en eft de
tempérans 8c rafraîchiffans, de caïmans 8c adoucit-
fans, d’incraffans 6c empâtans, d’apéritifs, de diurétiques
, d’emménagogues, d’antipîeurétiques. C ’eft
ainfi que les anciens ordonnoient des apo^emes rafraîj
chiffans pour la bile échauffée, â c r e , fubtile 8c brûlée
, qui caufoit un defordre dans les maladies aiguës
8c dans les fievres putrides.
Apoçeme tempérant. Prenez racines de chicorée,'
d’ofeille 6c de bu glofe , de' chacune une once ; feuilles
de chico rée , de la itu e , de pourpier, de buglofe ,
de chacune une poignée ; raifins mondés, une o n c e ;
o rge mondé, une pincée ; fleurs de v io le tte 8c de
nimphéa, de chacune une pincée : vous ferez d’abord
bouillir les racines dans trois chopines d’eau réduites
à pinte, 8c fur la fin v ous ferez infufer les feuilles av e c
les femences & les fleurs. C e t apo^eme eft des plus
compofés ; il eft cependant fort tempérant. Pour le
rendre plus agréable, on ajoûtera fur chaque dofe du
firop de nimphéa & de grenade, de chacune deux
gros ; du fel de prunelle, un gros.
Apo^eme délayant & humectant. Prenez racines de
chien-dent, de câprier, de fraifier 6c de p e tit-hou x,