
5°2 A N T
qu’on appelle chroniques, comme 11 faut traiter les
maladies vives qu’on appelle aiguës. On eft long-
tems à guérir ou à mourir des maladies longues ; &
au contraire ort guérit ou on meurt promptement
des maladies vives. On doit mettre, pour guérir une
maladie, un tems proportionné à celui qu’elle a été
à fe former ; les maladies longues s’étant formées
lentément, ne peuvent & ne doivent point être guéries
ou traitées promptement. Tout le monde convient
que toutes les maladies viennent plus promptement
qu’elles ne paffent ; & cependant prefque
tout le monde fait l’injuftice aux Médecins de trouver
mauvais qu’ils ne guérilfent pas les maladies plus
promptement qu’elles n’ont été à fe former. Les amis
des malades, en les plaignant de leur é tat, négligent
prefque toujours de les encourager à faire conftam-
ment ce qu’il faut pour guérir ; & ils n’affermifTent
point leur confiance en la Medecine, au contraire;
D ’ailleurs, comme les maladies longues fe forment
d’abord fans qu’on s’en apperçoive , leur guérifort
eft de même infenfible ; de forte que le malade fe
fatigue de prendre des remedes , ne croyant pas en
recevoir de foulagement ; & le médecin s’ennuie
de s’entendre dire que tout ce qu’on fait fuivant fes
confeils, eft inutile : le malade & le médecin fe dégoûtent
l’un de l’autre, & ils fe féparent. C ’eft ainfi
qu’il arrive fouvent qu’on regarde comme incurables
, des maladies que les Médecins guériroient, fi
le malade n’étoit pas impatient, & le public injufte;
Voyt{ Chimie médicinale. (M )
* ANTILÏBAN, fub. m. ( Géog. mod.) chaîne de
montagnes de Syrie ou de Phénicie , v is - à -v is du
Liban. Il eft habité aujourd’hui par des Semi-chrétiens
appellés Us Drufes. Le Jourdain a fa fourcé
dans ces montagnes.
* ANTILLES, (Géog. mod.') îles de l’Amérique
difpofées en forme d’a rc, entre l’Amérique méridionale
& l’île de Porto-Ricco, proche la ligne;
Chriftophe Colomb les découvrit en 1492 ; elles
font au nombre de vingt-huit principales. Les grandes
font Saint-Domingue , Cu b a, la Jamaïque , &
Porto-Riccô. Long.3 iG. 10-31$. lat. //. 40-/6'. 40-.
ANT1LOGAR1THME, (Matkemat.) fe dit quelquefois
du complément du logarithme d’un finus,
d’une tangente, d’une fécante ; c’eft-à-dire, de la
différence de ce logarithme à celui du finus total,
c ’eft-à-dire du finus de 90 degrés. H. L o g a r it h m e
& COMPLEMENT. ( O )
ANTILOGIE , f. f. (Littéral.) en grec aVrAo>/«y
:difcours contraire ; contradiâïon qui fe trouve entre
deux expreflions ou deux paffages du même auteur.
Voyer^ CO N T R A D IC T IO N .
Tirinus a publié un long index des apparentes an-
tilogies de la Bible, c’eft-à-dire, des textes qui fem-
blent fe contredire mutuellement, mais qu’il explique
& concilie dans fes commentaires fur la Bible.
Dom Magri, religieux Maltois de l’Oratoire en Italie
, a tenté un pareil ouvrage : mais il n’a fait, pour
ainfi dire, que répéter ce que l’on trouve dans les
•principaux commentateurs. Hoye[ A n t in o m ie . (O)
A N T IL O P E , (Hijl. nat.) animal quadrupède,
mieux connu fous le nomde gabelle. A'.Ga z e l l e . ( I )
ANTI-LUTHERIENS ou SACRAMENTAIRES,
fubft. m. pl. (Théologie.) hérétiques duxvj. fiecle ,
qui ayant rompu de communion avec l’Eglife à l’imitation
de Luther, n’ont cependant pas fuivi fes
•opinions, & ont formé d’autres fettes, tels que les
Calvinijies, les Zuingliens, & c. Voye[ C A LV IN IST E S ,
•ZUIN G LIEN S, SA CRAM EN TA IRES. ( G )
* ANTIMACHIE, f. f. (Hijl.anc. & Myth.) fête
qu’on célébroit dans l’île de Cos , pendant laquelle
le -prêtre portoit un habit de femme, & avoit la tête
Jiée .d’une mitre, ou d’une bande à la maniéré des
"femmes. Pour rendre raifon, & de l’inftitution de la
A N T
fête & de l’habillement du prêtre, on dit qu’Hercule
revenant en Grece après la prife de T ro ie , la tempête
écarta fix navires qu’il avoit ; que celui qui le
portoit échoua à l’île de C o s , où il prit terre fans
armes & fans bagage ; qu’il pria un berger nommé
Antagoras de lui donner un bélier ; que le berger qui
étoit fort & vigoureux, lui propofa de lutter, lui promettant
le bélier, s’il demeuroit vainqueur; qu’Hercule’
accepta la condition; que quand ils en furent
aux mains, les Méropes fe mirent du côté d’Antago*
ras, & les Grecs qui fe trouvèrent préfens, du côté
d’Hercule ; qu’il s’enfuivit un combat très-vif ; que
Hercule accablé du grand nombre, fut obligé de s’enfuir
chez une Thracienne, où il fe déguifa en femme
pour échapper à ceux qui le pourfuivoient; qu’ayant
dans la fuite vaincu les M éropes, il époufa Alciopè
portant au jour des noces une robe ornée de fleurs ;
& que c’étoit en mémoire de ce fait, que le prêtre de
l ’île de C o s , en habit de femme, offroit un facrifice
au lieu du combat, où les fiancés aufli en habit de
femme embraffoient leurs fiancées. Vcyeç Ant. expl,
Jitp. page 10. tom. II.
ANTIMENSE, f. f. (Hiß. eccl.) eft une forte de
nappe con facrée , dont on ufe en certaines occafions
dans l’églife g reque , en des lieux où il ne fe trouv é
point d’autel convenab le. Voye^ A u t e l .
Le P. Goar obferve, qu’eu égard au peu d’églifes
confacrées qu’avoient les G recs, & à la difficulté du
tranfport des autels confacrés, l’Eglife a fait durant
des fiecles entiers ufage de certaines étoffes confacrées
, ou de linges appellés antimenfia, pour fuppléer
à ces défauts. (G )
ANTIMETATHESE , f. f. figure de Rhétorique
qui confifte à répéter les mêmes mots, mais dans un
fens oppofé, comme dans cette penfée : non ut edam
vivo f fedut vivam edo; je ne vis point pour manger,
mais je mange pour vivre. On la nomme encore an-
timétabole & antimétalepfe. (G )
* ANTIMILO, ( Géog. mod. ) île de l’Archipel-,'
au nord de Milo & à l’entrée du havre.
ANTIMOINE, f. m. (Hiß. nat. & Chim.) c’eft un
minéral métallique , folide, friable, allez pefant,
qu’on trouve enfermé dans une pierre dure , blanchâtre
, & brillante, qu’on appelle gangue. On en fé*-
pare l’antimoine par la fufion ; après cette première
préparation, on le nomme antimoine crud. Dans cet
état il a une couleur de plomb ; c’eft pourquoi les
Alchimiftes l’ont nommé le plomb des Philofophes, le
plomb des fages, parce qu’ils ont prétendu que les
fages dévoient chercher le remede univerfel & le
fecret de faire l’or dans l'antimoine.
Il y a différentes fortes d’antimoine natif ; on en
trouve qui a l’apparence du plomb ou du fer poli :
mais il eft friable, & il eft mêlé avec une pierre
blanche ou cryftalline. On en voit qui eft compofé
de petits filets brillans, difpofés régulièrement 011
mêlés fans ordre ; c’eft ce que Pline nomme antimoine
mâle ; & il donne le nom à!antimoine femelle à celui
qui eft compofé de lames brillantes. Il y a de ¥ antimoine
natif qui n’eft qu’un amas de petits filets de
couleur de plomb, tenans à une pierre blanche &
tendre : il fe fond au feu aufli facilement que du fou-
fre, aufli en contient-il beaucoup ; on en trouve dans
le comté de Sainte-Flore proche Mafia,' ville de la
Campagne de Rome. \é antimoine eft aufli marqué
quelquefois de taches jaunâtres ou rougeâtres ; il y
en a de cette forte dans les mines d’or de Hongrie.
Le plus fouvent ¥ antimoine eft en mine, c’eft-à-
dire , qu’il eft mêlé avec des matières étrangères ; &
on croit que c’eft pour cette raifon, qu’on lui a donné
le nom d antimoine comme n’étant prefque ja*
mais feul ; en effet il eft toujours mêlé avec des matières
métalliques ou avec des métaux. On donne
■ une-autre étymologie du mot antimoine : on a pré-
A N T
tendu qu’il avoit été furtefte à plttfieurs môittes confrères
de Bafile Valentin, qui leur en avoit fait prendre
comme remede ; & que c’étoit par cette raifon
qu’on lui avoit donné le nom d’antimoine , comme
qui voudroit dire, contraire aux moines.
On trouve prefque par-tout des mines d antimoine;
il y en a en plufieurs endroits d’Allemagne, comme
en Hongrie : nous en avons plufieurs en France.
Il y en a une bonne mine à Pégu ; une autre près de
Langeat & de Brioude; une autre au village de Pra-
dot, paroifle d’A ly , qui donne un antimoine fort ful-
phureux; elle a été ouverte en 1746 & 1747 : un
autre filon d antimoine au village de Montel dans la
même paroifle, en Auvergne. On a trouvé d’autres
mines de ce même minéral à Manet, près Montbrun
en Angoumois. Il y a de ¥ antimoine dans les mines
de pierre couvife ou pierre couverte d’Auriac, de
Caîcatel, dans le vallon nommé le champ des mine,s;
& à Malbois, dans le comté d’Alais, en Languedoc ;
à Giromagny & au P u y , dans la haute Alface ; en
Poitou & en Bretagne , &c. On ne voit point chez
les marchands d!antimoine qui n’ait été féparé de la
mine par une première fufion. Pour tirer ce minéral
de fa mine, on la caffe en morceaux, & on la met
enfuite dans un vaiffeau dont le fond eft percé de
plufieurs trous ; on couvre le vaiffeau, & on lute
exaôement le couvercle : on met le feu fur ce couvercle
; la chaleur fait fondre ¥ antimoine, qui coule
par les trous dont on vient de parler dans un récipient
qui' eft àu-deffous, où il fe moule en mafle pyramidale.
C’eft ¥ antimoine fondu, que l’on doit dif-
tinguer de ¥ antimoine natif, c’eft-à-dire , de ¥ antimoine
qui n’a pas pafle au feu. Le meilleur antimoine
eft celui qui eft le plus brillant par une quantité de
filets luifans comme le fer poli, & en même tems le
plus dur & le plus pefant. Il ne faut pas croire que
¥antimoine de Hongrie foit meilleur que celui de
France pourl’ufage delà Medecine. Geoffroy, Mat.
med. tom. I.
L’antimoine eft compofé d’une fubftance métallique
qu’on nomme régule, & d’une partie fulphureufe
qui forme environ le tiers de fa mafle. Cette partie
fulphureufe de ¥antimoine eft de la nature du foufre
minéral ; elle eft compofée du fuperflu de fon principe
huileux de ¥ antimoine & du fuperflu de fon principe
falin, qui eft vitriolique : ce foufre eft différent
du principe huileux , qui concourt à la compofition
de la partie réguline.
Le mercure a de grands rapports avec cette matière
réguline : la terre de ¥antimoine eft extrêmement
legere, comme eft celle du mercure. Le foufre
s’unit également au mercure & au régule d antimoine;
de forte qu’on peut regarder ¥antimoine crud
comme une efpece de cinabre, cpmpofé de la partie
métallique de ¥ antimoine 3 unie au foufre commun
; de même que le cinabre proprement dit eft le
mercure uni au foufre, avec lequel il forme des aiguilles.
L'antimoine a' encore ceci de commun avec
le mercure, que l’efprit de fel a autant de rapport
avec le régule d!antimoine, qu’avec le mercure.
Plufieurs chimiftes regardent la partie métallique
de ¥ antimoine comme un mercure fixé par une vapeur
arfénicale. Mais peut-on retirer du mercure du régule
d antimoine? quelques-uns ont dit que ce mercure
qui faifoit partie de ¥ antimoine , étoit la production
de l’opération que l’on fait pour l’en tirer ;
d’autres ont affûré que ce mercure étoit contenu
dans l’intérieur de ¥ antimoine.
Quoiqu’on tire du mercure du régule d antimoine.
il eft difficile de mêler du régule d antimoine avec du
mercure ; il faut obferver à cette occafion que ¥ antimoine
crud ne peut que très-difficilement fe mêler
au régulé, qui fe joint facilement au foufre.
A N T 5°3
Quelques chimiftes ont penfé que fi on pouvoit
unir enfemble le mercure & ¥ antimoine, ce feroit
un moyen de découvrir de nouvelles propriétés dans
ces deux minéraux.
Plufieurs fe vantent d’avoir tiré du mercure de
1 antimoine : mais aucun ne dit qu’il les ait joints en-
femble ; quoiqu’il y en ait, du nombre defquels eft
Becker, qui ayent cherché à purifier le mercure par
le moyen de ¥ antimoine.
L’antimoine contient beaucoup de foufre : cependant
il eft très-difficile de l’unir au mercure, qui fe
■ lie fi aifément au foufre ; parce que le foufre s’attache
encore plutôt à ¥ antimoine, qu’au mercure même.
On fait que le régule d antimoine eft un des plus
forts moyens qu’on puiffe employer pour retirer le
mercure du cinabre ; & c’eft fuivant ce principe que
pour faire le cinabre d’antimoine, on enleve premièrement
la partie réguline de ¥ antimoine, pour que
fon foufre ait la liberté de fe joindre au mercure.
Cependant dans la vue d’unir enfemble ces deux
matières qui font d’une fi grande importance en Chimie
, M. Malouin a fait plufieurs expériences ; &
après avoir tenté inutilement différens moyens difficiles
& compliqués, il a réuffi par d’autres qui font
plus naturels & plus fimples, dont il a rendu compte
dans un mémoire qu’il donna à l’académie royale
des Sciences en l’année 1740, Hoye^ Ethiops antimonial.
Si on vérfe de l’eau-forte fur de ¥ antimoine en
poudre groflïere, & que pendant la diffolution qui
rélultera de ce mélange, on y ajoute de l’eau froide,
il furnagera auffi-tôt après la diffolution une mâ-
tiere graffë qui vient de l ’antimoine, & que M. Malouin
dit, dans fon mémoire fur l’union du mercure
& de ¥ antimoine, avoir détachée de ¥ antimoine par
le moyen du mercure.
On peut tirer par la diftillation de ¥ antimoine, faite
par une cornue, une liqueur acide, comme on en
peut tirer du foufre de la même façon ; & c’eft cette
liqueur, qu’on peùt tirer aufli de ¥ antimoine, que
quelques chimiftes ont nommée vinaigre des Philofophes
: il y a d’autres préparations de vinaigre d antimoine;
le plus recommandé eft celui de Bafile Valentin.
Il y en a qui appellent mercure d'antimoine, le mercure
tiré du cinabre d antimoine mêlé avec la chaux
ou le fe r , quoique le mercure ne puiffe être dit que
mercure revivifié du cinabre d antimoine.
Au refte on trouve dans bien des livres de Chimie
différens procédés pour faire du mercure avec de
¥ antimoine : mais le fuccès ne répond pas aux pro-
meffes des auteurs ; de forte que Rolfinckius, & l’auteur
incrédule qui a pris le nom dUdene Udenis, mettent
ce mercure tiré de ¥antimoine au nombre des
non-êtres, c’eft-à-dire, des chofes qui ne font point.
Cependant Becker & Lancelot ont foûtenu ce fait.
Le procédé qu’en donne Lancelot, dans fon ouvrage
qui a pour titre Epijlola ad curiofos, eft fidele ; & quiconque
voudra le fuivre exa&ement, trouvera l’opération
embarraffante, mais v raie, fuivant la pharmacopée
de Brandebourg.
L'antimoine a caufé de grandes conteftations en
Medecine. La nature de ce minéral n’étant point encore
affez connue, la Faculté fit en 1566 un decret
pour en défendre l’ufage, & le Parlement confirma
ce decret. Paumier de Caen, grand chimifte, & célébré
médecin de Paris, ne s’étant pas conformé au
decret de la faculté & à l’arrêt du parlement, fut dégradé
en 1609. Cependant ¥ antimoine fut depuis inféré
dans le livre des médicamens, compofé par ordre
de la faculté en 1637 ; & enfin en 1666, l’expérience
ayant fait connoîrre les bons effets de ¥ antimoine
dans plufieurs maladies, la faculté en permit